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 Le Concerto en ré majeur pour la main gauche ( Ravel )

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Snoopy
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MessageSujet: Le Concerto en ré majeur pour la main gauche ( Ravel )   Le Concerto en ré majeur pour la main gauche ( Ravel ) Empty2006-12-22, 14:43

Le Concerto en ré majeur pour la main gauche de Maurice Ravel a été composé en 1929-1930.

Ce concerto pour piano et orchestre en un seul mouvement a pour particularité de ne pas faire intervenir la main droite du pianiste (soliste). En effet il a été composé pour le pianiste autrichien Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit en 1914, sur le front russe, durant la Première Guerre mondiale.

Le morceau est d'une virtuosité extrême pour le pianiste, surtout dans la cadence.

Histoire de l'œuvre maudite !!!! Ravel avait déjà commencé de composer son Concerto en sol quand lui vint la commande du Concerto pour la main gauche par Paul Wittgenstein, en 1929. La composition simultanée de ces deux œuvres lui réclama des mois d’acharnement.

Paul Wittgenstein (1887 – 1961), frère du philosophe Ludwig Wittgenstein, avait donc perdu son bras droit durant la guerre. Ce courageux pianiste n’avait pas renoncé à son art pour autant. Il commanda des œuvres pour la main gauche seule à quelques-uns des plus grands compositeurs du moment : outre Ravel, il sollicita Florent Schmitt, Benjamin Britten, Richard Strauss et Sergueï Prokofiev (le Quatrième concerto pour piano de ce dernier est d'ailleurs composé pour la main gauche seule). Ces œuvres connurent cependant une postérité bien moindre que celle de Ravel.

Maurice Ravel n’entendit jamais son œuvre jouée dans sa version pour piano et orchestre. Il assista à la création par Paul Wittgenstein, dans une version arrangée pour deux pianos, à Vienne en novembre 1931. Cette création pour le moins houleuse mit un terme à la collaboration entre les deux hommes. Le pianiste avait en effet pris la liberté d’effectuer quelques « arrangements » dans l’œuvre (en fait de profonds remaniements) pour que celle-ci soit mieux à sa convenance. « Je suis un vieux pianiste et cela ne sonne pas » avait-il déclaré à Ravel pour justifier ces libertés. Ravel ne fut pas dupe : « Je suis un vieil orchestrateur et cela sonne ! ». Le compositeur quitta précipitamment Vienne et s’opposa un moment à la venue de Wittgenstein à Paris. Ce dernier ayant l'exclusivité du Concerto pour six ans, il était beaucoup trop tard pour Ravel lorsque l’œuvre fut créée à Paris dans sa forme originelle par Jacques Février sous la direction de Charles Munch, le 19 mars 1937.
Bien plus tard, Wittgenstein regretta ses paroles et rendit justice à Ravel : « Cela me prend toujours du temps d'entrer dans une musique difficile. Je suppose que Ravel en fut très déçu et j'en fus navré. Mais on ne m'a jamais appris à faire semblant. Ce n’est que plus tard, après avoir étudié le concerto pendant des mois, que je commençai à en être fasciné et que je réalisai de quelle grande œuvre il s’agissait. » (cité dans La musique pour piano de Maurice Ravel, New York, 1967)

Le Concerto pour la main gauche est aujourd’hui une des œuvres les plus jouées et les plus mondialement appréciées de Maurice Ravel, quoique moins populaire car moins accessible que son faux jumeau, le Concerto en sol.

Musique

Beaucoup de spécialistes considèrent le Concerto pour la main gauche comme l’un des plus parfaits du répertoire. Il s’agit d’une une œuvre violente, grandiose et dramatique, peinture d’une querelle fatale entre le piano et la masse orchestrale. Ramassée sur le plan de la longueur (le Concerto est d’un seul tenant, bien que l’on puisse y distinguer trois mouvements), cette œuvre est l’une des plus rythmées et des plus énergiques de Ravel.

« Dans une œuvre de cette nature, il est indispensable que la texture ne donne pas l’impression d’être plus mince que celle d’une partie écrite pour les deux mains. Aussi ai-je recouru à un style qui est bien plus proche de celui, volontiers imposant, des concertos traditionnels. Après une première partie empreinte de cet esprit apparaît un épisode dans le caractère d'une improvisation qui donne lieu à une musique de jazz. Ce n'est que par la suite qu'on se rendra compte que l'épisode en style jazz est construit, en réalité, sur les thèmes de la première partie. » (Maurice Ravel, cité dans le Daily telegraph du 11 juillet 1931)

Ravel analysa au cours de la composition de cette œuvre des études de Saint-Saëns pour la main gauche, et s'inspira du Deuxième concerto de Liszt qu'il admirait volontiers. Le compositeur a introduit de nombreuses touches de jazz dans la seconde partie, et les percussions jouent dans l’ensemble de l’œuvre un rôle fondamental et obsédant. Le concerto donne lieu par ailleurs à des déferlements sonores comme il en existe peu chez Ravel. Pour le soliste, affronter ce monument peut relever de la gageure: la partie solo est extrêmement ardue, la main gauche seule devant couvrir le territoire des deux mains.

« A deux mains le chant et l'accompagnement se jouxtent, se juxtaposent, se pénètrent parfois, mais en conservant leur dualité d'origine; ici les deux émergent du même moule (...). Par ailleurs, c'est au pouce qu'est dévolu le rôle principal dans l'expression mélodique. Bien épaulé par le bloc des autres doigts, il va, par le jeu latéral du poignet et celui de sa musculature propre, s'imprimer profondément dans le clavier avec une qualité de pénétration qui n'est qu'à lui. » (Marguerite Long, Au piano avec Maurice Ravel, Paris, 1971)

Cette musique est la plus noire écrite par Ravel (avec celle de Gaspard de la nuit et de La Valse). Suivant l'analyse de Marcel Marnat, le Concerto pour la main gauche s’inscrit dans la lignée de La Valse et de Boléro. A leur image, il est une œuvre exaltante et fataliste à la fois, il est un tourbillon d’inquiétudes, de perplexité face à un monde qui, à l’orée des années 30, semble à nouveau promis au désastre. A leur image, il s’achève par une véritable mise à mort musicale. La fin de ce chef-d’œuvre est réellement inoubliable: le piano, qui vient d’achever une cadence en clair-obscur, intensément poétique, d'une difficulté technique redoutable, est finalement rejoint et avalé par l’orchestre, pour mourir sous un ultime pilonnage des percussions. L’œuvre ne comporte aucun programme particulier, pourtant on peut considérer que Ravel y a placé tout ce que les horreurs de la guerre pouvaient lui inspirer (de par le triste sort qu’avait subi son dédicataire, et de par son vécu personnel en tant que soldat).

« Tout ici est grandiose, monumental, à l’échelle des horizons flamboyants, des monstrueux holocaustes où se consument les corps et s’engloutit l’esprit, des vastes troupeaux humains grimaçant de souffrance et d'angoisse. Et cette fresque colossale, aux dimensions d’un univers calciné, ce sont les cinq doigts de la main senestre, reine des mauvais présages, qui vont en brosser les âpres reliefs. » (Marguerite Long, Au piano avec Maurice Ravel, Paris, 1971)
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