L’harmonium est un instrument de musique à vent, à anches libres, à clavier et à soufflerie. Le musicien qui en joue est un harmoniumiste.
Les germes de l'harmonium se trouvent dans l'instrument à anches libres inventé en France par Gabriel-Joseph Grenié au début du XIXe siècle, des tuyaux d'orgue à anches libres sur une soufflerie régulée à pression variable. En effet, contrairement aux anches battantes de l'orgue à tuyaux, les anches libres, vibrant de part et d'autre de leur cadre, peuvent supporter une amplitude vibratoire variable et être expressives (du pianissimo au fortissimo) sans voir une modification significative de leur accord. De nombreux instruments perfectionnèrent ce principe. On peut citer le physharmonica d'Haeckl, l'harmoniflûte ou encore le poïkilorgue des Cavaillé-Coll.
L’harmonium, dérivé de l'orgue-expressif de Grenié fut inventé en Europe par le Français Alexandre-François Debain (1809-1877) qui le fit breveter en 1842. Jakob Alexandre (1804-1876) et son fils Edouard (1824-1888) avec Auguste Victor Mustel (1842-1919) et Alphonse Mustel (1873-1937) mèneront l'instrument, qu'ils appellent orgue-mélodium, orgue celesta, kunstharmonium, harmonium-celesta à son point de perfection. Victor Mustel y ajoute un célesta au deuxième clavier.
Facture
S'apparentant à l'orgue avec le principe des registres de différentes sonorités, dans sa forme la plus répandue il comprend un clavier et la réserve d'air est alimentée par une pompe à pied : l’air est insufflé (dans les modèles français), ou aspiré (dans les instruments de facture allemande, américaine et anglaise), et fait vibrer des anches libres (même principe que l'harmonica et l'accordéon). Lorsque le mode « expression » est activé, le réservoir est mis hors service, les anches sont alimentées directement par les pompes à pieds ; le musicien peut alors produire des nuances très plastiques en modulant son pompage d'air, la difficulté principale résidant dans l'alimentation régulière du sommier. C'est sur l'harmonium français que se permet les plus grandes nuances, puisque l'air insufflé dans les anches est envoyé vers l'extérieur de l'instrument, alors que dans le cas de l'harmonium à aspiration, l'air et le son sont aspirés dans les soufflets. Mais c'est aussi une des raisons de la mauvaise réputation de l'harmonium. En effet, l'utilisation de l'« expression » demande une maîtrise et coordination parfaite des pieds, sans quoi les nuances recherchées sont ponctuées de hoquets.
Principaux types d’harmonium
Instrument d'un clavier (souvent avec transpositeur pour les instruments d'église) disposant de plusieurs registres (ou demi registres) de 16, 8 et 4 pieds. La soufflerie est actionnée par une paire de pédales que l'instrumentiste doit activer. Le clavier est coupé en basses et dessus entre mi 3 et fa 3.
Plus rare, instrument à un ou deux claviers (quelques rares modèles à trois claviers) et pédalier d'orgue. L'instrument possède alors un ventilateur pour alimenter le soufflet.
L'harmonium indien, un instrument portatif qui dispose d'un soufflet actionné à la main.
L'harmoniflûte : instrument portatif se plaçant sur un pied en bois tourné qui permet d'actionner son soufflet avec les pieds (visuellement proche de l'accordéon). Rare et inusité de nos jours.
Contrairement à l'orgue, on ne trouve généralement ni mutation, ni mixture.
La disposition « classique » de l'harmonium français soufflant est à quatre jeux et demi.
Basses
F : Forte (ouvre un volet situé au-dessus des jeux no 3 et 4)
4 : Basson 8'
3 : Clairon 4'
2 : Bourdon 16'
1 : Cor anglais 8'
Expression Grand-jeu (genouillère ; appelle les no 1, 2, 3 et 4)
Dessus
1 : Flûte 8'
2 : Clarinette 16'
3 : Fifre 4'
4 : Hautbois 8'
5 : Musette 16'
VC : Voix céleste 16' (ajoute un rang ondulant au no 2)
T : Trémolo, système mécano-pneumatique qui fait trembler le dessus du no 2.
F : Forte (ouvre un volet situé au-dessus des jeux no 3, 4 et 5).
On trouve encore d'autres registres de combinaisons selon les facteurs qui n'ont pas manqué d'imagination (Violoncelle dans la basse, Voix humaine dans le dessus, jeux de saxophone, baruphone, écho céleste, chœur angélique...) ainsi que de multiples inventions (parfois plus anecdotiques et commerciales que réellement musicales) destinées à multiplier encore les possibilités musicales (« mains doublées » d'Alexandre : accouplements d'octaves graves et aiguës ; « Médiophones » : colonne de résonance au-dessus des sommiers, « Harmoniphrase » : système d'accompagnement automatique du plain-chant chez Dumont-Lelièvre...).
L'harmonium d'art mis au point par Mustel présente de nombreux enrichissements :
Basses
Prol : Prolongement (système qui garde les notes jouées sur la première octave).
Mét : Métaphone (ouvre un espace de résonance au-dessus des anches et modifie leur sonorité).
F : Forte fixe (ouvre un volet situé au-dessus des jeux no 3 et 4).
0 : Forte expressif (forte pneumatique, qui s'ouvre et se ferme en fonction de la pression dans les pompes).
6 : Contrebasse 16' (appelle le no 2 sur la première octave uniquement).
5 : Harpe éolienne 2' (deux rangs ondulants).
4 : Basson 8'
3 : Clairon 4'
2 : Bourdon 16'
1P : Percussion et cor anglais 8' (de petits marteaux frappent les anches dès qu'on effleure les touches).
1 : Cor anglais 8'
Prolongement (talonnière) Expression Double-expression(dispositif mécano-pneumatique qui fait varier la pression entre basse et dessus, commandé par genouillères) Grand-jeu (talonnière ; appelle les no 1, 2, 3 et 4)
Dessus
1 : Flûte 8'
1P : Percussion et flûte 8'
2 : Clarinette 16'
3 : Fifre 4'
4 : Hautbois 8'
5 : Musette 16'
6 ou VC : Voix céleste 16' (deux rangs ondulants)
7 : Baryton 32'
8 : Harpe éolienne 8'
0 : Forte expressif
F : Forte fixe (ouvre un volet situé au-dessus des jeux no 3, 4 et 5)
Mét : métaphone
Certains Orgues-Mustel présentent un second clavier avec célesta, accouplable au premier par un mécanisme de balanciers.