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 De la maison des morts

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Snoopy
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Snoopy

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MessageSujet: De la maison des morts   De la maison des morts Empty2020-05-24, 19:11

De la maison des morts est un drame lyrique en trois actes de Leoš Janáček (1854-1928).

L'œuvre

L'opéra De la maison des morts, probablement plus connu sous son titre en anglais From the house of dead, est la dernière œuvre lyrique de Leoš Janáček. Cet opéra, chanté en tchèque, est composé entre 1927 et 1928. Il est créé deux ans plus tard, le 11 avril 1930, de manière posthume, à Brno. Le livret est traduit et adapté par Leoš Janáček lui-même à partir du livre de Fiodor Dostoïevski (1861-1862) Souvenirs de la maison des morts, ouvrage dans lequel l'écrivain raconte sa propre expérience du bagne.

Hormis deux ou trois courts passages, l'œuvre de Janáček suit de près le texte de l'écrivain : il n'y a pas une ligne de son livret qui ne soit pas directement liée au texte de Dostoïevski. « C'est dans la juxtaposition et la succession de ces emprunts que Janáček s'autorise... une certaine liberté... Le compositeur s'est livré à un exercice de découpage-collage. Un collage parfois naïf et magnifique qu'on retrouve en miroir dans l'hétérogénéité du matériau musical qui compose la partition. » (Patrice Chéreau). Musique et paroles sont de Leoš Janáček.

« Tant dans sa forme musicale que théâtrale, De la maison des morts reste une œuvre primitive, dans le meilleur sens du terme. » (Pierre Boulez). Il y a de nombreux endroits où la notation rythmique change. Tout se passe comme si Janáček a arrêté son travail à un point pour le reprendre ensuite en changeant son optique. Cette manière de faire rend l'œuvre extrêmement hasardeuse à diriger.

Janáček ne développe jamais. Au contraire, il répète, répète encore puis modifie le motif de répétition, l'ostinato. C'est, en soi, une forme de primitivisme. L'œuvre comporte des moments très durs exprimant la colère, d'autres empreints de nostalgie, d'autres, enfin, de désespoir. Mais tout est direct. On saisit immédiatement le sens de la musique, de ce qu'elle exprime. Il est étonnant et en même temps fascinant de sentir à quel point le primitivisme de Janáček peut être puissant.

Janáček écrit cet opéra sachant que ce serait son dernier. Il rompt délibérément avec son habitude qui est de créer des personnages proches de Kamila Stösslová, la femme qu’il aime désespérément (cependant, les thèmes de la solitude et de l’isolement sont, à l’évidence, une réponse à l’indifférence de celle-ci à son égard). Fait marquant, il n’y a pas de personnage féminin dominant dans cet opéra. Le thème du bagne dans lequel se déroule l’action permet de donner à un grand ensemble vocal la possibilité d’exprimer des sentiments au lieu de confier ce soin à un ou plusieurs personnages principaux. Il n’y a pas de récit à proprement parler. Chaque acteur du drame lyrique raconte des épisodes de sa vie si bien qu’il y a « plusieurs récits dans le récit » tout au long du deuxième acte. L'opéra apparaît ainsi comme une suite d'instantanés sur la vie de bagnards, le compositeur ponctuant « les scènes de rixes, de larmes, de moments d'euphorie collective et d'une scène de fête (Le Jeu de Kedril et de Dom Juan et La Belle Meunière) qui confère au deuxième acte une dimension pirandellienne hallucinante.
»

Dans cette musique de scène, l'orchestre fait entendre un déchaînement sonore, avec tutti orgiaques, fanfares, glas de cloches et de xylophones, mais ailleurs l'orchestration frappe surtout par ses couleurs dépouillées et glaçantes, qui n'excluent pas un lyrisme à fleur de peau.
De la maison des morts est quasiment terminé à la mort de Janáček. Deux de ses élèves, Chlubna et Bakala, suivant les indications du compositeur, compléteront la partition, mais prendront des libertés avec le final pour la rendre plus « optimiste ». Ota Zitek complète le travail de Bretislav Bakala en changeant certaines parties du texte et en modifiant la survenue des évènements. Plusieurs décennies plus tard, une version plus proche de la pensée réelle du compositeur, enregistrée par Charles Mackerras en 1980, supplante la version corrigée. C’est la plus jouée actuellement.

L’imposant orchestre nécessaire à l’interprétation de cette œuvre est enrichi par des bruits de chaînes utilisés en tant qu'instruments de percussion et destinés à évoquer la mort.

L'opéra a été présenté pour la première en France en 1966 à l'Opéra de Nice. Il fait partie du répertoire de l'Opéra de Paris.

Argument

L'action se déroule dans une katorga sur les rives de l'Irtych, en Sibérie occidentale.

Acte I

Un prélude assez important introduit l'œuvre. Il est très émouvant et évocateur dans la mesure où il nous plonge dans une atmosphère lourde, rude et grave, comme le sera la musique tout au long de l'œuvre. Ce prélude était d'ailleurs primitivement composé pour un projet inabouti de Concerto pour violon qui devait s'appeler Les errances de l'âme, errances que l'on pourrait rapprocher de celles des prisonniers et de leurs journées épuisantes et sans but et ne sachant combien de temps leur calvaire durera.

Le jour se lève. Les détenus sortent des baraquements et commencent à vaquer à leurs occupations avant le rassemblement pour la corvée. Les prisonniers se disputent. Arrive Goriantchikov, un noble condamné pour activisme politique. Il attire l'attention des détenus de droit commun et suscite l'hostilité du Commandant du camp. Ses effets personnels confisqués, il est soumis à la bastonnade dans l'indifférence des autres prisonniers occupés à martyriser un aigle blessé qu'ils ont capturé et dont ils admirent le caractère indomptable. Les gardes les mettent brutalement au travail.

Une partie des prisonniers quitte le camp en chantant pour se rendre sur le lieu de leur corvée. Les autres s'acquittent de leur besogne sur place. Parmi ceux qui restent au camp : un jeune Tatar, Alieïa, doux et conciliant, l'agressif Louka et le naïf Skouratov qui raconte sa vie à Moscou.

Louka parle de son précédent séjour en prison, comment il a tué le commandant et comment il a été battu d'importance avant d'être envoyé à la katorga. On ramène alors Goriantchikov dans un triste état physique.

Acte II

Un an plus tard...

Les détenus sont à la tâche sur les rives de l'Irtych. Goriantchikov s'est lié d'amitié avec Alieïa qui lui parle de sa sœur et de sa mère. Goriantchikov lui propose de lui apprendre à lire et à écrire. Des cloches annoncent la fin de la journée de travail et le début d'une soirée de fête.

Après le passage du pope, les prisonniers dînent en attendant le spectacle que doivent donner certains d'entre eux.. Au cours du repas, Skouratov raconte le crime qui l'a conduit au bagne : il a tué le riche Allemand que sa bien-aimée Louisa a été forcée d'épouser. Les invités arrivent. Le spectacle va commencer. Il s'agit de deux burlesques histoires de séduction : le jeu de Kedril et de Don Juan puis la Pantomime de la belle meunière. La soirée semble en passe de s'achever sans incident. Les prostituées qui sont entrées dans le camp entraînent un prisonnier. Goriantchikov et Alieïa boivent du thé et suscitent la jalousie d'un détenu qui se jette sur Alieïa et le poignarde.

Acte III

Premier tableau

Dans l'infirmerie, Goriantchikov veille Alieïa. Tchékounov leur apporte du thé déclenchant les railleries d'un Louka à l'agonie. Chapkine raconte comment il s'est fait arrêter en train de cambrioler tandis que Skouratov sombre dans la démence.

Le récit de Chichkov attire l'attention générale lorsqu'il raconte comment il épousa une jeune fille, Akoulina, qu'un certain Filka se vante d'avoir déshonorée et comment, au jour de ses noces, il s'avère qu'elle est toujours vierge. L'impulsif Chichkov égorge sa femme lorsqu'il s'aperçoit qu'elle en est toujours amoureuse. À la fin du récit, Louka expire et Chichkov reconnaît en lui l'infâme Filka qu'il a laissé pour mort. Il insulte la dépouille. Un garde entre pour emmener Goriantchikov.

Second tableau

Le Commandant annonce à Goriantchikov qu'il est libre. Alieïa se jette au cou de ce dernier en l'appelant « son père » car il sait lire à présent. Les détenus libèrent l'aigle qui est guéri (symbole de l'espoir d'être libre un jour?). Goriantchikov quitte la katorga tandis que les prisonniers dont Alieïa, maintenant de nouveau seul, retournent à la tâche.

Il y a une certaine controverse quant à la fin de l'opéra. Faut-il adopter une fin « optimiste » (un optimisme certes très relatif !) en terminant l'œuvre par le vol de l'aigle guéri ou par l'appel rugissant d'un gardien ordonnant aux prisonniers de rentrer dans leurs cellules, fin « pessimiste » qui nous laisse penser que personne n'aura la chance de Goriantchikov ? Au metteur en scène de choisir.
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MessageSujet: Re: De la maison des morts   De la maison des morts Empty2020-05-24, 19:12

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