Mon jardin, la musique et moi....

Bonne journée à vous ! 40° plein cagnard, juste de quoi lézarder à l'ombre de l'olivier où roucoulent deux tourterelles peu farouches!

laudec a écrit:

C'est intéressant de lire une autre traduction, encore plus belle pour moi celle de Maxime Durisotti

Oui, elle est nettement meilleure. Cependant, elle est encore loin de l'original. J'ai essayé de ressaisir l'inspiration du poème, ce qui n'est pas impossible, mais le français se prête mal à une expression aussi dense : nous manquons, dans notre langue, de monosyllabes, si nombreux en anglais, qui permettent une expression brève et économique. L'expression s'en trouve donc rallongée, ce qui nuit à la densité verbale si importante en poésie.

Pour donner quelques exemples, dans le seule première strophe, nous avons : cloud, float, vales, hills, once, crowd, lake, trees, breeze. Vous vous rendez compte ? Et les sons de l'anglais eux aussi plus proches de la réalité des sensations sonores et visuelles, permettent une expression bien plus proches de la réalité. Il suffit de considérer la poésie de Keats, par exemple, toute de densité, pleine du suc des substances, des goûts et des parfums !

Déjà, en prose, la traduction est une épreuve, alors en poésie...

Cher Kristian,

Nous sommes tous deux sur ce forum, des traducteurs spécialistes, et j'aimerais bien continuer cette très intéressante discussion sur le fil "souk couscous", car là, par rapport au sujet du fil, on devient "HS".
On ne peut pas sur un tel fil poétique, parler "technique" et "sémantique" , c'est trop long et dilue ce fil, très humble avis avec toute mon amitié. On continue ailleurs ? (et on aura de quoi dire !).

Puisque c'est la saison des merveilleux camélias, précoces ou tardifs (le mien est rouge et fleurit pendant presque deux mois avec des fleurs qui tiennent en vase quand même quatre jours).., je vous envoie un extrait du magnifique ballet "la dame aux camlélias", sur une musique de Chopin. Un rêve !
https://youtu.be/ruQP9lf6Tww

Anouchka a écrit:

Cher Kristian,

Nous sommes tous deux sur ce forum, des traducteurs spécialistes, et j'aimerais bien continuer cette très intéressante discussion sur le fil "souk couscous", car là, par rapport au sujet du fil, on devient "HS".
On ne peut pas sur un tel fil poétique, parler "technique" et "sémantique" , c'est trop long et dilue ce fil, très humble avis avec toute mon amitié. On continue ailleurs ? (et on aura de quoi dire !).

Cette discussion sur la traduction m'intéresse beaucoup en tant que néophyte en la matière

Et.. pour te répondre Mike, avec un peu de musique, depuis le fil poésie, voici quelques secondes de la chanson traditionnelle japonaise (il en existe plusieurs versions), sur les cerisiers en fleurs..
Un tout petit cerisier dans mon jardin, celui de ma voisine est majestueux et nous donne une vue admirable, et tout ceci va être un enchantement d'ici une semaine... ! (à photographier et peindre !) :





https://youtu.be/by3dHx7kLzk

Continuons un peu en musique, c'est ravissant !

https://youtu.be/E3FRFN62Bzo

Merci Anouchk pour ces deux illustrations musicales des sakuras. Ici, ils sont en pleine floraison

Pourquoy doux rossignol
JEAN-BAPTISTE DROUARD DE BOUSSET [1662-1725]



https://www.youtube.com/watch?v=SmXCcBgouRY

Les musiciens de Saint Julien
François Lazarevitch

Avec le printemps la sève remonte que, ce soit pour les plantes , que pour les humains, alors Verlaine le décrit si bien avec un brin d'érotisme?

Printemps

Tendre, la jeune femme rousse,
Que tant d'innocence émoustille,
Dit à la blonde jeune fille
Ces mots, tout bas, d'une voix douce :

« Sève qui monte et fleur qui pousse,
Ton enfance est une charmille :
Laisse errer mes doigts dans la mousse
Où le bouton de rose brille,

Laisse-moi, parmi l'herbe claire,
Boire les gouttes de rosée
Dont la fleur tendre est arrosée, –

« Afin que le plaisir, ma chère,
Illumine ton front candide
Comme l'aube l'azur timide. »

Paul Verlaine (1844-1896) / Recueil : Parallèlement (1889).

Verlaine, quelle musique !  Quelles images ! Des roses qui palpitent    

Après trois ans

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.

Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.

Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Vous faites fort, Messieurs, MERCI !  Mon poète préféré entre tous.. (avec Ronsard...) !!!   J'irai mieux goûter cela plus tard ce soir..

Ca y'est Mike, mon tout petit cerisier, et l'extraordinaire immense de ma voisine (il faudra que j'envoie une photo et je crois que j'en ferai une aquarelle si j'ai le temps), sont en fleurs ! Blanches....
(Donc "cerisiers roses et pommiers blancs" , c'est faux en France en tout cas.. Mais les Sakuras peuvent être roses, autre variété sans doute ?)......... Comme c'est beau tout cela !

Chez moi, ce sont les boutons de l'érable du Japon qui commence à poindre un tout petit peu... Ça tremble, ça frisonne, c'est délicieux. Et les capucines qui ont survécu à l'hiver (pas froid du tout cette année sur mon balcon). J'adore la capucine, c'est une fleur merveilleuse !

Ravissante cette photo de très jolie capucine, merci beaucoup Kristian ! (combien de temps ça fleurit ?) . Et tu as un érable du Japon !!
C'est chouette ce que font les parisiens de leurs balcons .. Mes cousins ont des balcons magnifiques, l'une de mes cousines (vraiment la "main verte", elle) a même fait pousser du mimosa et un tas de jolies plantes grimpantes sur un "clostrat".
Cette cousine a fait du balcon de son vieux papa, un enchantement : Il a une table et des chaises de jardin, des géraniums, jacinthes, narcisses, tulipes etc... un peu partout. Un vrai petit jardinet de poupée..
Quant à Verlaine, les poèmes sont très beaux, et celui envoyé par Muzikant est non pas un brin, mais très érotique !! Je ne le connaissais pas, celui-là !

Anouchka a écrit:

Ravissante cette photo de très jolie capucine, merci beaucoup Kristian ! (combien de temps ça fleurit ?) .  

L'an dernier, elles ont duré six mois, de mai à novembre, et une tige a conservé quelques feuilles pendant tout l'hiver. Elle est en train de repartir.

Anouchka a écrit:

Et tu as un érable du Japon !!  

Oui, c'est absolument ravissant. J'ai aussi un olivier, des troennes et plein de nandinas, avec une dizaine de bacs de géraniums foisonnants, qui n'ont eu aucun mal à résister aux -1/-2 de l'hiver dernier.

\"Anouchka a écrit:

C'est chouette ce que font les parisiens de leurs balcons .. Mes cousins ont des balcons magnifiques, l'une de mes cousines (vraiment la "main verte", elle) a même fait pousser du mimosa et un tas de jolies plantes grimpantes sur un "clostrat".

Nous ne sommes pas très nombreux à faire cela. Pourtant, mon ami jatdinier me dit que si tous les balcons de Paris étaient verts et fleuris, la pollution serait nettement moins haute. Il paraît qu'au Canada, dans les grandes villes, les frais de balcons sont déductibles des impôts !

Anouchka a écrit:

Quant à Verlaine, les poèmes sont très beaux, et celui envoyé par Muzikant est non pas un brin, mais très érotique !! Je ne le connaissais pas, celui-là !

Oui, très coquin, n'est-ce pas ? Ce que l'on peut dire quand la forme est belle !

Avant d'aller enfin au dodo !,
il m'est venu le doux souvenir de cette longue balade dans mon jardin en fin d'après-midi ... Les pelouses sont très hautes et désormais méritent la "....".. Mais dans ces petites prairies, il y a actuellement des centaines de violettes, et présentes par grâce incroyable dans tous coins du jardin. Humbles violettes non semées par l'homme, mais venues ici "par le hasard merveilleux de la nature". Tellement jolies dans leur simplicité ravissante, qu'avant que la tondeuse ravageuse (? , même pas, nécessaire..), de mon fils (   ) ne coupe tout , il faut que j'en prenne des photos et cueille, moi aussi humble, de petits et éphémères bouquets... !  
Le parfum de la violette fut très en vogue au XIXème siècle, ainsi que les petits bouquets que les dames portaient fraîs au revers d'une robe ou dans un chignon...
Voici un extrait très court, d'une opérette connue "Violettes Impériales" :
https://youtu.be/KJU4ik3LrbU..

 

Les roses sont entrées

Ma brune aux yeux dorés, ton corps d’ivoire et d’ambre
A laissé des reflets lumineux dans la chambre
Au-dessus du jardin.

Le ciel clair de minuit, sous mes paupières closes,
Rayonne encor Je suis ivre de tant de roses
Plus rouges que le vin.

Délaissant leur jardin, les roses m’ont suivie
Je bois leur souffle bref, je respire leur vie.
Toutes, elles sont là.

C’est le miracle les étoiles sont entrées,
Hâtives, à travers les vitres éventrées
Dont l’or fondu coula.

Maintenant, parmi les roses et les étoiles,
Te voici dans ma chambre, abandonnant tes voiles,
Et ta nudité luit.

Sur mes yeux s’est posé ton regard indicible
Sans astres et sans fleurs, je rêve l’impossible
Dans le froid de la nuit.

Renée Vivien (1877-1909)
Flambeaux éteints

Paul Fort, c'est toute mon enfance ou l'on apprenait ses poèmes par coeur, alors beaucoup de tendresse pour lui, c'est normal.


L’ arbre à poèmes

-Sors de ce vieux bourbier à poésie, poète !
de sa vase gluante aux crapauds endormis.
Soulève-toi d’horreur, mais non plus
à demi, couverts de lieux communs épais,
d’images blettes.

Jarrets gonflés par ton effort, soulève-toi
des eaux croupies du Rêve. -Oui, c’est
fait. Mais pourquoi, resté-je ainsi courbé,
vaincu par mon effort ! Un peuple de
sylvains me nargue sur ces bords ?…

A leurs cris je me dresse en piétinant
d’orgueil. Que fais-je là ? Je prends
racine, je m’enfeuille, et j’entends rire
Pan au cœur de ma feuillée… Je suis
un arbre à poèmes : un poémier.

Paul Fort

Beaucoup d'admiration pour Richard Rognet dont je recommande le superbe recueil Maurice, Amoroso chez Belfond.

Tu lèves les yeux
sur un dernier
dahlia, frileux,

contre la murette,
tu t’approches
de lui, tu frôles
ses pétales, tu

voudrais que pour
toi, il refasse
le ciel et demande
à la terre de préparer

l’éveil des prochaines
ferveurs. Sois
le refrain qu’il
laisse entre les
couplets de l’existence,

sois ce qu’il fut
avant de s’éteindre.

Richard Rognet / Recueil: Un peu d’ombre sera la réponse

De bien belles poésies et de jolies fleurs mais revenons à la musique afin de ne pas perdre la nature profonde de ce forum avec Les Jardins d'Amènta de Jean-Louis Florentz. Il y a toujours un filet de mystère qui traverse l'oeuvre de ce talentueux compositeur mort trop tôt. Les Jardins d'Amènta est un conte symphonique s'inspirant, pour une grande part, du "Livre des Morts" égyptien, dont la conception formelle est largement influencée par la structure du conte africain. La palette de couleurs que l'Orchestre National de Lyon sous la direction d'Emmanuel Krivine déploie avec vigueur et éclat, est particulièrement enivrante. Un superbe équilibre s'instaure entre une grande force expressive de la matière orchestrale et une formidable clarté, ce qui, d'une certaine façon, m'évoque la poétique impressionniste d'un Toru Takemitsu, voire même d'un Ton Thât-tîet, avec toute fois plus de volupté que ce dernier, dans une dimension narrative moins austère. Le souffle de vie y est maintenu jusqu'à la dernière note, et j'adore ce moment où une flûte et, plus loin, un violon se désolidarisent de la matière orchestrale, apportant à cette musique une hésitation calculée, une fragilité voulue et irrésistible: "Amènta" est la contraction de Aha-Mèn-Ptah signifiant "Pays des Morts", "Pays des Bienheureux" ou "Pays de l'Au-delà". Jean-Louis Florentz s'est évertué à imaginer par sa musique le voyage du défunt tel qu'il est décrit dans le "Livre des Morts", jusqu'aux jardins d'Amènta.

https://www.youtube.com/watch?v=sINm12ZX6sM

Oui c'est magnifique Icare et pas assez connu, toute la somptuosité et la finesse de la musique française sont là,on est triste quand ça finit,très beau .
Moi aussi je vais essayer de mettre de la musique. Le jardin clos de Gabriel Fauré par une chanteuse formidable Noémie Pérugia.


Appremment l'enregistrement date de 1941,au piano Joseph Benvenuti . Les poemes sont de  Charles van Lerberghe.

Et maintenant... la nuit, mais dans les jardins d'Espagne de Manuel De Falla, par l'orchestre symphonique du Maroc.
(Quelle délicieuse surprise d'apprendre l'existence de cet orchestre )

Ah, zut! Je l'avais oublié celui-là! Kristian, tu m'as devancé.