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 La Finta Cameriera de Gaetano Latilla

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Snoopy
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Snoopy

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MessageSujet: La Finta Cameriera de Gaetano Latilla   La Finta Cameriera de Gaetano Latilla Empty2007-01-06, 15:07

La "révolution des baroqueux" nous a valu tant de redécouvertes qu’on a fini, paradoxalement, par se lasser : après tout, le répertoire n’est pas inépuisable, et les œuvres ainsi rendues à l’existence ne pouvaient pas toutes être exceptionnelles. On aborde donc l’audition de cette Finta Cameriera avec une bienveillance vaguement soupçonneuse, faute de références un tant soit peu précises sur l’histoire réelle de l’opéra italien. L'œuvre fut, pendant trente ans, jouée avec succès dans toute l’Europe (en France, présentée sous une forme certes mutilée, elle eut même sa part dans la fameuse Querelle des Bouffons) avant de sombrer dans l’oubli, comme son auteur. Le texte de présentation, très bien fait, nous apprend tout au plus qu’il travailla à Naples, Rome et Venise, et fut l’oncle de Niccolo Piccinni, le célèbre rival de Glück. Pas de quoi se faire une idée bien nette – mais l’on se rendra compte après écoute que cela valait mieux.

L’intrigue est jovialement invraisemblable, avec déguisements, coups de théâtre et renversements de situation, entre Marivaux et Tex Avery – bref, et pour l’époque, d’un conventionnel de bon aloi. De surcroît, la version enregistrée ici est le remaniement, pour la création à Rome en 1738, de l’œuvre originale (intitulée Gismondo) donnée à Naples l’année précédente. On pense évidemment à la Serva Padrona de Pergolèse, d’autant plus que le librettiste est le même et que la Finta Cameriera multiplie les allusions à sa devancière. On redoute un moment d’avoir affaire, au mieux, à une sorte de fourre-tout séduisant, au pire à de la musique au kilomètre. C’est une erreur.

Le formule est pourtant connue, c’est celle du "collier de perles" : une histoire pleine de rebondissements, mais de peu de poids, est périodiquement interrompue par des grands airs mettant en valeur la virtuosité des interprètes (les femmes sont les mieux servies). Première surprise, chaque aria est superbe, beaucoup sont admirables (écoutez par exemple le "Svela, se m’ami, oh cara" chanté par Erosmina) ; on est en fait plus proche du genre seria que du genre buffa. Nouvel étonnement : ils s’insèrent parfaitement dans une intrigue lancée à toute allure, mais agencée avec soin. On sera même frappé de la cohérence de l’œuvre comme de sa richesse musicale. En témoigne la subtilité de l’orchestration, aux échos volontiers vivaldiens, qu’ici un effectif orchestral réduit souligne avec une parfaite clarté. Enfin l’opéra est très drôle – même s’il vaut mieux parcourir le livret pour bien suivre ! – et Don Calascione une sublime figure de niais arrogant et ridicule.

Le tout est remarquablement servi par une distribution très homogène et constamment remarquable, où l’on distinguera entre autres Maria Ercolano (Erosmina) et Giuseppe Naviglio (Don Calascione). Chanteurs et chanteuses savent jouer le jeu et, sans jamais trop en faire, tenir leur partie avec une élégance toute italienne. On pense parfois (ce qui n’est pas rien) à Haendel, voire à Mozart, même si celui-ci donnera à ses héros une tout autre profondeur. Mais, grâce aux interprètes, les conventions mêmes du genre retrouvent leurs couleurs. On ne boudera donc son plaisir que sous des prétextes d’une extrême gravité.

Roberta Invernizzi( soprano )
Cinizia Rizzone( soprano )
Maria Ercolano( soprano )
Francesa Russio-Ermolli( mezzo-soprano )
Giuseppe De Vittorio( ténor )
Stefano Di Fraia( ténor )
Giuseppe Naviglio( baryton )
Pierre Thirion-Vallet( basse )
Cappella de’ Turchini
Antonio Florio( direction )

Opus 111 / Naïve 2001

"La finta cameriera, ovvero Don Calascione connaît, à partir de 1737, plusieurs remaniements, sous différents titres (Don Calascione, Latilla Il Gismondo, La Giardiniera contessa...), à Londres, Bruxelles, Hambourg et, surtout, Paris, où Latilla sera l'un des protagonistes de la célèbre Querelle des Bouffons, en 1752. Le livret de Giovanni Barlocci juxtapose avec maestria de distingués aristocrates avec quelques représentants du petit peuple de Naples : le calascione, d'ailleurs, est une espèce de luth, très utilisé dans la musique populaire entre le XVIe et le XVIIIe siècle, sur lequel les chanteurs de rue accompagnaient leurs récits, souvent vulgaires et déclamés en dialecte.
Le génie de Latilla est d'avoir su faire cohabiter l'esthétique populaire et le goût le plus raffiné, en distribuant les rôles principaux tantôt à des acteurs-chanteurs de comédie, tantôt à des sopranistes rompus aux règles les plus rigoureuses du bel canto baroque. Dans cette intrigue fertile en rebondissements, proche des meilleures "Fausse suivante" et "Finta giardiniera" de l'époque, sa musique sonne originale et moderne, surtout au premier acte, riche d'invention et d'une verve irrésistible." (Opéra International - octobre 1997)


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