Nombre de messages : 27149 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Bertran de Born (v. 1140 v.1215) 2021-01-29, 16:58
Bertran de Born (v. 1140 – v. 1215) était un baron du Limousin en France, et l'un des principaux troubadours occitans du XIIe siècle. C'est un troubadour qui célèbre l'amour et la guerre. Il fut mêlé aux luttes des fils d'Henri II Plantagenet, et prit parti contre Richard pour Henri le Jeune. À la mort de celui-ci, il se réconcilia avec Richard, qu'il soutint à son tour contre Philippe-Auguste. Ses plus belles poésies en langue occitane sont des sirventes à l'accent satirique très violent.
Il serait né au château de Born, aujourd'hui disparu, sur la commune de Salagnac (Dordogne), seigneur d'Hautefort, à la frontière entre Limousin et Périgord. Bertran de Born était le fils aîné de Bertran de Born, seigneur de Hautefort (occitan : Autafòrt), et de sa femme Ermengardis. Il avait deux frères plus jeunes, Constantin et Itier. Son père mourut en 1178, et Bertran lui succéda comme seigneur de Hautefort. À cette époque, il était déjà marié à sa première femme, Raimonda, et avait deux fils et une fille : Bertran, Itier et Aimelina. Par sa seconde épouse, Philippa, il eut deux autres fils : Constanti, et Bertran le Jeune
La vie de Bertran de Born a été décrite dans l'édition de ses poèmes qu'a faite Gérard Gouiran, professeur à l'université de Montpellier. Jean-Pierre Thuillat a également fait de nombreuses recherches sur ce troubadour singulier et les a regroupées dans sa biographie.
Bertran de Born étant vavasseur, sa seigneurie n'était pas divisible. Il était donc conjointement seigneur d'Hautefort avec son frère, Constantin, lequel avait comme lui épousé une Lastours.
On trouve d'autres cas de coseigneuries parmi les troubadours, le plus célèbre étant celui des "quatre troubadours d'Ussel", trois frères et un cousin et celui de Raimon de Miraval et ses frères. Le xiie siècle a été marqué par ce que les historiens du Moyen Âge considèrent comme un "renouveau de l'État", du moins de l'idée princière. Les seigneuries qui s'étaient rendues indépendantes dans le passé entrèrent en concurrence avec des principautés territoriales — le duché d'Aquitaine, le comté de Barcelone et de Provence, le comté de Toulouse, puis la royauté française après la croisade albigeoise du xiiie siècle — qui leur contestaient leur "mini-États". Un des moyens employés par les principautés territoriales pour diminuer l'influence des châtelains locaux fut de recourir aux luttes féodales internes de leurs familles.
C'est ainsi que Bertran de Born entra en conflit avec son propre frère, passé sous le giron des Plantagenêt — devenus après 1154 et le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri II suzerains du Limousin. Dès lors, Bertran de Born eut toutes les difficultés pour faire valoir son droit à être seigneur indépendant d'Hautefort. Cette lutte pour l'indépendance est au cœur de la poésie de Bertran de Born, qui aborde quasiment exclusivement des thèmes politiques. Gérard Gouiran a retracé les allées et venues du pouvoir du troubadour sur son bout de territoire.
Il suffit de dire que Bertran de Born chercha lui-même à jouer sur les dissensions à l'intérieur de la famille des Plantagenêt afin de garder son indépendance, mais qu'il fut contraint finalement d'aller s'humilier publiquement devant la famille de ses suzerains lorsqu'elle fut réconciliée. Il incita les fils de Henri II à lutter contre leur père, soit parce qu'il les considérait comme des chefs nationaux, à cause du sang aquitain que leur avait transmis leur mère, soit parce qu'il voulait perdre ces princes en les dressant les uns contre les autres. Il fut lié surtout avec l'aîné Henri le Jeune. Étant tombé entre les mains du roi d'Angleterre Henri II, il n'avait eu pour obtenir son pardon qu'à éveiller le souvenir de ce jeune prince. Henri II lui rendit son château.
Veuf pour la deuxième fois vers 1196, Bertran devient moine et entre à l' abbaye cistercienne de Dalon à Sainte-Trie en Dordogne. Il avait accordé de nombreuses subventions à l'abbaye au fil des ans. Sa dernière chanson datable a été écrite en 1198. Il cesse d'apparaître dans les chartes après 1202, et était certainement mort en 1215, quand il y a un enregistrement d'un paiement pour une bougie pour sa tombe.
Après la mort de Richard Cœur de Lion, il renonça aux intrigues politiques ainsi qu'à la guerre, et finit par se retirer à l'abbaye de Dalon — fondée au xiie siècle à Sainte-Trie (Dordogne) par Géraud de Salles et que son beau-père, le grand Gouffier de Lastours, avait contribué à fonder. Il y termina sa vie.
Œuvres
Son œuvre restante se compose d'environ 47 œuvres, 36 qui lui sont attribuées sans ambiguïté dans les manuscrits, et 11 attributions incertaines. Plusieurs mélodies survivent, et certaines de ses chansons ont été enregistrées par Sequentia, Gérard Zuchetto et son Troubadours Art Ensemble, et le Martin Best Mediæval Ensemble , qui a sorti un album de chansons de "Dante Troubadours".
Rassa, tant creis e mont'e poia Ges de disnar no·n fora oi mais maitis Casutz sui de mal en pena A! Lemozin, francha terra cortesa Sel qui camja bon per meillor Eu m'escondisc, dompna, que mal non mier Dompna, puois de mi no·us cal S'abrils e foillas e flors Lo coms m'a mandat e mogut Pois Ventadorns e Comborns ab Segur D'un sirventes no·m cal far loignor ganda Ieu chan, que·l reys m'en a preguat Mon chan fenis ab dol et ab maltraire Si tut li doil e·il plor e·il marrimen Cortz e gestas e joi d'amor Un sirventes que motz no·ill faill Ges no mi desconort Ges de far sirventes no·m tartz Seigner En coms, a blasmar Rassa, mes si son primier Qan la novella flors par el vergan A totz dic qe ja mais non voil Pois lo gens terminis floritz Cant vei pels vergiers desplegar Molt m'es descendre car col Al nou doutz termini blanc S'ieu fos aissi senher e poderos Non puosc mudar mon chantar non esparga Pois als baros enoia e lor pesa Volontiers fera sirventes Anc no·s poc far maior anta Miei-sirventes vueilh far dels reis amdos Nostre seigner somonis el meteis Ara sai eu de prez qals l'a plus gran Be·m platz car trega ni fis Ar ven la coindeta sazos Be·m platz lo gais temps de pascor Belh m'es quan vey camjar lo senhoratge Un sirventes fatz dels malvatz barons Er ai ieu tendut mon trabuc Mailolin, joglar malastruc Fuilhetas, ges autres vergiers Fuilheta, vos mi preiatz qe ieu chan Can mi perpens ni m'arbire Gent part nostre reis liouranda Guerr'e pantais veg et affan Mal o fai domna cant d'amar s'atarja Mout mi plai quan vey dolenta Ben grans avoleza intra