Laurence ROSENTHAL

Impressions personnelles:

Pour qui s'intéresse de près à la composition pour l'image, Laurence Rosenthal est un nom qui apparaît sur bon nombre de métrages réalisés pour le cinéma et plus encore pour la télévision, sans faire pour autant partie des compositeurs les plus connus. Je me souviens avoir lu son nom aux génériques de quelques films que j'ai vus, comme, par exemple, Une Bible et un Fusil (1975) de Stuart Millar, L'île du Docteur Moreau (1977) de Don Taylor ou encore le téléfilm La mémoire dans la peau (1989) de Roger Young, sauf je ne garde aucun souvenir des films ni de leur musique. Rien ne m'avait réellement marqué, pas plus que ce qu'on put me faire écouter sur certains de ses albums. Contrairement à d'autres compositeurs américains tels que Bernard Herrmann, Leonard Rosenman et Franz Waxman qui surent accaparer plusieurs fois et de manière durable toute mon attention, Laurence Rosenthal m'apparaissait davantage comme un bon faiseur sans génie particulier, ne produisant pas des bandes originales qui me fascinèrent suffisamment. Je l'avais donc machinalement laissé de côté, vaquant à ceux qui étaient alors à mes yeux - ou plutôt à mes oreilles - des priorités. Ce sera donc des années plus tard, de longues années après, grâce à une anthologie réalisée par Dirk Brossé avec le "Brussels Philharmonic", que je reviendrai sur la musique de film de Laurence Rosenthal. Dirk Brossé avait déjà réalisé ce genre de projet-hommage avec d'autres compositeurs, dont un sur la musique d'Angelo Badalamenti, un compositeur bien plus proche de ma sensibilité. Dans cette compilation, faite de différents thèmes et suites orchestraux, composés pour l'image et interprétés avec certainement beaucoup de fidélité avec les versions originales, il y a de belles choses, de celles qui améliorent ma première impression, mais aussi d'autres qui, au contraire, la confirment.

L'instant musical:

Eléments biographiques:

Laurence Rosenthal est un compositeur, arrangeur et chef d'orchestre américain qui naquit le 4 novembre 1926. Il oeuvra pour le théâtre, la télévision, le cinéma et la salle de concert. Né à Détroit, dans le Michigan, Laurence Rosenthal fréquente l' "Eastman School of Music" de Rochester, à New York , où il étudie le piano et la composition. Il étudie ensuite à Paris avec Nadia Boulanger. Parmi ses compositions pour le cinéma, celles qui accompagnent les films les plus connus ou réputés furent inspirées et écrites pour: Un Raisin au Soleil , Le Faiseur de Miracles , Becket , L'Île du Dr Moreau , Le Choc des Titans , Le Retour d'un homme appelé Cheval et Rencontres avec des hommes remarquables. Sa fille est Nadia Rosenthal , une éminente scientifique spécialisée dans les cellules souches.

Compléments biographiques mais en anglais: ICI

Instant musical II:

Impressions personnelles II:

Comme je l'ai écrit plus haut, en introduction du topic, bien qu'ayant été un amateur assidu de musique de film, Laurence Rosenthal fit partie des compositeurs qui me laissèrent une impression plutôt mitigée, ni ouvertement négative, ni ouvertement positive. Je sentais bien, à travers les extraits musicaux que j'ai pu entendre ci et là, un symphoniste accompli mais rien qui produisit en moi des émotions suffisamment fortes pour que l'envie de l'approfondir un peu se fasse sentir. En fait, il se passa un peu la même chose qu'avec Samuel Adler qui, lui, a principalement oeuvré dans le domaine du concert. Le monde de la musique propose un gigantesque éventail de créations musicales et nous choisissons naturellement celles qui nous impressionnent le plus, même si, bien sûr, il y a des compositeurs qui nous paraissent plus doués que d'autres...objectivement, subjectivement...mais ce n'est pas l'unique critère. Aujourd'hui, je ne regrette pas d'avoir franchi le pas en me procurant un coffret-anthologie de l'oeuvre orchestrale et de chambre de Samuel Adler, car même s'il ne gravira jamais les marches de mon panthéon personnel, il s'agit d'un bon compositeur et qu'il y a de belles choses dans ce coffret. Je suis donc satisfait d'avoir franchi le pas. Idem avec Laurence Rosenthal! Il y a de belles choses dans l'album en hommage à sa musique, si superbement rejouée par le "Brussels Philharmonic" sous la direction de Dirk Brossé.

De cet album, la musique qui aurait tendance à ravir ma préférence est la suite tirée de The Miracle Worker:

Miracle en Alabama (The Miracle Worker) est un film américain d'Arthur Penn sorti en salles courant 1962. Il est inspiré de l'histoire d'Helen Keller, relatée dans son autobiographie Sourde, muette, aveugle: histoire de ma vie (The Story of My Life) (1903) et de son éducatrice Anne Sullivan.

Helen Keller, née le 27 juin 1880 à Tuscumbia (Alabama) et morte le 1er juin 1968 à Easton (Connecticut), est une auteure, conférencière et militante politique américaine. Bien qu'aveugle et sourde à l'âge d'un an et demi à la suite d'une congestion cérébrale, elle parvint à devenir la première personne atteinte de ce handicap à obtenir un diplôme universitaire. Sa détermination a suscité l'admiration, principalement aux États-Unis... (Wikipédia, extrait)

La musique est très tendre, subtile et touchante, avec un très beau thème mélodique qui ne se révèle pas forcément lors d'une première écoute. Ce que je fus surpris d'aimer, cette fois-ci, c'est ce qu'il composa pour la suite d'Un Homme nommé Cheval (1970), chef d'oeuvre d'Elliot Silverstein, La Revanche d'un Homme nommé Cheval (1976) d'Irvin Kershner. J'étais tombé complètement amoureux de la musique très particulière et audacieuse que Leonard Rosenman composa pour le film de Silverstein, même si certains grincheux estiment qu'elle a vieilli. Peut-être que ces grincheux ont raison, mais, personnellement, je suis toujours amoureux de cette bande originale au ton faussement primitif, avec voix ethniques et percussions, alors que l'approche symphonique de Laurence rosenthal me parut fort conventionnelle (à juste titre) sur le film de Kershner. Néanmoins, si mon ressenti à propos de la B.O. de Rosenman n'a pas bougé d'un iota - je suis toujours sous le charme, un charme que je considère intemporel - c'est celui à propos de la B.O. de Rosenthal qui a évolué, positivement évolué, sous la forme de cette suite d'à peine moins dix minutes proposée en tête de l'album. Elle ne me fascinera jamais autant que la musique de Rosenman, mais elle a le mérite de me toucher, m'émouvoir, dans une forme symphonique que je continue de trouver conventionnelle et qui ne correspond pas d'emblée à mes goûts, mes exigences...Ainsi est le pouvoir de la bonne musique, qu'importe l'esthétique employée, elle finira par m'atteindre... Je reviendrai sur cette anthologie lors d'une future écoute. Il y a certes de l'étouffe-chrétien symphonique ci et là, mais d'autres moments m'ont touché, même certaines plages d'un symphonique très extraverti et pesant, comme quoi tout peut arriver. Je suis très heureux d'avoir choisi cet album de Laurence Rosenthal. A savoir maintenant s"il restera unique sur mes étagères, au même titre que mon coffret de Samuel Adler??? Je pense malgré tout que oui.