Juan (Joan) Manén (1883-1971)

Juan Manén i Planas (ou catalan : Joan Manén, 14 mars 1883 - 26 juin 1971) est un violoniste et compositeur espagnol, né et mort à Barcelone.

Ses progrès en musique étaient si rapides que son père, un marchand mordu de musique, lui a donné ses premières notions de piano à 3 ans, puis l'a présenté comme un prodige de piano. Après avoir étudié le violon dès ses cinq ans avec Clemente Ibarguren, il fut comparé à son célèbre compatriote Sarasate. Il effectue ses premiers concerts publics dans des villes espagnoles, et en 1892, à neuf ans, il voyage en Amérique latine et dirige l'année suivante, en Argentine, un concert symphoniques avec 200 choristes. A treize ans il commence à composer. En 1898 il parcourt l'Europe et donne des récitals en duo avec des noms prestigieux, tels Pau Casals, Richard Strauss, Saint-Saens ou Dvorak.

De même il a attiré beaucoup d'attention en tant que compositeur, non seulement en Espagne, mais peut-être même plus en Allemagne, où il a résidé à des moments différents pendant des périodes prolongées. ll y a même été comparé à Richard Strauss, sa musique fut bientôt reconnue et ses opéras étaient représentés régulièrement dans les grands théâtres du pays. En fait, suite à sa présentation en 1904 à la Hochschule (institution de l' enseignement supérieur ) à Berlin, quand il eut vingt et un ans, il a été salué comme l'un des musiciens les plus remarquables de l'époque, et a atteint un renommée imparable dans toute l'Europe. À de nombreuses reprises, compositeur et violoniste, il a travaillé aussi comme chef d' orchestre.

En 1930, il a fondé et présidé la Société Philharmonique de Barcelone, une organisation influente dans l'atmosphère musicale de Barcelone, et qui a programmé plusieurs concerts. Son fort caractère exigeant, et son attitude indolente envers Franco ont fait qu'on le détestait et l'aimait en même temps dans la société à l'époque. Il est mort en 1971 et fut enterré au cimetière Montjuic de Barcelone.

Ses œuvres comprennent notamment : les opéras Giovanni di Napoli (1903), Der Fackeltanz (1909) et Neró i Acté (1928) avec son propre livret; le poème symphonique Nova Catalogne ; Au moins trois concertos pour violon; "Fantasia - Sonata" pour guitare; Une suite pour violon et piano; Un quatuor pour piano, un quatuor à cordes, et un certain nombre de miniatures exquises pour violon et orchestre . Il a également complété le Concerto pour violon de Beethoven en ut, qui, autrement, ne survit que dans ses 259 premières mesures.


Opéras

Juana de Napoles (1903)
Actee (1906)
Der Fackeltanz (1909)
El camí del sol, op. 19 (1926)
Néron et Actee, op. 21 (1928)
Soledad, op. 45 (1952)
Don Juan, op. 35 (non daté)
Heros, op. 34
plusieurs zarzuelas, dont Lo suplici de Tántalo (1900) et Elixir de Alor (1903)


Ballets

Le Portrait de Dorian Gray, op. 38
Rosario la Tirana, op. 27 (1952)


Orchestre

Capricho en re menor, op. 15
Symphonie Nova Catalonia, op 17
Symphonie Camino del sol, op 19 (1926)
La Vida es Sueño, ouverture, op 23
Divertimento, op 32
Eloge du Fandango, op 43
Symphonie Ibérique, op 47
Festividad, poème symphonique évoquant  une commémoration, op. 49 n° 2
Rhapsodie catalane pour piano et orchestre, op. 50 (1954)
Miniatures, 7 pièces caractéristiques pour orchestre à cordes


Concertos

Suite pour violon, piano et orchestre, op. 1 (1898/1922)
Variations sur un thème de Tartini pour violon et orchestre, op 2 (v. 1908)
Juventus, concerto grosso pour 2 violons, piano et orchestre, op 5
Concerto n° 1 pour violon et orchestre "espagnol", op 7 (1898)
Chanson et Etude pour violon et orchestre de chambre, op 8 (1909)
Capriccio en la mineur pour violon et orchestre, op. 14
Capriccio en ré mineur pour violon et orchestre, op. 15
Concerto n° 2 pour violon et orchestre de chambre, op. 24 (1922)
Capriccios catalans pour violon et orchestre, op. 33
Concerto n° 3 pour violon et orchestre "Ibérique", op. 37 (1942)
Romanza mistica pour violon et orchestre à cordes, op. 46
Romanza amorosa pour violon et orchestre à cordes, op. 48
Concertino pour violon et orchestre, op. 49 (1965)
Concerto pour piano et orchestre, op. 13
Concerto pour violoncelle et orchestre, op. 31 (1947)
Suite "Belvedere" pour flûte et orchestre à cordes, op. 40 (1948)
Concerto pour hautbois (ou clarinette) et orchestre, op. 39 (1946)


Musique de chambre

Petite Suite espagnole pour violon et piano, op. 3 (1899)
Mobilis in Mobili pour quatuor avec piano, op 6 (1901)
Quatuor à cordes n° 1 en fa majeur, op 16 (1922)
El y Ella pour quintette avec piano, op 18 (v. 1917)
Dialogue pour flûte , harpe et trio à cordes, op 44 (1957)
Quatuor pour piano et cordes en fa mineur, op 42 (1903) ou sonate de concert pour violoncelle et piano, op. 42 ?
Pièces pour violon et piano, dont Interlude, op. 30, Canciones, op. 10, Balada, op. 20, et 2 Dansse Ibériques, op 25, Danse ibérique n° 3, op. 36
Petite suite, 5 pièces artistiques et faciles per violino e pianoforte, op. 26


Piano

Sonate "Fantaisie", op 22, composée pour guitare (1929)
Cuadros, suite, op. 29 (1937)
Petites pièces, dont plusieurs sardanes


Mélodies, dont Cinco canciones para canto y piano, op. 4, 3 mélodies françaises, op. 9,  Cuatro canciones, op. 10, 2 Canço iberica, op. 26
Choeurs, dont 4 Coros catalans pour voix mixtes et orchestre de chambre, op. 11 et 3 Cançons iberiques pour chœur de femmes et piano, op. 12, 2 chœurs op. 28


Sardanes

El cavaller enamorat, Camprodon, Manresana, L'alegre companyia, Esperançant, Cap a Núria falta gent, Joia d'infants, Presentació, Figuerenca, Pàtria, Sardana tràgica, Gironina, Els dos camins, La font dels pastors, La menuda entremeliada, Olorosa.


Ecrits

Mis experiencias, autobiographie en 3 volumes (1944-1957)
El violín, un traîté sur le violon (1958)
Variaciones sin tema
Relatos de un violinista
Diccionario de celebridades musicales

Il a écrit le livret de 4 de ses opéras



https://www.youtube.com/watch?v=eGdCQpWHP6s

Sa symphonie n° 1 "Nova Catalonia", op. 17 (1903)



https://www.youtube.com/watch?v=X9BqvDwfBMk

Bof, je suis à 30 minutes et ça me lasse déjà

Juan Manén (ou catalan : Joan Manén, 14 mars 1883 - 26 juin 1971) était un violoniste et compositeur espagnol, né à Barcelone.

Enfant, ses progrès en musique sont si rapides que son père l'exhibe comme un prodige du piano. Puis, après avoir étudié le violon auprès de Clemente Ibarguren, il fait ses débuts en tant que violoniste, et rencontre un tel succès qu'en Allemagne il est comparé à son célèbre compatriote Sarasate. De même, il a attiré beaucoup d'attention en tant que compositeur, non seulement en Espagne, mais peut-être encore plus en Allemagne, où il a résidé à différentes époques pendant de longues périodes.

Joan Manén est né à Barcelone, en Catalogne. Précocement doué, il apprend le solfège et le piano avec son père dès l'âge de trois ans, et à sept ans joue en public les concertos de Chopin. Entre-temps, à cinq ans, il avait commencé à étudier le violon avec Vicente Negrevernis. L'étude du piano et du violon est conservée et en peu de temps, il développe une facilité inhabituelle pour lire à vue toutes sortes de partitions. En 1890, son père réussit à convaincre Clemente Ibarguren -formé à Paris- de donner des cours de violon à son fils. Ils ont établi deux cours par semaine, et il a rapidement atteint une maîtrise technique étonnante et à l'âge de neuf ans a fait ses débuts en Amérique latine. À l'été 1892, la première présentation publique de Juanito a lieu au Nuevo Casino de Castellón, où il est pianiste et violoniste dans cinq concerts à succès. Les programmes apparaissent dans les pièces "Adiós a la Alhambra" de Jesus de Monasterio, "Air varié" de Charles de Beriot, et "Balade et Polonaise" d' Henry Vieuxtemps entre autres.

Un extrait de presse témoigne de sa réussite : «En effet, il ne cesse d'étonner dans ses propres années, de voir la facilité et l'ingéniosité avec laquelle il manie l'archet, l'accordage et la clarté du son et la perfection de son articulation, les conditions sont bien dirigées, avec le temps elles feront de l'artiste-enfant, ce que les Français appellent un virtuose" (Mercantil 7-VII-1892, Teatro Pizarro). Il a fait ses débuts européens en tant que violoniste en 1898, lorsqu'il a été salué comme un virtuose de premier rang; il a ensuite fait cinq tournées mondiales.

Compositeur presque entièrement autodidacte, Manén avait commencé à écrire à 13 ans et, en 1900, il dirigea un concert de ses propres œuvres à Barcelone. C'est en 1894 que son père, Joan Manén Abellan, estime qu'il ne suffit pas que son fils triomphe en tant que virtuose du violon et décide de se lancer dans la composition.
Comme Joan Manén lui-même l'explique dans le premier volume de "Mes expériences", son père lui a donné un papier vierge, espérant que lui, sans connaissance de l'harmonie, commencerait à composer une œuvre. Les premières intentions furent un échec absolu, mais au bout d'un moment et de manière intuitive, il commença à prendre conscience de son talent de compositeur. Manén était un autodidacte involontaire car pendant toute son enfance et son adolescence son père, artiste du spectacle, ne lui a pas permis d'étudier la composition dans aucun conservatoire. En regardant l'histoire de la musique, il est difficile de trouver dans le monde de la composition un cas aussi extraordinaire d'auto-apprentissage. Il faut se souvenir que son père, le seul professeur de son fils, était un musicien amateur avec peu d'études musicales qui ne jouait du piano que très discrètement.
Plusieurs professeurs se proposèrent de donner des cours d'harmonie et de composition mais le père avait l'habitude de dire : «Il ne l'apprendra qu'en lisant beaucoup de musique. L'instinct quand il est possédé est le meilleur professeur. était extraordinaire. Il nous raconte lui-même que son père lui a donné de nombreuses œuvres symphoniques et opéras qu'il a lu au piano. Malgré la difficulté qu'ils rencontraient, l'enfant sortit assez sans vergogne. Il ne l'apprendra qu'en lisant beaucoup de musique. L'instinct, lorsqu'il est possédé, est le meilleur professeur. "La capacité de lecture à la vue du petit Joan était extraordinaire. Il nous raconte lui-même que son père lui a donné de nombreuses œuvres symphoniques et des opéras, alors il les a lus au piano. Malgré la difficulté qu'ils avaient, l'enfant est sorti assez sans gêne.

Son premier opéra, Juana de Nápoles (produit à l'âge de 19 ans), a été bien accueilli au Gran Teatre del Liceu de Barcelone, et il a immédiatement suivi avec Acté, pour lequel (comme pour tous ses opéras ultérieurs) il a écrit son propre livret. Il séjourne ensuite en Allemagne, où il acquiert une admiration pour Wagner et Richard Strauss, que l'on peut observer dans son écriture orchestrale. L'influence de Strauss sur son harmonie se fait aussi particulièrement entendre dans ses mélodies. Il a composé de manière prolifique dans de nombreux genres, mais a ensuite détruit, renié ou radicalement révisé tout ce qu'il avait composé avant 1907. Cela l'a conduit, par exemple, à réécrire presque complètement Acté- augmentant la complexité de la texture - renommé Neró i Acté.

Manén a réalisé de nombreux arrangements, à la fois instrumentaux et vocaux, de mélodies folkloriques espagnoles et catalanes, et des styles de danse traditionnels (par exemple la sardane) apparaissent dans ses œuvres. Sa musique est tonale dans l'idiome et principalement lyrique, et il existe souvent des liens thématiques entre les mouvements. Ses écrits comprennent de nombreux articles dans des périodiques espagnols et français et un traité sur le violon. En 1927, il devient membre de l'Académie espagnole des arts ; parmi de nombreux autres prix et distinctions, il a été prévu de donner son nom à une nouvelle salle de concert à Barcelone.

En 1930, il fonde et préside la Société Philharmonique de Barcelone (Societat Filarmònica de Barcelona), une entité influente dans l'atmosphère musicale barcelonaise qui programme plusieurs concerts. Son caractère fort et exigeant et son attitude indolente envers le régime franquiste le firent à la fois aimer et haïr par la société du moment ; Les impositions de la dictature l'incitent à remplacer définitivement le catalan par l'espagnol et à se rapprocher timidement du régime franquiste afin de maintenir son activité artistique dans tout le pays.

Il mourut en 1971 et fut enterré au Cementiri de Montjuïc à Barcelone.


Œuvres


Ses œuvres principales comprennent : les opéras Giovanni di Napoli (1903), Der Fackeltanz (1909) et Neró i Acté (1928) avec son propre livret ; le poème symphonique (ou symphonie) Nouvelle Catalogne ; au moins trois concertos pour violon; "Fantaisie - Sonate" pour guitare ; une suite pour violon et piano; un quatuor avec piano, un quatuor à cordes, et un certain nombre de miniatures exquises pour violon et orchestre. Il a également fait un achèvement-arrangement du Concerto pour violon en ut de Beethoven, qui autrement ne survit que dans ses 259 premières mesures.

Les premières œuvres de Joan Manén étaient des pièces très simples pour violon et piano, de la musique légère écrite pour être jouée lors des concerts qu'il donnait lui-même. De cette façon, l'enfant prodige pouvait s'afficher devant le public en tant qu'interprète et compositeur. L'une des œuvres qui a eu le plus de succès auprès du public a été une transcription virtuose réalisée par Manén lui-même, une Vals-Jota sur la célèbre zarzuela "El Duo de la Africana" de Manuel Fernández Caballero. Entre autres œuvres, il a écrit une petite pièce intitulée "Romancita", probablement sa première œuvre, et l'une des premières à être publiée. Peu à peu, ses œuvres gagnaient en complexité, comme dans le cas des quatre Caprices catalans et du "Concierto Español" pour violon et orchestre op. A-7. Selon Manén, son apprentissage était constant, et chaque jour il se rendait compte qu'il avait fait des erreurs. C'est pour cette raison, comme nous le verrons plus loin, que la réélaboration de ses œuvres fut une constante tout au long des deux premières décennies du XXe siècle.

En ce qui concerne le style et les influences des premières œuvres, on peut voir que dans de nombreux cas, il a repris des thèmes populaires espagnols et catalans qui ont été réélaborés à travers une langue d'Europe centrale davantage que l'espagnol. Sa fascination pour Ludwig van Beethoven, Richard Wagner et plus tard Richard Strauss lui fait prendre plaisir aux grandes formes et dès le début du XXe siècle il commence à aborder des œuvres avec un langage germanique de style poétique et descriptif très proche de ce que parallèle Richard Strauss cultivait. Lors d'un concert à Cologne le 4 janvier 1900, Strauss lui-même l'accompagne au piano pour plusieurs de ses œuvres.

Au fur et à mesure que Manén acquérait une plus grande maîtrise de l'orchestration, sa musique était capable d'atteindre une profondeur plus expressive et dans des opéras comme Acté, créé en 1903 au Liceu de Barcelone, réalisé grâce à une technique orchestrale puissante pour condenser et développer Le drame est très efficace et poignant. Mais pour arriver à écrire un opéra de la taille d'Acté il a dû se confronter à la composition de plusieurs zarzuelas comme "L'Engouement de Tantalus", ou "Elixir de amor" des oeuvres composées durant l'adolescence dans les moments difficiles de sa carrière de violoniste. Grâce à l'expérience compositionnelle de ces œuvres ainsi que de l'opéra "Giovanna di Napoli", créé au Liceu en janvier 1903, il put affronter ce qui serait peut-être sa pièce maîtresse "Acté".

L'opéra "Acté", hérité d'une tradition traditionnellement germanique, fut créé au Liceu en décembre 1903 et fut compris par un public barcelonais habitué au goût très italianisé de l'époque. Juste après la première, il s'est déclaré dans le Catalan Musical Magazine : "Je ne pense pas que lors de la première représentation, le public puisse me suivre dans tout ce que je veux exprimer dans la partition, mais j'espère que lors des auditions successives, je me permettrai d'obtenir à lui, surtout son ressenti, dont je pense que la technique ne doit être qu'un véhicule de transmission et, plus elle sera raffinée et parfaite, plus elle atteindra avec force le ressenti du public." Mais alors que Manen était assez incompris et en de nombreux cas peu valorisés sur ses terres, peu à peu il ouvrait des portes comme compositeur en Allemagne ; Acté a été représenté avec un grand succès à Dresde (1908), Cologne (1910) et Leipzig (1913) et grâce à l'extraordinaire reconnaissance publique qui a atteint l'œuvre, sa carrière de compositeur acquiert une nouvelle impulsion. C'est alors qu'ils voient les œuvres symphoniques légères d'ampleur telles que Nova Catalònia, Juventus et Suite pour violon, piano et orchestre. Dans ces premières œuvres symphoniques, nous trouvons un exemple clair du style et des caractéristiques qui définiront l'ensemble de son œuvre orchestrale. Ce sont des œuvres qui allient une orchestration de haut niveau et une élaboration thématique très élaborée, fruit d'une assimilation du répertoire germanique, à l'intuition et à la spontanéité d'un musicien extraverti et à de nombreux moments d'inspiration éminemment méditerranéenne.

Voir le catalogue des œuvres dans le premier post ci-dessus.





https://www.youtube.com/watch?v=GBtlrGKEm9k