Forum sur la musique classique
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

 

 Stehman Jacques (1912-1975)

Aller en bas 
AuteurMessage
laudec

laudec

Nombre de messages : 5668
Age : 72
Date d'inscription : 25/02/2013

Stehman Jacques (1912-1975) Empty
MessageSujet: Stehman Jacques (1912-1975)   Stehman Jacques (1912-1975) Empty2019-03-18, 13:52

STEHMAN, Jacques

Jacques Stehman fut pianiste, compositeur, pédagogue et journaliste a la RTBF (Belgique)

Biographie (CEBEDEM)

STEHMAN, Jacques, pseudonymes occasionnels : J.-M. Leroy, MONSIEUR DOUBLE-CROCHE; compositeur, pianiste, musicographe, pédagogue et homme de radio, né à Bruxelles le 8 juillet 1912, décédé à Knokke-Heist le 20 mai 1975.

Son père, Simon Stehman (1883-1955), était opticien; sa mère, Emma Meiboom (1888-1970), originaire de Bordeaux, était peintre et musicienne amateur. Le couple eut trois enfants, qui choisirent chacun des voies bien spécifiques : Charles-Henry (1912-1970), jumeau de Jacques, seconda ce dernier quelques années dans ses activités musicales, puis entra dans les ordres et devint moine bénédictin; le cadet, Michel (né en 1926), fut chirurgien.

Jacques manifesta un intérêt très vif pour la musique dès le plus jeune âge, improvisant au piano à quatre mains, composant son opus 1, une petite pièce pour piano intitulée Nigéria, à neuf ans. De 1927 à 1933, il est élève au Conservatoire royal de Bruxelles. Il y obtient en 1930 un prix d'histoire de la musique chez Ernest Closson, personnalité hors du commun qui le marque fortement par l'étendue de ses connaissances, un prix d'harmonie en 1932 chez Fernand Quinet, musicien très ouvert qui poussait ses élèves à la composition, et un prix de piano en 1933 chez Charles Scharrès. Il fréquente aussi les classes d'orgue et de contrepoint et, d'un autre point de vue, se fait remarquer pour son goût déjà très marqué pour le jazz, pas toujours bien vu. Après sa sortie du Conservatoire, il continue à se former en privé auprès de professeurs prestigieux : Jean Absil pour la fugue et la composition, Paul Gilson pour l'orchestration, Eduardo del Pueyo pour le piano. A cette époque, il se produit régulièrement en concert, jouant tant le répertoire consacré que ses propres oeuvres, au Conservatoire, au Palais des beaux-arts, à la radio. Mais on l'entend aussi dans des contextes très différents : casinos, bals, réceptions mondaines, où il joue du jazz, en soliste ou au sein de petites formations.

En 1933, dans le but de faire mieux connaître la musique contemporaine, il fonde l'Association des jeunes musiciens belges, qui durera deux ans, et lui permettra de créer diverses oeuvres nouvelles et de faire se produire de jeunes musiciens. Dans la même optique, il lance successivement deux revues avec son frère Charles-Henry, Jeunesse musicienne (1933-1934) et Pro Musica (1934-1936), où il fait ses débuts de critique musical. En 1935, avec Charles-Henry et Jean-Michel Smets (le futur père de Johnny Halliday), il ouvre un cabaret littéraire à l'Estrille, rue de Rollebeek à Bruxelles, le Trou Vert, où il associe musique et poésie. De 1936 à 1938, il tient en outre la chronique musicale de l'hebdomadaire anticonformiste Le rouge et le noir, ancêtre de Pan.

En 1939, tout bascule : le 1er septembre il est mobilisé, en mai 1940 la Belgique est envahie. Fait prisonnier, il est envoyé en Allemagne, mais il a la chance d'être libéré après quatre mois. Vu ses origines juives, il doit se cacher, et ses activités sont très ralenties. Il écrit toutefois des musiques de scène pour la compagnie théâtrale « Le Rideau de Bruxelles » fondée par son ami Claude Etienne en 1943 et, en 1944, publie sous un pseudonyme (J.-M. Leroy) deux biographies de compositeurs Ravel et Schumann.

A la Libération, comme il le dira lui-même, il doit « repartir à zéro ». Il renonce à sa carrière de pianiste, mais servira toujours la musique avec la même passion. Il commence notamment à s'occuper des Jeunesses musicales, fondées par Marcel Cuvelier pendant la guerre, où il sera actif toute sa vie comme animateur, professeur et administrateur. Il écrit aussi de plus en plus : en 1945, il publie une troisième biographie, Chopin, de 1945 à 1948, il collabore à La Revue nouvelle, en 1946 il entre à La Lanterne, où il restera jusqu'en 1965. En 1948, il se lance dans l'enseignement comme maître de conférence pour l'histoire de la musique à l'Ecole supérieure des arts décoratifs de La Cambre.

En 1950, il renoue avec une de ses anciennes idées en créant à Bruxelles le Cercle des premières auditions, dont le but est d'aider des artistes en début de carrière en les faisant jouer dans des salons. La même année, il commence à collaborer à la Revue des disques et de la haute fidélité que viennent de lancer deux mélomanes passionnés, Clément Dailly et Marcel Doisy. L'année suivante, il entre à l'Institut national de radiodiffusion (INR, ancêtre de la RTB) comme chroniqueur musical : la première émission à laquelle il va prêter sa voix est La Tribune du discophile, où il retrouve Dailly et Doisy, et dont l'objectif était de comparer différents enregistrements d'une même oeuvre. Programmée le dimanche matin, c'est une émission qui aura un succès énorme et se maintiendra jusqu'en 1967.

Malgré tout cela, il trouve encore le temps de composer, et en 1952 il reçoit le prix de la Critique musicale belge pour sa Symphonie de poche. Il lance aussi une nouvelle émission à la radio, Entretiens musicaux, où il présente et analyse des œuvres musicales, et réalise des reportages où il interviewe des personnalités du monde artistique. Son premier invité est Francis Poulenc, qui sera suivi de bien d'autres, dont Arthur Honegger, Paul Claudel et Jacques Ibert. En 1953, autre consécration, il est engagé comme professeur d'harmonie pratique au Conservatoire de Bruxelles. En 1955, lors des épreuves du Concours Reine Elisabeth, il inaugure à la radio l'émission qui fera sans doute le plus pour sa célébrité, les Propos d'entracte, où il commente les prestations des candidats : son langage clair et direct et la pertinence de ses appréciations lui vaudront une grande audience et contribueront largement à la popularité du concours.

En 1957, il est invité aux Etats-Unis : il visite ainsi plusieurs universités et découvre la vie musicale américaine. Enthousiasmé, il organise à son retour la Décade de la nouvelle musique américaine, où il programme Samuel Barber, Leonard Bernstein, John Cage, Elliott Carter, Aaron Copland, Gian Carlo Menotti et Edgard Varèse. Il y ajoute des concerts de jazz. Cette initiative est de nouveau un grand succès. En 1958, il est membre de la commission musicale de l'Exposition universelle de Bruxelles et se rend au Congo belge et au Ruanda-Urundi avec le pianiste Naum Sluszny dans le cadre des Jeunesses musicales; ils donnent là-bas de nombreux concerts-conférences, où il commente les oeuvres que joue Sluszny.

Le 1er décembre 1960, il épouse une ancienne élève de La Cambre, Monique Wijckmans (née en 1937), union qui sera particulièrement heureuse malgré la différence d'âge. Ils n'auront toutefois pas d'enfants. En 1965, il quitte La Lanterne pour Le Soir, où il restera jusqu'à sa mort. En 1968, il renonce à ses cours à La Cambre et, au Conservatoire de Bruxelles, il devient professeur d'histoire de la musique. D'autre part, ses activités radiophoniques lui valent le prix de la Sabam (Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs). D'autres honneurs suivent : en 1970, il est engagé avec Georges Sion au Conseil provisoire de l'agglomération bruxelloise pour promouvoir des projets artistiques dans la capitale. Une de leurs réalisations sera l'ouverture de la salle de Forest-National. Il est choisi aussi comme président de l'Union de la presse musicale belge et est engagé comme professeur d'histoire de la musique à la fois à la Chapelle Reine Elisabeth (pour un an) et à l'Institut pour journalistes de Belgique. En 1970 et 1971, il participe en outre aux cours d'été de la Fondation Gulbenkian à Estoril, au Portugal, comme professeur d'histoire de la musique et d'analyse musicale. A la même époque, il participe encore à la fondation de la Discothèque nationale comme conseiller artistique et est élu vice-président de l'Union des compositeurs belges.

Ce que ces innombrables activités ne laissent pas deviner, par contre, c'est qu'il était de constitution fragile; de plus, il souffrait d'une polyarthrite évolutive aigüe. Au début de l'année 1975, il subit une alerte cardiaque; en mai, il va se reposer quelques jours à Knokke entre les secondes éliminatoires et la finale du Concours Reine Elisabeth : c'est là qu'il meurt subitement, âgé seulement de soixante-deux ans. A l'initiative d'Isaie Disenhaus, la RTB (Radiodiffusion-Télévision belge) tient directement à lui rendre hommage en réalisant une idée qu'il avait émise antérieurement et qui prendra le nom de Prix Jacques Stehman, un prix du public décerné par les auditeurs de la radio à la fin du Concours à un lauréat de leur choix, en parallèle au jugement de jury.

L'apport de Jacques Stehman à la vie musicale de son temps est inestimable, que ce soit par ses émissions à la radio, son enseignement, ses conférences ou ses écrits, marqués par une érudition, une intelligence et une clairvoyance peu communes. Ses autres qualités n'y étaient pas moins présentes, en particulier sa modestie, sa générosité, son ouverture aux autres, son honnêteté, sa curiosité toujours en éveil. Toute sa vie a été consacrée à son désir de partager son amour pour la musique, et ce dans une optique bien spécifique, dont ses activités à la RTB sont un bon reflet. La radio, pour lui, devait être « une compagne enrichissante et non un simple moulin à musique ». Il poursuivait un but à la fois artistique et éducatif. Voulant toujours aller au-delà de la simple information, il est un des premiers à avoir introduit sur les ondes belges la notion de critique musicale, et de la façon la plus large, car s'il donnait son avis, il veillait à aider chaque auditeur à se faire sa propre opinion. Ses émissions de comparaison de disques et d'analyse devaient amener non seulement à mieux connaître les œuvres, mais à percevoir la distance pouvant exister entre une partition et les mille manières de la faire vivre. Les œuvres qu'il présentait allaient du XVIIe au XXe siècle, et il n'avait pas peur d'aborder le répertoire contemporain, même si ses goûts ne le portaient pas prioritairement vers l'avant-garde. S'il était très ouvert à la nouveauté, c'était sans aveuglement : il était bien conscient que la recherche de l'innovation pour elle-même qui guettait certains créateurs ne pouvait mener qu'à de nouveaux conformismes.

A titre plus anecdotique, une de ses spécificités à la radio était de parler devant le micro sans texte, d'où le caractère très spontané de ses interventions. C'était à l'opposé des habitudes de l'époque, mais son éloquence naturelle et sa profonde maîtrise de la langue le lui permettaient.

Comme compositeur, si sa production n'est pas abondante, elle touche à des domaines assez variés, et elle est de qualité très constante. Loin de l'avant-garde, son style s'inscrit plutôt dans la descendance de Debussy, Gershwin et, surtout, Ravel, pour qui il avait une très grande admiration. Il lui a d'ailleurs rendu hommage dans sa suite pour piano Le tombeau de Ravel (1949), où se succèdent quatre pièces : Prélude, Menuet, Habanera et Toccata, qui constituent un jeu de références subtil mêlant le XVIIIe siècle et l'hispanité, le titre rappelant en outre le célèbre Tombeau de Couperin de son modèle. Cette attirance pour un certain passé - réinventé - est très nette aussi dans sa Suite classique pour orchestre à cordes (1953) en six parties : Ouverture, Passepied, Menuet, Aria, Intermède, Badinerie. Son langage harmonique va dans le même sens : il reste attaché à la tonalité, mais avec les libertés que le XXe siècle y a introduites.
L'influence du jazz n'est pas à négliger non plus, et se perçoit particulièrement dans sa rythmique très alerte. Un autre trait qui le rattache à la tradition française est sa concision : il ne cherche jamais à développer pour développer, d'où une grande clarté de structure. Un exemple frappant de cette tendance est sa célèbre Symphonie de poche (1950), qui reprend les structures classiques en proportions réduites. Bon nombre de ses œuvres, par leur caractère de divertissement, leur détachement, leur ironie parfois, semblent révéler un tempérament peu romantique, mais d'autres atmosphères se rencontrent pourtant dans sa musique, qui peut aussi être intensément lyrique, et même tragique, comme dans son Chant funèbre pour orchestre (1944) ou son Lamento pour violoncelle et piano (1947).

Pour donner une idée plus précise de son catalogue, il faut encore citer Musique de mai pour orchestre (1961), le ballet Le bal des ambassadeurs (1954), le Concerto en la pour piano et orchestre (1949) et deux autres pages concertantes, Dialogues pour harpe et orchestre de chambre (1964) et Escapades pour piano et cordes (1968), les Quatre mouvements pour quatuor à cordes (1963), Colloque (1943), Trois rythmes (1955) et Montmartre (1974) pour deux pianos et diverses pièces pour piano solo : Burlesque en six formes (1933), une Sonate (1940), Prétexte à danser (1949), Bouquet romantique (1968) et Promenade (1975). Moins nombreuses, ses oeuvres vocales consistent en mélodies, avec en particulier le recueil Rimes enfantines (1949) et une vocalise pour soprano, flûte et cordes, Mélos (1969). Dans un autre domaine, enfin, il faut rappeler sa pièce radiophonique Christophe Colomb (1953), sur un texte de Charles Bertin, qui lui a valu le prix Italia.

Parmi ses écrits, aux ouvrages déjà mentionnés, il faut ajouter son Histoire de la musique en Belgique (1950), son Histoire de la musique européenne (1964), qui a été traduite en portugais et en grec, sa participation à divers ouvrages collectifs, dont le Dictionnaire de la musique de Marc Honegger (1970), et bien sûr ses innombrables articles. Dans ce domaine, il serait dommage d'oublier la rubrique atypique qu'il a animée dans la Revue des disques et de la haute fidélité, « Scherzando », qu'il signait « Monsieur Double-Croche » en clin d'oeil à Debussy, et où il laissait libre cours à son humour pour évoquer avec ironie les mille facettes de la vie musicale.

Thierry Levaux, ©️ Académie royale de Belgique
Nouvelle biographie nationale, vol. 10, Bruxelles, 2010, p. 335-338
Revenir en haut Aller en bas
laudec

laudec

Nombre de messages : 5668
Age : 72
Date d'inscription : 25/02/2013

Stehman Jacques (1912-1975) Empty
MessageSujet: Re: Stehman Jacques (1912-1975)   Stehman Jacques (1912-1975) Empty2019-03-18, 21:25

Je n'ai trouvé qu'une seule vidéo YT d'une œuvre de Jacques Stehman : Eliane Reyes (10 ans !) qui joue "Bouquet romantique 1 et 2 .


https://youtu.be/0tow_9x5sXU

Revenir en haut Aller en bas
 
Stehman Jacques (1912-1975)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Mukhtar ASHRAFI (1912-1975)
» Jean-Jacques et Jacques-Marie Beauvarlet Charpentier
» Benoît Jacquemin né en 1975
» Uljas Pulkkis (né en 1975)
» Cristiano Porqueddu (né en 1975)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Toutes les musiques du monde :: Musique classique :: Les compositeurs-
Sauter vers: