Le monde de la contrebasse

joachim a écrit:

Pour compléter ce fil intéressant, voici le magnifique aria pour basse, contrebasse et orchestre K 612 de Mozart



https://www.youtube.com/watch?v=j-NCHwVq7C8

La voix de basse du chanteur se mêle admirablement à celle de la contrebasse à cordes  

Très beau. Je ne connaissais pas. Heureusement que je n'avais pas donné comme titre "Le monde de la contrebasse...sans Mozart".

Exactement, cher Icare !    C'est merveilleux !! Oui, je connaissais, mais n'avais pas entendu depuis longtemps, merci Joachim 
Lors du concert Mozart (à Prague) dont je vous ai parlé sur le fil Barenboim, j'ai remarqué que les contrebasses étaient très présentes, autant que les violoncelles ! (étonnant par leur nombre). Ce qui leur permet un épanouissement mélodieux que l'on entend complètement en respons au piano.  , ou aux autres instrumentistes. Mozart leur donne un "son" à part dans ses lignes musicales aussi important qu'aux violoncelles, dans le dialogue avec les violons.
Par contre, avant-hier, Budapest Festival Orchestra, direction Ivan Fischer, soliste piano Richard Goode, programme Beethoven : 
Evidemment génial ce concerto N° 4, dont nous avons tant parlé. Mais on sent bien la mutation orchestrale que Beethoven a voulu, alors..., tout change ! (malgré l'influence indéniable de Mozart..) : Beaucoup plus de cuivres -également sur la symphonie N° 1, très très mozartienne sur le thème mélodique, d'ailleurs, encore...(  ), et beaucoup moins de contrebasses........! 

On va mettre un peu d'exotisme dans cette discussion

Ici la contrebasse est utilisée par une inspiration bouriate, par Daria Chorr (jazzwoman connue en Russie).

Voilà ce qu'elle en dit elle même:

"J'ai été inspiré par une exposition de l'artiste bouriate Zorikto Dorgiev. Après avoir regardé ses travaux, je me suis demandée à quel point la culture des peuples de Russie était multiple, à quel point l'identité et chacun était unique. Chaque peuple a son propre chemin, sa propre histoire, sa propre joie et sa propre douleur, mais tous sont unis par un immense et beau territoire.

Dans ce clip, je voulais montrer une certaine unité que nous sommes tous des enfants de notre terre, et malgré les grandes distances, nous faisons tous partie d'un grand pays, nous sommes tous une partie de son histoire, tout aussi grande et magnifique.

J'ai décidé d'appeler cette composition « Sibérie » parce que c'est pour moi un symbole de l'unité des territoires, des peuples, des cultures et de la Russie dans son ensemble."


https://www.youtube.com/watch?v=FNUAvllL2c0

Pour l'anecdote, les "acteurs" (je mets entre guillemets parce que dans la vie, ils ne sont pas acteurs) de ce clips sont pour la plupart des amis avec lesquels j'ai travaillé aussi sur différents projets

Merci pour cette évasion...
Pour tout dire, j'ai trouvé le clip intéressant, bien filmé (surtout vers la fin avec danse et art martial). Contrebassiste douée évidemment.
Le bémol pour moi, c'est que j'ai moyennement aimé la musique, désolée... Je la trouve un peu austère, surtout "toute seule"... : Une percussion de ce type de musique en accompagnement, aurait été je pense, bienvenu.

Anouchka a écrit:

Le bémol pour moi, c'est que j'ai moyennement aimé la musique, désolée... Je la trouve un peu austère, surtout "toute seule"...

Tu n'as pas a être désolée. Chacun ressent la musique selon sa sensibilité. Et pour te dire, je rejoins absolument ton avis. J'ai posté la vidéo parce qu'elle sort quand même des sentiers battus en contrebasse, mais à dire vrai, musicalement parlant j'ai trouvé ça plutôt chiant ennuyeux aussi.

Je pensais qu'un fil avait peut-être été créé pour le contrebassiste Avishai Cohen (dont j'ai dû certainement parler sur le fil "jazz"), mais il semble que non.
Avishai Cohen est un contrebassiste israélien (51 ans), auteur-compositeur-interprète, qui marie à merveille le jazz-blues avec une originalité de tempo, de textes, et un talent de contrebassiste indéniable. Il joue très souvent avec un trio , a sorti beaucoup d'albums et se produit partout dans le monde, et souvent dans les festivals de jazz.
Il vient de sortir un nouvel album le mois dernier : "The two roses" (les deux roses), il joue avec un orchestre symphonique (Gothenburg) pour la première fois, en reprenant nombre de ses anciens titres de façon plus soutenue, différente.
Je ne peux vous envoyer le "trailer", il présente son album en anglais et ça vous "barberait".
Déjà, voilà une petite vidéo qui date de quelques années et j'aime beaucoup ce titre.  
https://youtu.be/E4kc0Aby2vA

Et (avril 2021) :
"C'est presque un album de "jazz symphonique" que sort ce mois-ci Avishai Cohen chez le label Naïve / Believe. Alternant compositions originales, comme le titre When I'm falling,arrangements de titres adaptés pour orchestre symphonique, comme Nature boy, et adaptations de mélodies du folklore israélien, comme la chanson-titre Two roses (Schnei Shoshanim), cet album témoigne de diverses influences musicales, empruntant aux musiques orientales autant qu'au jazz et aux musiques de films symphoniques.

"S'il n'y avait pas une si grande différence dans la façon de les revêtir, c'est-à-dire de les accompagner d'un orchestre symphonique, je n'aurais pas repris mes morceaux" affirme le contrebassiste. "Mais je crois que ça leur donne une nouvelle vie, ça leur insuffle quelques chose de très différent". A suivre !

Bonjour à tous! C'est génial que vous vous intéressiez autant à la contrebasse, bravo!

À propos de l'aria de Mozart, cette vidéo est excellente. En la jouant sur une contrebasse moderne, le contrebassiste s'attaque à l'Everest! C'est presque injouable, et il est étonnant de constater que les contrebassistes continuent, et de plus en plus, à jouer cette aria sur contrebasse moderne accordée en quartes. Un beau défi! Dans ce cas, c'est toujours avec l'accord solo, un ton au-dessus de l'accord orchestre.

À la fin du 18e siècle et presque exclusivement à Vienne, durant cinquante ans, la contrebasse viennoise florissait: il s'agissait d'un instrument plutôt grand (longueur de corde légèrement supérieure à ce qu'on utilise le plus souvent aujourd'hui), avec un profil spécifique, et accordé de l'aigu vers le grave la-fa#-ré-la-fa bécarre (ou ré grave). C'est pour cet instrument que Mozart a écrit cette aria, et même si ça ne devient pas très facile à jouer, c'est quand même mille fois moins difficile qu'avec l'accord moderne.

L'accord permettait justement de jouer toutes ces gammes et tous ces arpèges en ré majeur ou dans les tons voisins. Pour varier, on accordait volontiers un-demi ton au-dessus, en mi bémol. (Comme l'alto dans la Concertante de Mozart).

C'est pour la contrebasse viennoise que Haydn a écrit les solos dans ses symphonies 6-7-8-31-45-72 et aussi son concerto, malheureusement perdu. Des dizaines de concertos ont été écrits à cette époque! Les plus connus sont ceux de Dittersdorf et Vanhal. Le 2e concerto de Dittersdorf sonne particulièrement mal sur la contrebasse moderne, non seulement cela ne sonne pas bien avec des acrobaties qui ne convainquent pas et des harmoniques très fausses (sur la mauvaise corde), en plus il s'agit d'une musique sans prétention qui devient très difficile à jouer sur la contrebasse moderne, à moins d'avoir de grandes mains. Outre ces concertos, beaucoup de musique de chambre a été écrite pour la contrebasse viennoise. On peut d'ailleurs remarquer que la contrebasse a par la suite conservé un rôle particulier dans la musique viennoise, apparaissant dans la musique de chambre. On a par exemple les versions de chambre de musiques de Lanner et Strauss pour deux violons, alto et contrebasse.

Merci pour ces précisions sur la contrebasse, Contrabajo

Il est à noter que les trois quintettes à cordes op. 39 de Boccherini (G. 337 à 339) sont composés avec une contrebasse à la place du 2ème violoncelle.

Merci à toi Joachim, et à tous les autres. Je suis ravi par votre curiosité à propos de la contrebasse, qui s'exprime ici de manière inattendue, vous avez fait de belles découvertes.

Voici un exemple de contrebasse viennoise:

En voici une version moins conventionnelle. Korneel est un interprète et chercheur infatigable, aussi bien en musicologie qu'en lutherie, et qui se permet de lier authenticité et modernité. Le générique n'a rien à voir, c'est de l'humour belge!

joachim a écrit:

Il est à noter que les trois quintettes à cordes op. 39 de Boccherini (G. 337 à 339) sont composés avec une contrebasse à la place du 2ème violoncelle.

Ils sont très beaux! Peut-être qu'il n'y a pas une grande différence si on adapte le 2e violoncelle à la contrebasse dans les quintettes de Boccherini. J'adorerais le faire dans le quintette "fandango". Cela se fait de temps en temps, par exemple pour le quintette de Schubert. C'est juste plus difficile à la contrebasse, mais quand c'est bien joué ça vaut le coup. Bozo Paradzik a rajouté une partie de contrebasse dans le sextuor "Souvenir de Florence" de Tchaikovsky, c'est superbe.

En quintette nous avons aussi le quintette op.77 de Dvorak, et pas mal d'oeuvres de compositeurs moins connus.

À propos de la contrebasse viennoise, mentionnons cette improbable symphonie concertante de Leopold Kozeluch (1747-1818) pour trompette, piano, mandoline et contrebasse!

Je n'ai trouvé que le 3e mouvement dans cette version avec le contrebassiste David Sinclair. Il y a sur Youtube deux versions avec contrebasse moderne, l'une d'elles pas mal du tout, assez marrant d'entendre les glissandi du contrebassiste, qui n'ont évidemment pas lieu d'être avec l'instrument original.

Un peu de musique de chambre: le duetto de Dittersdorf pour alto et contrebasse viennoise.