Jean-David HERMANN (1760-1846)

Johann ou Jean-David Hermann, né en Allemagne vers 1760 et mort à Paris en 1846, est un professeur de piano et compositeur allemand.

Ses année de jeunesse et sa formation sont inconnues.
Hermann, se fixa à Paris en 1785, et s’y fit entendre au concert spirituel, avec le plus grand succès, dans son premier concerto. Son jeu brillant et facile le fit considérer comme un des virtuoses les plus remarquables de cette époque ; il publie son opus 1 "Trois sonates pour le piano forte et"accompagnement de violon ad libitum" (1785).

Lorsque la reine Marie-Antoinette le choisit pour lui donner des leçons, il devint, dès lors, le professeur en vogue des femmes de la cour.

Steibelt étant arrivé à Paris en 1787, une rivalité s’établit entre ces deux artistes, et chacun d’eux eut ses partisans. Le mécanisme d’exécution de Hermann, qui était celui de l’école de Bach de Berlin et de Hambourg, avait plus de correction que celui de Steibelt ; mais ce dernier, beaucoup plus remarquable par les qualités du génie, l’emportait par ses compositions et par la chaleureuse expression de son jeu.

Pendant la Révolution, et à l’époque de la vente des biens nationaux, Hermann fit des spéculations sur ce genre de propriétés, qui lui procurèrent des richesses considérables. Il acheta les propriétés du duc de Choiseul qui formaient ce qu’on appelait "le pâté des Italiens". Dès lors, il cessa d’enseigner et de se faire entendre en public, ne cultivant plus la musique qu’en amateur jusqu’à sa mort en 1846, à un âge avancé.


Les compositions de Hermann consistent en concertos (6 pour piano et 2 pour harpe), sonates, pots-pourris, etc. :

Trois sonates pour le pianoforte et accompagnement de violon ad libitum, op. 1 (Leduc, 1785)
Six sonates pour piano seul, op. 1, Paris, Imbault (Janet) ;
Premier concerto pour piano et orchestre en ut majeur, op. 2, Paris, Naderman, v. 1788 ;
Deuxième concerto pour piano et orchestre en fa majeur, op 3 ; ibid. v. 1794 ;
Trois sonates, op. 4, Paris, Leduc ;
Troisième concerto pour piano et orchestre, op. 5 (en mi majeur), Paris, Naderman v. 1788 ;
Trois sonates pour le pianoforte ou clavecin avec accompagnement d'un violon ad libitum... composées par M. Hermann, op 6, Paris, Naderman 1789
Trois Sonates pour le piano-forté ou clavecin et violon ad libitum pour les deux premieres, op. 7, ibid. ;
Quatrième concerto pour piano ou pianoforte en fa mineur, op. 8, ibid.v. 1797 ;
Grande sonate pour piano seul, op. 9, Paris, Leduc ;
Premier Concerto pour la harpe avec accompagnement de deux violons, alto, basse, basson, cors et hautbois (ad libitum) en fa majeur, op 9, Paris, Naderman 1797
Duo pour piano et harpe, op. 10, ibid. ;
Deuxième concerto pour la harpe avec accompagnement de deux violons, alto, basse, basson, cors et hautbois (ad libitum) en si bémol majeur, op. 10, Paris, Naderman v. 1797
Cinquième concerto, op. 11, Paris, Naderman ;
La Coquette, sonate détachée, Paris, Leduc v. 1800 ;
Sixième concerto, Paris, Naderman ;
Dix pots-pourris pour piano seul, Paris, Nailerman, Imbault, Leduc 1800;
Grande sonate, op. 19, Paris, Érard.
Duo à quatre mains pour le pianoforte, Paris,Erard

Quatuor de Pleyel arrangé pour piano, pour la Reine par Hermann
Trois duos pour deux violons tirés de la Coquette et des concertos d'Hermann arrangés par François-René Gebauer, Paris, Nadermann 1797

Sonate en fa majeur, op. 3 n° 1



https://www.youtube.com/watch?v=FtceeN-7K-g

Sonate en si bémol majeur "La Coquette"



https://www.youtube.com/watch?v=OhXzBBIOHOY

Allegro con vivace (cette sonate ne comporte qu'un seul mouvement)


Note de David Bolton

Né dans l'actuelle Allemagne, Johann David Hermann s'installe à Paris à l'âge de 25 ans et prend rapidement d'assaut cette capitale : c'est un brillant virtuose du clavier qui joue avec la précision de grands maîtres allemands tels que C.P.E. Bach. Etant également compositeur, il avait rapidement gagné l'admiration des mélomanes de tous bords, dont nul autre que la reine Marie-Antoinette. Cette illustre personnalité l'engagea pour lui donner des cours de clavier et bientôt, de nombreuses dames de la cour de France réclamèrent elles aussi d'être enseignées par le jeune maître allemand. Ah, mais le bonheur d’Hermann n’était pas destiné à durer longtemps, car en 1787, un autre jeune virtuose/compositeur apparaît à Paris : Daniel Steibelt. S'ensuit une rivalité musicale entre les deux. La plupart s’accordaient à dire qu’Hermann jouait avec plus de précision que le nouveau venu, mais le jeu de Steibelt était plus expressif et ses compositions démontraient un génie supérieur à celui d’Hermann. Mais ne vous sentez pas mal pour Johann David Hermann pour l’instant. Lorsque la révolution éclata et que le nouveau gouvernement vendit les propriétés ayant appartenu aux aristocrates détestés, Hermann investit dans une partie de ces propriétés ; Finalement, sa valeur a augmenté de façon spectaculaire, et Hermann a découvert qu'il était devenu riche !
Malheureusement pour nous, sa réaction face à sa nouvelle richesse fut de vivre une vie plus facile en cessant d'être un compositeur professionnel. Il n'a ensuite fait de la musique qu'à titre privé et a vécu jusqu'à l'âge de 86 ans (ce qui n'était pas une mince affaire à l'époque !).

Le présent travail est assez particulier à plusieurs égards. Il s’agit d’un mouvement sonate étendu, mais « détaché », comme le précise la page de titre d’une de ses éditions : cela signifie ici qu’il n’y a pas de deuxième ou de troisième mouvement ; la pièce est seule.
J'ai d'abord trouvé un fichier numérique du manuscrit original et je l'ai pratiqué/enregistré à partir de cette source. Ce n'est que plus tard que j'ai trouvé deux autres éditions imprimées datant d'environ 1800. Bien sûr, il aurait été beaucoup plus facile de l'interpréter à partir des partitions publiées, car les manuscrits sont souvent notoirement difficiles à lire et contiennent de fréquentes erreurs. Néanmoins, la comparaison du manuscrit avec les sources publiées a été révélatrice, puisque j'ai constaté que lors de sa publication définitive, certaines modifications avaient été apportées (soit par le compositeur, soit par l'éditeur). L'une des éditions a été publiée à Londres, probablement entre le milieu et la fin des années 1790 ; dans cette estampe, un deuxième mouvement a été ajouté – un rondo du rival d’Hermann, Daniel Steibelt !

Cette œuvre est – même dans le manuscrit – sous-titrée « La Coquette ». On aimerait bien savoir quelle jeune beauté parisienne a pu inspirer ce nom, mais je suppose que c'est quelque chose que seul un très bon médium pourrait nous dire, alors je ne retiendrai pas mon souffle… Encore un point intéressant sur le manuscrit par rapport aux deux versions publiées : sur les pages de titre des éditions imprimées, il est indiqué que cette œuvre est pour « piano forte ou clavecin », or le manuscrit dit « clavecin ou piano forte ». Cela pourrait bien indiquer que l’œuvre a été composée quelques années seulement avant sa publication, à une époque où le clavecin était encore plus répandu qu’à la fin des années 1790.

- David Bolton, « Le claveciniste numérique »