Le Jianpu est un système de notation musicale utilisé dans le monde chinois. Il est dérivé du système français Galin-Paris-Chevé et s'est largement répandu comme système de notation en 1900. Il est également appelé en mandarin système numéroté
HistoireLe Jianpu succède à la notation gongche, qui est parfois encore utilisée. Du fait de sa simplicité, il a été inventé ou revisité à plusieurs reprises au cours de l'histoire. Une première trace d'un système de notation chiffrée apparaît en 1555 sous la forme d'une notation pour orgue de Juan Bermudo (vers 1510 - vers 1565). Rousseau exploite ou réinvente le procédé dans son mémoire de 1742. Au début du xixe siècle, le professeur de mathématique Pierre Galin (1786 ─ 1821), le Dr Aimé Paris (1798 ─ 1866) et le professeur de musique Émile Chevé (1804 ─ 1864) popularisent la notation. Le gouvernement français valide ce système de notation et lui donne une reconnaissance officielle sous le nom de notation Galin-Paris-Chevé.
La date d'arrivée exacte du Jianpu en Chine est inconnue, le système Chevé serait importé par un Français via le Japon à la fin du xixe siècle. Un panneau d'information présent au Mausolée de Sun Yat-sen lui attribue l'arrivée du Jianpu qu'il aurait découvert au cours de ses années d'exil en Europe, entre 1895 et 1911. Il se diffuse ensuite très rapidement dans le pays, et il est aujourd'hui majoritaire en Chine. Ce système est également d'un usage courant en Indonésie, tant dans la musique religieuse que dans la musique traditionnelle (angklung).
Notes de musiqueLes nombres de 1 à 7 représentent les notes musicales de la gamme majeure diatonique dont la tonalité est 1. Ils correspondent à la gamme diatonique. Si on part de do, la relation entre le solfège et la notation jianpu est :
Solfège : do ré mi fa sol la si
Notation : 1 2 3 4 5 6 7
Le 0 représente un silence.
On remarque donc que les chiffres ne correspondent pas aux notes mais bien aux intervalles (Seconde, Tierce, Quarte, Quinte, Sixte et Septième).
Un changement de tonalité ne change en rien l'écriture musicale. On change simplement la note de référence pour les intervalles de la mélodie.
La note de référence est généralement écrite en haut de la partition sous la forme n = X où X est la tonique écrite en notation Anglaise (de A (la) à C (do) avec # et b pour les altérations éventuelles) et n le mode choisi (1 à 7). 1 = C correspond donc au mode Ionien en Do majeur.
Les changements de mode, dans une partition, se marquent simplement en notant le mode suivi de sa tonale au dessus de la barre de mesure où ce changement de mode s'applique (2 = D pour le mode Dorien en ré par exemple ou 6 = Bb pour Si bémol mineur (qui est bien le mode Éolien))
Les altérations sont donc rares dans une partition écrite en Jianpu mais peuvent se présenter pour des notes "étrangères" au mode choisi ou pour un changement de mode court (transition). Elles peuvent être bémol ou dièse et sont indiquées devant le chiffre correspondant à l'intervalle à jouer. On remarque cependant que les 5 altérations bémol permettent de couvrir les besoins des modes 2, 3, 5, 6, 7 par rapport au mode 1 sans impliquer de répétition dans les chiffres et que le dièse n'est nécessaire qu'en mode 4 (Lydien) qui n'a qu'une altération (l'intervalle #4 (quarte augmentée)) par rapport au mode 1 (Ionien).
Changement d'octaveLes points, sur ou sous les notes de musique, les augmentent ou diminuent d'une octave. Le nombre de points correspond au nombre d'octaves. Par exemple, « 6 » avec un point dessous est inférieur d'une octave à « 6 ». Les gammes peuvent donc être écrites ainsi :
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gamme majeure : 1 2 3 4 5 6 7 1
gamme mineure naturelle : 6 7 1 2 3 4 5 6
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Durée des notesUn chiffre seul correspond à une noire. Les traits suivant la note la prolongent.
1 noire
1- blanche
1-- blanche pointée
1--- ronde
1----- ronde pointée
Au contraire, les traits soulignants correspondent à des divisions
1 soulignement : croche
2 soulignements : double croche
3 soulignements : triple croche
4 soulignements : quadruple croche
Cela correspond donc aux nombres de barres ou de crochets dans la notation du solfège.
LiaisonsLes liaisons se notent comme en solfège, avec une courbe allant de la première à la dernière note liée.
Au contraire, un V en haut de la ligne de lecture, indique un endroit où l'on peut reprendre sa respiration.
OrnementsParmi les ornements utilisés en jianpu, on peut noter :L'appoggiatureL'appoggiature est notée généralement par une flèche arrondie, montante ou descendante, entre les 2 notes auxquelles elle va s'appliquer, elle est notamment utilisée dans les instruments à vent ou à corde pour des transitions qui doivent se faire progressivement entre 2 notes, et non pas de manière très distincte.
Appoggiature brèveIl existe également des appoggiatures brèves. Elles sont notées par le numéro de la note écrit en petit, au-dessus de la ligne de base, avec un double souligné et une courbe allant vers la ligne de la note (quart bas, gauche d'un cercle).
Le trilleLe trille est noté tr, comme en solfège. Cette notation est placée au-dessus du numéro de la note et se joue en alternant avec la note supérieure. Un numéro de note peut être écrit au-dessus de tr ; dans ce cas, le trille s'exécute en alternant entre la note au-dessus de laquelle il est inscrit et cette note ajoutée au-dessus.
ExempleVoici pour l'exemple le morceau « Amazing Grace » de John Newton, en version jianpu, puis en version solfège.
François Picard, « Oralité et notations, de Chine en Europe », Cahiers de musiques traditionnelles,