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Sujet: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-09, 17:53
J'ai ouvert ce fil de discussions car j'entame un cycle autour de ces trois instruments où il sera donc possible de parler des oeuvres que nous connaissons et qui mettent en valeur soit l'accordéon, le bandonéon ou encore l'harmonica...de préférence des oeuvres de forme classique mais sans exclure forcément les autres domaines, comme je l'ai fait sur chaque fil consacré à un instrument. Ce ne sont pas toujours les instruments les plus appréciés dans le monde de la musique classique, sans doute à cause du fait qu'ils sont souvent connotés "variété", cependant des musiciens et des compositeurs sérieux ont tenté des choses et en ont réussi certaines.
Mon entrée en la matière s'est effectuée avec Tommy Reilly. Qui était-il? Thomas Rundle Reilly naquit le 21 août 1919 et décéda le 25 septembre 2000. Joueur d'harmonica ou harmoniciste né au Canada, il s'était principalement installé en Angleterre. Il commença à étudier le violon à huit ans et débuta l'harmonica à l'âge de onze ans en tant que membre de l'orchestre de son père. C'est à peu près à cet âge-là aussi que je soufflais des airs improbables dans mon propre harmonica que je portais autour de mon cou comme Charles Bronson dans Il était une fois dans l'ouest. Dans les années 1940, Tommy Reilly démarra une carrière parallèle en tant que soliste et "récitaliste" de concert, interprète de radio et de télévision populaires et musicien-compositeur de studio. Courant 1935, la famille de Tommy déménagea à Londres. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il fut étudiant au Conservatoire de Leipzig. Il fut arrêté et interné pendant toute la durée du conflit dans des camps de prisonniers de guerre, mais c'est là qu'il développe et perfectionne sa virtuosité d'harmoniciste, basant ses idées de phrasé et d'interprétation sur le jeu de Jascha Heifetz (1901-1987), virtuose du violon russo-américain que certains considéraient comme le plus grand violoniste de tous les temps.
Une autre pièce de James Moody:
https://www.youtube.com/watch?v=dnwbFuGIVIc
J'ai commencé par réécouter un charmant Divertimento pour harmonica et quatuor à cordes de Gordon Jacob (1895-1984) qui a été composé en 1956. L'oeuvre est découpée en huit parties souvent très courtes et véhicule différentes "humeurs" musicales sous les titres de Marche, Romance, Sicilienne, Scherzetto, Sarabande, Danse Slave, Elégie et Gigue. Ce sont de très jolies miniatures qui mettent bien en valeur l'harmonica dans des registres tantôt espiègles, insouciants, tantôt nostalgiques, mélancoliques ou élégiaques. Je ne crois pas en avoir retenu une en particulier, telle une petite pépite d'or au milieu du bronze, mais l'oeuvre porte très bien son titre et est donc très divertissante. L'interprétation de Tommy Reilly et du "Hindar Quartet" est parfaite. La pièce qui suit est de James Moody (1907-1995) qui, comme Gordon Jacob a son topic sur ce forum. Elle s'intitule Suite dans un style ancien et a été composée en 1979. Sa particularité est qu'elle associe l'harmonica de Tommy Reilly avec la harpe de Skaila Kanga. Il en résulte une oeuvre mélodique et plutôt poétique en quatre mouvements dont la combinaison entre les deux solistes fonctionne très bien, offre une ambiance plaisante, accueillante. La troisième oeuvre du disque est également de James Moody; un Quintette pour harmonica et quatuor à cordes datant de 1972, toujours avec le "Hindar Quartet". S"il ne semble pas offrir un rôle facile à Tommy Reilly et bien qu'il ne me déplaise pas faute de mieux, je garde une petite préférence pour celui de Gordon Jacob.
joachim Admin
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Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-09, 19:02
Je connais quelques concertos pour accordéon, et peut-être un ou deux pour harmonica, mais pas pour bandonéon, quoique il doit y avoir plusieurs morceaux avec bandonéon solo de Piazzola.
Le premier qui me vient à l'esprit, et peut-être le plus ancien (?) est le concerto pour accordéon et orchestre de Jean Wiener daté de 1962 :
https://www.youtube.com/watch?v=UaCLMl6tpz0
Pour harmonica, il y a celui de Villa Lobos (1955)
https://www.youtube.com/watch?v=Wt2QrXA3A6I
Mais il y a d'autres, faut que j'y réfléchisse
Icare Admin
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Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-09, 23:26
Variété dans laquelle on entend de la clarinette, du saxophone alto, de la trompette, du violoncelle, de l'accordéon, du piano, de l'orgue électrique et de la percussion, est l'oeuvre par laquelle j'ai découvert Mauricio Kagel, c'était dans les années 1990, un compositeur qui allait, à partir de là, occuper une belle place sur mes étagères. Variété pour six instrumentistes pris le contre-pied de ce que j'affectionnais à cette époque. Il ne s'agit absolument pas d'une pièce musicale sombre et tourmentée, portant la tragédie ou le désespoir en elle. Forte de ses combinaisons instrumentales, elle sait détendre l'atmosphère par un esprit tantôt poétique, tantôt ludique, duquel j'ai aussitôt perçu un sens de la dérision, voire peut-être même une pointe d'humour noir au risque d'exagérer. Le morceau qui, selon moi, exprime au mieux la description que j'en fais, est sans hésitation le huitième; l'"Allegretto", un diamant extrêmement ludique et obsessionnel. Il y a comme un va-et-vient, un étrange discours minimaliste entre la trompette qui garde la tête haute, les effets ironiques ou insolents de percussions, le violoncelle d'une tenue timidement romantique et le piano pleurant sa mélancolie tout en conservant une certaine distinction. Puis il y a les accords sourds et presque discrets de l'accordéon dont le jeu est le plus souvent trouble, ambigu, instrument mélodique par essence mais totalement prompt à se glisser dans des constructions timbriques sulfureuses. A l'époque, il avait contribué à motiver cette acquisition. D'un côté, je n'ai jamais été sensible à l'accordéon musette alors que quelque-part entre l'enfance et l'adolescence, un voisin guère plus vieux que moi en jouait merveilleusement bien. C'est donc un son qui m'accompagne depuis longtemps, si bien que je n'ai jamais oublié son nom alors que j'en ai oublié tant d'autres. En réalité, j'aime lorsque un instrument de musique connoté "variété" s'immisce dans la musique savante comme l'a fait avec l'accordéon Mauricio Kagel dans cette oeuvre qui, en plus, porte le titre adéquat, ou encore Bernard Cavanna dans plusieurs de ses compositions et Hans Werner Henze...et d'autres encore...
Teodoro Anzellotti, l'un des six instrumentistes de Variété, né à Foggia dans les Pouilles (Italie) en 1959, est un accordéoniste italo-allemand, spécialisé en musique de concert et en musique contemporaine. Il grandit près de Baden-Baden en Allemagne et commence ses études d'accordéon à Karlsruhe, Hochschulen et Trossingen. Il remporte plusieurs prix de concours internationaux et depuis 1980, est invité régulièrement lors de festivals et par des orchestres importants, comme par exemple l'Orchestre symphonique de la WDR de Cologne. Il est considéré comme un pionnier dans l'interprétation contemporaine de l'accordéon, et a développé des techniques étendues qui ont élargi les capacités de l'instrument.
Anzellotti joue Rameau
<<Quand j'ai commencé au Conservatoire, j'ai réalisé que l'accordéon était un instrument relégué à ce qu'ils appelaient le "mineur". Irrité, mais en même temps inspiré, j'ai décidé de convaincre le monde de la vraie beauté de cette Cendrillon, de les convaincre de la merveilleuse musique pour l'accordéon.>>
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29303 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-10, 00:29
Hormis l'harmonica je ne suis pas super fan de ces instruments, donc je connais peu d'oeuvres spécifiques.
Pour l'harmonica on a le concerto de Spivakovsky (Michael) pas Nathan le violoniste
https://www.youtube.com/watch?v=pNaxXuGCNY4
Sinon une liste de concertos pour harmonica:
Malcolm Arnold: Concerto for Harmonica and Orchestra, Op. 46 (1954, composed for Larry Adler) Milton Barnes - Concerto for Harmonica and Strings (for Tommy Reilly) Arthur Benjamin - Harmonica Concerto (1953, for Larry Adler) Jean-François Marcoux - Harmonica Concerto Le sommeil des voeux (1990) et Harmonica concerto 'ôde à Siguer' Robert Russell Bennett - Concerto (1974) Jean Berger - Caribbean Concerto (1940, for Larry Adler) Henry Cowell Concerto for Harmonica and Orchestra (1962, for John Sebastian) Norman Dello Joio - Concertino for Harmonica and Orchestra (1948, for John Sebastian) Brett Deubner - Concerto for Harmonica and Orchestra* Walter Girnatis - Concertino Richard Hayman - Concerto (1978) Hugo Herrmann - Concertino (1948) Alan Hovhaness - Concerto No. 6, op. 114 (1953-4, for John Sebastian) George Kleinsinger - Street Corner Concerto (1942, for John Sebastian) Karl-Heinz Köper - Concerto for Harmonica and Orchestra, Op. 12 (1961, for Tommy Reilly) Serge Lancen - Concerto (1958, for Larry Adler) Alan Langford: Concertante for Harmonica and Strings (1981, for Tommy Reilly) Howard Levy - Concerto for Diatonic Harmonica and Orchestra - first concerto for 10-hole harmonica and orchestra Frank Lewin - Concerto for Harmonica and Orchestra (1960, for John Sebastian) Ennio Morricone - Immobile n°2 pour harmonica et 12 cordes (2001) Terje Rypdal: Modulations for Harmonica and Orchestra (1981, for Sigmund Groven) Henri Sauguet - The Garden's Concerto (1970, for Claude Garden) Henning Sommerro: Concertino for Harmonica and Orchestra (2008. for Sigmund Groven) Michael Spivakovsky - Concerto (1951, for Tommy Reilly) Siegfried Steinkogler - Harmonica Concerto (2001, for Sigmund Groven) Vilem Tausky - Concertino (1963, for Tommy Reilly) Alexander Tcherepnin - Concerto for Harmonica and Orchestra, Op. 86 (1953, for John Sebastian) Heitor Villa-Lobos - Concerto for Harmonica and Orchestra (1955, for John Sebastian) Meiro Sugawara - Concerto for Harmonica and Orchestra (1978, for Joe Sakimoto) Graham Whettam : Concerto Scherzoso, Op. 9 (1951, Larry Adler) Second Concerto, Op. 34 (for Tommy Reilly) Corky Siegel : Corky Siegel's Chamber Blues – Chamber Blues (1994 – Alligator) Complementary Colors – Chamber Blues (1998 – Gadfly) Corky Siegel's Traveling Chamber Blues Show – Chamber Blues (2005 – Alligator) A good portion of Chamber Blues material is written as a harmonic concerto. i.e. Opus 7, Opus 8, Opus 12 Filisko's Dream, Opus 13 Unfinished Jump, Opus 17, Opus 18, Opus 19, Opus 20, Opus 21, Opus 22, Five Planets in Harmonica Convergence, .. all for Harmonica and String Quartet with East Indian Tabla is some cases.
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-10, 13:27
Cap Sud-Ouest - Le pôle accordéon de Tulle
https://www.youtube.com/watch?v=AuJ0v1lcEpQ
Et si vous préférez une Visite du Musée de l'Accordéon de Castelfidardo:
https://www.youtube.com/watch?v=1eoHMKuX76o
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29303 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-10, 13:33
Faut aimer l'accordéon mais sans quoi, pas mal du tout ce musée de Tulle!
laudec
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Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-10, 14:40
Quand je lis "harmonica", je pense tout de suite à Toots Thielemans Un petit sourire de l'au-delà
https://youtu.be/MBcgc31s_m8
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Azzola 2020-07-10, 18:20
Marcel Azzola (1927-2019):
Rue de la Chine, Paris 20ème, le 10 Juillet 1927. Ménilmontant accueille Marcel Azzola, une grande aventure commence. La famille est originaire d'Italie, le père maçon travaille avec le père de Joe Rossi. Le petit Marcel, comme ses deux soeurs, apprend le violon. Mais il écoute les accordéonistes... Il prend des cours avec Paul Saive, puis Attilio Bonhommi. Après guerre, il découvre le jazz, Gus Viseur, Charley Bazin, Tony Muréna. Il étudie avec Médard Ferrero qui lui fait découvrir les classiques (Albeniz, De Falla, Saint Saëns, Rossini). Dans les années 50, il accompagne Barbara, Gréco, Bécaud, Sablon, Lemarque... Il est ensuite à la tête d'un orchestre de bal avec lequel il fera de nombreuses tournées, entrecoupées de contrats comme accompagnateur de Brel et de Montand...Mais, depuis la célèbre injonction de Brel "Chauffes, Marcel !", présente-t-on encore Marcel Azzola ?... Celui qui fut reconnu comme le plus prestigieux accordéoniste actuel amorce dans les années 80 un virage vers le Jazz, avec le duo Caratini/Fosset, d'abord, puis avec son désormais habituel complice musical, Dany Doriz.
Un entretien:
https://www.youtube.com/watch?v=RhuniBuHYPk
Je ne l'ai même pas fait exprès, mais si l'année dernière il n'avait pas décidé de nous quitter, le 21 janvier 2019 pour être précis, ce serait son anniversaire aujourd'hui.
joachim Admin
Nombre de messages : 25336 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-10, 20:05
Ah si tu abordes le musette avec Marcel Azzola, j'aurais des tas de noms à te proposer, qui ont bercé mon enfance des années 1950 et qu'on entendait sur Radio-Luxembourg (il y avait même une émission jazz contre musette à l'applaudimètre) : André Verchuren - un des plus "grands" - Jean Segurel, Louis Ledrich, Yvette Horner, Aimable...
https://www.youtube.com/watch?v=7-uRh18mdvI
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-10, 20:22
On peut difficilement évoquer l'accordéon en ignorant le musette même si, personnellement, je n'en suis pas fan et dont l'un des grands représentants fut Jo Privat. Maintenant, il ne faudrait pas réduire Marcel Azzola au musette car il a aussi approché le jazz et la musique de film comme le précise la biographie partielle, ci-dessus, notamment le cinéma de Jacques Tati, principalement en tant qu'interprète.
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Perrine 2020-07-10, 22:31
Thibault Perrine: éléments biographiques:
<<Né en 1979, formé au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris auprès de Jean-Claude Raynaud, Thierry Escaich et Jean-François Zygel, Thibault Perrine s’est d’abord fait connaître comme arrangeur, avant de se consacrer à la composition suite à sa rencontre avec Félicien Brut en 2016. Pour son Pari des Bretelles, il compose Suite Musette, un sextuor en cinq mouvements créé en 2017 au festival Classique au Vert puis à la Seine musicale, avant de débuter une tournée passée notamment par la Folle Journée de Nantes et les Flâneries Musicales de Reims. En juillet 2018, Félicien Brut, accordéoniste, joue pour la première fois sur la grande scène du festival Un Violon sur le sable son Caprice d’accordéoniste, pour accordéon et orchestre symphonique. En avril 2019 sont créés ses Souvenirs de bal, un concerto pour accordéon et orchestre, avec l’Orchestre de Cannes sous la direction de Benjamin Levy. D’autres projets de compositions sont en cours, notamment pour les diverses formations en duo de Félicien Brut…>>
Suite Musette pour accordéon et quintette à cordes:
https://www.youtube.com/watch?v=4E1BSatqMbQ
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
__La Noce (2000) - film de Pavel Lounguine - thème principal - compositeur et accordéoniste: Vladimir Chekassine. __Frantic (1988) - film de Roman Polanski - Musique: Ennio Morricone - accordéoniste non crédité. __Quand la mer monte... (2004) - film de Gilles Porte & Yolande Moreau - Musique: Philippe Rouèche - accordéonistes: Romuald Lefebvre, Alexandre Peigné, Mélanie Bregnant, Li Nan, Christophe Girard, Elodie Soulard, Anthony Millet, Laurent Colombo. __Pane e Tulipani (1999) - film de Silvio Soldoni - Musique: Giovanni Venosta - accordéoniste: Licia Maglietta. __La Domenica specialmente (991) - film de Giuseppe Bertolucci - Musique: Ennio Morricone - accordéoniste non crédité. __Genesis (2004) - film de Claude Nuridsany & Marie Pérennou - Musique: Bruno Coulais - accordéoniste: Roland Romanelli.
Roland Romanelli.
Mes dernières écoutes ont consisté à m'imprégner de six musiques de films dans lesquelles apparaît à différents niveaux d'intensité l'accordéon. Ce ne sont pas nécessairement des bandes originales dans lesquelles l'accordéon domine l'ensemble, c'est-à-dire comme un instruments soliste qui va être présent sur toute sa longueur, mais qui peut simplement m'avoir marqué à un moment ou un autre, dans sa contribution à créer une atmosphère, une couleur...
En introduction, je citerais un thème pour baïan (ou bayan) et voix sifflée que le musicien de jazz russe Vladimir Chekassine a composé pour le film de Pavel Lounguine, La Noce. Tout d'abord, pour celles et ceux qui l'ignorent, le bayan est un accordéon chromatique apparu vers 1850. Son usage s’est développé au début du XXème siècle. Il doit son nom au légendaire vieux chanteur et narrateur russe Bayan (ou Boyan) dont un monument fut érigé en son honneur à Troubtchevsk. Le thème de Vladimir Chekassine est d'une grande simplicité et c'est peut-être cette grande simplicité qui me touche dans ce morceau: un accordéon et une voix sifflée au service d'une mélodie entêtante qui s'accapare de mon esprit, capable de me la faire siffloter toute une journée dans les métros et rues de Paris, et ça peut parfois suffire à mon bonheur. En réalité, c'est un thème qui me rend heureux, même dans sa reprise pour bayan seul. Ils sont extrêmement rares les morceaux pour accordéon seul qui me plaisent vraiment, j'en compte au moins deux, celui-ci et Specialmente la Fisarmonica d'Ennio Morricone dont j'ignore s"il fut composé pour un film ou pour le plaisir ni par qui il est interprété.
La bande originale du film Hugo Cabret de Martin Scorsese a été composée par Howard Shore. Comme l'intrigue se situa à Paris, le compositeur n'a pas hésité à user du cliché en incorporant un accordéon dans sa musique, ce qu'Ennio Morricone fit également sur le film de Roman Polanski, Frantic mais dans un langage harmonique nettement plus anxiogène et parfois dissonant: Je n'oublierai jamais cette sensation de vertige lors d'une scène sur les toits de Paris poétiquement transcendée par des cordes glissantes, une basse troublante et une valse-musette à l'accordéon: c'est le contraste entre ces trois éléments sonores qui, selon moi, accentue cette sensation de vertige. Dans Hugo Cabret, les parties d'accordéon sont assumées par Eddie Hession dans un style de musique symphonique lancinant et assez mystérieux par moment. L'accordéon d'Eddie Hession, contrairement à celui de Frantic, est plus rassurant, plus saisissable. Il confère à la partition chaleur et convivialité. Pour la petite histoire, ce qu'il faut savoir sur Eddie Hession:
<<À l'âge de quatre ans, Eddie avait tellement harcelé ses parents pour une batterie, que leur seul moyen de tenter de le désabuser de la notion de jouer de la musique était de lui présenter un accordéon! Malgré ce revers, il a pris l'instrument et est devenu Champion d'Accordéon Solo d'All-Britain. Ayant décidé que c'était beaucoup plus amusant de jouer avec les autres, il n'a pas poursuivi une carrière solo et depuis, il a travaillé avec une liste interminable de stars de Luciano Pavarotti à Westlife, y compris The Corrs, Chris Rea, Ronan Keating, George Martin, Ute Lemper, Andrea Bocelli, Bill Wyman, Lesley Garret et Russell Watson pour n'en nommer que quelques-uns..>>
Si dans Quand la mer monde les accordéons de Philippe Rouèche y sont complètement dénudés, respirent l'air marin et la tradition, celui qui ponctue de brèves attaques la lente construction d'une valse symphonique dans La Domenica specialmente (Ennio Morricone) et celui de Roland Romanelli qui se prête au monde singulier de Bruno Coulais dans Genesis s'aventurent dans des schémas sonores plus "contemporains" et inventifs. Par exemple, la construction du thème d'ouverture de Bruno Coulais qui porte le titre du film (Genesis) est très intéressante, pas uniquement d'un point-de-vue purement musical ni purement technique, mais aussi d'un point-de-vue poétique: cette musique d'abord atonale qui se construit du chaos pour épouser plus ou moins les formes de la tonalité, structurée autour du piano qui en est la colonne vertébrale. Certes, l'accordéon de Roland Romanelli n'y intervient que par petites touches vers la fin du morceau, participe subtilement à l'"humanisation" de la musique.
<<Roland Romanelli, né le 21 mai 1946 à Alger, est un musicien (accordéon et synthétiseur), compositeur et arrangeur français. Il est principalement connu pour ses musiques de film et pour avoir été l'un des principaux collaborateurs de Barbara, de Jean-Jacques Goldman, de Vladimir Cosma, de Guy Béart, de Leny Escudero et Francis Lai. Enfant, Roland Romanelli se consacre à l'accordéon. En 1961, il s'adjuge la coupe mondiale d'accordéon à Pavie (Italie). Il arrive à Paris en 1966, où il est repéré par Colette Renard puis par Barbara avec laquelle débute une grande complicité qui durera vingt années. D'abord musicien à ses côtés (accordéoniste et claviériste), il se spécialise rapidement dans l'arrangement musical, et devient son directeur artistique attitré. Il lui écrit également plusieurs chansons, comme À peine, Vienne, ou encore Cet enfant-là. Roland Romanelli ne travaille cependant pas exclusivement avec Barbara, et il collabore ponctuellement, dans les années 1970, avec d'autres artistes comme Serge Lama, Charles Aznavour, Michel Polnareff…>> (Wikipédia - partiel)
Richard Galliano joue Nino Rota:
https://www.youtube.com/watch?v=wh0dUh6uEyo
Dernière édition par Icare le 2020-07-16, 19:56, édité 1 fois
Snoopy Admin
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Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-11, 20:18
C'est le 14 juillet arrivant qui vous rend nostalgiques de l'accordéon comme ça?
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-11, 21:03
Je n'aime pas le 14 juillet, jamais aimé. Non, je suis juste dans ma période accordéon (mais très peu musette), harmonica et bandonéon et elle va d'ailleurs être assez longue.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29303 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-11, 21:08
Tu m'étonneras toujours!
Sinon, pour l'harmonica, même si ce n'est pas dans le style "classique", je peux te conseiller la chaîne YouTube de Christelle Berthon. C'est LA référence actuelle en matière d'harmoniciste française.
Sa chaîne Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=U6si7u5tUH4
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29303 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-11, 23:07
Spéciale dédicace pour Icare
https://www.youtube.com/watch?v=nwXY0II9-Mo
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Morricone/Perrone. 2020-07-11, 23:31
Merci pour le lien, l'harmonica, c'est l'instrument avec lequel j'ai ouvert ce topic et je vais bien sûr y revenir. C'est même avec lui que je conclurai ce topic.
L'Accordéon fait son cinéma - Suite & Fin:
S"il y a une musique d'Ennio Morricone que j'aurais du citer en priorité, c'est celle qu'il composa pour le film de Bernardo Bertolucci, La tragédie d'un homme ridicule (1981), car je ne crois pas qu'il ait autant utilisé l'accordéon ailleurs que dans celle-ci, davantage déjà que dans le film d'Armenia Balducci, Stark System (1980), celui-ci n'étant présent que sur certaines plages, s'accordant parfois des solos très courts. Il s'agit probablement du même soliste mais impossible d'en savoir davantage. En tout cas, je les ai réécoutées ce soir avec beaucoup de plaisir. Dans La tragédie d'un homme ridicule, Morricone extirpe de l'accordéon, sur les passages les plus tendus, des dissonances dans l'aigu qui le rapprochent de l'harmonica. Les deux bandes originales véhiculent un certain sens de la dérision, de l'ironie. Je pense que le choix de l'accordéon est également lié à cette particularité, à ce sens de la dérision qui cherche sans doute à souligner le ridicule d'une situation ou d'une attitude. Dans ces deux films, même si les intrigues sont différentes, il est fort probable qu'il y ait un même rapport à la tragédie et à l'absurde.
Plus haut, Marcel Azzola relatait brièvement ses expériences d'interprète en matière de musiques de films, sa collaboration sur trois films de Jacques Tati, Mon oncle (1958), Playtime (1967) et Trafic (1971) , ainsi que celle avec le compositeur Philippe Sarde sur le film de Bertrand Tavernier, Le Juge et l'Assassin (1976). A propos, j'avais bien aimé l'anecdote avec Michel Galabru qui joue le rôle de l'assassin. Dans une scène du film, il doit jouer la Marseillaise à l'accordéon, lui qui n'en avait jamais tenu un de sa vie. Azzola lui donna quelques cours dans la manière de tenir un accordéon et d'en jouer. Ce ne fut pas facile.
Mais l'accordéoniste sur lequel je souhaite m'arrêter ce soir s'appelle Marc Perrone. Il avait rejoint Marcel Azzola et le compositeur italien Nicola Piovani pour la conception de la bande originale du film La Trace de Bernard Favre (1983). A l'époque, j'avais été touché par ces accordéons et la musique très caractéristique du style de Piovani: Je percevais cette musique comme une grande valse tourbillonnante et bien que la mélancolie n'est jamais très loin dans ce morceau, elle me transmettait un grand souffle de vie et d'amour. J'aimerais aussi revoir le film.
En deux jours, je suis passé de Perrine à Perrone.
https://www.youtube.com/watch?v=a90OK44bIlw
<<Marc Perrone est un accordéoniste diatonique, chanteur, conteur et auteur-compositeur-interprète né le 8 octobre 1951 à Villejuif. Il a contribué à faire redécouvrir l’accordéon diatonique au début des années 1970 et en est devenu l’un des fers de lance. Marc Perrone naît à Villejuif de parents italiens originaires des communes de Cervaro et Vallerotonda, province de Frosinone, près du mont Cassin. Il passe sa petite enfance à Gentilly puis, dès l’âge de six ans, réside à La Courneuve. Il est atteint de sclérose en plaques depuis l'âge de 22 ans. Après des études secondaires au lycée Henri-Wallon d’Aubervilliers, il intègre la troupe du "Théâtre Périféerique" attachée alors à l’unité enfance du "Théâtre de la Commune". Il y est comédien, marionnettiste et musicien dans La Malédiction des Capétiens. Dès l’âge de 15 ans, il se passionne pour la guitare et la musique qu’il aborde en autodidacte, notamment les chansons de Brassens, Brel, le rock, le folk américain puis et surtout les vieux bluesmen du delta du Mississippi (John Hurt, Lead Belly, Reverend Gary Davis, Big Bill Broonzy). Les émissions de Sim Copans à la radio l’embarquent sur les trains des hobboes dans l’Amérique populaire chère à Woody Guthrie. C’est pétri de cet univers qu’il fréquente les premiers folk-clubs parisiens, le TMS spécialisé dans le folk américain, puis Le Bourdon, plus ouvert au folk français.>> (Wikipédia - partiel).
Dernière édition par Icare le 2020-07-16, 19:57, édité 2 fois
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Saluzzi 2020-07-12, 10:29
<<P.S: Ma sélection des bandes originales invitant l'accordéon au cinéma n'est bien sûr qu'une sélection conditionnée par mes goûts musicaux mais aussi par mes connaissances incomplètes sur ce sujet, sans compter une mémoire qui ne m'est pas infaillible. Je n'ai par exemple pas cité Georges Delerue qui a pas mal employé l'accordéon dans ses musiques de films, un peu dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci pour ne citer que ce titre. Je n'ai pas cité non plus Maurice Jaubert, Paul Misraki, Eleni Karaindrou, Rachel Portman et tous celles et ceux auxquels je ne pense pas au moment où j'écris ces lignes. J'aurai évidemment tout le temps d'y venir maintenant que ce fil existe. >>
Le Concert & le Bandonéon:
Par expérience de ces écoutes thématiques qui me plongent pendant un temps déterminé dans une ambiance et une humeur particulière, je me rends compte que j'apprécie mieux certaines oeuvres dans la mesure où je les écoute plus profondément. J'ai toujours apprécié l'album Kultrum du compositeur et bandonéoniste Dino Saluzzi par lui-même et le "Rosamunde Quartett", mais disons que ce matin il s'est passé entre la musique et moi quelque-chose de plus profond, de plus pénétrant, comme si j'en percevais toute la poétique et toutes les subtilités comme jamais auparavant. Il y a bien sûr une explication rationnelle: lorsque j'aime une musique, comme la plupart des gens, j'aime y revenir tôt ou tard, aime la réécouter et plus je reviens sur une même oeuvre, plus je l'approfondis et plus je m'en imprègne. Rien d'original dans cette démarche dans la mesure où les réécoutes successives ne témoignent pas d'un intérêt dégressif pour la "dite" oeuvre, ce qui m'est évidemment arrivé quelques fois. Concernant les huit pièces pour bandonéon et quatuor à cordes de Dino saluzzi, je ne suis guère étonné par l'intérêt de plus en plus intense que je leur porte. Comme beaucoup de mélomanes, enfin je pense, j'ai découvert et apprécié les "joies viscérales" du bandonéon par un des grands maîtres du genre, Astor Piazzolla. J'avais d'emblée été...et le suis toujours...saisi par le caractère intensément mélancolique et extraverti de sa musique, de ses tangos. Chez Dino Saluzzi, si je me fie au seul album que j'ai de lui, ces caractéristiques, que ce soit dans les rythmes et la mélancolie, sont moins marquées, moins "exhibées". J'y ressens davantage d'intériorité et même de "cérébralité". Finalement, cette musique me semble quelque-part plus proche de celle de Gustavo Beytelmann que je n'ai pas oublié dans la conception de ce cycle.
Cruz del Sur - 10'12" Salon de Tango - 5'03" Milonga de los morenos - 3'09" ...Y solos - bajo una luna amarilla - discuten sobre el pasado - 8'42" Miserere - 6'58" El apriete - 12'40" ...Y se encamino hacia el destierro - 7'31" Recitativo final - 5'57"
Dans un genre un peu différent de que ce je connais de lui: Musique de Enrique Delfino (1895-1967).
https://www.youtube.com/watch?v=Z55aOjMKXws
Dernière édition par Icare le 2020-07-12, 11:57, édité 3 fois
Snoopy Admin
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Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-12, 10:54
En parlant d'accordéon et de cinéma, j'ignore pourquoi, mais l'accordéon y est très fréquent dans les films soviétiques. Même aujourd'hui encore dans les films contemporains, il y a toujours une scène avec quelqu'un qui joue de l'accordéon. C'est presque un passage obligé j'allais dire.
Je ne sais pas pourquoi cet instrument fascine autant les russes (il est même étudié dans les conservatoires), mais l'instrument est très présent dans le cinéma soviétique puis russe.
Il y a même un personnage de dessin animé, connu de tous en Russie, qui s'appelle "Guéna le crocodile" et sa particularité est justement de jouer de l'accordéon. Chaque épisode a droit à sa chanson.
Les plus connues sont "Пусть бегут неуклюже" et le fameux "Голубой вагон" (le wagon bleu)
https://www.youtube.com/watch?v=Gl1_uGW_Teo
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29303 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-12, 11:45
Pour revenir à du plus classique, Martynas Levickis est un accordéoniste lituanien qui joue tous les classiques à l'accordéon (Bizet, Mozart, Brahms, Verdi, Vivaldi, Beethoven, etc...). On peut trouver son album chez Decca.
Son site officiel
Un extrait ici:
https://www.youtube.com/watch?v=f5UGmlSWQYs
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-12, 12:19
Snoopy a écrit:
En parlant d'accordéon et de cinéma, j'ignore pourquoi, mais l'accordéon y est très fréquent dans les films soviétiques. Même aujourd'hui encore dans les films contemporains, il y a toujours une scène avec quelqu'un qui joue de l'accordéon. C'est presque un passage obligé j'allais dire.
Je ne sais pas pourquoi cet instrument fascine autant les russes (il est même étudié dans les conservatoires), mais l'instrument est très présent dans le cinéma soviétique puis russe.
Il y a un entretien intéressant avec Françoise Jallot (journaliste du magazine de l'accordéon), pour "La lettre du musicien", ici
Nikolai Chaikin: Concerto No. 1 in Bb Major for Accordion and Orchestra, Mvmt. 1 of 3:
https://www.youtube.com/watch?v=gK2zdWp5GbY
Soliste: Nick Ariondo.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29303 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-12, 12:26
Icare a écrit:
Il y a un entretien intéressant avec Françoise Jallot (journaliste du magazine de l'accordéon), pour "La lettre du musicien", ici
Merci.Ceci explique donc cela! C'est intéressant en effet, j'ignorais toute cette partie historique et du lien si fort qui unit l'accordéon à la Russie! Comme quoi…
Sinon, j'ai lu aussi que l'accordéon est (enfin) enseigné au conservatoire en France depuis 2002. C'est dingue quand même cette discrimination envers certains instruments. Je ne vois pas en quoi un instrument serait plus "noble" qu'un autre. Un instrument est instrument et ils font tous la même chose: de la musique!
laudec
Nombre de messages : 5667 Age : 71 Date d'inscription : 25/02/2013
Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-12, 12:31
Icare a écrit:
Il y a un entretien intéressant avec Françoise Jallot (journaliste du magazine de l'accordéon), pour "La lettre du musicien", ici
Bel article, intéressant et très complet dont voici la conclusion :
"En cette douloureuse époque de mondialisation et de conflits humains, je suis fier d’enseigner et de jouer cet instrument que j’appelle tout simplement accordéon, car j’y vois l’instrument du partage, de la réconciliation des peuples et des cultures, de la paix et de la liberté et de l’espoir. Accordéon ? Accordéon de concert ? Bayan ? A vous de choisir ! Pour alimenter les accros des sobriquets, voici quelques autres perles : piano à bretelles, boite à punaises, piano du pauvre, boîte à frissons, bouèze, boîte à boutons, soufflet à punaises, boîte du diable, branle poumon…."
Bruno Maurice, 17 mai 2006
laudec
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Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica... 2020-07-12, 13:42
C'est cet article qui m'a fait découvrir que Tchaikovsky avait composé une suite pour orchestre symphonique qui utilise 4 accordéons.
C'est sans doute la raison pour laquelle cette suite est rarement jouée chez nous
Suite No. 2 for orchestra in C major ("Charactéristique"), Op. 53
https://youtu.be/UQfbuY6UPS4
1. Jeu de sons. Andantino un poco rubato–Allegro molto vivace 2. Valse. Moderato. Tempo di Valse 3. Scherzo burlesque. Vivace con spirito 4. Rêves d'enfant. Andante molto sostenuto 5. Danse baroque (Style Dargomigsky). Vivacissimo
Peter Ilyich Tchaikovsky, était un compositeur russe de la fin de la période romantique, dont certaines œuvres figurent parmi les musiques les plus populaires du répertoire classique. Il a été le premier compositeur russe dont la musique a fait une impression durable à l'international, renforcée par ses apparitions en tant que chef invité en Europe et aux États-Unis. Tchaïkovski a été honoré en 1884 par l'empereur Alexandre III et a reçu une pension à vie.
Description par James Reel Tchaikovsky a écrit ses quatre suites orchestrales entre la composition de ses Quatrième (1877-1878) et Cinquième (1888) Symphonies. Bien qu'aucune des suites n'ait atteint une popularité similaire à celle des symphonies, la Suite n ° 2 (1883), sous-titrée "Caractéristique", a souffert d'une négligence particulière, probablement en raison de son exigence peu pratique de quatre accordéons en un seul mouvement. L'œuvre comprend une série de pièces de caractère presque ballétiques. La principale exception est le premier mouvement, "Jeu de sons", dont les dimensions (mais pas ses thèmes mercuriels) suggèrent le mouvement d'ouverture d'une symphonie. Une introduction lente et gracieuse évoque à la fois la scène du ballet et l'ouverture des Variations du compositeur sur un thème rococo (1876). L'atmosphère devient de plus en plus sombre; bientôt, cependant, il décolle dans une direction plus impulsive. Tout au long du mouvement, Tchaikovsky s'appuie sur un matériau de caractère "en vitesse", évoquant la Quatrième Symphonie; à un moment donné, il le soumet à un traitement fugal.
Icare Admin
Nombre de messages : 16704 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Hamann/Vannereau 2020-07-12, 19:33
Le Concert & le Bandonéon avec Albert Hamann (1939-2002):
Je me laisse toujours autant amadouer par la mélancolie raffinée et la luminosité qui éclairent les compositions d'Albert Hamann, bien que, contrairement à Dino Saluzzi, je trouve que sa musique est vraiment proche de celle d'Astor Piazzolla, peut-être m'est-elle malgré tout moins viscérale. Je me dis d'ailleurs que si j'avais écouté en aveugle la suite Arzanca I pour bandonéon, guitare et orchestre à cordes, j'aurais très probablement cité Piazzolla. N'empêche que le charme continue d'opérer, que ce soit dans cette suite concertante en particulier dans laquelle j'apprécie également la tendre relation entre la guitare d'Eric Franceries et le bandonéon de Jérémy Vannereau - j'estime que le son du bandonéon et celui très clair de la guitare se marient très bien, forment un couple latino fort attachant. Le tendre voyage entre sensualité et romantisme s'est poursuivi avec Tagle 89 dans son orchestration de 2003 pour bandonéon, piano et orchestre à cordes, oeuvre qui invite un jazz raffiné et relativement tranquille. Dans un genre tout aussi vivant et accueillant, il y a L'été des Serpents, musique de scène, aussi bien dans la version pour bandonéon et guitare qui est aussi charmante que la version 2003 pour bandonéon, piano et orchestre à cordes, puis Armatango pour bandonéon et orchestre à cordes ou encore Orillas pour guitare solo qui offre à l'album une conclusion sobre et pleine de délicatesse. Dans l'ensemble, il en ressort un album plutôt tendre et sur lequel j'aime rêvasser et me laisser envahir pas ses délicieuses mélodies sentimentales, d'autant plus qu'il est superbement interprété par les musiciens cités ci-dessous. Sans doute un peu trop sage pour me fasciner autant qu'Astor Piazzolla dont l'approche a déjà plus de mordant, m'est plus viscérale. Je préfère également mon album de Dino Saluzzi, Kultrum pour bandonéon et quatuor à cordes, pour d'autres raisons. Néanmoins, ça ne se joue pas à grand chose.
Jérémy Vannereau au bandonéon Eric Franceries à la guitare Brigitte Bénété-Billault au piano et avec le "Forum Sinfonietta" sous la direction de Jérôme Devaud.
Jérémy VANNEREAU est un accordéoniste et bandonéoniste français. Originaire de Savoie (73), il débute ses études musicales par l'accordéon avec Denis Croisonnier, puis les poursuit à l’Institut "André Thépaz" où il se perfectionne pendant plus de 12 ans. Il suit également des stages et des master-classes avec les maîtres comme Alexander Skliarov, Claude Thomain, Sacha Schmikov, Jean-Louis Matignier, William Sabatier, Marcel Azzola …
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Sujet: Re: L'accordéon, le bandonéon & l'harmonica...