Tiré du roman éponyme d'Alberto Moravia: À la fin de la Seconde Guerre mondiale à Venise, le jeune Luca vit une relation difficile avec son père et toute sa famille, bourgeoise et fasciste. Il participe activement à la lutte pour la libération, avec l'espoir que le monde peut changer, mais ses attentes sont déçues: Vers 1940 dans le train, Luca, 15 ans, se voit imposer par ses parents d'acheter à manger à la gare et non dans le train. La colère le fait vomir en arrivant. Il commence à penser que le monde lui est hostile. Au lycée, cette colère se transforme en refus d'étudier. Il découvre que ses parents ont un coffre fort avec beaucoup d'argent, caché derrière le tableau pieux devant lequel il faisait sa prière, ce qui le dégoute. Ses parents deviennent donc aussi la cible de sa haine envers le monde : il refuse tout ce qui vient d'eux, vend ses livres, jette son argent de poche. Il lutte pour éviter tout ce qu'il aime, mais après un jeu et un baiser avec la gouvernante, il ne peut s'empêcher d'éprouver un désir charnel. Décidé à mourir, il se sous-alimente. Il reste alité 3 mois et est convaincu qu'il va mourir. Sa convalescence va le guérir de sa crise existentielle. La dernière nuit, son infirmière lui fait l'amour.
Ce film est bien sûr classé parmi les drames, néanmoins la musique d'Ennio Morricone semble illustrer par ses grands thèmes mélodiques l'expression d'un romantisme calme et serein, porté par quelques élans d'un lyrisme légèrement obsédant et obstiné. Quelques rares moments de tension, ponctués de dissonances, typiquement morriconiens, viennent troubler ce sentiment de plénitude que je ressens sur les thèmes les plus romantiques de cette bande originale, ce sentiment de paix et de tranquillité qui m'envahit alors avec une ouverture au rêve, à l'amour, à la beauté d'une femme qui se dessine érotiquement dans mon imaginaire...loin du film en fin de compte, loin des tourments existentiels du jeune Luca, mais peut-être plus proche de ses propres rêves dans lesquels je m'emprisonne temporairement... Un film que j'aimerais découvrir...
Une musique de film où la forme atonale, voire bruitiste prédomine:
L'istruttoria e'chiusa: dimentichi/Nous sommes tous en liberté provisoire de Damiano Damiani (197O)
Synopsis: Une jeune et riche architecte est envoyé en préventive à la suite d'un accident automobile, il découvre alors le monde impitoyable de l'univers pénitentiaire: Un architecte est arrêté pour homicide involontaire : après la mort d'un piéton, il aurait pris la fuite au volant de sa voiture. Vanzi, l'accusé, clame son innocence. Mais la machine judiciaire se met en marche. Durant l'instruction, Vanzi est incarcéré. Ses compagnons de cellule lui paraissent abominables par leur vulgarité et leur violence. L'un d'eux, un étrangleur condamné à vie, le terrorise complètement.
Tout comme Confession d'un commissaire de police au procureur de la république, Nous sommes tous en liberté provisoire est un véritable uppercut asséné tant au spectateur qu'à une société en pleine déliquescence. La force de Damiano Damiani ne réside pas uniquement dans la charge pamphlétaire mais aussi et surtout dans le refus de livrer des solutions. (...) Damiano Damiani est décidément très à l'aise dans la peinture des rouages fissurés de l'administration et de personnages s'apercevant qu'ils ne sont que de simples pions évoluant sur des échiquiers truqués, tout comme il n'a pas son égal pour étaler son écoeurement devant cette dégueulasse fatalité. (...) Quant à la musique d'Ennio Morricone, tout en dissonances répondant aux psychés malmenées des personnages, elle souligne les événement illustrés sans jamais prendre le dessus sur l'émotion ou l'action. Et à Damiani d'éviter ce piège dans lequel tombent nombre de cinéastes, la tentation trop belle de l'employer à outrance et de manière envahissante. Texte de MALLOX - un film que j'espère trouver un jour en dvd car le cinéma engagé et critique de Damiano Damiani m'intéresse beaucoup. En plus il y a Franco Nero et Georges Wilson.
Parmi les bandes originales les plus expérimentales composées par Ennio Morricone, celle-ci est sans doute la plus bruitiste et "sans concession" de toutes. Il poussa, trois ans plus tard, l'expérimentation assez loin sur un film d'Elio Petri intitulé La proprietà non è più un furto, en français: La Propriété, c'est plus le vol (1973), avec aussi ces éléments bruitistes et des effets vocaux non chantés, mais il y a deux thèmes principaux plus "accueillants" qui assouplissent l'ensemble même si, eux aussi, ne manquent pas de singularité. Dans Nous sommes tous en liberté provisoire, les seules rares concessions proviennent de bribes de musiques préexistantes. Le chaos carcéral y est illustré dans sa forme la plus brutale, la plus aride et la violente, quelque-part, parce que cette prison ne semble être que des murs et des barreaux avec l'enfer à l'intérieur, le fief des ordures et l'horreur pour l'innocent qui cherche une issue: La musique ne montre pas cette issue, juste des sons de la vie extérieure qui lui parviennent et le transpercent comme les lames d'un couteau.
Icare Admin
Nombre de messages : 16872 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Il y a tellement de films dont les BO sont de Ennio Moricone et autant de commentaires dans ce forum sur ce sujet. Je n'ai pas pu parcourir tous les commentaires, mais je suis sûr que quelqu'un à déjà posté Le dernier des Mohicans :
Icare Admin
Nombre de messages : 16872 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Il y a tellement de films dont les BO sont de Ennio Morricone et autant de commentaires dans ce forum sur ce sujet. Je n'ai pas pu parcourir tous les commentaires, mais je suis sûr que quelqu'un à déjà posté Le dernier des Mohicans :
Ca ne risque pas car ce morceau musical n'a rien à voir avec Ennio Morricone. Celui qui est à l'origine de cette vidéo s'est planté. La bande Originale de ce film Le Dernier des Mohicans, a été co-signée par Trevor Jones et Randy Edelman.
Noemie230 a écrit:
Il y a tellement de films dont les BO sont de Ennio Morricone(...)
Raison de plus pour ne pas lui en rajouter!
Icare Admin
Nombre de messages : 16872 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
A l'occasion de mon nouveau cycle entièrement consacré aux compositeurs italiens, j'ai réécouté deux bandes originales d'Ennio Morricone écrites pour deux films qui lui permirent de composer des oeuvres qui s'inspirent de la musique ancienne tout en y intégrant bien sûr son propre style ainsi que des éléments de modernité qui ne peuvent tromper sur la période de création:
I Magi Randagi, un film italien réalisé par Sergio Citti (1996)
L'intrigue du film est semblable au scénario de Porno-Théo-Kolossal, le film inachevé de Pier Paolo Pasolini. D'une certaine manière, en mettant en musique ce film de Sergio Citti, Ennio Morricone rend hommage à un cinéaste et intellectuel italien avec lequel il collabora plusieurs fois et que la fin tragique a forcément bouleversé.
Synopsis: Un spectacle ambulant d'hommes habillés en mafiosi et en nazis est le singulier spectacle offert par trois acrobates. Les trois interprètes, cependant, ne sont pas compris et sont obligés de fuir. Ils trouvent une place dans une crèche vivante où ils jouent les Rois mages. Cette fois, leur prestation est si réussie qu'ils convainquent les habitants de mettre au monde de nouveaux enfants. Une nuit, une comète apparaît soudainement dans le ciel et les trois compères se rendent compte qu'ils ont une tâche très importante à accomplir : rechercher le nouveau bébé Jésus.
E Ridendo l'Uccise, un film italien réalisé par Florestano Vancini (2006). Ce film est reconnu d'intérêt culturel national par la Direction Générale du Cinéma et de l'Audiovisuel du Ministère du Patrimoine, des Activités culturelles et du Tourisme italien, sur la base de l'arrêté ministériel du 30 avril 2002.
Synopsis: Dans le duché de Ferrare au début du quinzième siècle, Taddeo Brugnola dit Moschino, bouffon de la cour employé par Giulio d'Este, se retrouve mêlé aux intrigues et aux jalousies de ses nobles maîtres, les quatre frères Alfonso, Ferrante, Giulio et Ippolito Este.
Icare Admin
Nombre de messages : 16872 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Giuseppe Tornatore est un cinéaste que j'aime beaucoup et je peux dire que j'aime tous les films que j'ai vus de lui. J'aimerais bien tous les connaître, à commencer par Le Maître de la Camorra (1985) sur une musique de Nicola Piovani, premier long-métrage du cinéaste. C'est le seul de ses films qui ne fut pas mis en musique par Ennio Morricone. Les autres films de Tornatore que je ne ne connais pas encore (seulement leur B.O.) et que j'aimerais voir sont L'inconnue (2006), The Best Offer (2013) et La Corrispondenza (2016) qui sera d'ailleurs la toute dernière composition d'Ennio Morricone pour un film avant sa mort en 2020. Cette très belle collaboration entre un cinéaste et un compositeur donna lieu tout d'abord à une excellente compilation qui réuni des extraits de :
___Nuovo Cinema Paradiso - 3 extraits ___Stanno Tutti Bene - 2 extraits ___La Domenica Specialmente - Il cane blu - une suite de 8'48" ___Una Pura Formalita' - 2 extraits ___L'Uomo delle Stelle - 2 extraits ___La Leggenda del Pianista sull'Oceano - 2 extraits ___Malena - 2 extraits ___La Sconosciuta - 3 extraits ___Per Giovanni Falcone - inédit de 5'15" Sans doute un hommage filmé au juge anti-mafia sauvagement assassiné par la Cosa Nostra.
Cette collaboration occasionna des musiques très différents, allant des plus mélodiques, Cinema Paradiso, Malena, Stanno tutti Bene..., à des partitions plus contemporaines et d'une modernité parfaitement assumée, Une Pure Formalité, L'Inconnue, sans oublier la bande originale de The Best Offer qui marie avec un raffinement exquis éléments flagrants de musique ancienne et une écriture moderne presque sournoise, au profit d'une atmosphère sombre, envoûtante et mystérieuse. Leur dernière collaboration, La Correspondance, qui sera aussi la dernière musique de film d'Ennio Morricone, sans devenir un pilier de cette collaboration, se rapporte à un synopsis qui suscite beaucoup ma curiosité:
Film d'une beauté exceptionnelle, une histoire d'amour superbe, à travers le temps, au delà de la mort. Une étudiante en astro physique vit une histoire d'amour intense avec un conférencier, professeur renommé en astro physique. Lui plus vieux qu'elle, marié et père de famille , il vivent cette histoire d'amour fusionnelle en amants passionnés lors de rencontres en week end, pour des moments dans des chambres d'hôtel ou dans sa résidence sur une superbe île au milieu d'un lac en Italie, ce depuis 6 ans en étant en contact quotidiennement par mail, web cam ou SMS. Elle est par ailleurs une actrice cascadeuse dans des films d'action ou d'horreur dans des scènes très dangereuses. Un jour alors qu'elle apprend son décès lors d'une conférence, elle est dévastée ,mais le trouble s'installe car elle continue à recevoir des messages de lui après sa mort. Une histoire folle!
Aucun extrait de Baaria, ni de The Best Offer, ni de La Corrispondenza puisque la compilation est parue avant la réalisation de ces trois films, en 2007. Dommage qu'elle n'ait pas été faite après car il y avait la place en serrant un peu. Néanmoins, la plus grande preuve d'amour du cinéaste pour son compositeur fut le magnifique documentaire, Ennio, réalisé en 2021, que j'ai pu voir sur grand écran au cinéma et revoir plus récemment en blu ray.
Icare Admin
Nombre de messages : 16872 Age : 59 Date d'inscription : 13/11/2009
Silvano Agosti, né à Brescia le 23 mars 1938, est un réalisateur, scénariste, producteur de cinéma italien. Il est également écrivain et poète. Il effectua ses études au Centro sperimentale di cinematografia de Rome, aux côtés de Marco Bellocchio et Liliana Cavani, d'où il est sorti diplômé en 1962. Son court métrage La veglia a reçu le Ciak d'oro du meilleur élève de la part du Président de la République. Grâce à la bourse obtenue à la suite de ce prix, Silvano Agosti choisit de se rendre à Moscou à l'Institut d'État du Cinéma de l'Union soviétique et de se spécialiser en montage, étudiant parallèlement l'œuvre de Sergueï Eisenstein. Après avoir collaboré au scénario, aux dialogues et au montage (sous le pseudonyme d'« Aurelio Mangiarotti ») ainsi qu'à la musique aux côtés d'Ennio Morricone pour le film de Marco Bellochio, Les Poings dans les poches (I pugni in tasca), Agosti fait ses débuts de réalisateur en 1967 avec le long métrage Le Jardin des délices (Il giardino delle delizie), un film qui bénéficie également d'une bande originale d'Ennio Morricone.
La collaboration entre Ennio Morricone et Silvano Agosti se constitue de quatre films:
___Le Jardin des Délices (1967): La nuit de noces de Carlo qui se retrouve hanté par ses souvenirs et va voir son mariage transformé en cauchemar. ___Quartiere (1987) Quartiere est une comédie dramatique italienne à sketches qui raconte quatre histoires d'amour, situées dans le rione de Prati à Rome, plus une cinquième qui fait office de lien1 ___L'uomo Proiettile (1995)
___La Femme qui rêve (2001) Après 15 ans de vie commune, deux époux tombent dans une monotonie morne qui anesthésie toute émotion et éteint tout projet ; la situation est encore alourdie par un avortement qui accroît l'ennui et la tristesse de leur quotidien. Mais, de façon inattendue, l'époux se rend compte pendant la nuit qu'il peut parler à sa femme, car dans son sommeil, elle murmure des phrases pleines de transgression, de désir et d'érotisme. Les désirs et les fantasmes mystérieux de la femme dévoilent une nouvelle intimité entre les deux, qui parviennent à raviver leur passion entre rêve et réalité.
joachim Admin
Nombre de messages : 25872 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Je n'ai encore vu aucun film de Silvano Agosti, mais La femme qui rêve traite d'un sujet qui qui m'interpelle beaucoup. D'autre part, j'ai toujours préféré les drames ou (films) psychologiques aux films d'action dont l'impact est souvent plus durable sur moi. Les films d'action ont l'avantage de nous plonger immédiatement dans le film, mais beaucoup s'oublient une fois vus. Les films d'action qui me marquent sur la durée sont finalement rares. La musique que Morricone a composée pour La femme qui rêve est très belle, oscille entre onirisme et romantisme.
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