Inouk DEMERS, né en 1970

Eléments biographiques:

<<Né en 1970, Inouk Demers poursuit une double carrière en tant que guitariste et compositeur. Ses oeuvres ont été jouées au Canada, en Belgique, en Nouvelle-Zélande, en Angleterre, en Ecosse, au Pays de Galles, en France, et aux Etats-Unis. Il a étudie la guitare auprès de Eli Kassner, Norbert Kraft, Alvaro Pierri et Alice Artzt ; la composition auprès de John Rea, Brian Cherney, Paul Lansky, Louis Andriessen et Roger Reynolds. Il a également travaille de façon suivie dans les domaines du théâtre et de la télévision, de la danse (tango argentin), du chant choral (Ensemble Vocal de l'Orchestre Symphonique de Montréal sous Iwan Edwards, Charles Dutoit et Robert Shaw) et des débats publics (1er prix, championnat provincial). Il détient un Baccalauréat en Musique avec Haute Distinction en guitare et en composition de l'Université McGill, et termine actuellement son doctorat à l'Université de Californie a San Diego avec Roger Reynolds. Ses oeuvres ont été honorées au festival June in Buffalo (deux ans) et aux Darmstadt Internationale Ferienkurse fur Neue Musik. Il a suivi des cours magistraux et des cours privés avec Brian Ferneyhough, Jonathan Harvey et Helmut Lachenmann, et a travaille avec Mauricio Kagel au festival Tanglewood pour sa recherche de thèse. Inouk Demers est récipiendaire du prix Serge Garant en musique de chambre et du prix Ernest Macmillan en musique orchestrale de la fondation SOCAN. Il est premier lauréat de Forum 96, événement international organisé par le Nouvel Ensemble Moderne de Montréal. On vient de lui offrir une résidence et une commande dans le cadre d'une collaboration France-Quebec impliquant la fondation Royaumont, le Nouvel Ensemble Moderne, le Domaine Forget, le conservatoire de Sarcelles et l'ensemble Instant Donné sous la direction artistique de Jean-Luc Hervé. Inouk Demers a reçu de nombreuses bourses des Universités McGill et Princeton, et son travail est généreusement subventionné par le Conseil des Arts du Canada. Il est également récipiendaire du prix Robert-Fleming 1998 du Conseil des Arts, attribué au jeune compositeur le plus talentueux parmi les demandes de subvention pour l'année. Il a écrit pour, et eu ses oeuvres jouées par des artistes tels Jacqueline Leclair, Marc Couroux, Mark Menzies, Julie-Anne Derome et Martha Elliott, et des ensembles tels le Nouvel Ensemble Moderne, le New York New Music Ensemble, l'orchestre symphonique de Princeton, le Hammerhead Consort et d'autres. Il a écrit des oeuvres solo, des duos, de la musique de chambre et des oeuvres orchestrales et vocales, ainsi que des oeuvres pour la scène et pour instruments amplifiés avec bande. En tant que guitariste, il a gagné deux concours, a été finaliste au concours provincial de guitare de l'Ontario, et demi-finaliste au concours international Printemps de la Guitare en Belgique. Il participe régulièrement a l'interprétation de nouvelles oeuvres, dont celles de Dillon, Finnissy, Donatoni, Ferneyhough, Reynolds, Carter, Dench, Francesconi...>>

Lo Que Vendra (2000) pour flûte, clarinette, percussion, piano et quatuor à cordes:

<<Trois ans passés à fréquenter de manière obsessive les milongas - lieux de rencontre où l'on danse le tango argentin - à New York, San Diego, Montréal, Paris; un an d'entraînement pour une compétition internationale (annulée) de tango; deux ans d'enseignement du tango - voilà ce qui me fit constater un jour qu'il me fallait, d'une manière que j'appellerais thérapeutique, témoigner en musique de ce monde du tango qui, dans ma vie autant que par sa propre nature, semblait répéter à jamais un geste inachevé, tendu vers une chose inatteignable. Loin de moi l'idée de succomber à la nostalgie; ne vous attendez pas à entendre un tango! Le regard se porte plutôt sur la manière selon laquelle les vestiges de mes expériences m'ont poussé vers une approche foncièrement nouvelle (ceci-dit, merci à Astor Piazzolla pour l'emprunt de son titre). Et quelle occasion d'écrire cette oeuvre pour deux ensembles situés dans deux grandes villes du tango argentin, Montréal et Paris.>>

Lo Que Vendra d'Inouk Demers n'est pas un tango argentin, même s"il porte le titre d'un célèbre tango d'Astor Piazzolla. Vous n'y entendrez pas la plainte mélancolique et passionnée du bandonéon, mais tout d'abord les silences et les murmures d'une clarinette, d'une flûte et de quelques cordes. C'est terriblement lent et austère, du moins dans son introduction, puis l'oeuvre d'un genre statique monte en intensité dans un mécanisme atonal sans concession. C'est définitivement tendu et mystérieux, avec des effets vifs et répétés du piano et les errances pas gaies d'un violoncelle contrarié. Finalement, le jeu d'instruments que je préfère dans ce "non-tango" est celui du piano qui, au sein d'une atmosphère pince-sans-rire, est le seul élément ludique, celui qui retient mon attention. Viendrait ensuite le violoncelle dans un jeu malgré tout très minimaliste. Ca c'est pour la première partie, la seconde étant encore plus énigmatique et presque anxiogène. Je suis toujours autant "pris" entre le piano et le violoncelle. Ce sont eux qui me maintiennent attentif tout au long de l'oeuvre. Celle-ci répond à une commande de la Fondation Royaumont/ville de Sarcelles - Domaine Forget/Nouvel Ensemble Moderne qui en est l'interprète. D'une certaine manière, Lo Que Vendra d'Inouk Demers, même si ce n'est pas un tango, pourrait-être à sa façon le préambule de mon futur cycle entièrement consacré à la musique argentine dont le tango qui y occupera une place de choix.