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Sujet: Le déclin musical en occident 2024-07-14, 00:29
L'Institut Humanisme Total accueillait mercredi 26 juin Etienne Guéreau pour son cycle de conférence parisien. Musicien, professeur de musique à la Bill Evans Academy et animateur de la chaîne Youtube Piano Jazz Concept, l'intervenant y a présenté son analyse du déclin musical entamé en Occident aux alentours des années 1980, ainsi que les conséquences politiques et sociales découlant de ce déclin.
Icare Admin
Nombre de messages : 17861 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Le déclin musical en occident 2024-07-15, 19:39
Je suis assez d'accord sur l'essentiel de son propos, bien qu'il manque de concision, brode un peu trop à mon goût. C'est un peu le gars qui habite à Paris, veut se rendre à Prague mais passe par Londres pour s'y rendre. C'est juste une critique sur la forme car sur le fond je le rejoins assez largement, même si on peut toujours discuter certains points. J'irai même plus loin en prétendant qu'il y a une culture de la médiocrité qui s'affirme dans presque tous les domaines, ce qui n'empêche évidemment pas des émergences de la qualité ci et là grâce à des personnes, travailleuses, intègres et talentueuses. L'espoir est qu'ils parviennent à inverser la courbe actuelle en désavonnant la planche du marché toujours de plus en plus axé sur la rentabilité...sauf que la raison d'être du Marché c'est justement la Rentabilité à tout prix...Je ne suis même pas sûr de caricaturer en écrivant cela. Bien sûr, une telle position suscite des désaccords et de la désapprobation. Tant pis! Ce qu'il faut comprendre de l'analyse de Guéreau, c'est qu'elle va au-delà du simple fait d'aimer ou pas aimer tel artiste ou telle ou telle musique appauvrie - Moi-même aime bien quelques trucs de Hans Zimmer qui est pas mal décrié dans la vidéo, tout comme je suis parfaitement conscient d'aimer parfois des musiques qui ne sont pas du "grand art", qui ne volent pas aussi haut que Bach, Beethoven ou Petrassi, des musiques qui peuvent être un peu pauvres, un peu datées, mais qui nous touchent malgré tout pour des raisons qui d'ailleurs ne sont pas toujours facilement explicables. Si une musique me touche, m'apporte du plaisir, et bien elle m'apporte du plaisir, même si au fond elle n'a rien d'objectivement géniale.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31857 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: Le déclin musical en occident 2024-07-16, 04:18
Le début de la vidéo est pas mal car il donne pas mal de statistiques d'études (qui vont dans son sens aussi tu me diras) et c'est intéressant. Je l'ai regardé avant hier, donc j'ai oublié un peu tous les sujets qu'il a abordé, mais moi aussi je suis globalement d'accord avec lui (pour une fois!).
Je l'ai trouvé aussi plutôt sévère envers les musiques de films et certains compositeurs. Je préfère aussi ses analyses sur les artistes d'aujourd'hui que je trouve plus en adéquation avec la réalité que quand il critique le passé ou fait une comparaison passé/présent car l'époque à changé, les gens ont changé, les modes de création et de diffusions ont changé, etc... On a toujours eu des bons trucs et de la merde, des artistes et des gens qui veulent simplement la célébrité et se faire du fric. Rien de nouveau.
Par contre, en reprochant à la technologie d'avoir créé des "compositeurs" fainéants, sans connaissance réelle de la musique (via les Samples* et l'IA en particulier) il réinvente l'eau chaude. Il y a déjà 30 ans je m'insurgeais contre les pianoteux qui utilisaient des synthétiseurs pour multiplier les effets avec 3 accords qui tournent en boucle pour donner l'apparence d'une maitrise, alors que c'était du vide absolu. Pour preuve, je leur disais, "vas y, joue ton truc sur un piano, sans tous les artifices proposés par le synthé, tu verras que ton morceau est d'un creux pas possible".
Ce qu'il reproche aux "musiciens" d'aujourd'hui (à juste titre cela dit) c'est la même chose, sauf que c'est avec les moyens d'aujourd'hui (samples*, IA, etc...).
* En musique, un sample, est un extrait sonore récupéré au sein d'un enregistrement préexistant de toute nature et sorti de son contexte afin d'être réutilisé musicalement pour fabriquer un nouvel ensemble.
L'extrait en question, une brève séquence, peut provenir de n'importe quel enregistrement sonore (motif musical, voix, bruitage) et, par le biais du collage, devient une boucle utilisable dans la composition d'un morceau.
Icare Admin
Nombre de messages : 17861 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Le déclin musical en occident 2024-07-16, 12:46
Snoopy a écrit:
Je l'ai trouvé aussi plutôt sévère envers les musiques de films et certains compositeurs.
Précisons toutefois, qu'il ne critique pas la musique de film en général, certaines de ses vidéos font d'ailleurs l'éloge de certains grands noms de la composition pour l'image, à juste titre d'ailleurs - il existait même une concurrence réelle dans la qualité - il évoque un déclin qu'il définit à partir d'une certaine période, prenant comme exemple les dessins animés et la franchise James Bond, cette dernière étant effectivement une bonne planche d'analyses, faisant un peu de Hans Zimmer la figure de proue de ce déclin, le symbole, bien que ce dernier n'ait jamais travaillé sur un James Bond...N'empêche que le déclin est réel. Dans le domaine de la musique de film qui a toujours été plus ou moins à cheval entre savant et populaire, parce que c'est le genre que je connais le mieux et dont je cerne au mieux l'évolution, ce n'est pas uniquement la responsabilité des musiciens d'aujourd'hui, mais aussi celle des cinéastes et producteurs (pas tous) qui n'exigent plus la qualité musicale dans leurs films, la réduisant à un rôle purement fonctionnel qu'on appelle souvent sound design. Heureusement, les contre-exemples existent et Mère Qualité est une grande résistante malgré tout, grâce à des cinéastes et des compositeurs intègres et exigeants. Je suppose bien sûr que dans les autres franges de la musique populaire, pop et ses dérivés, ces artistes intègres et sérieux existent aussi, sauf que ce ne sont pas eux qui semblent dominer le Marché et que le fameux Déclin devient de plus en plus flagrant, de plus en plus dominant et dévastateur dans la mesure où il finit par détruire les vrais repères pour en créer de faux chez les jeunes et moins jeunes générations d'auditeurs.