Vincent COLLARD, né en 1970

Introduction personnelle:

Une pièce qui s'intitule Concerto "Lucky Luke" pour trombone ténor et large ensemble ne pouvait que titiller ma curiosité. Pour deux raisons: Lucky Luke est un personnage qui, par la bande dessinée et ensuite le dessin animé, a égayé mon enfance et mon amour pour le son du trombone qui m'a souvent émerveillé par sa bonhomie dans le concerto contemporain, celui-ci ne faisant pas exception. La musique n'a rien à voir avec celle qui accompagne les films animés, notamment les compositions de Claude Bolling. Elle cite juste distinctement à deux reprises (la seconde est excellente), sûrement revient-elle plus déguisée par ailleurs, la fameuse chanson "I'm A Poor Lonesome Cow Boy"  que je présente ci-dessous:

https://www.youtube.com/watch?v=PfrdSLWiQwg

Ce seront d'ailleurs les seuls instants réellement mélodiques du concerto qui, dès le départ, prend l'allure d'une musique aléatoire et climatique, ce qui ne m'empêche absolument pas d'y ressentir un souffle de fantaisie et une pointe d'humour parmi les tumultes d'un orchestre presque désarticulé et les exploits d'agilité du tromboniste Alain Trudel. Un hautbois solitaire peut parfois contrer la truculence du trombone et les exubérances de l'orchestre par sa présence fragile et lunaire. Mais c'est encore le compositeur qui en fait la meilleure description:

Par Sean Ferguson:

<<Il y a sur cette terre quelques rares personnes qui méritent le sobriquet de l'homme qui tire plus vite que son ombre. Il y a Alain Trudel, dont l'agilité de la coulisse autant que celle de la babine en estomaquent probablement plus d'un(e)! Il y a Walter Boudreau qui, grâce à sa baguette magique, sait faire mouche à tout coup jusque sur la cinquième triple croche d'un septolet, à deux cents mètres de distance, les yeux bandés... Il y a aussi votre humble serviteur, qui a relevé le défi d'écrire des cinquante-trois pages de pur divertissement en dix-huit jours à peine. Il y a enfin Lucky Luke, l'unique, le vrai, dont la promptitude notoire avec un Colt 45 n'a d'égale que sa candide sérénité lorsque, cigarette et demi-sourire aux lèvres, il guide paisiblement sa fidèle monture vers le soleil couchant devant lequel défile, majestueux, le générique final...toujours accompagné de cette rengaine célèbre entre toutes. Dieu merci! Les sentinelles en service lors du passage à l'Ouest de György Ligeti n'avaient pas le talent de manieur d'armes du "Lonesome Cowboy". Cette médiocrité salvatrice pour le grand Hongrois nous a permis de découvrir tout un tas de magnifiques pages parmi lesquelles, en cherchant bien, on trouvera quelques échos de cette légendaire Amérique dont le jeune Ligeti rêvait peut-être lorsque les barbelés sous lesquels il rampait pour fuir son pays natal lui lacéraient le dos. Ouaip!>>

Eléments biographiques:

<<Né en 1970, à Saint-Jean-sur-Richelieu, Vincent Collard a étudié la guitare classique de 1981 à 1992, puis la composition de 1992 à 1997 avec André Prévost et Michel Longtin. En 1996-97, il a été le premier compositeur en résidence à la SMCQ, qui lui a passé plusieurs commandes depuis. Il a collaboré par la suite avec plusieurs ensembles et solistes de renom, notamment la SMCQ, l'ECM, Alizé, le Trio de guitares de Montréal, le quatuor Arthur-Leblanc, Arraymusic (Toronto, Canada), Grame (Lyon, France), les violoncellistes Stéphanie Meyer et Benjamin Carat, la corniste Michèle Gagnon et le tromboniste Alain Trudel. En juin 2000, il était du collectif de la "Symphonie du Millénaire. Il travaille présentement à trois partitions distinctes: un duo flûte-piano pour Lise Daoust et Louise Bessette, un octuor pour les quatuors QUAD (percussions) et QUASAR (saxophones), et enfin un grand "concerto grosso" pour clarinette, quatuor à cordes et grand orchestre. Compositeur prolifique, Collard compte déjà une trentaine d'oeuvres à son catalogue.>>

SMCQ, société de musique contemporaine du Québec: Fondée en 1966, la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) a été la première organisation du pays à se consacrer à la diffusion de la musique contemporaine pour faire connaître les compositeurs d’ici et d’ailleurs. Ayant l’originalité d’être menée par des compositeurs pour les compositeurs, elle a connu à ce jour trois directeurs artistiques: Serge Garant (1966-1986), Gilles Tremblay (1986-1988) et Walter Boudreau, depuis 1988.

Icare a écrit:

la fameuse chanson "I'm A Poor Lonesome Cow Boy"  que je présente ci-dessous:

https://www.youtube.com/watch?v=PfrdSLWiQwg

Très connue en effet.