Lodovico Agostini (né en 1534 à Ferrare, en Émilie-Romagne et mort dans la même ville le 20 septembre 1590) est un chanteur, compositeur, prêtre et érudit italien de la Renaissance. Il fut associé de près à la cour d'Este à Ferrare, et fut l'un des représentants les plus doués du style séculaire progressiste qui s'y développa à la fin du xvie siècle.
Il est né à Ferrare et y a passé la plus grande partie de sa vie. Il était le fils illégitime d' Agostino Agostini, chanteur et prêtre de Ferrare principalement actif dans les années 1540. Lodovico a peut-être étudié pendant un certain temps à Rome, que semble prouver un madrigal publié dans cette ville, et il est devenu prêtre.
En 1572, il chantait dans la chapelle de la cathédrale de Ferrare et en 1578, il était salarié du duc Alphonse II d'Este, l'un des plus célèbres mécènes de la musique de la fin du XVIe siècle. De toute évidence, Lodovico était un favori du duc et il resta à son service pour le restant de ses jours.
Dans les années 1580, il était professeur de composition auprès du duc de Mantoue, Guglielmo Gonzaga ; Agostini lui a dédié un livre de madrigaux. Gonzaga devint lui-même un compositeur de madrigaux et fut en outre un proche collaborateur de Palestrina.
Agostini était en bons termes avec de nombreux membres de l'aristocratie, ainsi que les célèbres poètes Tasso et Guarini, ainsi que d'autres musiciens de la cour, dont Luzzasco Luzzaschi, le plus célèbre des madrigalistes ferrarais.
Tout en conservant son association avec la cour d'Este, une région très laïque, il eut également une carrière ecclésiastique distinguée, devenant par la suite Monseigneur et protonotaire apostolique.
Il a écrit des œuvres vocales sacrées et profanes.
Ferrare, dans les années 1580 et 1590, était l’un des lieux les plus avancés et les plus sophistiqués sur le plan musical en Europe. Sous le haut patronage du duc Alphonse II d'Este, la cour devint un lieu d'expérimentation musicale, avec un groupe de chanteuses virtuoses (le concerto di donne) à la disposition d'un groupe de compositeurs tout aussi virtuoses, comprenant Luzzaschi, Agostini et dans les années 1590, Carlo Gesualdo et Francesco Foggia. Ils ont tous écrit de la musique pour le plaisir d'un petit groupe de connaisseurs, y compris le duc lui-même. Dans cette atmosphère raréfiée, une musique d' avant-garde se développa et Agostini fut l'un des plus audacieux du groupe. À certains égards, la scène de Ferrare faisait penser à l’activité à Avignon à la fin du 14ème siècle, qui a produit un style musical connu sous le nom d' ars subtilior ; en effet, la scène ferraraise rappelle certains mouvements des XXe et XXIe siècles.
Agostini adorait les énigmes musicales, puzzles, surprises et le double sens, et ses nombreuses collections musicales en témoignent. Enigmi musicali et L'echo, et enigmi musicali sont des canons à résoudre par des énigmes, pleines de progressions chromatiques inhabituelles, d'interpolations instrumentales et d'autres curiosités musicales. Certains de ses livres de madrigaux sont écrits dans un style de chant virtuose, à l’évidence destiné aux trois membres actuels du concerto di donne (Laura Peverara, Anna Guarini et Livia d’Arco). Son troisième livre de madrigaux, à six voix (1582), semble être la plus ancienne collection du répertoire de cet ensemble.
Agostini était aussi un compositeur de chanson solo accompagnée; étant donné que de nombreux interprètes à la cour étaient des instrumentistes en plus des chanteurs (par exemple, Livia d'Arco était un virtuose du violon), il a écrit pour le luth et la viole en accompagnement de chanteurs solos.
Bien qu'aucune musique liturgique d'Agostini n'ait survécu (il se peut qu'aucune n'ait été écrite), l'une de ses dernières compositions est Le lagrime del peccatore, un recueil de poèmes de Luigi Tansillo, qui constitue un ensemble de madrigali spirituali ; son intention, si ce n'est ses moyens musicaux, est similaire à celle de l'ensemble Lagrime di San Pietro d' Orlando di Lasso, également basé sur des poèmes de Tansillo.
Agostini est mort en 1590 et, en 1598, Alfonso est mort et Ferrare a été absorbée par les États pontificaux, mettant ainsi fin à l'expérimentation musicale.
Œuvres
Musica sopra le Rime Bizarre de Anrea Calmo a 4 voci (1567) Il primo libro di madrigali a 5 voci (1570) Dialoghi a 7-8 e 10 voce (1571) Enigmi musicali a 6 voces, libro 1 (1571) Madrigali a 4 voci, libro 2 (1572) Canzoni alla napolitana a 5 voci libro 1 (1574) L'Eco ed enigmi musicali a 6 voci, libro 2 ((1581) Madrigali a 6 voci, libro 3 (1582) Il nuovo Eco a 5 voci, libro 3, opus 10 (1583) Le Lagrime del Peccatore a 6 voci, libro 4, opus 12 (1586) Messe, vespri, motetti, madrigali e sinfonie (1588)
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