Thomas KESSLER, né en 1937

Eléments biographiques:

Thomas Kessler vit le jour  le 25 septembre 1937 à Zurich. Compositeur d'origine suisse, il se fait une réputation de pionnier dans le domaine de la musique électronique. Il étudie la littérature aux universités de Zurich et de Paris, puis il étudie la composition avec Heinz Friedrich Hartig, Ernst Pepping et Boris Blacher à la "Hochschule für Musik Berlin". En 1965, il fonde son propre studio de musique électronique et devient membre du "Gruppe Neue Musik Berlin". Il rencontre des compositeurs tels que Luc Ferrari et Vinko Globokar. Plus tard, il devient directeur du "Elektronik Beat Studio Berlin", ainsi que directeur musical du Centre universitaire international de formation et de recherche dramatique de Nancy. De 1973 à 2000, Thomas Kessler enseigne la composition et la théorie musicale à l'Académie de musique de la ville de Bâle, où il crée le Studio électronique de Bâle. Parmi ses élèves, nous pouvons citer Wolfgang Heiniger, Max E. Keller, Bettina Skrzypczak, René Wohlhauser et Thomas Chr. Heyde. Avec la contribution de Gérard Zinsstag, il fonde le festival "Tage für Neue Musik in Zürich", et avec Wolfgang Heiniger le festival ECHT!ZEIT de Bâle. Depuis 2001, il est compositeur en résidence aux "New Music Concerts" à Toronto. Parmi ses récompenses, nous noterons un prix des artistes de la jeune génération à Berlin en 1968 et un prix de composition Marguerite Staehelin en 2007. Il est également rapporté que Thomas Kessler captive les esprits curieux avec des œuvres d’un genre novateur et parfois inattendu. Dans NGH WHT, sur des textes de Saul Williams, il associe le rap et un quatuor à cordes, et dans Utopia, chaque musicien de l’orchestre gère lui-même ses sons à l’aide d’un ordinateur. Kessler est  présenté comme un artiste politique et un musicien tourné vers l’avenir.


https://www.youtube.com/watch?v=P1jzTHLdoFM

Âmes sensibles s'abstenir.

A propos de "Aufbruch" pour 5 ordinateurs et orchestre par Thomas Kessler:

<<Cette composition date de 1990 et a été donnée la première fois en 1991, dans le cadre de "Musique du XXème siècle". Disposé de façon classique, l'orchestre est divisé en cinq groupes: vents, cuivres, percussion, (y compris piano et harpe), cordes aiguës, cordes graves. De chacun de ces groupes, un musicien (un pupitre de deux violon dans les cordes aiguës) "s'évade", pour ainsi dire, pour explorer des terres inconnues avec les musiciens d'un autre groupe (non pas en tant que soliste, mais comme membre à part entière):
_le 1er contrebassiste joue à la place de la quatrième flûte
_la 4ème flûte remplace le tuba
-le tuba s'assied à un pupitre des seconds violons
-les deux violonistes occupent le poste du deuxième percussionniste
-le 2ème percussionniste prend la place du premier contrebassiste.
Ces musiciens ont donc perdu leur place attitrée dans l'orchestre classique, mais dans leur nouvel entourage, ils découvrent un nouveau terrain musical et essaient à leur tour d'inciter leurs voisins à l'aventure. Cette disposition inédite influence aussi la grande forme, qui comprend cinq parties, assorties d'une introduction et d'une conclusion. Un ordinateur musical est attribué à chacun des groupes d'orchestre. Cinq musiciens les desservent, et les sons qu'ils produisent sont répartis sur les quatre groupes de haut-parleurs dispersés dans la salle. Les ordinateurs enregistrent les bruits des instrumentistes qui sont normalement inaudibles dans les grandes salles de concert: respirations des exécutants, articulation des doigts, frottement des crins des archets, attaque du son, cliquetis des clés, bref, tous les bruits "intimes" engendrés par la production de sons. Ces bruits sont en quelque sorte examinés à la loupe par l'ordinateur, puis retransmis à l'auditeur.>>

Impression personnelle:

Thomas Kessler n'est pas un compositeur que j'ai seulement découvert aujourd'hui. Je le connais de puis un moment mais par le biais d'une seule de ses compositions. Elle date de 1990 et s'intitule Aufbruch. Pour cinq ordinateurs et orchestre, elle est interprétée par le "Basel Sinfonietta" et l'"Elektronisches Studio der Musikhochschule Basel" sous la direction de Jürg Wyttenbach. C'est l'oeuvre qui correspond au commentaire du compositeur que j'ai retranscrit en bleu dans le post précédent. Si je n'étais pas revenu plus tôt sur cette création en particulier et sur celui qui l'a réalisée, c'est qu'elle m'avait procuré de l'ennui lors des quelques tentatives que je lui avaient accordées, pas plus de deux à mon avis. Aujourd'hui, ce fut la troisième car je ne me rappelais plus du tout à quoi elle ressemblait, si ce n'est qu'elle était dans un esprit très contemporain. Atonale, presque bruitiste, et sans aucune concession, elle évolue dans un chaos sonore hermétique et insondable. Il y a bien, dans sa partie conclusive, quelques effets qui se veulent impressionnants, mais, hélas, j'ai trouvé ces effets d'ordinateurs et d'orchestre (fusionnés?) grandiloquents. Heureusement que sur mon album elle est couplée avec un Concerto pour orchestre que j'adore et qui est peut-être mon oeuvre préférée de Witold Lutoslawski...et aussi avec une oeuvre d'un autre compositeur que je vais évoquer ailleurs...Je n'aime pas davantage l'oeuvre de la vidéo postée plus haut, néanmoins je pense qu'elle représente assez bien l'approche de Thomas Kessler.