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 Ces compilations inclassables

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Icare
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Icare

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MessageSujet: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 08:51

J'ai hésité pas mal de temps avant d'ouvrir ce topic mais il me semble essentiel. En tout cas pour moi il l'est, vous allez très vite comprendre pourquoi. J'ignore s"il vous arrive souvent d'acheter des albums qui contiennent plusieurs oeuvres de différents compositeurs...?... Personnellement, j'en ai beaucoup, au point que j'ai réalisé un premier cycle regroupant plusieurs compilations de ce type. Le problème qui se pose lorsque je souhaite parler d'un album qui regroupe plusieurs oeuvres de différents compositeurs, c'est de savoir où le faire, où en parler. Je pourrais effectivement en parler sur le topic des compositeurs ou sur seulement l'un d'entre eux, celui dont l'oeuvre me plait le plus - j'y ai bien sûr pensé - mais l'idée ne me satisfait pas outre mesure. Je crée donc ce topic pour parler exclusivement des compilations qui réunissent les oeuvres de différents compositeurs. Parce qu'il est évident que s"il s'agit d'un album qui ne contient les oeuvres que d'un même compositeur, on peut en parler aisément sur le topic concerné. Si, au fil du temps, j'ai fini par accumuler un grand nombre de ce type de compilations, c'est parce qu'il me permettait d'aborder, surtout à une époque où internet n'existait pas, des compositeurs que je ne connaissais pas parmi d'autres que je connaissais et appréciais en général. C'était bien rare que je ne tombe pas sur une pièce que j'aime vraiment et pas toujours du compositeur dont j'attendais le plus... De toute façon, une chose est certaine, ce nouveau topic ne restera pas vide ou presque vide. A moi seul, je sais les rendre vivants! Hehe

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Icare
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Icare

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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 09:45

La dernière compilation contenant les oeuvres de différents compositeurs que je me suis procurée est en réalité un album de lieds. Alors certes, j'ai conscience que sur ce forum le lied et la mélodie chantée ne sont pas vraiment à la fête, ils sont plutôt boudés, mis à l'écart, à l'exception de Jean qui, je crois me rappeler, leur accorde un véritable intérêt. Jean, nous sommes au moins deux! Very Happy  De toute façon, dans le domaine de la musique classique, toutes périodes confondues, il n'y a aucune forme d'expression qui me rebute, au contraire, je les accepte toutes, après c'est l'oeuvre qui me plait...ou pas. Il n'y a guère que l'opérette et la comédie musicale, à de rares exceptions près, qui ne m'emballent pas, mais il s'agit sans doute là d'un autre domaine... Ce qui a motivé cette acquisition c'est tout simplement une série de six lieds d'Anthony Girard, un compositeur que j'apprécie par le biais de plusieurs oeuvres, réparties sur trois cd. Cette série de six lieds est réunie sous le titre Le Rêve est notre espoir, pour soprano, violon, cor et piano, qui est également le titre de l'album. En complément de cette oeuvre d'Anthony Girard, figurent plusieurs autres lieds de différents compositeurs provenant de différentes périodes, des compositeurs que je ne connaissais pas jusque là. Toutes ses pièces sont interprétées par Marie-Noëlle Cros (soprano), Daniel Catalanotti (cor) et Damien Nédonchelle (piano).
___Armando Ghidoni, né en 1959 - Séduisantes émotions - 7"55
___Richard Strauss (1864-1949) - Alphorn - 4'05
___Heinrich Proch (1809-1878) - 2 titres: Die mutter wird mich fragen/Das Alpenhorn - 6'45
___Franz Lachner (1803-1890) - 4 titres: Ihr traum/Neuer frühling/Nachts in der kajüte/Wanderers Gebet - 15' environ
___Alain Margoni, né en 1934 - Quatre Chants Vénitiens:
-Chant d'amour: 4'26
-Chant de prison: 3'58
-Chant d'espérance: 2'06
-Chant sur l'eau: 3'52
Les six lieds d'Anthony Girard sont les seuls à employer, côté instruments, le violon de Philip Bride en dehors du cor et du piano. Et justement, je l'ai beaucoup aimé ce violon, il confère à cette musique un surplus de poésie. C'est marrant car non seulement l'oeuvre de Girard est celle qui m'avait inspiré cet achat, mais aussi celle que j'ai préférée lors de cette première approche. En fait, ce sont les oeuvres des compositeurs encore vivants qui m'ont le plus intéressé. J'avoue ne pas avoir été très stimulé par celles, respectives, de Strauss, Proch et Lachner. Leurs lieds ne sont certes pas désagréables à écouter et peut-être prendront-ils de l'étoffe lors des prochaines écoutes. J'ai bien aimé le caractère jazzy des Séduisantes émotions d'Armando Ghidoni, ce qui fait que la pièce, sur cet album, fait un peu figure d'ovni: bon, pas d'extase, juste charmant. Les autres lieds qui ont retenu plus fortement mon attention sont les Quatre Chants Vénitiens d'Alain Margoni. Ici, c'est surtout le piano qui se fait remarquer. J'ai trouvé son emploi intéressant, pas prévisible du tout. Je ne néglige cependant pas le rôle du cor. J'ai toujours été très sensible au cor solo. Le plus beau de ces "Chants Vénitiens" est selon moi le quatrième, "Chant sur l'eau". La mélodie qui y est développée est magnifique et en plus c'est par elle que se conclut cet album.

PS: Ce qui nous amène parfois à nous procurer ce type de compilation qui réunit des oeuvres de différents compositeurs, c'est un interprète pour lequel nous vouons un intérêt particulier. Par exemple, avec l'album que j'évoque ci-dessus, mon choix aurait très bien pu être conditionné par la voix de Marie-Noëlle Cros à laquelle j'aurais pu être particulièrement sensible.


Dernière édition par Icare le 2020-12-24, 11:00, édité 1 fois
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Jean

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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 10:57

Très bonne idée Icare  que ce topic Wink
J'ai aussi un certain nombre de cd "compilation" de plusieurs compositeurs...que j'ai du mal à éviter quand on veut une oeuvre ou interprétation précise  . et que je cherche néanmoins à éviter pour une question pratique de classement par compositeurs de mes cd...et les mettre ensemble résout  le problème tant qu'ils ne sont pas trop nombreux!!
Ton cd m'intéresse (perso je ne connais que Richard Strauss et Franz  Lachner) et je l'ai trouvé à petit prix chez La Chaumière-Mélomania Wink
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Icare
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 11:23

Jean a écrit:
Très bonne idée Icare  que ce topic Wink

Je pense effectivement qu'il aura son utilité et j'ignore même pourquoi j'ai hésité. Very Happy  J'ai tellement de compilations inclassables de ce type! Plus d'une soixantaine, plus près de 70 que de 60, presque toutes rangées dans un même endroit puisque inclassable. Et de temps en temps, j'aime organiser un cycle comme celui-ci pour les réécouter. Sinon, le réflexe est souvent de ressortir une de ces compilations pour n'écouter que l'oeuvre que j'avais le mieux retenue. Le principe du cycle est d'en choisir une huitaine et de les réécouter en entier. La surprise d'un opus injustement négligé peut toujours remonter à la surface!

Jean a écrit:
Ton cd m'intéresse (perso je ne connais que Richard Strauss et Franz  Lachner) et je l'ai trouvé à petit prix chez La Chaumière-Mélomania Wink

Même si trois contemporains y sont représentés, tout est mélodique. Ces compilations inclassables 231625
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Snoopy
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 12:06

Icare a écrit:
J'ignore s"il vous arrive souvent d'acheter des albums qui contiennent plusieurs oeuvres de différents compositeurs...?...

Il y a très longtemps, au début seulement. Parce que c'était en effet pratique pour s'initier aux "grands tubes", cela permettait aussi (mais rarement) de découvrir une oeuvre ou un compositeur qu'on ne connait pas et enfin, parce que c'est souvent des albums bon marché donc le rapport qualité/prix est intéressant. (cela évitait par exemple parfois d'acheter un album unique dédié à un compositeur juste pour une musique qu'on aime).

Mais j'ai très vite arrêté pour plusieurs raisons:

Ca tourne vite en rond, toujours les mêmes trucs qui sont proposés. C'était aussi un peu la loterie, certains albums avaient une bonne qualité d'enregistrement et d'interprétations quand d'autres étaient tout simplement épouvantables. Après 2 ou 3 albums de ce style, beaucoup de doublons apparaissent donc la compilation devient plus un inconvénient qu'un avantage et enfin, parce que rapidement j'ai voulu sortir des sentiers battus et découvrir plus en détails l'oeuvre de nombreux compositeurs, ce qui m'a donc obligé à me "spécialiser" et ne plus rester sur des CD "grand public". (d'ailleurs c'est un peu le même parcours et la même logique dans le choix d'achat de partitions)

Ca doit donc faire au moins 25 ans que je n'ai pas acheté un album compilation. De plus, aujourd'hui, internet pemret d'aller voir qui est qui et qui fait quoi (si par exemple c'est de la musique étrangère) et de se faire une idée rapidement. Donc à mon avis je ne suis pas près d'en racheter.
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Jean

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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 14:14

En fait çà dépend de quoi on parle...et le terme "compilation" n'est peut être pas adéquat...Si "compilation" est uniquement une reprise d 'extraits de différents enregistrements, paraissant souvent à prix réduit ....
Dans ce sens le cd qu'Icare présente (mélodies ou lieder de différents compositeurs) semblent bien être un enregistrement "original" ...et dans ce sens il y en a de plus en plus je trouve et au prix courant d'un cd qui n'est pas en collection économique quand il est récent!!

Par exemple , le jeune pianiste, Alexandre Kantorow , 22 ou 23 ans, fils du violoniste et chef Jean Jacques Kantorow (acclamé par les critiques!!) a déjà sorti 5 cd dont seulement 2 sont consacré à un seul compositeur (concertos de St Saens et concerto de Liszt) les trois autres comportent plusieurs compositeurs (Musique Russe : Rachmaninov, Tchaikovski, Stravinsky, Balakirev; un autre: Brahms, Bartok, Liszt et le 3eme sonates violon piano -avec son père: Chevillard, Fauré et Gedalge.
J'ai plusieurs cd de "récital" de courtes pièces (transcriptions ou originales) pour violoncelle solo avec piano ou orchestre qui sont (ou étaient) des "nouveautés" et pas des reprises diverses piquées çà et là.
Ma liste serait longue!

Je pense que c'est ce type d'enregistrement dont parlait Icare et, en tout cas moi Wink et ressemblent bien à une "compilation" d'oeuvres diverses?!
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Snoopy
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 16:56

En effet, tu as raison. Il faudrait que je regarde, mais même dans le cas d'une compilation originale, je n'ai pas le souvenir d'en avoir acheté non plus depuis un moment. En général je me limite à un compositeur par interprète

ps. Peut on alors considérer qu'un pianiste qui joue sur le même CD du Chopin et du Beethoven ou qu'une soprano chante différents arias de différents compositeurs, c'est une compilation?

Parce que la compilation peut aussi être thématique. Par exemple, des Nocturnes de différents compositeurs.
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 17:38

Snoopy a écrit:
En effet, tu as raison. Il faudrait que je regarde, mais même dans le cas d'une compilation originale, je n'ai pas le souvenir d'en avoir acheté non plus depuis un moment. En général je me limite à un compositeur par interprète

ps. Peut on alors considérer qu'un pianiste qui joue sur le même CD du Chopin et du Beethoven ou qu'une soprano chante différents arias de différents compositeurs, c'est une compilation?

Parce que la compilation peut aussi être thématique. Par exemple, des Nocturnes de différents compositeurs.

Ben je ne sais pas trop confused mais il me sembe bien que lorsqu'on parlait de "compilation" dans ..(l'ancien temps Wink ) c'était plutot des reprises d'anciens enregistrements...comme en variété çà me parait désigner des reprises mélangeant d'anciens enregistrements?
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Icare
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 17:48

Snoopy a écrit:
ps. Peut on alors considérer qu'un pianiste qui joue sur le même CD du Chopin et du Beethoven ou qu'une soprano chante différents arias de différents compositeurs, c'est une compilation?

Parce que la compilation peut aussi être thématique. Par exemple, des Nocturnes de différents compositeurs.

Absolument!  En général, s'entend par "compilation" un album qui réunit des extraits d'oeuvres d'un même compositeur, comme par exemple Discover Vainberg parue chez "Olympia" et qui contient donc des extraits d'oeuvres de Mieczyslaw Weinberg, par exemple le premier mouvement de la quatrième symphonie, le second du septième quatuor à cordes, etc... Cette compilation-là n'est pas inclassable puisque nous pouvons en parler dans le topic du compositeur.

Ici, je souhaite que nous évoquions les compilations qui réunissent soit des extraits d'oeuvres ou des oeuvres entières de différents compositeurs, puisse-t-il s'agir effectivement de compilations thématiques, d'oeuvres réunies sur un même album par un interprète quelconque; soprano, ténor, pianiste, violoncelliste, etc... Je ne connais pas d'autres termes que "compilation" pour les désigner. Very Happy
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Icare
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 19:08

Cet après-midi, j'ai réécouté un album qui s'intitule Triple Doubles. Il contient trois Double Concertos pour violon, violoncelle et orchestre de trois compositeurs américains encore en activité, tous les trois interprétés par le violoniste Jaime Laredo, la violoncelliste Sharon Robinson et le "Vermont Symphony Orchestra".

Le premier double concerto s'intitule A Child's Reliquary (1999, orch. 2006). Il s'agit d'une composition de Richard Danielpour, compositeur né en 1956 que j'ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce forum. Je ne cache d'ailleurs pas que c'est parce que l'une de ses oeuvres figurait sur cet album que j'en avais fait l'acquisition. Le double concerto se constitue de trois mouvements. Il existe de cette oeuvre une version trio: violon, violoncelle et piano que je suis entrain d'écouter sur Internet, mais elle me plait moins que la version avec orchestre alors que j'ai une sensibilité très "musique de chambre". Le premier mouvement est très lent et un peu sombre, propice au recueillement, ce qui n'est pas étonnant car lorsqu'il commença de composer A Child's Reliquary dans le courant de l'été 1999, il venait d'apprendre la mort tragique du jeune enfant de 18 mois Cole Carlson St.Clair, fils de Susan et Carl St.Clair, ce dernier étant un grand chef d'orchestre américain, ami et collègue de Danielpour. (Jai des oeuvres de Heitor Villa-Lobos dirigées par lui.) J'aime beaucoup l'ambiance sombre du premier mouvement qui se laisse vaguement attendrir par un brin de tristesse qui émerge sans créer le moindre pathos. Le second mouvement est très énergique, contraste même nettement avec l'humeur du précédent, une musique virtuose et qui va de l'avant, malicieuse, porteuse d'une forte envie de vivre. Il contient des combinaisons sonores qui m'accrochent bien l'oreille. Le dernier mouvement est un "Adagietto" qui démarre en douceur avec le violon et le violoncelle. Le ton est plus ou moins grave, pourvu d'un romantisme peu exacerbé, dans une retenue que le violon sait parfaitement exposer. Il est troublé par quelques effets graves et profonds du violoncelle et de l'orchestre. Dans la seconde partie du troisième mouvement, l'oeuvre devient très belle, lancinante et passionnée, mais sans perdre ce fond de gravité antérieure qui maintient le drame en mémoire. Direction: Sarah Hicks.

Le Concerto pour violon, violoncelle et orchestre (2008) de David Ludwig est peut-être l'oeuvre que je préfère de cet album, en tout cas c'était par elle que la véritable surprise avait surgit. Il faut dire que le compositeur m'était alors un illustre inconnu. Ce double concerto m'a aussitôt happé par l'ambiance percussive et menaçante de l'introduction de son premier mouvement, avant que les deux solistes n'entrent véritablement en scène. l'oeuvre se constitue de trois mouvements; "Con moto - Adagio - Con moto" et de deux interludes; "Calypso's Dance" et "Iseult's Alba", le premier des deux interludes mettant en scène le violon et les percussions uniquement, moment insolite auquel on ne s'attend pas forcément, alors que le second ne met en scène que le second soliste, le violoncelle, avec des interventions sporadiques de l'orchestre. Le premier mouvement a un caractère plutôt guerrier et conquérant, du coup le concerto bénéficie d'une excellente introduction, une captivante entrée en la matière qui ne sera pas une promesse en l'air. Le concerto tient en haleine en entier. L'Adagio offre une prestation passionnée entre le violon et le violoncelle et le troisième mouvement reprend une dynamique digne du premier "Con moto". J'adore le caractère dramatique et passionné du concerto, presque violent, d'une intensité qui ne se dément pratiquement jamais, sans compter l'effet réussi d'une flûte rebelle et mystérieuse. J'adore comment cette oeuvre très charismatique est orchestrée. Direction: Sarah Hicks.

Masquerade (2007) de Daron Aric Hagen, né en 1961, est finalement le double concerto le plus romantique de l'album, un romantisme que je qualifierais même d'exacerbé. Il commence aussi sur des chapeaux-de-roues, de façon tonitruante. Il ne manque pas non plus d'intensité, néanmoins c'est celui que j'aime le moins des trois. J'aurais été étonné qu'il me porte aussi haut dans l'exaltation que celui de David Ludwig. Je préfère aussi A Child's Reliquary de Richard Danielpour. Ca ne veut pas dire qu'il m'ennuie ou me déplait car il contient tout au long de ses quatre mouvements, des passages attendrissants. C'est animé, virtuose, déterminé, jamais mollasson - les moments les plus lents et introvertis sont très bien sentis par les deux solistes - mais disons qu'il est un peu trop banal à mon goût pour me combler pleinement. Direction: Troy Peters.

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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-24, 22:19

Alors, j'ai effectivement par exemple cette compilation de Aida Gariffulina

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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-25, 10:10

Oui, voilà, c'est un parfait exemple de compilation.

Celle que j'ai réécoutée hier soir, un peu avant minuit, est de circonstance. Je n'obéis pas toujours à cette idée d'écouter des musiques de Noël le 24 ou le 25 décembre, mais là je me suis laissé volontairement influencer par l'ambiance de cette période que nous souhaiterions magiques. En fait, si on excepte par exemple une Cantate de Noël d'Arthur Honegger, je ne possède qu'un seul album de musiques réalisé pour la circonstance: et ça tombe bien puisqu'il s'agit d'une compilation: Christmas in Vienna avec Placido Domingo, Diana Ross et José Carreras, le "Gumpoldskirchner Kinderchor" et le "Wiener Symphoniker" sous la direction de Vjekoslav Sutej. La plupart des arrangements sont signés Lalo Schifrin. Le détail:

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Introduction: Jingle Bells - James Pierpont
Mille Cherubini in coro - Franz Schubert - José Carreras
Amazing Grace - John Newton - Diana Ross
Wiegenlied, Op.49, n°4 - Johannes Brahms - Placido Domingo
Carol of the Drum - Katherine K. Davis - Ross & Carreras
The Gift of Love - Placido Domingo Jr./Mary K. Reilly - Placido Domingo
Navidad - Antoni Parera Fons/Manuel Vazquez Montalban - José Carreras
White Christmas - Irvin Berlin - Ross & Domingo
Ave Maria; "Hymne an die Jungfrau", D839 - Franz Schubert - José Carreras
Ave Maria, d'après l'intermezzo de "Cavalleria rusticana" - Pietro Mascagni - Placido Domingo
It's the most wonderful time of the year - Eddie Pola/George Wyle - Diana Ross
Adeste Fideles - ANONYME - Domingo & Carreras
If we hold on together - James Horner/Will Jennings - Diana Ross
S'y ajoute un medley qui contient le traditionnel "O Tannebaum" et des morceaux comme "Minuit, Chrétien" d'Adolphe Adam et "Joy to the World" de George Frideric Handel. Domingo, Ross & Carreras.
Stille Nacht de Franz Xaver Gruber est la conclusion toute trouvée pour ce genre d'album, également interprété en choeur par les trois chanteurs.
A Noël, lorsque j'ai vraiment envie de me mettre musicalement dans l'ambiance, c'est généralement cet album que j'écoute, ou alors certaines cantates de J.S. Bach ou la Cantate de Noël de Honegger.


Dernière édition par Icare le 2020-12-25, 12:13, édité 1 fois
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Icare
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-25, 11:45

Ce matin, en revanche, j'ai également ressorti de mes étagères une autre compilation mais, cette fois, d'une toute autre ambiance! Elle s'intitule ...to arrive where we started... et réunit six oeuvres de durée plus ou moins courte de six compositeurs danois de la seconde moitié du vingtième siècle. Toutes ces compositions sont interprétées par l'ensemble "Figura" sous la direction de Henrik Vagn Christensen, ce qui m'a permis de découvrir une superbe voix de mezzo-soprano en la personne de Helene Gjerris. Je ne me souviens plus ce qui avait pu motiver cet achat à la fin des années 1990, pas la mezzo-soprano que j'avais découvert avec cet album et qui n'est même pas créditée aux extérieurs de l'album: je pensais au départ qu'il s'agissait de musiques purement instrumentales. Je pense que ce qui avait pu motiver ce choix à l'époque était l'intérêt toujours plus grand que j'accordais à l'oeuvre de Peer Norgard. La modernité de son approche me touchait davantage que celle que je pouvais entendre, à cette époque-là, en France, Allemagne, Italie. En tous les cas, c'est bien Peer Norgard qui me conduisit vers la musique contemporaine danoise et peut-être plus largement vers la musique dite nordique. Il y a toujours un facteur déclencheur, et si Norgard n'apparait certes pas sur cette compilation, il est très certainement à l'origine de ce choix.

John Frandsen, né en 1956 - White Shadows (1993) pour mezzo-soprano, piano, alto, contrebasse et percussions. Cette pièce de 10'34 se divise en trois mouvements: "De profundis/A/The sign of remembrance". Ca commence vraiment bien, en tout cas pour moi qui ai un goût prononcé pour la musique dite moderne. Ceci dit, rien d'excentrique dans la partition de John Frandsen, mais une musique fortement expressive et irisée qui me saisit aussitôt et qui d'ailleurs n'est pas loin de m'évoquer Per Norgard, de plus portée par la superbe voix de Helene Gjerris.

Svend Hividtfelt Nielsen, né en 1958 - Through the Darklands (1996) pour mezzo-soprano, clarinettes, piano, alto, contrebasse et percussions. Il s'agit d'une pièce en un mouvement d'une durée qui avoisine les quinze minutes. Avec elle, l'aventure se poursuit merveilleusement bien. J'ai d'ailleurs l'impression de poursuivre dans la même ambiance que l'opus précédent, une écriture tout aussi moderne pour une musique très expressive et colorée, avec toujours cette voix de Helene Gjerris qui me touche au coeur. Ce ne sont pas toutes les voix qui me touchent de cette façon. Je n'en dirais par exemple pas autant de la voix de Marie-Noëlle Cros que je mentionne en début de topic, même si ses interprétations me paraissent de qualité et que j'aime certaines des oeuvres qu'elle interprète. Mais disons qu'avec Helene Gjerris, il y a ce quelque-chose en plus qui crée le frisson.

Peter Bruun, né en 1968 - All things are his mirror (1996) pour mezzo-soprano, clarinettes, piano, alto, contrebasse et percussions. Outre la voix de mezzo-soprano, cette composition en un seul mouvement de 8'25 est sans aucun doute (pour moi) le point culminant de cet album car, en plus de posséder les qualités des deux oeuvres précédentes, elle développe ce surplus poétique qui fait la différence, me fait passer du "très bon" à "l'exquis". Jusque là, en tout cas, mes impressions n'auront pas beaucoup évolué depuis l'époque de la découverte. Très positives dans cette première moitié d'un album qui avoisine les 68 minutes.

Karsten Fundal, né en 1966 - Memory (1997) pour mezzo-soprano, clarinettes, piano, alto, contrebasse et percussions. Cette pièce de Fundal marque la dégringolade du mélomane, la pierre contre laquelle je bute et qui m'arrache de la bulle de rêverie dans laquelle la musique de Peter Bruun m'avait délicieusement enfermé. Mais, comme cette pièce en un mouvement est très courte, 5'38, je m'étais dis que ce n'était qu'un passable interlude avant de revenir à des tumultes plus heureux.

Ivar Frounberg, né en 1950 - ...to arrive where we started... (1993) pour mezzo-soprano, piano, alto, contrebasse et percussions. Bien que cette pièce en un seul mouvement, la plus longue de l'album, 17'35, a donné son titre à la compilation, elle ne me récupère pas dans ma chute, la freine juste un peu à un moment donné par un passage instrumental qui, subitement, accrocha mon oreille. Me reste encore la voix de Helen Gjerris, mais ce ne sera évidemment pas suffisant car la branche à laquelle je me suis raccroché n'a pas résisté longtemps.

Jens Horsving, né en 1969 - Walk with strangers (1994-99) pour voix, clarinettes, contrebasse et montage sonore réalisé par le compositeur lui-même. Là, c'est le coup de grâce! Laughing La chute est définitive, me privant même de la superbe voix de mezzo qui là ne chante plus mais parle, parfois en français: "Défense de fumer" et "Défense d'afficher". La pièce est en un mouvement et dure un peu moins de dix minutes.

En conclusion, même si la seconde moitié est décevante, la première m'a permis de découvrir trois oeuvres très appréciables et éventuellement trois compositeurs, Frandsen - Hividtfelt Nielsen - Bruun susceptibles de m'intéresser. Je ne regrette donc pas cette acquisition et je comprends surtout pourquoi je l'ai conservée.

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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-25, 17:18

Cet après-midi, dans un de mes moments perdus ou existant juste pour moi-même, j'ai réécouté trois quatuors à cordes, réunis sur un même album intitulé a way a lone et interprétés par le "Tokyo String Quartet". A l'époque, vers le milieu des années 1990, deux éléments m'incitèrent à en faire l'acquisition: il y avait tout d'abord une pièce inédite de Toru Takemitsu, un des compositeurs qui me fascinaient le plus et, par conséquent, écoutais le plus. J'utilise l'imparfait, mais c'est toujours vrai aujourd'hui bien que je l'ai beaucoup moins écouté ces dernières années, l'ai sans doute un peu négligé au profit d'autres créateurs. Je me suis promis qu'il fera son grand come back - un peu d'anglicisme pour faire chic Hehe - dans mon lecteur durant l'année 2021. Le second élément qui motiva ce choix fut le Quatuor à cordes - Opus 11 de Samuel Barber. La raison est très simple. Jusqu'ici, je ne connaissais le célèbre Adagio dans une version pour orchestre à cordes, par le "London Symphony Orchestra" sous la direction d'André Prévin, reprenant ainsi l'adaptation qu'en avait faite Barber en 1938. Je l'avais découvert dans des conditions particulières et bouleversantes, dans la continuité de la très belle partition que John Morris composa pour le film de David Lynch; The Elephant Man (1980). L'Adagio de Samuel Barber illustre le moment le plus émouvant du film: la mort de Joseph Merrick. A l'époque, j'ai toujours pensé - je le pense encore - que John Morris aurait très bien su mettre en musique cette scène, puisque j'avais à l'esprit la force émotionnelle des thèmes principaux, mais il arrive souvent qu'un cinéaste, à partir du moment où il imagine et réalise une scène sur telle musique, il n'en démord plus par la suite...mais bon, c'est un autre sujet. Lorsque j'ai appris que cet "Adagio" avait initialement été écrit pour quatuor à cordes et qu'il était le mouvement médiane de l'Opus 11 de Samuel Barber, je n'avais plus qu'une envie, découvrir cette oeuvre en entier.

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Toru Takemitsu (1930-1996) - A Way A Lone - 12'36". Nul besoin d'en entendre plus d'une minute pour savoir que je pénètre le monde sonore inimitable du Maître nippon. Voilà un univers où s'entrecroisent musiques extrême-orientale et occidentale, que j'avais jusqu'alors abordées par la grande formation orchestrale, réduite occasionnellement à un quatuor à cordes. L'effet me sera certes moins saisissant, mais le charme opère quand même.

Samuel Barber (1910-1980) - Quatuor à cordes, Opus 11 - 18'27", en trois mouvements. Je découvrais alors deux mouvements extrêmes dans les deux sens du terme, incisifs, tonitruants et fort épineux et au beau milieu ce fameux adagio qui fait contraste. Contre toute attente, le premier mouvement, par son intensité et ses dissonances parfaitement domptées, me l'a rendu plus émouvant encore et, au fond, plus poignant. Je le préfère finalement non seulement dans son contexte mais aussi dans cette instrumentation en particulier. Le "Molto allegro" final est si succinct qu'il m'apparait davantage comme un épilogue: il renvoie au caractère agressif et épineux du premier mouvement.

Benjamin Britten (1913-1976) - Quatuor à cordes n°2, Opus 36 - 29'39", en trois mouvements. C'est l'oeuvre qui m'intéressait le moins dans cette compilation puisque je l'avais déjà en complément du N°3, Opus 94 du même compositeur, mais dans une autre interprétation; "The Britten Quartet". Je suis moins entré dedans lors de cette nouvelle approche. En général je ne l'écoute jamais par le "Tokyo String Quartet" mais la plupart du temps par le "Britten Quartet". C'est peut-être une question d'interprétation car d'habitude j'aime beaucoup cette oeuvre. J'y ai bien sûr retrouvé plusieurs passages magnifiques, mais d'autres mon paru, cette fois, un peu compliqués et lourds.
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-26, 11:24

Depuis hier-soir j'aborde une étonnante compilation - un double-album - intitulée Prix de Composition 2006 qui contient sept oeuvres de sept jeunes créateurs venus de tous horizons, tous nés dans le courant des années 1970: deux jeunes Japonais, Kenji Sakaï et Mari Kamimoto, un jeune Parisien, Lionel Bord, la strasbourgeoise Claire-Mélanie Sinnhuber, un jeune Colombien du nom de Marco Antonio Suarez-Cifuentes, le tchèque, le plus jeune des sept compositeurs représentés sur ce double-album - excepté peut-être Suarez-Cifuentes - Ondrej Adamek et le jeune Français de Thionville, Gilles Schuemacher. Depuis la parution de cette compilation durant l'année 2007, treize ans se sont écoulés et je n'ai encore eu l'occasion d'écouter aucune autre oeuvre de ces sept compositeurs, ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont rien composé d'autre. Ainsi existe-t-il certaines de leurs créations disponibles sur la Toile. J'avoue n'avoir pas encore eu cette curiosité d'aller fouiller, sans doute trop occupé par beaucoup d'autres compositeurs de différentes périodes. Je n'ai rien vu non plus en matière d'albums. Concernant ces "Prix de composition 2006", certaines sont orchestrales, d'autres pour petites formations, une utilise les voix. Je le précise d'emblée, seul quelqu'un qui apprécie la musique atonale et les différentes tendances de la musique dite moderne peut y trouver son bonheur, même si dans l'absolu ce n'est jamais garanti à l'avance. Et là, lorsque je me suis procuré ce double-album à prix clément, je n'avais aucune garantie si ce n'est une idée assez sûre du ton dominant. Je ne connaissais évidemment aucun de ces jeunes compositeurs et n'avais encore rien écouté d'eux. J'étais dans un inconnu total. C'est une forte curiosité qui motiva ce choix, sans doute alimentée par un besoin de découvrir un nouveau "talent". Les "inconnus" ne m'ont jamais fait peur, sachant que j'ai été aussi souvent déçu par des musiciens célèbres et chevronnés. D'ailleurs, je suis toujours parti du principe que nous sommes plus souvent déçus par des compositeurs qui nous ont tant touché à un moment ou un autre et dont nous attendons tout que par ceux dont nous n'attendons rien de spécial. Je généralise peut-être une expérience personnelle mais je pense que nous sommes nombreux à pouvoir s'y reconnaître. Je me souviens, dans le domaine de la musique de film, par exemple, m'être intéressé à des compositeurs bien avant que le petit monde béophile ne pose son dévolu sur eux: certains d'entre eux sont devenus depuis des figures majeures de la Bande Originale alors que d'autres sont tombés dans un oubli compréhensible.

Première partie:

Kenji Sakaï, né en 1977 à Osaka, au Japon. ...Rhizomes... (12'17) - 2006 - pour grand ensemble - par l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Zsolt Nagy. <<Le titre emprunte au domaine philosophique, et, plus précisément, au post-structuralisme. Il fait référence au modèle de pensée décrit par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans leur livre "Mille plateaux" (1980). Depuis plusieurs années, je travaille à transposer dans ma musique le modèle du rhizome que Deleuze et Guattari ont appliqué à l'analyse philosophique dans différents domaines, que ce soit la sémiologie, la linguistique ou le capitalisme. J'ai cherché à réaliser un triptyque en m'inspirant de cette pensée philosophique, souhaitant que chaque mouvement, pourtant composé des mêmes matériaux, se différencie dans son évolution propre. ...Rhizomes... constitue le deuxième mouvement de ce triptyque, encadré par ...Cascade...(I) et ...Chaosmose (III) pour orchestre symphonique. Chaque pièce, autonome, peut être jouée séparément.>> Kenji Sakaï - extrait.
Cette pièce pour grand ensemble est d'une atonalité assez radicale, et, au-delà des inspirations et motivations philosophiques de son auteur, sous peu d'avoir une sensibilité qui se prête à ce genre de musique turbulente et épineuse - j'entends par "épineuse" les nombreuses dissonances qui l'émaillent - et bien on se laisse prendre par cette matière sonore qui semble être en éruption permanente. Je n'ai pas eu le temps d'être dans une situation d'attente qu'il se produise quelque chose qui éveille mon intellect, n'ai pas eu à déplorer non plus un aspect trop rigide et pesant. C'est déjà un bon point qui s'est renouvelé aujourd'hui.

Mari Kamimoto, née en 1975 à Kobe, au Japon. Kyo (10'03) - pour deux solistes - Guillaume Deshayes (hautbois) et Federico Coca Garcia (saxophone) - et 33 musiciens - l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Zsolt Nagy.
<<Depuis quelques années, je fais des recherches sur plusieurs types de couleurs sonores. Par exemple des fusions de phénomènes différents; chaotiques, polyrythmiques, etc... Pour moi, ce travail a des équivalences et des correspondances avec la peinture. Lorsque l'on peint, on peu superposer des couleurs différentes et grâce à la fusion des couleurs, on peut réaliser une autre couleur originale. La correspondance entre ce que je perçois de la peinture et la musique que je compose est le centre de mes recherches actuelles.>> Mari Kamimoto - extrait
Effectivement, de cette musique toute en effervescence, Kyo est un jaillissement de couleurs orchestrales, avec une autre singularité sonore, l'intervention parfois combinée du saxophone et du hautbois. A mon oreille, il en ressort une matière sonore intense qui sait me mettre sous pression. Je peux donc réitérer mon court commentaire à propos de l'oeuvre de son compatriote: Je n'ai pas eu le temps d'être dans une situation d'attente qu'il se produise quelque chose qui éveille mon intellect, n'ai pas eu à déplorer non plus un aspect trop rigide et pesant.

Lionel Bord, né à Paris en 1976. Fantasmi (15'24) - par l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Guillaume Bourgogne. <<"Fantasmi" est un conte fantastique. Le titre en italien désigne aussi bien les fantômes que les fantasmes. C'est autour de ces deux thèmes que s'articule la dramaturgie de l'oeuvre. L'histoire racontée est celle de nos fantômes intérieurs; peuple errant de notre inconscient qui nourrit nos fantasmes et que nous nous efforçons de tenir en respect pour ne pas sombrer dans la folie. Y parvient-on vraiment? Difficile à dire, mais j'ai parfois tendance à penser que nous sommes tous un peu fous! La frontière qui sépare la raison de la folie semble si fragile que nous sommes en droit de nous demander si nous n'évoluons pas constamment dans un espace intermédiaire: ni totalement raisonnable, ni totalement fou.>> Lionel Bord - extrait.
Je ne sais pas si "Fantasmi" flirte avec la folie ou si elle se situe aux frontières du raisonnable, sûr qu'elle paraîtra irraisonnable aux réfractaires du genre contemporain décomplexé. Mais, personnellement, comme pour les deux oeuvres précédentes, je ne rencontre certes pas d'extase, mais je suis tenu sous pression, c'est-à-dire en haleine pendant toute la durée du morceau qui s'étend quand même sur une quinzaine de minutes, bien que cette musique hautement chahutée joue davantage sur les silences. Elle m'évoque volontiers Toru Takemitsu, carrément un clin d'oeil lorsqu'une flûte s'apparente à un moment donné au shakuhachi. Ce n'est certainement pas moi qui vais regretter cette influence supposée.

Claire-Mélanie Sinnhuber, née à Strasbourg en 1973. Hiss (7'23) - pour quatuor à cordes - 2004 - par les musiciens du Nouvel Ensemble Moderne:
Johanne Morin: Ier violon,
Alain Giguère: 2éme violon,
Brian Bacon: alto avec la,
Catherine Perron: violoncelle.
Des quatre pièces musicales de cette première partie, c'est celle qui me convainc le moins, c'est aussi la plus courte. J'ai cependant aimé ces sonorités qu'elle extirpe du quatuor, parce qu'elles m'ont fait penser, au début du moins, à ces fameuses sonorités que développait le compositeur australien Peter Sculthorpe dans certains de ses quatuors à cordes et qui se transformaient en chants de mouettes. Il en résulta d'ailleurs une forte dimension poétique, un dépaysement bienvenu. Hors, dans la pièce proposée par C. M. Sinnhuber, j'y ressens uniquement de la prouesse technique et n'entends aucun coeur battre, aucun poumon respirer dans cette musique. Dommage.
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-26, 19:27

Ces compilations inclassables HgqLjJvTWLEFXFMeunzq3CJFg9021sskwRo1y4bc1Su8b4bXqJv0LeDSYV1xRzr21s1lPlJb7KVg16N3M1s42n1-4yn3fvhk
 
Seconde partie:

Marco Suarez-Cifuentes, né dans les années 1970, à Bogota (Colombie). Alucina - Machines et Kaléidoscopes (18'15) - Avec la participation de l'"Instant Donné",
__Saori Furukawa (violon)
__Elsa Balas (alto)
__Nicolas Carpentier (violoncelle)
__Faustine Tremblay (violon)
__Christelle Sery (guitare)
__Gilles Durot (percussion)
Par l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Zsolt Nagy.
<<Le dispositif conçu pour ce projet est constitué par huit groupes instrumentaux distribués sur la scène ainsi qu'un système de diffusion sur huit haut-parleurs. Pour la composition de l'espace, les trajectoires du son furent établies dans des tableaux qui évoquent des "kaléidoscopes". J'ai voulu souligner cette approche visuelle en donnant à l'électronique un rôle important dans l'organisation du temps musical. J'ai envisagé cette pièce pour quatuor et percussion solistes, ensemble de dispositif électroacoustique en temps réel, tout en recherchant un moyen de contrôle instrumental de l'électronique permettant de l'intégrer au mieux avec l'écriture de la partition et les décisions musicales du chef d'orchestre. Ce travail a trouvé écho dans le travail d'Alejandro Olarte, acousticien colombien qui travaille sur le développement d'un instrument électroacoustique que lui-même appelle la "guitare synthé".>> Marco Suarez-Cifuentes - extrait.
Alucina fut pour moi la surprise du jour. Lors des écoutes précédentes, c'était l'oeuvre avec Hiss de C-M. Sinnhuber que j'avais tendance à bouder. Je ne lui trouvais pas le mordant de, par exemple, Kyo de Mari Kamimoto, et pourtant...Il s'agit d'une oeuvre atonale, très à l'aise dans cette forme d'expression, qui place les percussions en exergue. Alucina commence par des trouvailles sonores qui étonnent, m'interceptent brutalement, ce qui fait qu'elles peuvent tout autant désarçonner l'auditeur que le fasciner d'emblée. Au début, un peu interloqué par ces sonorités étranges, atypiques, je me demande effectivement où elles vont m'emmener. Puis, lorsque la machine se met en route, machine ou kaléidoscope, je suis saisi par toutes ces sonorités, parfois insolites - comme cette "guitare synthé", qui se greffent aux chairs d'un orchestre en continuelle ébullition. Vers la quinzième minute, j'ai la sensation que la musique, fortement agitée, va partir dans un trip de jazz, mais ce ne sera pas le cas: elle le suggère pourtant à mon oreille...

Ondrej Adamek, né à Prague en Tchéquie en 1979. Jardin Perdu (26'40) - avec les voix de:
__Claire Pigeot
__Landy Andriamboavonjy (photo)
__Mickaël Mardayer
Par l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Zsolt Nagy.
Jusqu'à présent c'était l'oeuvre qui m'avait le plus intéressé sur ce double-album. Il est vrai que quelque-part c'est peut-être la plus singulière, celle qui se démarquerait le mieux par un ton assez original, notamment dans son emploi des trois voix, peu importe d'ailleurs qu'on aime ou pas. Adamek utilise notamment la voix de l'artiste polyvalente Landy Andriamboavonjy, artiste lyrique (de tessiture soprano), harpiste, compositrice française d'origine malgache, également comédienne, danseuse, cheffe de chœur, metteuse en scène et dramaturge. J'aime toujours sa dimension théâtrale, disons qu'il y a deux passages dans cette oeuvre que j'apprécie en particulier. Il me manque sans doute une forme d'intensité continue qui me tiendrait en haleine sur toute sa durée.

Gilles Schuemacher, né en 1977 à Thionville (France). Kreise - Cercles pour 35 musiciens, en deux mouvements (26'21) - Avec la participation de l'"Instant Donné":
__Saori Furukawa (violon)
__Elsa Balas (alto)
__Nicolas Carpentier (violoncelle)
__Faustine Tremblay (violon)
Par l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire sous la direction de Zsolt Nagy.
Kreise est aussi la seconde bonne surprise de ce double-album lors de cette nouvelle approche. Ces compilations qui réunissent des oeuvres de différents compositeurs ne font pas partie des albums que j'écoute le plus souvent en entier. Je les ressors surtout pour réécouter l'oeuvre qui m'avait le plus marqué, ce qui est une démarche plutôt logique. J'ai tendance à les négliger et c'est pour cette raison que j'organise ce genre de cycle. J'observe aujourd'hui une nette évolution de mes appréciations concernant les contenus de celle-ci. Outre un premier mouvement tout en vigueur et haut en couleurs, les percussions y étant mises en valeur dans un complexe orchestral et atonal très expressif, mon intérêt va davantage se porter sur le second mouvement, plus statique et méditatif, assez sombre aussi, le plus long des deux, dépassant les dix-huit minutes à lui seul. Les cordes finissent par m'envoûter dans un long lento ponctué par les effets brefs et vifs de percussions métalliques - je pense à une percussion composée de lamelles métalliques suspendues, sauf que je n'ai pas trouvé de terme qui la définit. Ce mouvement trouve son inspiration dans des vers de Rainer Maria Rilke:

<<"Et nous: écoutants enfin! Les premiers hommes écoutants."
"Timbre, qui n'est plus avec l'oreille mesurable. Comme si le son
qui nous surpasse de toutes parts,
était un mûrissement de l'espace.
"
>>
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-26, 23:23

La compilation que j'ai ressortie ce soir ne regroupe pas seulement des oeuvres de différents compositeurs, mais aussi de compositeurs de différentes périodes. Elle s'intitule Leo Brouwer presents et réunit des compositions de Georg Philipp telemann, Georg Gershwin, Leo Brouwer, A. Riccardo Luciani et Antonio Vivaldi, toutes interprétées par le "Musici Mundi" Chamber Orchestra sous la direction du compositeur, guitariste et chef d'orchestre cubain Leo Brouwer. C'est lui qui avait motivé ce choix à l'époque, dans les années 1990, non pas que je m'intéressais à ses qualités de chef d'orchestre, mais j'aimais le compositeur et étais à l'affût du moindre inédit que je pouvais trouver sur disque. Ici, ce fut une cantate d'une huitaine de minutes pour soprano et six instruments. Comme elle était entourée d'oeuvres et de pièces de compositeurs tels que Telemann, Vivaldi, Gershwin qui m'étaient également inédites, j'étais sûr de ne pas prendre un grand risque. J'ai souvent ressorti cette compilation pour n'écouter que la courte cantate de Leo Brouwer qui me plaisait bien. Du coup, je négligeai pendant longtemps une autre oeuvre, très différente, que j'aime désormais beaucoup.

<<Si aujourd'hui Brouwer est considéré partout et dans chaque environnement parmi les voix les plus authentiques et les plus intenses de la musique contemporaine, je pense que c'est dû à un simple fait substantiel: chaque note sonne simultanément par suite de la recherche et du besoin de la communiquer. Le Lion a un appétit culturel insatiable: son cycle de vie implique l'ingestion presque continue d'une quantité d'informations qu'il serait impossible pour la plupart de digérer et de métaboliser. Mais son organisme possède le code génétique adapté à cette tâche: un amour sans bornes pour tous les aspects de l'expression humaine. Que ce soit la dodécaphonie sous ses formes les plus variées plutôt qu'une chanson populaire; musique concrète ou aléatoire plutôt qu'un rythme afro-cubain; du monde baroque plutôt que du minimalisme, son étonnement amoureux pour tout signal venant de l'extérieur le libère de toute prévention négative. Sa musique est donc écoutée avec la sensation de respirer l'air frais de la notiva sans traces de pédanterie. C'est pourquoi les mots de l'épigramme de Marti qui vocalisent la cantate du même nom sont vraiment la clé pour accéder au cœur de sa personnalité.>> Paolo Paolini.

___Georg Philipp Telemann (1681-1767) - Don Quixotte Suite - Burlesque de Quixotte (1760) - en huit extraits pour une durée d'une petite vingtaine de minutes. <<Quatre ans plus âgé que Haendel et Bach, Telemann composait plus de musique que les deux réunis: mais il était non seulement un auteur fructueux, mais l'un des compositeurs les plus complexes et raffinés de son temps, inépuisable dans la recherche de formes et de nouvelles couleurs expressives. curieux et très intéressé par toute sorte de musique, aussi et surtout la musique populaire, dont il a assimilé l'esprit avec une participation fervente. Dans le panorama des musiques à thème de l'époque baroque, la suite "Don Quichotte" se distingue par l'extraordinaire caractérisation des personnages de Cervantès dans de délicieux profils musicaux. Brouwer a ajouté des "Doubles" et des ornements dans un style baroque rigoureux.>>
Telemann, en fonction des oeuvres que je connais de lui, est un compositeur qui me touche nettement moins que Bach, Vivaldi et Haendel. Burlesque de Quixotte est une oeuvre agréable et sympathique qui se laisse écouter, mais rien qui ne m'émeut vraiment.

___George Gershwin (1898-1937) - Deux Préludes - 1926: orchestrés pour cordes par Leo Brouwer. (6'00)
<<Les "Préludes" sont la seule œuvre pour piano solo de Gershwin: les styles blues et occidentaux sont traités avec un raffinement extrême. Dans la transcription de Brouwer (qui a choisi deux des trois pièces originales), l'univers sonore des cordes confère à l'œuvre un caractère particulier, un «son» qui lorgne subtilement du côté des grands orchestres de jazz des années 1930.>>
Après Telemann, le changement d'ambiance est clairement défini avec la musique de George Gershwin, une musique bien agréable aussi mais qui ne m'emmène pas plus haut que la Suite de Don Quichotte. On est jusqu'à maintenant dans le domaine de l'agréable et c'est tout.

___Leo Brouwer, né en 1939 - Es el amor quien vé - 1973 - pour voix haute et six instruments  (8'06) - Antonia Brown (soprano).
<<Cantate de chambre pour voix haute et six instruments, composée avec des œuvres de Gramatges, Angulo et Alvarez y Rivalera à l'occasion de l'anniversaire du grand poète et révolutionnaire cubain José Marti (1853-1895). Le texte utilisé est une épigramme restée inédite depuis plus d'un siècle et redécouverte par Cintia Vitier et Pina Garcia Marruz, membres du groupe littéraire cubain Origen.>>
Cette cantate dodécaphonique m'a plu dès la première écoute, sans doute pour son caractère viscéral et la puissance de la voix d'Antonia Brown.

___A. Riccardo Luciani, né en 1931 - Le Tombeau perdu - 1991 - (7'05)
<<Aucun des amis n'a été témoin de l'enterrement ... quand Constanze (Mozart) visite le cimetière, je trouve un nouveau gardien des tombes qui ne pouvait plus lui dire où son mari a été enterré." H. Abert, W. A. ​​Mozart. La pièce est un recueil de méditation autour du célèbre incipit, thème ou sorte de personnage magique présent dans de nombreuses compositions de Mozart (do-ré-fa-mi). Transposée en différents tons, mais jamais exprimée, elle agit ici comme une sorte de chant immobile secret. Le terme «tombeau» peut également être lu dans une clé musicale, le reliant aux compositions françaises homonymes du 17e siècle.>>
Pour ma part, j'y entends tout d'abord un très bel adagio de forme classique, propice au recueillement, qui me renvoie un peu à l'humeur de celui, très célèbre, de Samuel Barber que j'ai réécouté il y a peu de temps, à l'occasion de ce même cycle.

__Antonio Vivaldi (1678-1741) - Concerto "Il Gardellino" (basé sur RV 90) en trois mouvements (10'22): David Bellugi (recorder sopranino)
Ce concerto de Vivaldi est une petite merveille qui met habilement en scène une flûte à bec sopranino qui a eu ce soir un effet magique sur moi. L'oeuvre est tonique et merveilleusement bien interprétée.

https://www.youtube.com/watch?v=HXvNU3JM_Tk


(Basé sur RV 90 et re-orchestré par David Bellugi)
“Musici Mundi” Chamber Orchestra
David Bellugi, sopranino recorder
Leo Brouwer: direction d'orchestre
Pietro L. Horvath, concertmaster.
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-27, 13:05


Fut un temps où j'essayais de connaître un peu mieux la musique savante du vingtième siècle au Québec et, bien sûr, sur tout le Canada. Je faisais la même démarche avec les autres pays dans la mesure du possible et du moment que les éditions discographiques le permettaient et que j'avais l'audace et la curiosité de me les accaparer. Ce matin, j'ai réécouté quatre oeuvres de quatre compositeurs différents réunies dans une compilation intitulée Nouveaux Territoires, quatre créations interprétées par l'"Ensemble Contemporain de Montréal" sous la direction de Véronique Lacroix. Aucun des quatre auteurs n'a déterminé ce choix, à l'époque, au tout début des années 2000, puisque je ne connaissais encore rien de leur musique, si ce n'est, comme je viens de l'écrire ci-dessus, une réelle envie de mieux connaître la musique québécoise et, plus largement, canadienne. Au fil de mes découvertes, je me suis rendu compte que je m'attachais aussi bien à celles et ceux qui prirent un chemin plus axé dans le modernisme et l'atonalisme, comme Claude Vivier pour ne citer que cet exemple, mon compositeur canadien préféré dans ce domaine, que celles et ceux qui suivirent une voix bien plus tonale et classique, comme André Mathieu et André Gagnon, m'offrant cette complémentarité en émotions et en fantaisie que je recherche continuellement dans la musique. Je me dis toujours que sur une compilation qui contient trois ou quatre oeuvres, il y en a bien une qui va retenir toute mon attention. Sur celle-ci, ce fut pour moi une pêche fructueuse car j'en retiens trois sur quatre, sans compter que la quatrième ne me laisse pas complètement indifférent.

<<...Ces compositeurs canadiens d'origines diverses cherchent à enrichir leurs oeuvres de certaines couleurs, de certaines inflexions propres à leurs musiques nationales respectives. Ils "stylisent", réinventent, transposent leur folklore à travers le filtre de la musique savante de tradition européenne et les techniques de la musique contemporaine. Ce "folklore imaginaire" que nous vous invitons à découvrir intègre tour à tour des éléments de la musique des Balkans pour Ana Sokolovic et Pierre Klanac, de la musique chinoise pour Ka Nin Chan, et pourquoi pas de l'ensemble de l'histoire de la musique européenne qui constitue pour Jean Lesage son folklore personnel qu'il transforme, interprète et réinvente.>> Véronique Lacroix.

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__Ana Sokolovic, née à Belgrade, ex-Yougoslavie, en 1968. Géométrie sentimentale (1997) - pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, percussions, piano, quintette à cordes - (15'30)
<<Comme dans un roman de William Faulkner, la même histoire, racontée par trois témoins. Le même matériau, vu sous trois angles différents: musique à géométries variables. Le caractère, la personnalité, la sensibilité particulière de chacun des trois protagonistes sont suggérés par des formes géométriques: aspérité du triangle, aménité du cercle, opiniâtreté du carré.>> Ana Sokolovic.
Les intentions initiales des compositeurs et la perception des auditeurs coïncident pratiquement jamais, chaque auditeur ayant lui aussi sa propre perception qui ne coïncidera pratiquement jamais avec celle de son "voisin". C'est-à-dire que nous pouvons aimer ou ne pas aimer une même oeuvre pour des raisons différentes, parfois radicalement différentes. Tout ça n'a à mon sens aucune importance fondamentale. En musique, je prône volontiers l'individualisme et même l'égoïsme: l'émotion est quelque-chose de finalement très personnel, très profond et très intime. Si elle est partagée, tant mieux, si elle ne l'est pas, je m'en contrefiche, mais alors à un point! Je suis, par exemple, toujours aussi fasciné par cette Géométrie sentimentale, je la trouve à la fois inventive, truculente, pleine de fantaisie, et même humoristique à certains de ses moments les plus tonals, parfois mystérieuse aussi. Les idées musicales qui en ressortent ne me sont jamais hermétiques, imbitables, au contraire, elles me parlent.

__Pierre Klanac, compositeur canadien d'origine croate, né le 27 octobre 1971 à Montréal. La joie éclatante des jeunes époux (1999) - pour flûte, hautbois, 2 clarinettes (si bémol et basse), basson, cor, trompette, trombone, 2 percussions, piano, quintette à cordes - (13'02)
<<La grande joie des époux nouveaux est une réalité du Royaume des Dieux, inaugurée avant nous. L'imagination de cette joie a donné le souffle nécessaire à la conception de cette oeuvre, qui présente, donc, plusieurs musicalités de la Joie. Principalement celle de la joie des noces et de la fête: "Soyons dans l'allégresse et dans la joie, rendons gloire à Dieu, car voici les noces de l'Agneau, et, son épouse s'est faite belle: on lui a donné de se vêtir de lin d'une blancheur éclatante." Et, ici, l'absence du lieu est intéressante à explorer. C'est-à-dire les possibilités d'une musicalité festive décalée du lieu même de la fête. En effet, la nature d'une salle de concert classique ne permet pas, en général, au public de danser et de boire! ...même s'il entend une musique proprement festive.>> Pierre Klanac.
En général, j'évite de lire le contenu des fascicules avant d'écouter le disque afin de ne pas être influencé par les propos et les informations diverses qui vont s'y trouver. D'ailleurs, lorsque j'avais écouté pour la première fois La joie éclatante des jeunes époux de Pierre Klanac, je n'avais pas ressenti la fameuse joie ni trouvé un caractère particulièrement festif à cette musique. En tout cas, elle ne m'avais pas incité à me lever ni à danser, alors que chez moi j'aurais pu le faire. Aujourd'hui, en la réécoutant, ce n'est pas non plus un sentiment de joie qui en ressortit, plutôt une forte animation sonore qui s'effectua entre les vents, les cordes et les percussions. Même si je l'ai réécoutée en entier sans avoir eu envie de zapper, j'ai été plus lassé que stimulé.

__Jean Lesage, compositeur montréalais né en 1958. Masques et Chimères (1996) - pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, piano et quintette à cordes - (14'30)
Je connais seulement deux oeuvres de Jean Lesage, celle-ci et Vanitas. Je les aime toutes les deux, peut-être autant l'une que l'autre. Voilà des idées musicales qui ne me sont pas imbitables, ou du moins hermétiques, changeantes oui, versatiles, sans doute, mais c'est un aspect qui rend cette musique plus imprévisible, plus étonnante encore. Ce qui est formidable, c'est que si tout démarre au fond par une clarinette un peu atonale et énigmatique, tout prend une forme imprévue qui, à plusieurs reprises, offre l'illusion - plus que l'illusion à mon avis - de se rapprocher du jazz sans y céder pour autant: du moderne comme je l'aime!

__Ka Nin Chan, compositeur sino-canadien né en 1949 à Hong-Kong. Par-ci, par-là (1996) - pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, 2 trompettes, trombone, tuba, percussions et quatuor à cordes - (15'57)
<<Cette oeuvre musicale est un commentaire social sur la diversité des cultures au Canada. Les mots "par-ci, par-là", déjà musicaux en eux-mêmes, sont chantés par les instrumentistes au cours de cette oeuvre en un mouvement. "Cette pièce reflète également la quête d'identité du compositeur. Né à Hong-Kong en tant que sujet britannique d'origine chinoise, Chan a passé les deux tiers de sa vie au Canada. Depuis que la Chine a repris possession de Hong-kong en 1997, il déplore le fait qu'il y est désormais lui-même considéré comme un étranger." La musique traduit ce conflit intérieur. Lors du concert, le déplacement des musiciens dans l'espace magnifie cette affirmation musicale personnelle tant au niveau visuel qu'auditif.>> Ka Nin Chan.
Par-ci, par-là demeure indiscutablement mon oeuvre préférée des quatre proposées par cette compilation. Souvent tonale, avec des interventions judicieuses de percussions chinoises, toute la sinosité du compositeur se retrouve au sein d'une musique inspirée, poétique, qui ne manque ni d'imagination, ni de fantaisie, ni même d'humour. Il y avait longtemps que je n'étais pas revenu sur cet album et ce fut merveilleux pour moi de revivre des émotions qui n'ont rien perdu de leur superbe.

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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-27, 13:10

Cela reste hélas encore trop "moderne" (mot poli pour dire "ni queue ni tête" Hehe ) à mes oreilles


https://www.youtube.com/watch?v=n433mv3VmW0
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-27, 13:23


Et pourtant il y a un sens réel dans cette oeuvre, aussi lisible à mon oreille que n'importe quelle oeuvre classique, moins prévisible certes, mais tout aussi lisible, mais peut-être aussi parce que mon oreille, depuis le temps, s'est forgée à cette forme d'expression musicale, même si je pense que, quelque-part, elle devait déjà être prédisposée.
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-27, 20:36

Cet après-midi, j'ai réécouté le tout dernier album de mon premier cycle consacré aux compilations qui réunissent des oeuvres de différents compositeurs. Il y en aura d'autres car j'ai suffisamment de compilations de ce genre-là pour réaliser plusieurs cycles. Il y en aura un autre pour bientôt, probablement dans quelques semaines. Cette expérience fut tellement riche en émotions différentes! Ces compilations inclassables 185465 En même temps, si j'avais conservé ces albums, c'est qu'il y avait une bonne raison, une solide raison, avec des émotions inaltérables que le temps et les écoutes successives, bien qu'espacées, n'ont pas usé. Il y avait longtemps que je n'avais pas réécouté Music for saxophone and orchestra qui réunit six oeuvres de durées plus ou moins courtes de six compositeurs, par le saxophoniste Theodore Kerkezos et le "Philharmonia Orchestra" sous la direction de Martyn Brabbins. Les compositeurs sont, par ordre de l'album, Claude Debussy, Darius Milhaud, Jacques Ibert, Heitor Villa-Lobos, Alexandre Glazunov et Ekaterini Karamessini. Avec cet album, je savais que je retrouvais des musiques plus tonales, voire plus lyriques et mélodiques. Je me rappelais d'une humeur joyeuse qui pouvait dominer une bonne partie de la compilation - pas sur les deux dernières oeuvres - et c'est d'ailleurs ce souvenir qui m'a conduit à l'écouter en dernier. C'est une acquisition qui date de la même époque que la précédente, Nouveaux Territoires, du début des années 2000. J'ignore aujourd'hui ce qui avait motivé ce choix. J'étais déjà pas mal accroché à la musique de Heitor Villa-Lobos et j'aimais beaucoup le seul disque que je possédais de Jacques Ibert. Je pense que ce fut ces noms qui conditionnèrent cet achat. Pas le saxophoniste que je ne connaissais pas, de toute façon, il est rare qu'un interprète motive chez moi un achat, très rare...

Ces compilations inclassables 8.557063

__Claude Debussy (1862-1918) - Rapsodie pour orchestre et saxophone (version originale) - (10'06)
<<Oeuvre commandée par la saxophoniste bostonienne Elise Hall, la Rapsodie aurait pu être le commencement d'une étape d'écriture s'il n'avait disparu si jeune. Elle ne fut orchestrée qu'en 1919, après la mort du compositeur, par Roger Ducasse. Comme l'indique son titre, dans cette oeuvre le saxophone partage pleinement le premier rôle avec l'orchestre, contrairement à d'autres concertos de Debussy. Composée à partir des cris des vendeurs ambulants, la rapsodie comprend une première partie lente où s'exprime le caractère sombre du saxophone accompagné des vents et une deuxième partie plus rapide avec un changement d'atmosphère rappelant les Rapsodies hongroises de Liszt.>> Maira Milolidaki. 2002.
Justement, les deux choses qui me séduisent dans cette pièce de Debussy, c'est l'orchestration et le parfait équilibre de jeu entre un saxophone qui n'en fait jamais trop et un orchestre qui participe avec élégance à une certaine légèreté de ton. Les cordes, par moments, me font même penser à du "John Barry" avant l'heure, bien que ce dernier ai pu en toute logique être inspiré par le compositeur français.

__Darius Milhaud (1892-1974) - Scaramouche pour saxophone alto et orchestre - (12'03)
<<Nom d'un personnage de la "commedia dell'arte", "Scaramouche" fut composé en 1937 comme musique de scène pour une pièce inspirée du "Médecin volant" de Molière montée au Théâtre Scaramouche à Paris en mai 1939. Deux ans plus tard, l'ouvrage fut transcrit par le compositeur pour deux pianos. Basée sur trois phrases de danses sud-américaines, "Scaramouche" est une oeuvre pétillante, pleine de contrastes rythmiques et mélodiques. Après un mouvement Vif, plein d'entrain, suit un Modéré charmeur mais sans sentimentalité, qui aboutit à une Samba-Brazileira, qui nous entraîne au coeur du carnaval de Rio de Janeiro.>> Maira Milolidaki. 2002.
Alors là, l'expression de la joie, je la ressens tout de suite, un caractère festif qui me donne aussitôt envie de danser, une musique ensoleillée et joyeuse qui m'a évoqué un esprit très français, malgré les inspirations, m'a évoqué un peu aussi Jean Françaix. Scaramouche, qui se constitue de trois courts mouvements, fut la première oeuvre que j'ai écoutée et aimée de Darius Milhaud. C'est bien plus tard que je découvris avec bonheur son oeuvre orchestrale.

__Jacques Ibert (1890-1962) - Concertino da Camera pour saxophone alto et onze instruments - (10'27)
<<Composé en 1935 pour le saxophoniste Sigurd Rascher, le Concertino rappelle le Concerto pour flûte du même compositeur, écrit en 1934, et dénote l'influence de Ravel. Dans le premier mouvement se dégage une atmosphère joyeuse et entraînante. L'influence du jazz se fait sentir par l'usage des syncopes. Le deuxième mouvement, lui, est calme et simple, et relié au finale, pièce virtuose et brillante où l'on retrouve de façon plus marquée l'influence du jazz. Entièrement néo-classique, ce concertino se joue sans aucune trace de romantisme. C'est Sigurd Rascher qui réclama les notes suraiguës, contrairement à l'avis de Marcel Mule, doyen des saxophonistes parisiens.>> Maira Milolidaki. 2002.
Ce Concertino de Jacques Ibert commence superbement. Outre un tempérament joyeux très contagieux, il s'élève du premier mouvement une mélodie accrocheuse, simple mais accrocheuse et bien mise en valeur. J'aime beaucoup l'esprit français qui hante cette musique aux orchestrations soyeuses. Le second mouvement est effectivement calme et limpide, mais il est aussi touchant. J'aime un peu moins l'Animato molto final mais ça reste de bonne tenue, puis l'influence du jazz n'est pas pour me déplaire.

__Heitor Villa-Lobos (1887-1959) - Fantasia pour saxophone soprano et orchestre op.630 - (10'27)
La "Fantasia" pour saxophone soprano, trois cors et cordes, composée à Rio de Janeiro en 1948, est dédiée au saxophoniste virtuose Marcel Mule. L'oeuvre de Villa-Lobos perpétue elle aussi ce tempérament joyeux qui se communique aisément pendant l'écoute. C'est toute la verve latino-américaine du compositeur brésilien qui s'y exprime. Un beau "Lento" s'y fera entendre avec l'alto de Vicci Wardman.

__Alexandre Glazunov (1865-1936) - Concerto pour saxophone et orchestre à cordes (14'43)
Le Concerto de Glazunov, en un mouvement, fut composé en 1934 à la demande du saxophoniste Sigurd Rascher lors de sa deuxième visite à Paris. D'après ce que j'ai lu, le compositeur s'était établi en France et devait s'éteindre seulement deux ans après. J'avoue que ce concerto ne me touche pas beaucoup et je pense même que cette tiède impression s'est reproduite à chaque nouvelle écoute. Je croyais connaître une autre oeuvre de Glazunov (ou Glazounov), mais je n'ai rien retrouvé sur mes étagères et ne suis jamais intervenu sur son topic. J'avais du écouter autre chose de lui qui ne m'avait pas vraiment séduit non plus, sauf que j'ai oublié quoi, faute de l'avoir noté. Non, ce concerto est de toute évidence ce qui me plait le moins dans cet album, peut-être un passage un peu singulier avec le saxophone, mais ce fut bien trop maigre pour me fasciner ni même m'émouvoir un minimum, le genre d'oeuvre que j'écoute et qui ne me laisse aucune trace.

__Ekaterini Karamessini, née en 1967 - Chant de Dionysos: Concerto pour saxophone et orchestre (14'01)
Le concerto fut composé en six semaines entre février et mars 2002, écrit à l'intention de Theodore Kerkezos. Comme son titre le laisse supposer, il s'inspire du mythe de la Grèce antique du dieu Dionysos et du jeu entre sa forme première et l'esprit apollinien. D'écriture contemporaine, ce concerto m'a bien réveillé après avoir été plus ou moins sclérosé par celui de Glazunov. Plein de vie et de truculence, j'en ai aimé les couleurs et les rythmes. Je n'y ai certes ressenti aucune joie, aucun esprit festif, ce qui le démarque des compositions de Milhaud, Ibert, Villa-Lobos, davantage une belle intensité dramatique, avec de séduisantes sonorités de marimba entre le premier et le second mouvements. Les percussions finissent temporairement par dominer la danse dans l'exaltant troisième mouvement, se replaçant ensuite en second plan derrière le saxophone qui revient au devant de la scène.
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2020-12-30, 18:37

Une très belle compilation du ténor Benjamin Bernheim avec au menu du Massenet, Gounod, Tchaikovsky, Donizetti, Verdi, Berlioz, Godard, Puccinni

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MessageSujet: MacDonald/Gramatté/Matthews   Ces compilations inclassables Empty2021-01-08, 19:55

L'autre jour, au cours de mon cycle autour du basson, j'ai ressorti une de ces "compilations inclassables" telles que je les ai qualifiées sur ce fil, justement parce qu'elle contenait un concerto pour basson. Elle s'intitule Canadian Music for Chamber Orchestra et c'est une compilation que je possède depuis longtemps. Un point m'avait alors turlupiné: si je me rappelais un peu de ce concerto pour basson composé par Sophie-Carmen Eckhardt-Gramatté, en revanche, je ne me souvenais plus du tout, c'est-à-dire d'aucun détail du Concerto pour violon d'Andrew P. MacDonald ni d'une oeuvre orchestrale de Michael Matthews intitulée Between the Wings of the Earth. Cela m'intriguait dans la mesure où, en général, quand il s'agit d'une oeuvre que je possède depuis longtemps et que j'ai donc écoutée plusieurs fois, je me souviens toujours de quelque-chose, d'un détail, d'une impression, même si celle-ci va s'avérer imprécise, vague...mais là rien, le néant. Je suis pourtant sûr d'avoir ressorti cet album plusieurs fois et je doute fort que ce n'était que pour le concerto d'Eckhardt-Gramatté. Hypothèse malgré tout plausible: peut-être s'agissait-il d'oeuvres un peu fades qui ne m'avaient tout simplement pas marqué, or, dans ce cas-là, pourquoi ai-je conservé l'album? La vérité est que ces "compilations inclassables" dont le nombre suffirait à occuper toute une étagère à elles-seules, sont, pour une raison indéterminée, les albums que j'écoute le moins souvent et donc néglige le plus. Ainsi, j'ai organisé un nouveau cycle qui ne pourra qu'être fructueux en redécouvertes...il y en aura d'autres au cours de l'année.

Canadian Music for Chamber Orchestra est une compilation qui réunit trois oeuvres de trois compositeurs canadiens, toutes les trois étant interprétées par le "Manitoba Chamber Orchestra" sous la direction de Simon Streatfeild. Les deux premières sollicitent l'intervention d'un soliste.

Andrew P. MacDonald, né en 1958 - Concerto pour violon et orchestre en trois mouvements (1991) - 27'23": David Stewart (violon)
<<L'origine et les premières ébauches de ce concerto brillant et enivrant remontent à 1987, suivant immédiatement la composition de deux oeuvres substantielles pour le violon - une pièce pour violon solo écrite pour David Stewart et Emerald Mirrors, la première grande sonate du compositeur pour violon et piano. En décembre 1988, MacDonald rencontra le soliste David Stewart et le chef de l'Orchestre de Chambre du Manitoba, Simon Streatfeild, pour discuter du concerto et aider à son exécution; la création finit par avoir lieu à Winnipeg le 10 décembre 1991.>> Jeffrey W. Anderson.
L'écoute de ce concerto fut pour moi une réelle redécouverte car je me rends compte que je l'ai beaucoup apprécié: un violon omniprésent dans les tourments enivrants d'un orchestre sinueux et passionné, c'est en tout cas ce qui ressort du premier mouvement, même si le second lui vole très vite la vedette. J'aime beaucoup le rapport de l'orchestre au soliste, les orchestrations, habiles et inspirées, le caractère naturalistique qui en ressort. J'aurais du retenir quelque-chose de ce mouvement. L'"Animato" final présente une musique dynamique qui m'emporte et m'enthousiasme facilement.

Sophie-Carmen Eckhardt-Gramatté (1899-1974) - Concerto pour basson et orchestre en trois mouvements (1950) - 14'10": Vincent Ellin (basson).
<<Le concerto pour basson fut écrit durant les dernières années du compositeur à Vienne et créé en 1950 lors d'un festival estival d'étudiants à Bal Aussee en Autriche. Il est dédié à la bassoniste américaine Gloria Soloway qui en donna la première mondiale avec l'Orchestre de l'Académie de Vienne.>> Jeffrey W. Anderson.
Je l'avais déjà réécouté tout récemment, lors de mon cycle autour du basson, et c'est un concerto bien sympathique, assez attachant, radieux dans son premier mouvement et tendre dans le second. J'aime bien la sonorité du basson dans le mouvement médium, il me touche. Bien que l'oeuvre ne soit quand même pas très marquante, nettement moins captivante à mon oreille que le concerto de violon de Andrew P. MacDonald qui la précède, c'est pourtant elle que j'avais le mieux retenue sur cette compilation.

Michael Matthews, né en 1950 - Between the Wings of the Earth (1993) - 18'41"
Avec cette chouette composition pour orchestre de chambre, on quitte le concerto pour le poème symphonique. La traduction française du titre donne: "Entre les ailes de la terre". Et chacun sait que dès que quelqu'un place des ailes dans une musique, Icare s'envole... Et c'est un peu ce qui s'est produit avec cette oeuvre de Michael Matthews, j'ai eu cette impression agréable de voyager au sein d'un orchestre jamais hostile, toujours accueillant, hospitalier, par ses couleurs, ses nuances, ses rythmes, ses sonorités flatteuses. Cette pièce ailée est partie d'une branche de poésie, celle d'un grand poème mystique, The Heights of Macchu Picchu du merveilleux poète chilien et Prix Nobel Pablo Neruda.
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2021-01-09, 10:00

Hier-soir, j'ai réécouté une compilation de 76 minutes environ intitulée Larmes oubliées qui réunit seize "adagios" de seize compositeurs différents, de durées relativement courtes, espacés sur quatre siècle. Sa principale qualité est d'avoir su intelligemment choisir et compiler tous ces thèmes, alternant les différentes formations instrumentales, du solo à un ensemble avec ou sans choeur, afin d'éviter une forme de monotonie qui aurait pu très vite s'installer, avec par exemple une succession de thèmes mélancoliques pour guitare ou piano. Non, il en ressort en fait un album très varié avec beaucoup de miniatures faites d'émotion et de pureté, la plupart peu connues du grand public. Si c'est une compilation que j'écoute plutôt rarement, c'est cependant, pour mon oreille et pour mon coeur un délice de chaque instant.

Gabriel Fauré (1845-1924) - Cantique de Jean Racine, Opus 11, pour choeur et orchestre - 4'59"
Alberto E. Ginastera (1916-1983) - Danza de la meza donosa, dolcemente espressive - Danses Argentines, opus 2, pour piano - 3'23"
Stavros Xarhakos, né en 1939 - Varcarole, pour guitare - 2'3O"
Lars-Erik Larsson (1908-1986) - Adagio - Concerto pour saxophone alto et orchestre - 6'54"
Sergei Rachmaninov (1873-1943) - Les larmes, largo di molto: Fantaisie-Tableaux, opus 5, pour deux pianos - 4'41"
Piotr Ilyich Tchaïkovsky (1840-1893) - Méditation en Ré mineur: Souvenir d'un lieu cher, opus 4/2, pour violon et piano - 9'22

https://www.youtube.com/watch?v=-1tpIFlnFR8
Oeuvre complète.

Edward Elgar (1857-1934) - "Enigma Variations": Nimrod - Variations sur un thème original, opus 36, pour orchestre - 4'26"
Francisco Tarrega (1852-1909) - Etude en Do majeur, pour guitare - 1'45"
Igor Stravinsky (1882-1971) - Sérénade: Pulcinella Suite, pour orchestre - 3'26"
Ferdinand Thieriot (1838-1919) - Adagio molto mesto: Octuor en Si Bémol majeur, opus 62 - 8'40"
Anonyme - Dead in the flesh - 1'46" - par le Choeur de chambre municipal de Yekaterinburg

https://www.youtube.com/watch?v=uCs_-whlpv0

Enrique Granados (1867-1916) - Orientale: Danse Espagnole, opus 37, n°2, pour violoncelle et piano - 3'26"
Alexander Borodine (1833-1887) - Nocturne, andante: Quatuor à cordes n°2 en Ré majeur - 8'17"
Augustin Barrios (1885-1944) - Una limosna por el amor de Dios, pour guitare - 4'42"
Pavel Tchesnokov (1877-1944) - O lord hear my prayer, opus 24, pour choeur a cappella - 6'30"
Claude Debussy (1862-1918) - Petite pièce, pour clarinette et piano - 1'45"

https://www.youtube.com/watch?v=S6dVl2yz_VY


J'aime pratiquement tous les morceaux qui sont joués dans cette compilation, à différents degrés d'émotions bien sûr, celles-ci étant surtout portées par Fauré, Ginastera, Larsson, Tchaïkovsky, Elgar, Thieriot, Granados et Borodine (quatuor que je possède d'ailleurs en entier).
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MessageSujet: Re: Ces compilations inclassables   Ces compilations inclassables Empty2021-01-09, 11:38

J'aime bien aussi ce genre de compilation , variée, mais dans une même atmosphère...
Celle ci m'intéresse d'autant plus que je ne connais pas une grande partie du programme! (Je l'ai trouvé - le cd- à moins de 3€ sur internet!) Et une version de plus du sublime Cantique de Jean Racine de Fauré me comblera un peu plus!!
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