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Sujet: Marco di Bari, né en 1958 2019-07-14, 19:38
Eléments biographiques:
Marco di Bari est né à Casoli (Chieti) en Italie, en 1958. Il étudia l'art du piano auprès de Marco Fumo et Bruno Canino, et la composition avec Luca Lombardi. Il obtint un diplôme en composition et musique électronique au Conservatoire G. Verdi de Milan. Il est aussi titulaire d'une chaire d'"éléments de composition" au Conservatoire A. Boito de Parme. Un long apprentissage avec Armando Gentilucci fut fondamental pour son développement. Il a également suivi des cours de composition et de direction d'orchestre à la "Hochschule für Musik" de Vienne, en Autriche. Mario di Bari est considéré comme un des compositeurs les plus représentatifs de sa génération en Italie. Il s'est investi dans des projets multimédias, collaboré avec de fameux architectes et artistes divers. Sa musique est régulièrement jouée par de brillants interprètes et ensembles, comme la soprano Luisa Castellani, le pianiste Massimiliano Damerini, dans des lieux aussi renommés que La Scala, La Fenice, The Colon, etc...Des festivals comme ceux de Pontino, de Varsovie ou d'Edimbourg l'ont invité. Sous l'invitation de Luciano Berio, en tant que représentant de l'Italie, pour le festival d'Avignon de 1991, il composa l'opéra L'Histoire de Saint-Julien l'Hospitalier, gagnant du Prix SIAE 1991.
L'instant musical:
https://www.youtube.com/watch?v=yOKES_hfirg
Icare Admin
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Sujet: Re: Marco di Bari, né en 1958 2019-07-15, 09:51
Impressions personnelles:
Marco di Bari est en réalité un compositeur que je connais depuis longtemps, avant même de fréquenter ce forum, c'est pour dire! Il aura donc fallu attendre 2019 pour que je lui dédie un topic et quelques mots. Je n'écoute que très rarement sa musique et avais presque délaissé le seul album que j'ai en ma possession et qui contient |Un|heavenly Lullaby (1997) pour soprano et piano, Sei Studi Nuovo-classici sulla Fisiologia della Percezione (1992/93) pour piano, Frammento Primo (1997) pour soprano, piano et électronique, Préludio n°1 (1987) pour piano et Prima Sonata (1994) pour piano, avec célesta, gong, tam tam, cloche et cloche tubulaire. Par Luisa Castellani (soprano) et Massimiliano Damerini (piano), sauf sur Preludio n°1, interprété par Nicolas Hodges. La partie électronique dans Frammento Primo est assumée par Robert Dow. Je n'ai pas d'indication sur celui ou celle qui joue des percussions dans Prima Sonata, mais il se pourrait que ce soit le compositeur lui-même. Il y a là une approche très singulière de la musique, puisse-t-elle paraître aussitôt invertébrée, mystérieuse, fuyante, insaisissable... C'est une musique qui joue habilement des silences, des murmures et des tensions soudaines. Lentamente la luna, musique de la vidéo éditée ci-dessus, me semble très représentative de son style. Je la perçois comme l'aboutissement d'une pièce comme |Un|heavenly Lullaby qui est la première oeuvre de mon album, une musique qui sort de l'ombre et de l'énigmatique pour atteindre la lumière par la tonalité. L'idée me plait. Elle m'est poétique. Elle m'indique une voie, plus qu'un aboutissement plausible, une conclusion idéale. Ce cheminement du mystère vers la lumière, de l'abstrait vers le concret, de l'insaisissable vers le palpable, me semble plus affirmé dans Lentamente la luna que dans les autres oeuvres que j'ai mentionnées, néanmoins, lorsque j'écoute une création comme ses "six études" pour piano seul, je sens bien que les intentions ne sont pas nécessairement les mêmes, bien que l'oeuvre joue aussi des silences, des murmures et des tensions brutalement exposées, un véritable parcours semé d'embûches pour le mélomane habitué aux chemins très balisés de la musique tonale. De quoi le décourager définitivement, j'en conviens. Il se peut que j'ai été découragé moi-même un certain temps, mais mon attirance pour les chemins de traverse m'ont finalement fait revenir vers un univers plus poétique et moins technique qu'il m'avait paru jusque là. C'est ce qui s'appelle "percer le mystère de l'oeuvre qui nous retient", "saisir le véritable chemin de l'oeuvre qui nous déroute".
Icare Admin
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Sujet: Re: Marco di Bari, né en 1958 2020-11-11, 18:34
Cet après-midi j'ai réécouté le seul album que je possède de Marco di Bari, il faut dire qu'en rapport au thème de mon cycle actuel, "Avanguardia italiana", l'occasion était toute désignée:
__(Un)heavenly Lullaby - 1997 - pour voix et piano: Luisa Castellani & Massimiliano Damerini. 9'29" C'est une musique des sons furtifs, des soupirs, des mots qui flottent par-dessus les sonorités abruptes d'un piano soudainement déchaîné, presque menaçant, ce sont aussi les réponses froides du silence...le chant prend alors une tournure plus tonale, comme un rêve étrange troublé par un piano devenu percussion.
__Sei Studi nuovo-classici sulla fisiologia della percezione - 1992/93 - pour piano - Massimiliano Damerini. 31'15" Chacune de ces six études portent un titre en français: --Les étoiles qui se promènent --Fragmentation de l'air et de l'eau --Projet pour la mémoire agrégeant --Self-similarity sur les aigus --Analogie et différence --Physiologie touchante Je ne suis pas étonné d'avoir observé le ciel pendant l'écoute de la première étude, même si je ne me rappelais pas de son titre à ce moment là. Mais le temps était maussade transpercé d'aucune lumière. Ce n'est pas comme ces cinq notes vives répétées sur toute la longueur qui tentaient de traverser mon esprit de ses scintillements.
Frammento Primo - 1987 - pour soprano, piano et électronique - mêmes interprètes, avec Robert Dow pour la partie électronique. 4'32" j'y retrouve un piano morcelé, des silences certes brefs, la voix de la soprano sous forme de vocalises, presque lointaine, puis une montée en intensité entre la voix et le piano: ils ont l'air d'un couple qui broie du noir ensemble.
Preludio n°1 - 1987 - pour piano - Nicolas Hodges. 4'33 Le Prélude semble poursuivre la même humeur vagabonde que Frammento Primo mais sans la voix de soprano.
Prima Sonata - 1994 - pour piano, avec celesta, cloches tubulaires, tam tam et gong. 16'30 Là aussi, le piano semble poursuivre la voie de l'oeuvre précédente, sauf que, cette fois, il fait de jolies rencontres avec différents types de percussions venues enrichir de leurs sonorités attractives un parcours un peu trop austère et insaisissable. Ce n'est pas globalement une musique dont je ressors très ému. Il me manque un plus qui pourrait me la rendre plus captivante, néanmoins je ne peux pas dire non plus que je n'aime pas, qu'il n'y a pas une poétique commune à chacun de ces cinq opus de Marco di Bari qui me tienne relativement en éveil. En tout cas, j'étais aujourd'hui dans les dispositions propices pour la recevoir. Après réécoute, je pense que c'est (Un)heavenly Lullaby que je préfère dans l'album.
https://www.youtube.com/watch?v=Nin9weIn8yg
Dernière édition par Icare le 2020-11-11, 22:29, édité 1 fois
Snoopy Admin
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Sujet: Re: Marco di Bari, né en 1958 2020-11-11, 18:59
Icare a écrit:
Ce n'est pas globalement une musique dont je ressors très ému.
Sans surprise, moi non plus. Ce n'est pas sans queue ni tête mais on en est pas loin quand même
Icare Admin
Nombre de messages : 17521 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Marco di Bari, né en 1958 2020-11-11, 19:04
J'ai cru que c'était le Professeur Raoult qui jouait du violon. Plus sérieusement, la pièce postée en début de topic ne fait pas partie de mon album. Cependant, dans l'esprit et même dans sa construction, elle m'évoque (Un)heavenly Lullaby. J'y trouve quelque chose d'un peu similaire et n'ai aucun mal à y trouver un sens et un aboutissement. En même temps, je commence à bien cerner le style de ce compositeur, car ce sont des oeuvres que j'ai déjà écoutées plusieurs fois depuis 1998, période où je m'étais procuré l'album. Ca aide toujours, surtout lorsque l'intérêt ne s'émousse pas au fil des écoutes. C'est toujours bon signe, signe que sa musique conserve une petite place dans mon vaste jardin personnel, aussi petite soit-elle et peu importe si c'est un compositeur sur lequel je reviendrai très rarement. Si l'intérêt ne s'émousse pas c'est donc qu'il y a bien quelque chose qui me retient dans sa musique, une poétique qui, sans m'être jubilatoire ne m'est pas hermétique non plus. J'aime bien aussi le petit entretien (en français) que j'ai posté. Y transparaît une philosophie entre la nature et la musique qui m'interpelle.