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 Le jazz fait son cinéma!

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Icare
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MessageSujet: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-05, 21:13


Il y a longtemps que j'hésite à ouvrir un fil qui serait entièrement dédié au jazz lorsque celui-ci s'invite au cinéma. Je sais que j'ai déjà abordé le jazz au cinéma sur ce forum mais il me semble opportun de lui dédier un topic en particulier, ce qui occasionne, pour le coup, un cycle sur le même sujet. Ma décision est venue pendant l'écoute de la B.O. de Holy Lola, un film de Bertrand Tavernier mis en musique par Henri Texier. C'est une B.O. qui atteint les soixante-dix minutes. La première fois j'avais été un peu paresseux car je n'avais écouté que la première moitié. Une écoute intégrale ne m'a pas largué ni lassé. Elle m'a permis en plus de retrouver une chanson que j'aime beaucoup de Marc Marder et Anne Sénémaud; River Song, composée à l'origine pour le film Un soir après la guerre de Rithy Panh et interprétée par Dykann Coline. Cette chanson a toujours su me tirer une larme de l'oeil et j'étais heureux de la retrouver dans un nouveau contexte sonore. Globalement, la partition d'Henri Texier est un jazz étoffé de cordes plutôt lancinant et coloré de blues, un jazz à la fois intimiste et chaleureux qui porte les émotions et sentiments humains avec délicatesse, justesse, sans pathos. Classique dans le jazz, chaque instrument a son moment de parole, son petit espace où il peut s'exprimer individuellement.

<<Dès notre première rencontre, Bertrand me demanda, au-delà de composer les musiques pour ses images, de penser au disque de la bande originale du film. J'imaginais alors les musiques pour "accompagner les images" et celles destinées plus particulièrement à l'album. Lors de notre première séance de travail, tout de suite nous avons défini la composition de "l'orchestre de Holy Lola" et je savais que les solistes auxquels nous avions pensé seraient très sensibles aux "moods" du film. Avec beaucoup de discernement, inspiré par les situations très émouvantes du récit, la mise en scène, le jeu des actrices et des acteurs, l'atmosphère particulière du Cambodge, chaque musicien éclaira de ses improvisations les thèmes composés et arrangés pour les scènes de Holy Lola. Un grand merci à Bertrand et à toutes les personnes avec lesquelles, de très près ou de plus loin, j'ai réalisé ce "travail" finalement très "jazz", c'est-à-dire éminemment collectif et avec lesquelles j'ai eu des échanges lumineux et d'une grande justesse.>> Henri Texier

Dominique Pifarely: violon
Vincent Courtois: violoncelle
Bruno Chevillon: contrebasse
Manu Codjia: guitare
Louis Sclavis: clarinette, clarinette basse, saxophone soprano
Sébastien Texier: clarinette, clarinette alto, saxophone alto
François Corneloup: saxophone baryton
Guéorui Kornazov: trombone
François Merville: marimba
Christophe Marguet: batterie
Francis Pichon: percussions, métallophone
Henri Texier: contrebasse
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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-05, 23:45


Staccato d'Elmer Bernstein:

https://www.youtube.com/watch?v=JIgm62B4nHs
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MessageSujet: Desplat   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-06, 08:39

Je suis un peu dans la prolongation de mon cycle précédent dans la mesure où je n'ai pas encore quitté la B.O. française. Ce nouveau cycle autour du jazz au cinéma s'est poursuivi avec Alexandre Desplat invitant des solistes comme l'harmoniciste Mauricio Einhorn et le pianiste Frédéric Gaillardet pour interpréter des duos instrumentaux à l'occasion de Amazone de Philippe de Broca.

Vers une Amérique du Sud imaginaire

<<Composer la musique d'un film de Philippe de Broca, metteur en scène de CARTOUCHE, L'HOMME DE RIO, LE MAGNIFIQUE, LE BOSSU, et qui a collaboré si longtemps avec Georges Delerue? Lourde tâche! Je m'y attelle aussitôt avec l'idée d'écrire une partition à la hauteur de l'événement, dans une forme classique aux accents de salsa et bossa-nova, fabriquant une musique sud-américaine imaginaire. D'où une interaction permanente entre rythmes et instruments, brésiliens ou afro-cubains, avec en soliste...un harmonica. Adolescent, la bossa-nova était le jardin d'Eden où le flûtiste classique que j'étais pouvait s'étourdir au souffle des mélodies brésiliennes d'Antonio Carlos Jobim, Chico Buarque ou Edu Lobo. Je découvrais alors un géant de l'harmonica, aussi inspiré que Toots Thielemans: Mauricio Einhorn. Un soliste au son et au swing caractéristiques, partenaire d'Elis Regina, Jobim ou Cannonball Adderley. Et compositeur de standards comme "Tristeza de nos Dois". D'abord le localiser. Grâce à une belle Carioca, nous le retrouvons au Brésil. Le projet plaît à notre homme de Rio. Paris. Les meilleurs musiciens réunis pour l'occasion. De grandes émotions musicales et même un cadeau: quelques improvisations en duo et trio dans le silence nocturne du studio. Reste de ce beau voyage un album métissé, à la croisée de la musique d'un film et d'une session de jazz latin, comme un trait d'union entre la tendre comédie de Philippe de Broca et le Brésil de Mauricio Einhorn.>> Alexandre Desplat.

Pour en savoir un peu plus sur Mauricio Einhorn (source Wikipedia):

<<Il a fait preuve de talent, de technique et de créativité dans l'utilisation de l'harmonica dans diverses phases de l'histoire de la musique au Brésil, à savoir MPB, l'âge d'or de la radio, de la bossa nova , des grands festivals, à ce jour. Avec plus de 62 ans de sa carrière, il enseigne encore aujourd'hui. Il passe généralement plus de pratique que de théorie dans ses cours. Le musicien est un ami du belge Toots Thielemans , considéré comme le meilleur harmonica au monde [ 1 ] . Leur opinion est que pour apprendre à jouer de l' instrument , même si ce n'est pas au niveau professionnel, il est nécessaire de consacrer au moins une heure par jour, "samedi, dimanche et jours fériés compris". Au cours de sa carrière, le musicien a enregistré avec de grandes stars du MPB, telles que Elizeth Cardoso , Maria Bethnia , Hermeto Pascoal , Chico Buarque , entre autres. Son répertoire comprend plus de 400 chansons, dont 40 ont été enregistrées. Et toujours il est toujours actif. De sa liste d'étudiants sont: Gabriel Grossi, Brasiliense, et aujourd'hui un membre du groupe dont le chef est Hamilton of Holland ; Hélio Rocha, professeur de cornemuse à l'École de musique de Brasilia; Leonardo Medeiros , harmoniciste depuis 1999, entre autres. Le musicien a été présent à Brasilia à plusieurs reprises, y compris au début des années 1980 , à Granja do Torto , la résidence officielle des présidents brésiliens, où il a joué en duo avec le président Figueiredo , qui était un joueur amateur . Il a présenté au président de l'époque une cornemuse qu'il avait reçue des célèbres commères Toots Thielemans . La dernière présentation dans la capitale a eu lieu à Clube do Choro, à la suggestion de Gabriel Grossi, dans le cadre d'un projet en l'honneur de Waldir Azevedo . En outre, l'École de musique de Brasilia a également bénéficié des connaissances du maître.>>


Dernière édition par Icare le 2019-06-06, 16:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Texier   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-06, 16:14

Henri Texier: Holy Lola:

https://www.youtube.com/watch?v=53kl6wiP9qU


Dernière édition par Icare le 2019-06-06, 16:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Morricone   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-06, 16:43

Le jazz frappa plusieurs fois à la porte du cinéma italien, souvent par des maîtres réputés dans ce domaine, mais aussi par des compositeurs de renom qui s'y sont essayés avec plus ou moins de réussite à l'occasion d'un film. Ce fut le cas d'Ennio Morricone lorsqu'il aborda le film d'Alfredo Giannetti, Le Bandit aux yeux bleus/Il Bandito dagli occhi azzurri avec Franco Nero dans le rôle-titre. Je me souviendrai toujours de la scène du générique-début avec un Franco Nero déguisé en homme un peu terne et fatigué par la vie, sortant de son lieu de travail, sur un thème musical très jazzy et énergique. Le contraste est saisissant. Ce n'est pas la première fois que Morricone convoqua le jazz au cinéma, mais rarement il le fit sur une B.O. en entier, au point que le jazz en soit la couleur dominante. Parmi les références, Fabio Babini m'évoque Thelonious Monk, Don Ellis, mais aussi Anatomy of Murder de Duke Ellington, Art Pepper, Dexter Gordon et bien sûr Lalo Schifrin qui a brillé dans ce registre sur grand et petit écrans durant les années 60/70. Pour l'interprétation de cette bande originale, Ennio Morricone invita deux belles pointures du jazz, l'excellent pianiste Enrico Pieranunzi qui, plus tard, lui rendra hommage à deux reprises aux côtés du bassiste Marc Johnson et du batteur Joey Baron, et le formidable contrebassiste Riccardo Del Fra que j'apprécierai bien après comme compositeur dans le jazz mais également dans le cinéma du cinéaste belge Lucas Belvaux.

https://www.youtube.com/watch?v=5N4ACdnGRvc


Pour en savoir davantage sur Enrico Pieranunzi (source Wikipédia):

<<Il étudie très jeune le piano classique, est diplômé et devient professeur au conservatoire Sainte-Cécile de Rome en 1973. Sa passion du jazz lui a été transmise par son père, Alvaro, guitariste de jazz et fan de Django Reinhardt. Cette double formation classique et jazz est prégnante dans son style de jeu, où se reconnait l'influence de la musique de Debussy. Enrico Pieranunzi commence sa carrière de musicien de jazz vers le milieu des années 1970. Il a depuis enregistré plus de 60 albums en solo ou avec des groupes de jazz, et notamment avec des artistes comme Frank Rosolino, Sal Nistico, Kenny Clarke, Johnny Griffin, Chet Baker, Art Farmer, Lee Konitz, Jim Hall, Paul Motian, Charlie Haden, Phil Woods, Charlie Haden, Mads Vinding et Billy Higgins, et a participé à de nombreux festivals de jazz italiens (Umbria Jazz, Ravenne, Milan Ciak) et internationaux (Montréal, Copenhague, Berlin, Madrid). En 1989, il reçoit le prix du "meilleur musicien de jazz italien" lors du concours annuel organisé par le magazine italien "Musica Jazz". Il est récompensé en France en 1993 par l'Académie du jazz au titre de "meilleur musicien de jazz européen". En 2004, il fait une tournée au Japon avec le bassiste Marc Johnson et le batteur Joey Baron. En tant que compositeur de jazz, il a écrit plus de 200 pièces dont certaines sont devenues des standards de jazz, et sont entrées dans le célèbre "New Real Book".>>

Quant à Riccardo Del Fra, il a son topic ici
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MessageSujet: Komeda   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-06, 19:05


Le départ de Krzysztof Komeda:

<<Le Départ est un film belge réalisé par le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, sorti en 1967. C'est le premier film du réalisateur tourné hors de Pologne et à l'Ouest du rideau de fer. Écrit en un peu plus d'un mois, tourné en quelques semaines avec une équipe réduite, il raconte l'histoire très simple d'un jeune homme qui cherche par tous les moyens possibles une voiture pour participer à un rallye automobile et rencontre durant sa quête une jeune fille. Le film est d'abord montré dans quelques festivals dont celui de Berlin, où il reçoit l'Ours d'or. Malgré ce prix, il est accueilli en France d'une manière très défavorable lors de sa sortie en salles, car plusieurs critiques le trouvent moins bon que les trois premiers de son auteur. Le Départ sera réévalué très positivement par la critique par la suite, notamment à la fin des années 1990 et au début des années 2010 où la presse loue de manière presque unanime sa liberté et son inventivité. Le Départ est une œuvre poétique qui appartient au mouvement de la Nouvelle Vague. Son rythme est remarquablement rapide. La musique, du free jazz composé par le Polonais Krzysztof Komeda, y tient une place prépondérante, s'accordant avec le jeu "physique" très libre de l'acteur Jean-Pierre Léaud. Skolimowski y aborde des thèmes importants de son œuvre que sont la société de consommation et l'aliénation qu'elle entraîne ainsi que la jeunesse et, dans un final qui tranche stylistiquement sur le reste du film, l'arrivée à l'âge adulte.>> Wikipédia.


C'est un jazz âpre, brusque, très adapté aux différentes situations du film et au personnage joué par Jean-Pierre Léaud. Des dialogues et scènes du film sont d'ailleurs inclus dans la B.O. sur le disque. On a l'impression, par moments, d'improvisations, d'une musique imaginée et créée sur l'instant, selon ce que les protagonistes d'une scène en particulier inspirent aux musiciens. Ceux-ci sont: Gato Barbieri au saxophone ténor, rendu notamment célèbre pour sa collaboration avec Bernardo Bertolucci sur Un dernier tango à Paris, Jacques Thollot à la batterie, Jean-François Jenny-Clark à la contrebasse, Eddy Louis, Krzysztof Komeda et René Urtreger au piano, Don Cherry à la trompette de poche et le fameux Philip Catherine à la guitare. Les arrangements musicaux sont effectués par François Rauber qui est loin d'être un inconnu puisqu'il fut un fidèle collaborateur de Jacques Brel, a composé des musiques de films et des concertos. Histoire de couper avec l'âpreté d'un jazz irrationnel, il y a la profonde mélancolie de la chanson-titre interprétée par Christiane Legrand qui, me semble-t-il, grâce à une mélodie accrocheuse, connut un certain succès à l'époque.

La trompette de poche:

<<La trompette de poche, également appelée "pocket trumpet", est une trompette de petite taille. À part la forme, l'instrument est très semblable à une trompette classique: la longueur de tuyau, l'ambitus, les doigtés, etc. sont strictement les mêmes. Le son diffère légèrement, à cause d'un pavillon plus petit (rayonnement acoustique différent) et, dans une moindre mesure, du fait d'un tuyau différemment courbé. La position de jeu (pistons beaucoup plus proches de la bouche) peut demander une petite adaptation au musicien habitué à une trompette de forme habituelle. L'usage de cette trompette est principalement réservé aux débutants, car les proportions de celle-ci sont plus adaptées au gabarit de l'enfant qui pourra la tenir sans se fatiguer et éviter ainsi de trop jouer le pavillon vers le bas. WIKIPEDIA.
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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-06, 19:08


Gato Barbieri: Un dernier tango à Paris:

https://www.youtube.com/watch?v=cq5oYOquQPM
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MessageSujet: Bernstein   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-07, 16:55

The man with the golden arm/L'homme au bras d'or - Elmer Bernstein:

<<À Chicago, Frankie Machine revient dans son quartier après un séjour dans un centre de désintoxication. Là-bas il y a appris la batterie où un ami lui annonça qu'il avait un don pour les percussions. Enthousiasmé, il va tenter de contacter un impresario pour devenir batteur, ce que sa femme Zosh, dans un fauteuil roulant depuis un accident de voiture, ne souhaite pas afin que Frankie reste auprès d'elle ; malheureusement, d'anciennes mauvaises fréquentations reviennent vers lui et le font rapidement replonger dans la drogue. Frankie est alors tiraillé entre les dealers envers qui il a des dettes et doit pour rembourser être donneur au poker pendant de longues veillées, sa femme qui sent que Frankie ne se soucie plus d'elle et qu'il va la quitter, et son amie Molly qui tente de le sortir de la drogue…>> Wikipédia.

--C'est le batteur de jazz Shelly Manne qui double Sinatra dans les scènes où ce dernier joue de la batterie.

C'est Elmer Bernstein qui composa la B.O. du chef-d'oeuvre d'Otto Preminger. Ce jazz cuivreux et fougueux qui investit le thème principal avait marqué les esprits, un morceau de jazz endiablé et mémorable, on peut le dire, une bande originale qui est devenue un classique du genre, illustrant avec brio et éclat le premier film hollywoodien qui parla sans détour de la drogue et des effets qu'elle engendre. Les séquences de sevrage de Frankie (Sinatra) sont un morceau d'anthologie! Il faut dire que dans le genre, Elmer Bernstein s'est surpassé, trouvant là matière à son inspiration. Rien que le thème principal déménage dans les règles de l'art, et la suite n'est pas mal non plus, par ses autres moments "jazzy", d'autres de forme plus classique et même intimiste avec flûte ou violon solo, voire des cordes soyeuses et romantiques, ce qui amène une fragilité bienvenue en contraste au caractère viril et endiablé du thème principal. L'orchestre est sous la direction du compositeur, les orchestrations sont signées Fred Steiner et les arrangements jazzy sont de Shorty Rogers.

<<Shorty Rogers, né Milton Rajonsky, est un trompettiste, bugliste, arrangeur, compositeur et chef d'orchestre américain né le 14 avril 1924 à Great Barrington et décédé le 7 novembre 1994 à Van Nuys. Il s'est illustré dans le jazz - il est un des musiciens emblématiques du jazz West Coast -, dans la musique de film et la musique de variétés. L'IMDB le cite aussi comme acteur pour le cinéma et la télévision. En fait, il a essentiellement fait des caméos où il interprète de brefs rôles de musiciens.>> Wikipédia.
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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-07, 17:42


The man with the golden arm/L'homme au bras d'or - Elmer Bernstein:

https://www.youtube.com/watch?v=_cWp4BM0SXU
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MessageSujet: AÏGUI   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-07, 18:09

I am not your negro: Alexeï Aïgui:

<<I Am Not Your Negro (Je ne suis pas votre nègre) est un film documentaire franco-américain écrit, coproduit et réalisé par le réalisateur haïtien Raoul Peck, sorti en 2016. Il retrace la lutte des Noirs américains pour les droits civiques à partir d'un texte inédit de James Baldwin (Remember This House), qui se déroule notamment pendant la période des meurtres de Medgar Evers, Malcolm X, et Martin Luther King. Ce long-métrage a remporté de nombreuses récompenses, étant en particulier nommé aux Oscars 2017 au titre de meilleur documentaire. En France, le film sort dans les salles le 10 mai 2017 après avoir été diffusé sur Arte et YouTube en avant-première, sous le titre "Je ne suis pas votre nègre". Lors de la quarante-troisième cérémonie des César en 2018, I Am Not Your Negro remporte le César du meilleur film documentaire.>> Wikipédia.

Ce documentaire fut d'ailleurs très bien accueilli par la critique. C'est le jazz qui s'invite délicatement dans la partition d'Alexeï Aïgui. Lorsque je prends connaissance du sujet, que j'en ressens toute l'intensité dramatique, devenant mère de mon imagination, je m'attends évidemment à une approche musicale d'un caractère poignant, dans lequel je ressentirais colère et douleur, peut-être même une musique imprégnée de gospel...C'était sans doute chercher le cliché alors que l'approche musicale pouvait être très différente de l'idée que je m'en suis faite en lisant le synopsis. Il y a toujours une part d'arbitraire à vouloir qu'une musique de film soit comme ça ou comme ci car c'est généralement le film lui-même et l'avis du réalisateur qui décident de l'orientation du compositeur, même si celui-ci peut toujours faire des propositions. Toujours est-il que le choix musical sur ce film fut un jazz un peu détaché, un peu dépouillé, vaguement cafardeux, le tout dans une ambiance feutrée, sans fulgurance ni éclat. Il y a quelque-chose de doucereux dans la musique d'Alexeï Aïgui, dans ce jazz intimiste et quasi-nocturne, souvent porté par la trompette d'Andrey Gontcharov. Ce jazz détaché, peu enclin à émouvoir par les larmes, dépouillé de tout pathos, m'inspire la solitude et le silence des maux.
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MessageSujet: Piccioni   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-07, 22:43

Piero Piccioni: Una vita violenta:

Féru de jazz dès l'enfance et autodidacte dans l'étude et la pratique du piano, Piero Piccioni fut membre du Big Band "013", premier groupe de jazz jamais entendu en Italie, dès 1938. Ses premières pièces et chansons furent remarquées puis publiées par les éditions "Carish". Profondément influencé par les compositeurs du vingtième siècle et par le cinéma américain, particulièrement marqué par le jazz symphonique qu'Alex North composa pour Un tramway nommé Désir, un classique du cinéma américain avec Marlon Brando, vivien Leigh et Karl Malden, il était acquis que le jazz occuperait une place importante dans sa vie de musicien, ayant consacré la plus grande partie de son énergie pour le Septième Art. J'apprécie au plus haut point le traitement qu'il en fit sur le film de Pier Paolo Pasolini, Una Vita Violenta que je viens de réécouter ce soir. Le thème principal révèle un jazz ronflant et cuivreux, très grave et dynamique, s'articulant autour d'un motif mélodique répété de façon obsessionnelle. Il s'agit un peu d'un "jazz à l'Américaine", de celui qu'il a pu admirer chez des maîtres comme justement Alex North, Pete Rugolo ou encore Elmer Bernstein qui avait marqué les esprits avec le thème éclatant de L'homme au bras d'or. Outre ce générique d'une belle gravité, on y trouve aussi un jazz plus mélancolique et même romantique, une valse de forme classique mais si délicatement orchestrée que l'on n'y résiste pas, une sérénade, un cha cha cha, un twist dominé par un clavecin aux accents baroques, une valse de rue entre piano et clavecin, une calypso (danse de carnaval à deux temps issue des Antilles), là aussi très bien instrumentée, une chanson sans parole pour orchestre, tendre et raffinée, avec un orgue délicieux se contentant d'accords flous, avant de retrouver le caractère fougueux et expressif du générique, c'est-à-dire un jazz poignant et magnifique comme conclusion, en parfaite concordance avec son titre "Una Vita Violenta".

https://www.youtube.com/watch?v=SnU8mWrcjqs


Dernière édition par Icare le 2020-11-28, 08:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Gronsky   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-09, 18:31


Volodymyr Gronsky: Un ami du défunt:

Il y a des jazz qui s'immiscent d'une manière très subjective dans la création musicale pour le cinéma. C'est le son caractéristique du saxophone d'Igor Tchernov qui indéniablement évoque le jazz, ses errements mélodiques autour d'un thème principal d'une douce mélancolie, prenant la relève de la flûte de pan de Yuriy Yatsenko. C'est aussi la trompette ou le bugle de Volodymyr Kopot qui en accentue la présence fantomatique...J'écris "fantomatique" car il s'agit presque toujours d'une allusion au jazz ou d'un jazz "poppisé" voire "folklorisé". Un ami du défunt, film de V. Krichtofovitch, n'est pourtant pas une bande originale aussi marquante et percutante que peut l'être L'homme au bras d'or d'Elmer Bernstein ou une Une vie violente de Piero Piccioni. Ce n'est pas du tout la même approche non plus. Avec Gronsky, et surtout en fonction de ce que le film de Krichtofovitch réclamait, l'approche est plus sentimentale, simple et rêveuse. Il y a des oeuvres que vous ne trouvez pas extraordinaires d'un point-de-vue musical et qui pourtant vous attachent à elles par un lien indicible, quelque chose qui vous émeut pendant une durée indéterminée...ou déterminée...ça, seul l'avenir le dira....et il me le dit déjà car je reste toujours attaché à cette musique...Je ne veux absolument pas parler de plaisir coupable. Voilà bien un terme idiot qui prête à sourire. Je ne culpabiliserai jamais d'aimer ce que j'aime! Il y a d'un côté les chefs d'oeuvre qui vous emmènent presque embrasser Dieu et d'un autre, des partitions que vous trouvez moins riches, moins formidables, moins impressionnantes, moins "divines", plus fragiles, plus "anodines", peut-être même plus "bricolées", et qui pourtant vous attendrit par sa petite mélodie, sa petite flûte de pan, sa simplicité apparente. C'est un peu mon rapport intime avec la partition de Volodymyr Gronsky pour Un Ami du Défunt: un jazz fantomatique qui s'articule tendrement autour d'une belle mélodie et d'un thème sentimental.
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MessageSujet: Schifrin   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-09, 22:55


Lalo Schifrin et les "Dirty Harry":

Nous avons tous vu au moins un Inspecteur harry sous les traits d'un Clint Eastwood impassible dans le rôle d'un flic aux méthodes expéditives. En réalité, j'en ai vu plusieurs et ce qui m'avait frappé en premier, mélomane je le suis et le reste même au fond de la salle obscure, c'est la musique de Lalo Schifrin avec ses rythmes de jazz presque dénaturés, ses jeux de batterie et de percussions qui annoncent les poursuites et les fusillades. Je viens de me remettre pour l'occasion une anthologie que je croyais connaître par coeur pour l'avoir tellement écoutée dans le passé et qui regroupe les meilleurs extraits de Dirty Harry, Sudden Impact et Magnum Force. En réalité, j'ai eu l'impression de la redécouvrir. Cette réécoute fut donc la bienvenue. Il s'agit d'une musique très rythmée et souvent violente, avec de nombreuses dissonances, des cordes crispées qui descendent dans les abîmes d'une ville glauque, des effets sonores qui évoquent une jungle urbaine, des timbres lumineux qui escaladent les hauts buildings, accompagnés d'une basse obsessionnelle. Ce jazz inquiète, angoisse, tourmente, dissone. Dès le générique-début, la musique annonce la couleur, annonce un thriller urbain. On est aussitôt saisi par le climat, l'ambiance anxiogène qu'elle véhicule, quasiment la même sensation qu'avec la remarquable partition d'Ennio Morricone pour Peur sur la ville de Henri Verneuil qui touche un autre sommet du genre. Ce jazz aux accents de thriller urbain de Lalo Schifrin développe, par moments, des ambiances électriques et malsaines, sombres et atonales, avec parfois des sonorités qui évoquent le waterphone et des voix de femmes employées dans un registre brusque et acide. Il y a aussi une sorte de grande "valse foraine" qui s'endiable. Elle provient tout droit de Sudden Impact: elle est la danse mortuaire du méchant de service qui s'empale sur la corne d'un cheval de bois ou plutôt d'une licorne. Lalo Schifrin expédie ses rythmes bancals, ses sons urbains, ses thèmes glacés, sa basse arrogante, à travers les rues d'une société malade et impitoyable, dans l'ombre un brin raide d'un justicier imperturbable qui ne lésine pas avec la fripouille et l'expédie volontiers dans l'autre monde.

https://www.youtube.com/watch?v=nkqF0EED6AA
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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-10, 21:18


Oliver Nelson: Zig Zag:

https://www.youtube.com/watch?v=2c3yj5q-6kY&list=RD2c3yj5q-6kY&index=1
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MessageSujet: Hancock   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-10, 22:57

Herbie Hancock: Death Wish/Un Justicier dans la Ville (1974):

Rappel biographique écourté (Wikipédia)

<<Herbert « Herbie » Jeffrey Hancock, né le 12 avril 1940 à Chicago (États-Unis), est un pianiste, claviériste et compositeur de jazz. Il est l'un des musiciens de jazz les plus importants et influents. Il a mêlé au jazz des éléments de soul, de rock, de funk, de disco ainsi que, parfois, quelques rythmes issus du rap. Herbie Hancock a joué avec de nombreux grands jazzmen dans les années 1960 et a rejoint le Miles Davis quintet, avec lequel il a redéfini le rôle de la section rythmique. Il a également été un des premiers à utiliser les synthétiseurs et le scratch. Malgré ses expérimentations, la musique d'Herbie Hancock est restée mélodique et accessible, rencontrant parfois des succès commerciaux, avec en particulier les morceaux Cantaloupe Island, Watermelon Man, Chameleon et Rockit.>>

Un Justicier dans la Ville/Death Wish de Herbie Hancock pour le film homonyme de Michael Winner est une musique de film que j'avais découverte dans son contexte. Il y a du "Dirty Harry" dans ce film, par la méthode expéditive du justicier, parfait sous les traits d'un Charles Bronson impassible et déterminé. C'est un jazz pas toujours anxiogène dans lequel s'invite l'électronique. Il y a même un morceau que je trouve très festif. Le premier titre qui porte le titre du film et dépasse les six minutes est plutôt envoûtant et apaisant par sa manière d'égrainer ses couleurs sur un rythme lancinant. A ce moment-là, on ne devine pas le drame qui va bouleverser la vie d'un homme ordinaire et le transformer en un tueur impitoyable. Non, le jazz typiquement hancockien, jazz hypnotique dans lequel les sonorités synthétiques s'épanouissent jusqu'à l'ivresse, suggère davantage les rues d'une ville paisible et d'une vie insouciante. Le second morceau où le piano apparaît, probablement sous les doigts du compositeur, ne trahit pas cette première ambiance positive et porteuse d'une jouissance intérieure...C'est une merveilleuse entrée en la matière avant que l'architecture du bonheur ne s'effondre et laisse place aux codes rénovés d'un thriller implacable aux emballements musicaux obsessionnels et efficaces.

LE SCRATCH

<<Le scratch (ou scratching) est un procédé consistant à modifier manuellement la vitesse de lecture d'un disque vinyle sous une tête de lecture de platine vinyle, alternativement en avant et en arrière, de façon à produire un effet spécial ; le son devient plus aigu lorsqu'il est accéléré et plus grave lorsqu'il est ralenti. En plus de cette manipulation du vinyle, une modification du volume (augmentation, réduction ou coupure) permet de donner un rythme à cette modulation. Est alors considéré que la main située sur le vinyle contrôle la hauteur du son (aigu ou grave), alors que la main située sur le crossfader de la table de mixage contrôle le rythme du son. Il existe énormément de techniques différentes de scratch et c'est une discipline encore en pleine évolution. Plusieurs techniques différentes associées sont appelées « Combos ». Ces combos amènent les DJ à faire constamment évoluer cette pratique...Le premier morceau populaire de scratch est intitulé The Adventures of the Wheels of Steel de Grandmaster Flash (1981). Le titre qui a fait découvrir le scratch de Grand Wizzard Theodore au grand public est Rock It de Herbie Hancock (1983) avec Grandmixer DST aux platines. Un passage qui sert très souvent pour le scratch est la phrase « This stuff is really fresh » à la fin du morceau Change the Beat de en:Fab Five Freddy et la chanteuse « Beside >> Wikipédia.
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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-11, 09:14

J'ai une question au sujet d'un film qui est repassé il y a quelques jours à la TV.

Connais-tu Double Jeu (Double Jeopardy en anglais), de Bruce Beresford sorti en 1999 ? (le résumé est sur Wikipedia).

Vers la fin du film, il y a un enterrement à la Nouvelle Orleans, accompagné par un orchestre de jazz, une musique que je trouve magnifique. La musique du film est signée Normand Corbeil, mais je pense que la musique de jazz de l'enterrement doit être soit folklorique soit de quelqu'un d'autre. Il s'agit bien sûr de jazz "Nouvelle Orleans", le style de jazz que je préfère.

Ma question : connais-tu ce film et si oui, as-tu déterminé la provenance de cette musique de jazz ?

Malheureusement, dans les extraits qu'on trouve sur Youtube, cet épisode n'est pas repris...

Icare a écrit:
Le scratch (ou scratching) est un procédé consistant à modifier manuellement la vitesse de lecture d'un disque vinyle sous une tête de lecture de platine vinyle, alternativement en avant et en arrière, de façon à produire un effet spécial ; le son devient plus aigu lorsqu'il est accéléré et plus grave lorsqu'il est ralenti.

Je m'amusais à le faire quand j'étais gamin. Mais c'est très mauvais aussi bien pour l'aiguille et le disque que pour l'électrophone Laughing
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MessageSujet: Grusin   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-11, 21:13

Non Joachim, je n'ai jamais vu ce film de Bruce Beresford que je ne connais que par son truculent Miss Daisy et son chauffeur de 1989. Pour la musique funéraire, il y a de grande chance qu'il s'agisse d'un morceau traditionnel de cette partie du monde, mais il peut s'agir aussi d'une imitation réalisée par le compositeur de la bande originale. Par exemple, lorsque vous entendez une marche militaire dans un film, vous pouvez penser qu'il s'agit d'une pièce préexistante alors qu'il s'agit en réalité d'une composition originale écrite spécialement pour le film. En principe, c'est indiqué sur les génériques-fin, les titres et leurs auteurs à partir du moment où ils sont utilisés dans les films.

Dave Grusin: Random Hearts:

Avec Dave Grusin, tout comme avec Lalo Schifrin ou Quincy Jones, j'ai l'embarras du choix. J'ai réécouté à l'occasion de mon nouveau cycle Random Hearts de Dave Grusin, film de Sydney Pollack que je n'ai pas vu avec Harrison Ford et Kristin Scott Thomas plus connu pour nous Français sous le titre "L'Ombre d'un Doute". A l'époque de sa sortie en salle, j'avais écouté deux/trois extraits de la B.O. qui me laissèrent circonspect, mais c'était vraiment une écoute détachée et superficielle sur une borne de FNAC, peut-être pas ce que je recherchais à ce moment-là. Je me suis dis que je verrai plus tard et des années se sont écoulées depuis. De plus, entre temps, j'ai découvert la talentueuse trompette de Terence Blanchard à laquelle je suis très sensible ainsi qu'un compositeur de cinéma inspiré qui a créé plusieurs B.O. de très bonne qualité. Il se trouve qu'il a collaboré en tant que trompettiste sur Random Hearts aux côtés de John Patitucci à la basse, Harvey Mason à la batterie et Dave Grusin au piano, ce qui forme un bien séduisant quatuor. C'est d'ailleurs par ce quatuor que s'installe dès le départ un jazz lancinant. J'aime bien le second extrait où le jazz se confronte aux cordes de l'orchestre, ce qui lui confère une ambiance singulière. On croirait qu'à ce moment-là la musique hésite entre forme classique et swing, c'est cette hésitation qui me séduit à chaque fois. Ma première approche m'avait fait craindre un jazz un peu fade et mou, puis la présence du talentueux trompettiste m'a donné l'envie de dépasser cette première impression, et c'est autre chose qui m'est parvenu. Le jazz domine cette B.O.. Celui-ci invite en son sein, par l'orchestre, surtout les cordes, des moments de tension et de suspens, puis d'autres plus sentimentaux, qui révèlent son identité de musique de film; comme une partie plus fonctionnelle et dramatique qui s'immisce dans le swing et bouscule ou sentimentalise un jazz assez tranquille. La trompette de Terence Blanchard joue un jeu très sobre, presque lunaire, sans aucune brutalité, plutôt bouchée, plutôt soft.  

https://www.youtube.com/watch?v=8Sdbf9d-4RU
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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-13, 10:10

Icare a écrit:
Pour la musique funéraire, il y a de grande chance qu'il s'agisse d'un morceau traditionnel de cette partie du monde, mais il peut s'agir aussi d'une imitation réalisée par le compositeur de la bande originale.

Merci de m'avoir fait penser au générique de fin du film Mains  J'ai fini par trouver qu'il s'agit d'un air de blues traditionnel de la Nouvelle Orleans, intitulé St James Infirmary. Very Happy



https://www.youtube.com/watch?v=QzcpUdBw7gs
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MessageSujet: Rugolo   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-13, 10:34


Pete Rugolo: This World, then the Fireworks:

Ce matin, j'avais cette envie de réécouter cette partition de jazz que Pete Rugolo composa pour le film de Michael Oblowitz; This World, then the Fireworks. Il aurait été dommage que je n'en parle pas sur ce fil! Certes, je l'avais déjà évoquée sur le topic "Ce jazz qui fait jaser" mais, à cette époque, je ne pensais pas ouvrir un topic uniquement consacré au "jazz de cinéma". A savoir en passant que je privilégie ici que les partitions de jazz originales, c'est-à-dire pas une compilation de morceaux préexistants choisis par le réalisateur pour illustrer telle ou telle scène de son métrage, mais des musiques qui ont été écrites spécialement pour l'image, comme c'est le cas avec This World, then the Fireworks. C'est la B.O. qui m'a fait découvrir Pete Rugolo. J'y suis depuis très attaché. Je la considère même comme faisant partie des meilleures partitions de jazz ayant été écrites pour le cinéma. J'ignorais jusqu'alors que c'était lui qui avait aussi composé la délicieuse musique pour la célèbre série TV américaine, Le Fugitif. This World, then the Fireworks démarre sur un thème vif et qui a du mordant, brisé dans sa fougue à deux reprises par le doux et romantique thème principal, mais aussi porteur d'une mélodie qui squatte l'esprit longtemps après l'écoute. L'instrumentarium se constitue de 4 saxophones, deux trompettes, un trombone, deux basses, piano & orgue, deux batteurs, percussions et guitare. Elle a eu aussi la particularité de me faire découvrir la voix et la trompette de Chet Baker.


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MessageSujet: Ellington   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-13, 19:14


Duke Ellington: Anatomy of a Murder:

Otto Preminger est un cinéaste qui aime inviter le jazz dans ses films. Tout cinéphile retient le thème fracassant de L'Homme au bras d'or d'Elmer Bernstein que j'évoque plus haut. Pour Anatomy of a Murder/Autopsie d'un Meurtre, un film qui réunit à l'affiche James Stewart, Lee Remick, Ben Gazzara, Arthur O'Connell, Eve Arden et Kathryn Grant, Preminger sollicite l'une des toutes plus prestigieuses figures du jazz de son temps; Duke Ellington. Le film rencontra un énorme succès public et critique même si par la suite beaucoup de très bons films de procès ont été réalisés, apportant à celui-ci un petit côté poussiéreux. La musique du film est donc l'oeuvre de Duke Ellington que l’on voit d’ailleurs jouer du piano aux côtés de James Stewart, sûrement une méthode habile d'emmener le jazz vers une reconnaissance qu’il n’avait pas encore complètement acquise. C'est un très beau jazz sans lourdeur cuivreuse par exemple, dans lequel s'immisce par moments un violon solo d'une belle tendresse. Très agréable à écouter, il me plonge dans une dimension légèrement dramatique, avec parfois des combinaisons sonores attrayantes et fortement bien étudiées.

https://www.youtube.com/watch?v=VeKp1Mq25kc
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MessageSujet: Burwell   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-14, 16:37

Carter Burwell: Conspiracy Theory:

J'en viens cette fois à une incursion du jazz plus récente dans le domaine de la musique de film, sous les traits musicaux très reconnaissables du compositeur américain Carter Burwell, musicien attitré des frères Coen, dans un registre symphonique. Il s'agit surtout de l'excellent thème principal du film de Richard Donner, Conspiracy Theory/Complots (1997). D'un genre clinquant et de ceux qui se remarquent instantanément, il dégage une forte énergie ainsi que quelque-chose d'aliénant et d'obsessionnel. La paranoïa, le labyrinthe, entre hallucination, fantasme et une réalité diabolique finissant par rattraper et dépasser la fiction, tout semble s'exprimer dans la musique de Carter Burwell même si quelques moments plus doux et romantiques apportent de réconfortants oasis de tendresse. Un jazz n'est jamais loin pour ensorceler l'action, lui conférer un rythme quasi-salvateur.

<<Jerry Fletcher (Mel Gibson) est un chauffeur de taxi paranoïaque, fervent adepte de la théorie du complot. Convaincu que de nombreux complots (notamment, contre le Président des États-Unis) se trament, il passe ses journées à faire part de ses théories à ses clients, ainsi qu'à Alice Sutton (Julia Roberts), assistante du procureur. Alice, dont Jerry est secrètement amoureux, l'écoute patiemment, mais sans le prendre au sérieux. Un jour, Jerry se fait enlever par des membres d'une mystérieuse organisation. Ces derniers le torturent pour lui faire avouer « qui est au courant », ce qui laisse à penser que l'une des théories de complot qu'il a évoquées à ses clients ou à Alice est juste ; or, Jerry ne sait pas de quel complot en particulier ils parlent, et la question va être de savoir lequel. Jerry parvient bientôt à leur échapper. Poursuivi par différentes branches des services secrets, il va essayer de convaincre Alice qu'un complot se trame.>>

https://www.youtube.com/watch?v=2vG6oD6kuyU
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Kristian



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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-14, 16:57

Icare a écrit:

Duke Ellington: Anatomy of a Murder:

La musique du film est donc l'oeuvre de Duke Ellington que l’on voit d’ailleurs jouer du piano aux côtés de James Stewart, sûrement une méthode habile d'emmener le jazz vers une reconnaissance qu’il n’avait pas encore complètement acquise. C'est un très beau jazz sans lourdeur cuivreuse par exemple, dans lequel s'immisce par moments un violon solo d'une belle tendresse. Très agréable à écouter, il me plonge dans une dimension légèrement dramatique, avec parfois des combinaisons sonores attrayantes et fortement bien étudiées.

Géniale, cette musique que je dansais en « boum » dans mon adolescence ! J'adore le jazz de Duke, Count, Lionel et autres...  Le jazz fait son cinéma! 185465  Le jazz fait son cinéma! 185465  Le jazz fait son cinéma! 185465

Thanks a lot, Icare !  Mains  Le jazz fait son cinéma! 987794  Le jazz fait son cinéma! 395622

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MessageSujet: Yamashita   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-14, 18:50

Yosuke Yamashita: Dr Kanzo:

Dr Kanzo (1998), film de Shohei Imamura, est bercée par un jazz très mélodique et enlevé de Yosuke Yamashita, avec des élans de romantisme qui pourraient presque évoquer Toru Takemitsu. Il y a un morceau juste pour cordes où il reprend la mélodie du thème principal dans un style romantique et intimiste qui m'évoque vraiment le grand Toru, lorsque celui-ci prêtait une bonne partie de son talent au service du Septième Art. Mais puisque j'évoque le thème principal, c'est justement ce qu'il y a de plus réussi dans cette B.O.. Il y est d'ailleurs très bien exploité, revenant plusieurs fois dans des versions ou déclinaisons, parfois courtes, parfois plus longues. Il en existe au moins trois expositions très bien développées: il est la colonne vertébrale de toute la B.O., auquel viennent s'ajouter quelques moments de tension qui y apportent une autre humeur et une autre couleur. Parce que l'ambiance globale dégage plutôt des ondes positives. Le thème principal est d'une nature optimiste, le genre de thème que l'on garde assez aisément en mémoire et que l'on aime siffler en marchant dans la rue ou en conduisant sa voiture. Yosuke Yamashita a le jazz dans la peau et dans l'âme, et comme tout bon jazzman qui se respecte, il aime l'improvisation. Par exemple, elle s'exprime avec ardeur entre la contrebasse et la percussion. L'improvisation peut apporter une dimension intéressante sur une scène qui permet cette liberté d'expression. Je n'ai jamais oublié ces fameuses scènes de lutte entre Lee Marvin et Toshiro Mifune dans Duel dans le Pacifique, sur des improvisations ou semi-improvisations vives d'un saxophone sans accompagnement: la bande originale était signée Lalo Schifrin.


Dernière édition par Icare le 2019-06-14, 22:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le jazz fait son cinéma!   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-14, 22:15


Alex North: Un Tramway nommé désir:

https://www.youtube.com/watch?v=FGpnSo49t_w
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MessageSujet: Duhamel   Le jazz fait son cinéma! Empty2019-06-14, 22:57

Antoine Duhamel: Daddy Nostalgie:

Après le jazz d'Henri Texier pour Holy Lola, je retrouve un jazz très différent pour un autre film de Bertrand Tavernier, Daddy Nostalgie. Il est composé par un compositeur qui ne s'est pas particulièrement illustré dans le domaine du jazz: Antoine Duhamel. Il arbore une écriture "classique" qu'il développa entre le concert, opéras, oeuvres pour orchestre, musique de chambre, et le Septième Art. Peut-on alors parler d'exercice de style lorsqu'on évoque la partition de Daddy Nostalgie? Je ne pense pas qu'Antoine Duhamel ait vu les choses de cette façon. La composition d'une musique pour l'image est toujours le "compromis" entre deux sensibilités distinctes, celle du cinéaste et celle du compositeur. Pour Holy Lola, Bertrand Tavernier a sollicité un musicien de jazz, un artiste qui s'est illustré et a évolué dans le domaine du jazz, alors que pour Daddy Nostalgie, il fit appel à un compositeur de formation classique qui trouva par le biais du cinéma une manière créative d'échapper à la dominante sérielle qu'il estimait un peu trop restrictive. C'est un jazz très écrit et hypnotique qu'il nous offre pour ce film qui réunit Jane Birkin, Odette Laure et Dirk Bogarde. A l'occasion, il sollicite Jimmy Rowles (chant & piano), Philip Catherine (guitare), Louis Sclavis et Jacques Di Donato (clarinettes), Jean-Charles Capon (violoncelle) et Ron Carter (basse). En réalité, pour Bertrand Tavernier, la création de la bande originale de Daddy Nostalgie est le fruit délicieux d'une double retrouvaille, avec tout d'abord Antoine Duhamel après Que la fête commence (travail de transcription et d'adaptation) et La Mort en direct (composition), puis Ron Carter qui avait participé à Autour de Minuit et écrit, arrangé et dirigé une partition audacieuse (selon ses dires) pour La Passion Béatrice.

<<Composer pour un film que j'aime, pour un ami, et avec une famille d'interprètes de cette stature, fut une aventure étonnante et un grand plaisir. J'ai tenté d'y concilier mon propre monde musical avec celui du jazz, si proche de moi tout au long de ma vie. Ce que m'ont apporté ici les musiciens, un Jimmy Rowles, un Ron Carter, et tous leurs camarades est extraordinaire. Et entendre Jane Birkin, déjà interprète du film, chanter si justement le célèbre standard de J. Strachey, These foolish things, une joie supplémentaire. Merci à eux.>> Antoine Duhamel.
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