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Sujet: Arthur Honegger (1892-1955) 2007-02-22, 11:25
Arthur Honegger est un compositeur suisse, parisien d'adoption (bien qu'il ait conservé toute sa vie la nationalité suisse), né au Havre le 10 mars 1892 et mort à Paris le 27 novembre 1955.
En 1911, deux ans après s'être inscrit au Conservatoire de Zurich, Honegger le quitte pour le Conservatoire de Paris, dans lequel il étudie le violon et rencontre Darius Milhaud et Jacques Ibert. Il est élève de Charles-Marie Widor et Vincent d'Indy. En 1918, il quitte le Conservatoire en ayant déjà composé des mélodies, son premier quatuor et un poème symphonique, Le Chant de Nigamon.
Très attaché au renouveau du répertoire, il est influencé par Igor Stravinski, sur lequel il écrit un essai en 1939. Compositeur prolifique et désireux d'illustrer la transformation de la société, notamment par la technique ou le sport, Honegger écrit pour le théâtre, la radio et le cinéma aussi bien que pour la salle de concert : ballets, chansons, concertos, musique de chambre, musiques de films, opéras, oratorios, symphonies.
En 1921, il connaît le succès avec le Roi David, pièce de René Morax, qu'il transforme en oratorio en 1924. Son œuvre la plus célèbre, créée en 1923, est Pacific 231, premier de trois mouvements symphoniques et dédiée à la locomotive à vapeur éponyme. Les deux autres mouvements du triptyque s'intitulent Rugby et Mouvement symphonique n° 3. Durant l'Occupation, refusant de quitter Paris, il réagit à la dégradation de la situation internationale en écrivant ses Trois Poèmes de Claudel, les Trois Psaumes et sa Symphonie n° 2 pour orchestre à cordes et trompette ad libitum. Composée en 1941, ses mouvements évoquent la mort, le deuil puis la libération. Sa Symphonie n° 3, intitulée liturgique, son oratorio Jeanne d'Arc au bûcher (1938) — d'après un texte de Paul Claudel — et son dramatique Roi David (1921) — initialement destiné au théâtre et transformé en oratorio en 1924 — soulignent la religiosité de ce compositeur protestant. Parmi ses œuvres qui ont le plus compté pour lui, il citait aussi Antigone (1926).
En 1953, il devient membre de l'Académie et est nommé Grand Officier de la Légion d'honneur l'année suivante. Outre la composition, il a été critique musical et professeur à l'École Normale de Musique de Paris. Il est également l'un des membres du groupe des Six, avec Georges Auric, Louis Durey, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. Outre les Six, il a fréquenté Paul Claudel, Jean Cocteau, Max Jacob, Pierre Louÿs, Pablo Picasso, Erik Satie et Paul Valéry, dont certains lui ont fourni des sujets pour ses œuvres.
Arthur Honegger est un compositeur qui, au premier abord, paraît difficile à cerner à cause de la diversité de son œuvre, allant de la tonalité à l'atonalité (pour Antigone) en passant par la polytonalité, utilisant tous les registres, du quatuor à cordes à l'opéra, et respectant autant les acquis du passé que les apports de ses contemporains. Toute sa vie, il a été marqué par la double influence germanique (Ludwig van Beethoven, Jean-Sébastien Bach, Max Reger) et française (Claude Debussy, Florent Schmitt) ce qui marginalise davantage son œuvre. On ne peut pas lui attribuer un style ou une école, lui-même rejetant les systèmes de classification trop stricts.
La diversité de la musique d'Honegger reflète la volonté de faire de la musique un moyen de communication. Pour respecter cette idéologie, il a souvent aspiré à une musique défaite de trop de formalisme, de trop de séduction et d'habitudes (Cri du monde, 1931). La crainte d'une surmédiatisation de la musique se reconnaît dans sa recherche d'une musique authentique, capable de porter un message, parfois philosophique (Symphonie liturgique, 1945). Désireux de se renouveler à chaque œuvre, il a exploré différents genres et techniques en s'intéressant tout autant à l'harmonie de Claude Debussy, à la rythmique d'Igor Stravinski, à la forme Beethovenienne, au génie d'Arnold Schönberg (en excluant le sérialisme) et même à la musique électronique.
L'apparente simplicité de certains passages de sa musique doit être examinée dans le sens de l'objectivité. Il ne répugna pas à la complexité lorsque cela lui semblait nécessaire, comme dans Horace Victorieux (1926) ou dans ses symphonies. Comme d'autres artistes de son temps, tels Albert Camus, il cherche à émouvoir, notamment au travers d'œuvres religieuses dont la portée dépasse le cadre de la religion, ce qui explique le succès de Jeanne d'Arc au bûcher (1935) entre autres. Connu pour son humanisme, il a parfois émis des jugements sévères mais jamais durant son travail de critique. Au contraire, il a aidé les compositeurs des générations suivantes tels qu'Olivier Messiaen, dont il a confirmé après sa première écoute qu'il serait « l'un des plus grands compositeurs de son temps ».
Snoopy Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2007-02-22, 11:28
Musique orchestrale :
Symphonies :
1930 : Symphonie n°1 en ut 1941 : Symphonie n°2 en ré, pour orchestre à cordes et trompette ad libitum 1946 : Symphonie n°3, Liturgique 1946 : Symphonie n°4, Deliciae basiliensis 1950 : Symphonie n°5, Di tre re
1924 : Concertino pour piano et orchestre 1929 : Concerto da camera, pour flûte, cor anglais et orchestre à cordes 1948 : Concerto pour violoncelle
Autres :
1917 : Prélude pour Aglavaine et Sélysette 1917 : Le Chant de Nigamon 1920 : Pastorale d'été 1921 : Horace victorieux, symphonie mimée 1923 : Prélude pour La Tempête, d'après l'œuvre de Shakespeare 1923 : Chant de joie 1936 : Nocturne 1937 : Suite "Regain" 1938 : Allegretto 1942 : Le Grand Barrage 1951 : Monopartita 1951 : Suite archaïque 1951 : Toccata sur un thème de Campra ???? : Chevauchée ???? : Pathétique ???? : Sérénade à Angélique (1945)
Musique de chambre :
Quatuor à cordes
1917 : Quatuor à cordes n° 1 en ut mineur 1935 : Quatuor à cordes n° 2 en ré 1937 : Quatuor à cordes n° 3 en mi
Sonates et sonatines
1912 : Sonate pour violon et piano en ré mineur (numéro 0) 1918 : Première Sonate pour violon et piano en ut dièse mineur 1919 : Deuxième Sonate pour violon et piano en si 1920 : Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur 1920 : Sonatine pour deux violons en sol majeur 1920 : Sonate pour alto et piano 1922 : Sonatine pour clarinette et piano en la 1932 : Sonatine pour violon et violoncelle en mi mineur 1940 : Sonate pour violon seul en ré mineur
Mélodies 1920 : Trois Fragments extraits des Pâques à New-York, d'après Blaise Cendrars, pour quatuor à cordes et soprano 1926 : Trois Chansons de La Petite Sirène
Autres 1914 : Trio en fa mineur pour violon, violoncelle et piano 1920 : Hymne, pour dixtuor à cordes 1921 : Danse de la chèvre 1934 : Petite Suite pour 2 instruments et piano 1941 : L'Ombre de la Ravine pour quatuor à corde, flûte et harpe 1953 : Romance pour flûte et piano en sol mineur
La Esméralda La Mort de sainte Alméenne Philippa Sigismond
Musique pour piano :
1916 : Toccata et variations 1919 : Trois Pièces pour piano (Prélude, Hommage à Maurice Ravel, Danse) 1920 : Sarabande 1920 : Sept Pièces brèves 1923 : Le Cahier romand 1925 : La Neige sur Rome de L'Impératrice aux Rochers 1928 : Hommage à Albert Roussel 1929 : Suited'après Les Trois Contrepoints 1932 : Prélude, arioso, fuguette sur le nom de Bach 1937 : Scenic Railway 1941 : Petits Airs sur une basse célèbre 1944 : Deux Esquisses ???? : Petite Pièce en sol
Ballets :
1918 : Le Dit des jeux du monde 1921 : Horace victorieux, symphonie mimée 1922 : Fantasio 1922 : Skating Rink, symphonie chorégraphique 1925 : Sous-marine 1928 : Orchestration de la Suite de Les Noces d'Amour et de Psyché de Jean-Sébastien Bach 1928 : Roses de métal 1929 : Amphion, livret de Paul Valéry 1934 : Sémiramis, livret de Paul Valéry 1937 : Le Cantique des cantiques 1943 : L'Appel de la montagne La Naissance des couleurs (1940/48) Le Mangeur de rêves (1941) Chota Roustaveli (1945) De la musique (1950) Icare (1935) Un Oiseau blanc s'est envolé (1937) Vérité ? Mensonge ? (1920) Sortilèges (1946)
Opéras : 1925 : Judith, version opéra sérieux, livret de René Morax 1926 : Antigone, de Jean Cocteau d'après Sophocle, seul véritable opéra de Honegger 1937 : L'Aiglon (en collaboration avec Jacques Ibert)
Opérettes :
1930 : Les Aventures du roi Pausole (livret d'Albert Willemetz) Les Petites Cardinales (livret d'Albert Willemetz)
Oratorios :
1921 : Le Roi David, livret de René Morax, version parisienne pour orchestre en 1923 1927 : Judith, livret de René Morax 1931 : Cris du monde, livret de René Bizet 1935 : Jeanne d'Arc au bûcher, livret de Paul Claudel, version avec le prologue en 1941 1938 : La Danse des morts, livret de Paul Claudel 1939 : Nicolas de Flue
Musique de scène :
1921 : La Noce massacrée, pour les mariés de la tour eiffel 1925 : L'Impératrice aux rochers 1926 : Phaedre 1929 : La Tempête, de William Shakespeare 1943 : Le Soulier de satin, livret de Paul Claudel 1944 : Charles le téméraire 14 Juillet 800 mètres Hamlet L'Ombre de la ravine L'État de siège, d'Albert Camus La Belle de Moudon La Construction d'une cité La Danse macabre La Ligne d'horizon La Mandragore Les Suppliantes Liberté On ne badine pas avec l'amour Pour le cantique de Salomon Prométhée Saül Sodome et Gomorrhe
Pièces radiophoniques : 1940 : Christophe Colomb 1944 : Battements du monde 1949 : Saint François d'assise 1951 : La Rédemption de François Villon
Musique de films :
1922 : La Roue de Abel Gance 1927 : Napoléon de Abel Gance 1934 : L'idée, film d'animation de Berthold Bartosch 1936 : Mayerling 1942 : Le Journal tombe à cinq heures de Lacombe 1942 : Secrets de Blanchart 1943 : Le Capitaine Fracasse de Abel Gance 1943 : Mermoz de Cuny 1943 : Un Seul Amour de Blanchart 1945 : Un Ami viendra ce soir de Bernard 1946 : Les Démons de l'aube d'Allégret 1946 : Un Revenant de Christian-Jacques, dans lequel Honegger joue un petit rôle de compositeur 1950 : Bourdelle de Lucot 1951 : Paul Claudel de Gillet Cavalcade d'amour de Bernard Huit Hommes dans un château de Pottier La Boxe en France de Gasnier-Raymond La Nativité de Marty La Tour de Babel de Rony Le Déserteur de Moguy Les Antiquités de l'Asie occidentale de Membrin
Œuvres diverses :
1953 : Une Cantate de Noël pour baryton, vhœur, orgue et orchestre Les Mille et une nuits, cantique pour soprano, ténor et quatre ondes Martenot (1937) nombreuses chansons et poèmes
Livres :
L'incantation aux fossiles, recueil de ses critiques musicales. Je suis compositeur
Invité Invité
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2007-02-22, 14:00
J'écoute assez régulièrement, et avec beaucoup de plaisir, ses 5 symphonies qui mélangent adroitement tonalité et modernisme. Elles sont trop peu enregistrées malheureusement. Pour ma part, je possède l'intégrale gravée chez EMI par Michel Plasson à la tête de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse qui commence à dater un peu.
joachim Admin
Nombre de messages : 27106 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2007-02-22, 14:13
Comme Robert, j'ai déjà écouté beaucoup d'oeuvres d'Honegger, de tous genres, y compris oratorios (soit dit en passant, question oratorios, je crois qu'Honegger n'a pas eu d'équivalent depuis Haendel).
Au point de vue CD, je n'ai que ses symphonies (plus Pacific 231 et Rugby), dans l'enregistrement de Charles Dutoit avec l'Orchestre symphonique de Bavière.
Invité Invité
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2007-03-30, 15:37
Celui, celle ou ceux qui aiment Honegger devraient à tout prix avoir le CD avec sa Symphonie N°2 et N° 3 par Karajan et le Philharmoniker ! Somptueux !
Hector Berlioz
Nombre de messages : 1670 Age : 41 Date d'inscription : 14/08/2006
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2008-09-30, 21:47
Je suis en train d'écouter une de ses musiques de film (un dessin animé d'ailleurs, "L'idée"), avec des Ondes Martenot et c'est vraiment bien. Le style est assez inclassable.
joachim Admin
Nombre de messages : 27106 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2009-11-01, 20:13
Je suis en train d'écouter l'oratorio Judith, et je m'aperçois qu'avec La Danse des Morts, c'est mon préféré parmi les oratorios d'Honegger (plus que Le Roi David ou Jeanne au Bûcher, bien plus connus).
Catalogue complet, suivant la numérotation "H" (Halbrecht)
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2011-02-18, 12:37
Hector Berlioz a écrit:
Je suis en train d'écouter une de ses musiques de film (un dessin animé d'ailleurs, "L'idée"), avec des Ondes Martenot et c'est vraiment bien. Le style est assez inclassable.
J'adore aussi cette musique que j'aimerais beaucoup découvrir,cette fois,dans son contexte.
Sinon,aujourd'hui,c'est avec ses Sonates 0,1,2 pour violon et piano que je viens de passer un agréable moment. Il est vraiment conseillé de se replonger dans une oeuvre alors que la première écoute m'avait en fait laissé une impression un peu mitigée. Cette fois,j'ai vraiment adhéré. J'ai particulièrement aimé l'écriture du violon qui joue le plus souvent dans les aigus et même à un moment donné...je ne sais déjà plus si c'est dans la première ou seconde sonate...dans les suraigus: Exquis! La Sonate 0 semble la plus française des trois,entre peut-être Fauré,Franck et Roussel,mais,en tant qu'oeuvre de jeunesse,dessine déjà le propre style d'Honegger. Honegger fait vraiment partie de mes compositeurs préférés,de ceux dont j'aime le plus d'oeuvres. Cependant,j'ai l'impression qu'il est encore assez boudé par les salles de concert.
Interprètes: Ulf Wallin au violon et Patricia Pagny au piano.
( Pour tout dire,je suis dans un cycle de musiques de chambre qui remonte le temps et vais bientôt m'attaquer à deux Duos de Galina Utsvolskaya et les Quatuors à cordes respectifs d'Alfred Schnittke et Mauricio Kagel. Ca va donc changer de ton incessamment sous peu. Toutefois,mon cycle s'achèvera avec la musique de chambre d'un compositeur qui devrait plaire à Joachim. Il s'agit de René Eespere. )
joachim Admin
Nombre de messages : 27106 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2011-02-18, 20:03
Icare a écrit:
Toutefois,mon cycle s'achèvera avec la musique de chambre d'un compositeur qui devrait plaire à Joachim. Il s'agit de René Eespere. )
Il me plaira, j'espère bien
joachim Admin
Nombre de messages : 27106 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2011-06-16, 12:29
Je ne sais plus qui avait parlé (Hadrien, Icare ?) quelque part de l'unique opérette d'Honegger : Les aventures du Roi Pausole, et qui en avait dit beaucoup de bien.
Je suis en train de l'écouter dans l'enregistrement réalisé à Zurich :
avec notamment Christine Barbeaux, Gabriel Bacquier, Michel sénéchal, direction Mario Vanzago
Le sujet est très libertin, ce qui devrait plaire à Snoopy et Icare
La musique est très belle, cette opérette, contrairement aux Mamelles de Tiresias de Poulenc, me plaît beaucoup
Icare Admin
Nombre de messages : 17470 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2011-06-16, 12:36
C'est moi qui en avait justement dit beaucoup de bien. Je ne sais plus sur quel fil.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31225 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2011-06-16, 14:51
joachim a écrit:
Le sujet est très libertin, ce qui devrait plaire à Snoopy et Icare
En musique, le sujet n'a que peu d'importance
Icare Admin
Nombre de messages : 17470 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2012-01-28, 15:20
Je me suis régalé aujourd'hui à l'écoute de JEANNE D'ARC AU BÛCHER. J'essaierai de recopier ici un texte concernant ce chef-d'oeuvre d'honegger. J'ai pleuré comme un enfant en l'écoutant. La musique est vraiment superbe et j'ai aimé l'usage ponctuel des ondes Martenot. L'avant-dernier et dernier mouvements m'ont véritablement fait fondre et j'adore le caractère insouciant de la musique à l'entrée du procès, comme si cette musique vaguement ironique était l'esprit de la jeune femme qui se moquait de ses juges. exquis!
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2012-04-06, 12:07
Très belle redécouverte, aujourd'hui, d'AMPHION, mélodrame de 1929 pour solistes, récitant, voix blanches, choeur et orchestre ainsi que L'IMPERATRICE AUX ROCHERS, suite de la musique de scène du même nom datant de 1925 pour orchestre. J'adore aussi bien le vocal chez ce compositeur que le symphonique. Ce qui est sûr c'est qu'il est le symphoniste et le créateur lyrique et dramatique que j'écoute le plus souvent. J'aime énormément ce qu'il extirpe de l'orchestre, l'usage de sonorités aigües qui transpercent l'esprit musical, son art du développement à partir d'un même motif répété, apportant ainsi un caractère obsessionnel au mouvement, sans pour autant appauvrir le récit, bien au contraire. Sa musique me raconte une histoire même lorsqu'elle n'est pas accompagnée de chanteurs ni de récitants. Elle me raconte une histoire sans parole, certainement parce qu'elle m'est très visuelle, très filmique...
AMPHION:
Olivier Lallouette: Baryton - Apollon Laurent Manzoni: récitant - Amphion Theodora Ciucur, Adriana Mestes, Lucia Kriska, Ioana Bentoiu: les muses Choeur d'enfants du Lycée de Musique de Timisoara et Choeur de la Philharmonie de Timisoara
L'IMPERATRICE AUX ROCHERS:
Orchestre Philharmonique de Timisoara sous la direction de Jean-François Antonioli
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2012-04-06, 16:26
La réécoute de son Oratorio CRIS DU MONDE solidifie mon admiration pour ce grand monsieur de la musique. J'en adore notamment encore une fois le génial équilibre entre modernité et tradition. Il y a véritablement du tempérament et de l'inventivité. Ce n'est pas seulement l'usage de la voix humaine que ce soit par les solistes, formidables bien sûr, ni par un emploi collectif de celle-ci, le choeur, c'est aussi l'apport orchestral qui est galvanisant et saisissant.
Helena Tanermuschovà: soprano Véra Soukupovà: alto Choeur philharmonique Tchèque sous la direction d'Antonin Sidlo Orchestre Symphonique de Prague dirigé par Serge Baudo
Ce compositeur prend une place de plus en plus importante dans mon panthéon personnel.
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2012-06-01, 10:03
J'ai désormais réécouté les cinq symphonies d'Arthur Honegger et je peux dire que je les aime toutes. Elles sont moins monumentales (en durée) que celles de Bruckner et Mahler, mais très expressives et intenses. Je ne m'y ennuie pas une minute car chaque mesure de cette musique m'apporte quelque chose, suscite l'intérêt. Chacune de ces symphonies est constituée traditionnellement de trois mouvements distincts et seules les N°3 et 5 possèdent un sous-titre: "Liturgique" (N°3) et "Di Tre Re" (N°5). La seconde fur écrite pour orchestre à cordes avec une intervention de la trompette dans son troisième mouvement. D'un esprit plutôt français et avec une pointe de germanisme, ces oeuvres sont très dynamiques et d'une belle intensité dramatique. Elles m'évoquent par moment sa musique de film.
Les symphonies n°1, 3 et 5 sont interprétées par le "Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks sous la baguette de Charles Dutoit. Les symphonies n°2 et 4 sont, quant à elles, interprétées par l'Orchestre de Bretagne sous la direction de Claude Schnitzler.
Mes préférences vont d'abord vers sa troisième symphonie avec son formidable troisième mouvement, surtout que les deux précédents sont également de bonne facture, puis vers la Symphonie n°4 et plus principalement son premier mouvement d'une construction aussi inventive qu'émouvante. Le dernier mouvement de la symphonie pour cordes avec la trompette est aussi un joli moment d'émotion pour moi. Voilà bien un compositeur qui me touche dans pratiquement tous les domaines qu'il aborda. Il me reste à découvrir son oeuvre pour piano seul. C'est d'ailleurs souvent ce que je découvre en dernier chez les compositeurs que j'apprécie et approfondis avec celle pour orgue lorsqu'il y en a. Je commence généralement soit par l'oeuvre lyrique, concertante ou symphonique, voire pour cordes.
Mon petit classement personnel des symphonies de Honegger: 3, 4, 2, 1 & 5.
joachim Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2012-06-01, 11:46
Je les ai écoutées il y a peu, donc je peux de donner mon classement, pas très différent du tien
3 4 5 2 1
Quoique je maintienne à leur place la 3 (que j'aime bien) et la 1 (que je n'aime pas), les trois du milieu peuvent changer de place suivant mon humeur du moment...
La 2 ne me plaît vraiment qu'à la fin, avec cette extraordinaire intervention de la trompette (trompette "ad libitum" d'ailleurs, c'est à dire facultative, et qui peut être remplacée par un hautbois).
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2013-01-05, 19:17
Entre hier et aujourd'hui, je me suis régalé avec LE ROI DAVID, LA DANSE DES MORTS, UNE CANTATE DE NOËL et CANTIQUE DE PÂQUES. C'est vraiment de la superbe musique que ce soit par ses élans dramatiques, la beauté des choeurs, le jeu des solistes, le tout sous la direction de Michel Corboz. J'ai aimé terminer cette écoute de l'oeuvre d'Arthur Honegger sur sa Cantate de Noël alors que je n'avais rien écouté jusqu'alors qui pouvait être dans cet esprit. Le moment fut magique.
joachim Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2013-01-05, 19:56
Je suis d'accord avec toi (pour une fois ). Je me souviens que la première fois que j'ai écouté la Danse des Morts à la radio (je devais avoir 14 ou 15 ans) j'avais été très impressionné, à la fois par le sujet et par la musique. Le Roi David, Judith, Jeanne d'Arc : que des chefs d'oeuvre. La Cantate de Noël aussi...
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2013-01-31, 09:28
De toute evidence, je ne pourrais vivre heureux sans la musique d'Arthur Honegger qui est à mes oreilles l'une des plus belles musiques du monde. Il fait partie des compositeurs que j'écoute le plus souvent et je viens de revivre de formidables émotions, que ce soit avec Prélude pour La Tempête..., la superbe Pastorale d'été, Horace Victorieux, le génial Pacific 231, Rugby et les deux très belles suites de Mermoz, le tout sous la direction de Michel Plasson, avec l'Orchestre du Capitole de Toulouse. Il y a quelque chose dans cette écriture symphonique et dans sa musique en général, qu'elle soit aussi vocale ou de chambre, qui me fascine, me touche énorment, comme si j'y trouvais tout ce que je recherche dans la musique. Donc, je ne pourrais tout simplement pas vivre sans Honegger qui fait partie de mes compositeurs de chevet avec Frank Martin et quelques autres.
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2013-05-20, 19:27
Je pouvais difficilement consacrer un cycle aux compositeurs suisses sans évoquer l'un des plus prestigieux d'entre eux, Arthur Honegger, et cela par une série d'oeuvres pour orchestre sous la direction avisée de Marius Constant:
__Prélude, Fugue et Postlude. __Monopartita __Prélude pour "La Tempête" de William Shakespeare __Les Ombres, tiré de Napoléon d'Abel Gance __Le Chant de Nigamon __Prélude pour la "Phaedre" de Gabriele D'Annunzio
Toujours cette écriture symphonique qui me touche beaucoup chez Honegger.
Jean
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2013-05-20, 23:23
Dans ma jeunesse j'ai chanté (comme choriste ) Le roi David...un très beau souvenir
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2013-08-05, 20:45
J'ai écouté hier Le Dit des jeux du Monde et le Concerto da camera. Honegger fait partie de ces compositeurs qui reviennent régulièrement dans mon lecteur. Et, encore une fois, je n'ai pas perdu mon temps car j'aime beaucoup ces deux oeuvres. j'en aime les couleurs, l'humeur dominante, les orchestrations, la flûte errante dans le mouvement qui ouvre la première oeuvre, la forme évolutive de celui-ci: cette petite flûte solo et l'orchestre qui se rejoignent sous l'emprise d'une mélodie sinueuse et obsédante, mais là où l'oeuvre me semble atteindre un sommet, est dans l'avant-dernier morceau, avec la trompette solo et le jeu fabuleux des cordes, telles un vent puissant et sournois qui emporte le soliste dans son grand tourbillon. J'y ai trouvé une atmosphère très caractéristique du compositeur. Du Concerto, si j'ai aimé l'apparente légèreté du premier mouvement par le duo chatoyant de la flûte et du cor anglais, c'est le second qui à le mieux remporté mon adhésion. J'en ai aimé les orchestrations soyeuses et le charme aux accents français qui en émane.
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2014-06-18, 19:05
Lorsque j'écoute le Concerto pour violoncelle d'Arthur Honegger, j'ai l'impression d'être en communion avec la nature, de traverser un pré, de longer un bois, de piétiner l'herbe verte, d'enjamber les rigoles, d'épier les corneilles, les mésanges, les moineaux, les perdreaux... J'ignore pourquoi cette musique m'emmène loin des villes, loin de l'asphalte, du brouhaha urbain. De ce concerto, j'aime d'abord son thème principal d'une infinie tendresse qui revient tel un leitmotiv - démarrant sur un doux et soyeux appel des cordes, juste avant le chant amoureux et fragile du violoncelle. Le ciel est alors si bleu, le vent si chargé d'arômes. La naissance du printemps. Le moment enjoué qui suit m'évoque cette nature qui renaît, même si le concerto prend une allure plus dramatique et intense par la suite, un orage qui s'apprêterait à gronder mais n'éclate pas vraiment. Il offrira par les bois et le violoncelle sa partie la plus originale et poétique. Ce concerto pour violoncelle fait partie de mes préférés, encore une oeuvre d'Arthur Honegger qui compte beaucoup pour moi! La Sonate pour violoncelle et piano qui date de 1920 est passionnée et intense. J'aime bien aussi sa Sonatine pour violoncelle et piano et la Sonatine pour violon et violoncelle, mais plus principalement le second mouvement extrêmement poétique.
Icare Admin
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Sujet: Re: Arthur Honegger (1892-1955) 2014-10-12, 23:16
L'album Musiques de Films & de Scène par le Jeune Orchestre Symphonique de Douai sous la direction de Henri Vachey réunit plusieurs extraits de musique appliquée, des extraits de Un Revenant, Tête d'or, Regain, La rédemption de François Villon, Napoléon. Arthur Honegger se montra très vite à l'aise dans ce domaine, que ce soit au service de la scène, de la dramatique radiophonique ou du cinéma. L'album démarre merveilleusement bien avec le premier thème d'Un Revenant, magnifique morceau lancinant et obsessionnel. Tête d'or développe par moment une partition dramatique un peu ordinaire mais pas déplaisante, sauf qu'il réserve pour le coup, vers la fin (l'avant-dernier extrait) un thème mystérieux de la plus belle veine où Honegger démontre une énième fois son sens inné de la mélodie envoûtante. Exquise! Si Regain demeure l'unique collaboration entre Pagnol et Honegger, il n'en demeure pas moins une musique inspirée avec, là aussi, un thème principal marquant. J'adore la mélodie, son entrain, qui, par ailleurs, apporte à elle-seule beaucoup de caractère au film. Tous les extraits sont bons, rien de superflu! "Neige" de La Rédemption de François Villon me renvoie directement à la construction du thème principal d'Un revenant, un caractère aussi lancinant et obsessionnel. Dans les extraits de Napoléon que je possède par ailleurs en entier avec de la musique additionnelle de Marius Constant, deux choses retiennent particulièrement mon attention: la fabuleuse atmosphère qui émane du morceau "Les Ombres" ainsi que la construction complexe des "mendiants de la gloire"; un traitement intéressant de La Marseillaise par les cuivres et les percussions alors que les cordes semblent jouer autre chose, dans un tout autre registre.