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 Dimitri Mitropoulos, chef d'orchestre (1896-1960)

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joachim
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MessageSujet: Dimitri Mitropoulos, chef d'orchestre (1896-1960)   Dimitri Mitropoulos, chef d'orchestre (1896-1960) EmptyMar 7 Juin 2022 - 11:53

Dimitri (Dmitri ou Dimitris) Mitropoulos (en grec moderne : Δημήτρης Μητρόπουλος) né le 1er mars 1896 à Athènes et mort le 2 novembre 1960 à Milan, est un chef d'orchestre, pianiste et compositeur grec, naturalisé américain en 1946.

Dimitri Mitropoulos naît à Athènes dans une famille de la classe moyenne non musicienne et très religieuse. Son père, Yannis, est pope et tient une boutique de maroquinerie dans le centre-ville. Sa mère, Angeliki, est ambitieuse pour son fils et facilite une bonne éducation en langues et en musique. Très précoce dans ce domaine, Dimitri sculpte une petite flûte à cinq ans et se met au piano, dès l'âge de sept ans, avec le pianiste italien Achilleas Delbuono.

L'enfant voulait d'abord entrer dans les ordres – quelques-uns de ses aïeux y étaient et son oncle était évêque. Mais il abandonne ce plan lorsqu'il apprend qu'il ne pourra pas emmener au monastère son bien le plus précieux, un petit harmonium, les instruments de musique étant proscrits des rites orthodoxes grecs.

Avant d'étudier au conservatoire, Mitropoulos composait déjà. La première œuvre connue date de ses douze ans : une sonate pour violon et piano – hélas perdue. De onze à quatorze ans, il profite d'après-midi musicaux stimulants chez lui, chaque samedi.

À seize ans, lors d'un voyage à Rome pendant l'été 1912, il découvre son idéal de vie mis en pratique : Saint-François d'Assise. Les austères règles de vie franciscaines deviendront pour lui naturelles, parce qu'issues d'une dimension spirituelle. Comme François s'est donné au Christ, Dimitri se donne entièrement à la musique, à l'essence de chaque partition nouvelle, avec autant de foi que le Saint prêchant aux oiseaux.

Mitropoulos entre au Conservatoire d'Athènes en 1910. Il étudie l'harmonie et le contrepoint avec le belge Armand Marsick (1877–1959), compositeur, violoniste et chef d'orchestre dès 1912. Marsick, lui-même élève de d'Indy, a participé de manière décisive au goût du jeune compositeur en le familiarisant avec la culture musicale française, César Franck, Debussy et les compositeurs de Schola Cantorum notamment. Il reçoit l'enseignement de Ludwig Wassenhoven pour le piano (1913–1919) et pratique aussi la percussion.

Le jeune Dimitri se produit sur scène pour la première fois au piano en 1913, avec une de ses compositions en compagnie de son professeur. Le 29 avril 1915, à tout juste dix-neuf ans aux concerts réguliers de l'Orchestre du conservatoire, il dirige une de ses premières œuvres symphoniques, « La mise au tombeau » [Ταφή], pièce d'une veine post-romantique et impressionniste, influencée par la musique française. Enfin, il fait ses débuts de pianiste soliste en 1918 avec une œuvre de d'Indy.

La même année il compose une grande œuvre sur un livret de Maeterlinck, Sœur Béatrice, opéra en trois actes – une heure et demie de musique – créé l'année suivante à l'Odéon avec Katina Paxinou dans le rôle-titre, en présence de Saint-Saëns. Enthousiasmé par ce qu'il a entendu, le musicien français écrit un long article élogieux, lui propose de partir étudier la composition avec Paul Gilson à Bruxelles et engage le conservatoire d'Athènes à lui offrir une bourse. En 1919, après dix ans d'études, il obtient sa médaille au piano avec brio. En 1920, il se rend en Belgique et poursuit sa formation au Conservatoire royal de Bruxelles. Il étudie aussi l'orgue avec Alphonse Desmet.

En 1921, Mitropoulos se rend à Berlin pour se perfectionner au piano à la Hochschule für Musik dans la classe du compositeur et professeur Ferruccio Busoni. En 1922, il lui présente Eine Griechishe Sonate (1920–21), une œuvre pour piano composée à Bruxelles, sa plus vaste par ses dimensions à cette date. Busoni la reçoit mal et cela provoque chez Mitropoulos un choc qui le prive pour longtemps de l'envie de composer. Busoni le pousse à abandonner la composition et à choisir la direction d'orchestre. Si l'opportunité de diriger ne s'était pas présentée, il aurait pu abandonner ses études. Malgré cette critique négative et son impact, Mitropoulos est profondément influencé par l'esthétique de Busoni et on en retrouve des éléments tout au long de sa carrière d'artiste.

De 1922 à 1924, il travaille comme assistant (Korrepetitor) du Generalmusikdirektor Erich Kleiber au prestigieux Staatsoper Unter den Linden (l'Opéra d'État de Berlin), y découvrant les subtilités de la scène. Il a l'occasion d'y briller dans les solos de piano de Petrouchka ou de Prométhée de Scriabine. Il passe aussi beaucoup de son temps à improviser à l'orgue dans une église.

À Berlin, il loge avec son collègue grec Nikos Skalkottas (1904–1949), compositeur encore méconnu de nos jours. En 1924, Skalkottas orchestre une de ses pièces pour piano, Fête crétoise (1919), créée à Athènes deux ans plus tard. Par la suite, Mitropoulos programme au concert quelques-unes de ses populaires Danses grecques, qu'il enregistra dans les années 1950 à New York.

À l'été 1924, il rentre à Athènes et, muni d'une recommandation de Kleiber, prend le poste d'assistant à l'Orchestre du Conservatoire d'Athènes. Après quatre ans de silence, il se remet à composer avec une sensible transformation dans l'idiome musical : sa Passacaglia, Intermezzo e Fuga pour piano (1924) est la première de ses compositions de style atonal. Malgré tout, l'influence de Busoni s'y fait encore ressentir dans le choix de formes baroques, la passacaille et la fugue. En 1925, il compose un cycle de mélodies sur des textes du poète Cavafy 14 Inventions. Là encore, chaque pièce emprunte à une forme baroque : par exemple canon, fugue ou passacaille. Le matériau musical, rythmique ou tonal, utilisant pour sa part des procédés de diminution et d'augmentation par rapport à la mélodie. Suit son Ostinata pour violon et piano (1927), première composition usant des techniques sérielles – les publications de Schoenberg datant de 1925.

Ces trois œuvres sont jouées le 5 juin 1927 à Athènes, devant un public réticent à ce nouveau langage dissonant et atonal. Mais ce qui cause le scandale, c'est surtout la mise en musique des textes de Cavafy. Ces derniers évoquent l'incertitude du lendemain, la moralité, les plaisirs sensuels, l'homosexualité, et font référence à des personnages réels ou de la littérature. C'était beaucoup pour le milieu conservateur. La critique qualifia le tout d'« esthétique psychopathe ».

L'année suivante, il écrit son Concerto Grosso (1928) pour orchestre, considéré comme sa meilleure œuvre. Dans cette pièce, il revient à un style atonal, mais juxtapose des éléments d'esthétiques opposées : consonant/dissonant, homophone/contrapuntique, néoclassique/moderniste.

Dès 1926, à tout juste trente ans, on lui confie tour à tour les divers orchestres de la capitale grecque, et ce jusqu'en 1937. En 1930, il est nommé professeur de composition au Conservatoire ; il a trente-quatre ans.

La même année, sa carrière est propulsée par un heureux concours de circonstances. Invité par l'Orchestre philharmonique de Berlin pour un concert avec le pianiste Egon Petri (lui aussi élève de Busoni), il a l'occasion de marquer les esprits. Au programme, la création allemande de trois œuvres : le troisième concerto de Prokofiev, la Symphonie de Paul Dukas et son Concerto grosso pour orchestre (1928). Le soliste, Egon Petri étant indisposé quelques jours avant le concert, Mitropoulos décide de le remplacer. Il connaissait la partition qu'il avait créée le 17 novembre 1929, lors d'un concert à Athènes. Les répétitions s'engagent avec bonheur et le concert est un succès (27 février 1930), augmenté par une publicité sur le remplacement au pied levé de Petri. Mitropoulos devient le premier soliste de son époque à diriger l'orchestre du piano dans ce répertoire moderne si exigeant pour le soliste et le chef. Pour lui ce n'était cependant pas une première. Le 18 décembre 1927 à Athènes, il avait déjà donné ainsi les Variations Symphoniques de César Franck, jouant et dirigeant en même temps. La pratique est d'ailleurs courante pour les Concertos de Mozart ou même la Rhapsodie in Blue de Gershwin. Mais dans une œuvre complexe, virtuose, « épuisante » pour le pianiste, c'est une gageure. Pendant la pause, le pianiste Frederic Lamond vient le féliciter de sa performance.

Il semble que Prokofiev fut un peu gêné par la concurrence de la renommée offerte à Mitropoulos par la publicité du concert de Berlin ; le musicien russe gagnait lui-même sa vie en exécutant cet impressionnant concerto. Il fut ainsi poussé à écrire un autre concerto.

Fort du succès berlinois, Dimitri Mitropoulos entreprend une carrière internationale de pianiste et de chef d'orchestre. Le 14 février 1932 à Paris, il joue ce même concerto avec l'Orchestre des Concerts Lamoureux, dans les mêmes conditions, ce qu'on lui demande de faire souvent. De 1932 à 1936, il dirige aussi régulièrement l'Orchestre Straram et l'Orchestre symphonique de Paris – créé en octobre 1928 par Monteux et Ansermet. Quinze jours plus tard, il se produit en Angleterre. En février 1933, il fait ses débuts en Italie, invité à diriger l'Orchestre de l'Académie Sainte Cécile et à la Scala de Milan. L'année suivante, il joue de nouveau en France, en Italie, mais aussi en Belgique et en Pologne. En mai, il est en Russie pour diriger les Philharmoniques de Moscou et de Leningrad. Il est également invité à diriger plusieurs saisons à Monte Carlo.

À Athènes, pendant une dizaine années, il crée de nombreuses œuvres en premières dans la cité hellène : Debussy, Ravel, Stravinsky, Honegger, Serge Prokofiev, Strauss, Falla, Hindemith et bien d'autres, réformant le répertoire symphonique familier des auditeurs. Pendant ces années, il a invité des solistes du moment à se produire en Grèce : Camille Saint-Saëns (mort en 1921), Cortot, Thibaud, Casals, Huberman, Brailowsky, Dohnányi, Kreisler et Nathan Milstein. Il a aussi laissé diriger son orchestre par des chefs aussi prestigieux que Martinon, Walter, Jochum ou Scherchen.

Il forme de jeunes artistes grecs, tel Théodore Vavayiannis, élève et assistant de Mitropoulos à l'orchestre du conservatoire. Sous sa direction, il a appris à mémoriser les partitions et plus tard Vavayiannis dirigera sans partition et sans baguette, comme son maître.

Après l'avoir vu diriger en Europe, Serge Koussevitsky l'invite à faire ses débuts aux États-Unis, avec l'Orchestre symphonique de Boston, le 24 janvier 1936. Mitropoulos revient l'année suivante pour une deuxième série de concerts à Boston, encore plus vivement acclamée que la précédente.

En janvier 1937 à la suite d'Ormandy, il est nommé directeur musical de l'Orchestre symphonique de Minneapolis aujourd'hui appelé Minnesota Orchestra, mais assume son poste à Athènes encore jusqu'en janvier 1938. Au lendemain de sa première soirée à Minneapolis le 27 janvier 1937, le journaliste et écrivain John K. Sherman écrit : « Mitropoulos apparaît comme un fanatique qui a vendu son âme à la musique et dirige son orchestre comme un homme possédé. »

Mitropoulos transforme rapidement un orchestre provincial de bonne stature, en un grand orchestre américain reconnu internationalement comme centre de musique contemporaine. À la grande confusion du public, il choisit de jouer des compositeurs du xxe siècle, Gustav Mahler en particulier. Cette tendance se trouve renforcée par ailleurs : de 1942 à 1947, Křenek se trouve en résidence à la Hamline University de Saint Paul, « ville jumelle » de Minneapolis et, en 1944, Louis Krasner – commanditaire et dédicataire du Concerto d'Alban Berg – devient premier violon de l'orchestre, si bien que les « Twin Cities étaient l'un des sièges et une citadelle de la musique atonale », comme le dit John K. Sherman.

Il participe au développement de la culture musicale à l'université, suscitant parfois des vocations. En janvier 1937, il rencontre pour la première fois Leonard Bernstein, encore étudiant à Harvard, vingt ans tout juste. Lors d'une réception, Mitropoulos a entendu L. Bernstein jouer une sonate. Il en était tellement stupéfait que sur le coup, il a invité Bernstein à passer une semaine pour assister aux répétitions et aux concerts de l'orchestre. C'est ainsi que Bernstein s'est passionné pour la direction. Lorsque Mitropoulos est retourné à Minneapolis, il a envoyé de l'argent à Bernstein pour lui permettre de venir pendant les vacances d'hiver. De retour à Harvard, Bernstein décide d'étudier la direction d'orchestre alors qu'il voulait initialement devenir pianiste.

La même année, il dirige la création de la première Bachianas brasileiras de Heitor Villa-Lobos et du Concerto pour violon et orchestre d'Ernest Bloch, aux côtés de Joseph Szigeti à Cleveland. Toujours à Minneapolis, en 1941, il crée des œuvres de John Verrall (1908-2001) aux saisons 1940–41, et la Symphonie en mi bémol de Paul Hindemith.

Mitropoulos vivait de façon très austère, se contentant pendant longtemps d'une petite cave dans un bâtiment de l'université, qui ne contenait qu'un lit, un piano droit et quelques affaires personnelles. Son divertissement préféré est le cinéma et tout spécialement les westerns. Dès son arrivée à Minneapolis, il soutient moralement et financièrement nombre de jeunes musiciens, tel David Diamond à qui il commande en tout huit œuvres nouvelles et L. Bernstein.

Dès 1940, Mitropoulos commence à enregistrer avec son orchestre.

À part Szigeti, Rubinstein et Joanna Graudan, il collabore avec Rudolf Serkin, Robert Casadesus, Claudio Arrau, pour la seule saison 1938–39. Dans les années quarante avec Josef Hoffmann (quatrième Concerto de Beethoven), Yehudi Menuhin, dans le Concerto de Bartók en 1943 ainsi que Rachmaninov qui, en tant que compositeur, entendit interpréter sa troisième symphonie et en 1944, sur ses derniers jours, la création de ses Danses Symphoniques. Mitropoulos accompagne aussi de jeunes solistes : Zino Francescatti (mars 1943), Isaac Stern dans le Concerto de Mendelssohn (décembre 1943), Ginette Neveu dans Brahms et William Kapell dans le premier concerto de Khatchaturian (janvier 1945).

Il est chef invité du NBC Symphony en 1939, en 194541 et pour la saison 1940–41 à la tête du Philharmonique de New York, le plus important orchestre des États-Unis. Il participe notamment à un concert commémoratif du 75e anniversaire de la naissance de Ferruccio Busoni, avec Egon Petri et Joseph Szigeti, tous les trois étant élèves du maître italien, et Szigeti le créateur du concerto pour violon en 1912, sous la direction du compositeur.


En 1946, il est naturalisé citoyen américain.

Pour les saisons de 1944 à 1948, il est chef et directeur artistique des concerts d'été du Philharmonique de Philadelphie. C'est à ces occasions qu'est capté un Troisième concerto de Prokofiev dont il assure évidemment la partie soliste et la direction de l'orchestre. Il est aussi invité à Boston et, comme à Philadelphie, il impressionne beaucoup les musiciens. Il est même pressenti pour devenir chef principal à Philadelphie mais Eugene Ormandy y fait obstacle et quelques jalousies de Serge Koussevitsky l'empêchent également à Boston.

Pendant la saison 1948–1949, il prend un congé de six mois et dirige conjointement avec Leopold Stokowski le Philharmonique de New York. À la fin de cette période, Mitropoulos laisse son poste de Minneapolis à Antal Doráti, après douze années de collaboration.

Mitropoulos commence son travail avec le prestigieux Orchestre philharmonique de New York en 1949 succédant à Artur Rodzinski en tant que directeur musical, et dirige au côté de Leopold Stokowski. Il devient chef principal dès 1951.
À l'époque l'organisation de l'orchestre est différente d'aujourd'hui. Il ne fonctionne que cinq mois dans l'année et Mitropoulos se contente d'un salaire relativement faible, malgré les pressions et le stress important. Cette tension ont fait partir certains – Barbirolli – ou même refuser ce poste à d'autres, tel Monteux.

En 1951, il part pour une tournée européenne avec l'Orchestre de New York, la première après la Seconde Guerre mondiale, et dirige en alternance avec Bruno Walter.

Il effectue aussi des tournées américaines avec l'orchestre en 1954 en compagnie du jeune chef Guido Cantelli (1920–1956). En 1955, toujours avec Cantelli, il entreprend un autre tournée européenne qui l'emmène d'abord à Paris en septembre.

En 1957, victime d'une virulente campagne de presse touchant à sa vie privée, qualifié d'homme solitaire, sans femme, il abandonne son poste à la Philharmonie de New-York et est remplacé par son élève et protégé Leonard Bernstein qui codirigeait avec lui cette saison-là. Après une tournée en Amérique latine avec Bernstein en 1958, il ne dirigera plus cet orchestre qu'en tant que chef invité. Par exemple, le 2 janvier 1960 à Carnegie Hall, lors d'un festival consacré à Mahler, une Cinquième Symphonie, qui a été enregistrée. Il poursuit néanmoins son travail au Metropolitan Opera.

Mitropoulos ne s'est jamais marié ; il était « connu comme homosexuel » et « n'éprouvait pas la nécessité d'un mariage cosmétique ». Il aurait eu une relation avec Leonard Bernstein selon Norman Lebrecht ; Leonard Burkat, un ami d'enfance de Bernstein, va dans ce sens et Kiki Speyer Fouré, qui s'est presque fiancée à Bernstein, en était persuadée ; David Diamond, un ami intime de Mitropoulos, était certain du contraire. Discutant avec Maxim Gershunoff (futur agent musical), Mitropoulos a déploré : « Quel dommage que je sois condamné pour de la luxure. Je n'ai pas le temps de me le permettre ! »


Ayant déjà souffert de deux attaques au cœur en décembre 1952 et janvier 1959 suivies de longues hospitalisations qui l’empêchent de diriger la moitié de la saison, les médecins lui conseillent d'abandonner la direction, ce que Mitropoulos ne pouvait envisager. Il accepte toutefois de diriger avec une baguette pour économiser ses forces. Il déclare cependant que « la baguette peut réaliser l'ensemble, mais elle ne peut pas être aussi expressive que les mains et le corps», ou bien « diriger avec une baguette c'est un peu comme jouer du piano avec des gants. » Après sa convalescence, il reprend sa carrière internationale au même rythme.

Une troisième crise cardiaque l'emporte le 2 novembre 1960. Âgé de 64 ans, le mæstro s'effondre lors de la première répétition de la troisième symphonie de Mahler à La Scala de Milan. Sa dépouille, transportée en Suisse est incinérée, conformément à ses vœux, et ses cendres sont rapatriées au cimetière d'Athènes. Un hommage donné par l'Orchestre d'État d'Athènes en novembre 1960, comportait la marche funèbre de la Troisième de Beethoven, jouée sans chef.


Dimitri Mitropoulos est l'un des grands musiciens charismatiques que la Grèce ait donné et, avec Maria Callas, le musicien classique le plus important issu de ce pays au xxe siècle.

Ayant commencé sa carrière par un tour de force qui plut au public en jouant le troisième concerto de Prokofiev, en tant que pianiste et dirigeant l'orchestre en même temps, sa personnalité et ses dons ont produit sur les orchestres – et l'auditeur – d'exceptionnels résultats artistiques. Pourvu d'une phénoménale mémoire qui lui permettait de diriger sans partition, il aborde le répertoire dans une esthétique engagée et incisive, arrachant aux musiciens qu'il dirige tout leur potentiel.

De ses trente-cinq ans de carrière, effectuée pour les deux tiers aux États-Unis, et grâce à l'enregistrement, il reste de lui quelques interprétations majeures, immortalisant des collaborations avec des solistes, des œuvres symphoniques et des témoignages lyriques qui font date pour le discophile.


En tant que compositeur, Mitropoulos a écrit 48 pièces, notablement influencées par son maître Busoni et la Seconde école de Vienne. Œuvres pour piano, avec ou sans accompagnement orchestral, œuvres symphoniques, œuvres vocales et un opéra de jeunesse, Sœur Bérénice (sur un livret de Maurice Maeterlinck). À l'exception des musiques de scènes, fruits de commandes, Mitropoulos arrête de composer après 1930, se consacrant uniquement à la direction. Cependant, parmi les 48 numéros de son catalogue, il a réalisé ensuite quelques transcriptions d'œuvres de Bach de Beethoven (Grande fugue, enregistrée plus tard par Bernstein), de Franck et de Grieg. Ainsi que des arrangements d'opus contemporains de Prokofiev ou d'Howard Swanson enregistrés en 1950.

Ses œuvres

Orchestre et musique de chambre

Un morceau de concert pour violon et piano (1913)
Danse du faune pour quatuor à cordes (1915)
La mise au tombeau Ταφή] pour orchestre (1915)
Ostinata in tre parti, pour violon et piano (1925–1926) Création 5 juin 1927
Concerto Grosso pour orchestre (1928)


Musique de scène

Electra (1936)
Hyppolytus (1937)


Piano

Rêveries au Bord de la Mer (1912–1915)
Un poème triste (A la chère Madame Sampieri Marsick 1912)
Trois pièces pour piano
Béatrice, en mi majeur (1915)
Scherzo – étincelles de joie ! en fa mineur (1916)
Fête Crétoise [Κρητική Γιορτή] (1919)

Orchestrée par son ami Skalkottas en 1924 et créée dans sa version orchestre à Athènes en 1926 par Mitropoulos.

Eine Griechische Sonate [Sonate Grecque] (1920)
La sonate grecque est une grande œuvre ambitieuse de plus de quarante minutes, composée pendant ses études à Bruxelles. Elle fut présentée à Busoni qui la critiqua très négativement pour son esthétique post-romantique. Ce fut un choc difficile pour le jeune homme, qui arrêta de composer pendant quatre ans.
I. Allegretto non troppo (ma con passionne)
II. Allegretto
III. Lento
IV. Maestoso - Allegro non troppo

Passacaglia, Preludio e Fuga (Berlin, et achevé à Athènes le 26 juin 1924)
Klavierstück I (1925)
4 Danses de Cythère (1926)


Musique vocale

Sœur Béatrice, Miracle en trois actes sur un livret de Maurice Maeterlinck. Opéra représenté à Athènes en 1919
L'Alouette et ses petits, avec le maître d'un champ, pour voix et piano (1920, pub. 1928 Paris chez M. Senart) Sur une fable de La Fontaine (Livre IV).
Vénus céleste [Αφροδίτη Ουράνια] pour voix et piano (1925) Sur une poésie Angelos Sikelianos.
14 Inventions pour soprano et piano (1925–26, 10 publiées en 1927)
Mélodies Grecques (pub. 1960 Universal)


Mitropoulos dirige la 3ème symphonie de Mahler



https://www.youtube.com/watch?v=h6t1aF8BS_A


Une de ses propres œuvres pour piano : Un poème triste (1912)



https://www.youtube.com/watch?v=vN812zDRqQ0

Cette œuvre est la première composition pour piano solo de Mitropoulos, car elle remonte à 1912, lorsque Mitropoulos, alors âgé de seize ans, étudiait avec Armand Marsick. Poème triste est dédié à la femme de son professeur, Paola Sampieri Marsick, puisqu'il a été écrit à l'occasion de la mort de son père. La première représentation a été donnée par Théodore Tzovanakis le 10 mars 2014, au Conservatoire d'État de Thessalonique, lors des dixièmes « Célébrations musicales grecques ».
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