Enzo GIECO, né en 1937

Introduction personnelle:

Il arrive parfois que je ne sache pas sur quelle oeuvre terminer un cycle ou que je change d'avis en cours de route. C'est ce qui s'est passé avec mon cycle autour des compositeurs argentins et que j'avais tout simplement intitulé "Au pays d'Eva Peron - un cycle argentin". J'avais d'abord pensé à un album de Lalo Schifrin, Latin Jazz Suite, très bel album d'un jazz symphonique latino, mais je l'avais déjà écouté il n'y a pas si longtemps et ce n'était pas mon idée profonde. J'estimais au fond de moi qu'il y avait une conclusion plus appropriée et moins évidente que celle-ci, Lalo Schifrin ayant déjà été l'heureuse introduction de ce cycle. Une meilleure idée a alors surgi pendant que j'écoutais la musique de Martin Matalon: deux oeuvres pas très longues réunies sur un même disque de deux compositeurs argentins: Huit airs autour du Tango pour saxophone alto et orchestre à cordes de Gustavo Beytelmann et Evocations d'Argentine, trois pièces concertantes pour flûte, saxophone alto et orchestre à cordes d'Enzo Gieco. Je fus très content de conclure mon cycle argentin sur ces deux oeuvres et notamment celle d'Enzo Gieco que je vous présente en quelques lignes:

Enzo GIECO est un excellent flûtiste, sauf que ses talents ne se limitent pas là. Il est également compositeur et chef d'orchestre. Il est né à Leones ( Argentine) le 29 décembre 1937. C'est dès l'âge de neuf ans qu'il entama des études musicales, puis, plus tard, à l'institut supérieur de l'Université de Rosario avec pour maîtres, Carmelo Velardo, Juan Grisiglione et Simon Blech. En 1969, après avoir remporté le concours organisé pour le Fonds National des Arts "La Beca Externa", il se rendit à Paris pour se perfectionner auprès de Jean-Pierre Rampal et Alain Marion. Il reçut plusieurs distinctions, dont celle de la Fondation de France : le Prix "Charles Oulmont" pour composition et interprétation, en 1985. Il intégra de grands orchestres symphoniques avec lesquels il offrit de nombreux concerts. Enzo Gieco fut Première Flûte solo dans l'Orchestre Philarmonique de Santiago du Chile (Chili), Orchestre Symphonique National de Buenos Aires (Argentine), et Orchestre Symphonique de l'Opéra de La Plata (Théâtre Argentin). Il s'est produit dans de nombreux pays d'Amérique du Sud et d'Europe, tels que la Colombie, le Venezuela, l'Argentine, la Suisse, l'Allemagne, la Finlande...Il dirigea (encore aujourd'hui?) l’ensemble vocal instrumental AGRUPACION MUSICA, s'est produit en Europe et Amérique latine comme flûtiste en duo avec Gustavo Beytelmann, Françoise Demaubus, Juan José Mosalini et le "Quatuor Parnasse".

https://www.youtube.com/watch?v=8BnYwm9DmGo&feature=emb_title

Evocations d'Argentine par Enzo Gieco:

<<Peut-être pour la première fois à notre époque, j'ai voulu faire dialoguer la flûte et le saxophone à la façon des concertos baroques et classiques pour deux flûtes. J'ai puisé la thématique de ces pièces dans la musique populaire argentine: le premier mouvement exprime la gaieté de la musique de la ville. Le deuxième mouvement la solitude de l'homme dans la pampa où le regard se perd dans l'horizon et le troisième la danse vigoureuse et profonde du nord-ouest où le gaucho montre sa dextérité en faisant des claquettes. Je dédie cette composition à deux grandes figures du saxophone français: Jean-Pierre Baraglioli et Patrick Selmer.>>

Evocations d'Argentine est interprété par Enzo Gieco (flûte), Jean-Pierre Baraglioli (saxophone alto) et l'Orchestre Philharmonique de Chambre de Lettonie sous la direction d'Andris Veismanis. Cette musique est pour moi comme ce ciel bleu qui recouvre Paris, revigorante, optimiste, rafraîchissante et d'abord apaisante: cette musique m'a apaisé. Une légèreté la traverse et puis il y a ce duo flûte-saxophone qui fonctionne merveilleusement bien à mon oreille. Il se dit que la gaieté est surtout exprimée dans la première pièce et c'est vrai qu'elle s'intitule "Grazioso", mais j'estime qu'elle se répand sur toute l'oeuvre, que la pointe de mélancolie qui peut émerger par la suite n'est jamais complètement mélancolique. Le duo chante la vie, tout simplement. Argentine, ce n'est qu'un au-revoir.