Friedrich SCHENKER (1942-2013)

Eléments biographiques:

Friedrich Schenker fut un compositeur et tromboniste allemand né le 23 Décembre 1942 à Zeulenroda , Thuringe, et mort le 8 Février 2013, à Berlin. Il était encore enfant lorsqu'il apprit le trombone et le piano. Dès l'âge de 10 ans, il réalisa ses premières compositions. A la <Hochschule für Musik "Hanns Eisler">, il étudia, de 1961 à 1964, le trombone avec Helmut Stachowiak et la composition avec Günter Kochan, ancien élève en composition de Hanns Eisler . Au cours de ses études , Friedrich Schenker enseigna lui-même l'art du dodécaphonisme et travailla dans un groupe de jazz avec lequel il explora cette technique. Après avoir obtenu un examen d'Etat en musique instrumentale, en 1964, il décrocha une nomination en tant que tromboniste principal du "Radio Symphony Orchestra of Leipzig" où il resta jusqu'en 1982. Il poursuivit ses études de composition à l' Académie de Musique de Leipzig sous la coupe de Fritz Geissler (Geibler).

En 1970 , il fonda avec le hautboïste Burkhard Glaetzner et six autres musiciens de la Radio Symphony Orchestra et l' Orchestre du Gewandhaus de Leipzig , le "Gruppe Neue Musik Hanns Eisler". Ce groupe spécial qui intègra le frère de Friedrich Schenker, le batteur Gerd Schenker, devint l'ensemble le plus important de la musique de chambre contemporaine de l'avant-garde en RDA . En collaboration avec Ernst Ludwig Petrowsky (souvent appelé Luten Petrovsky) un musicien de jazz allemand, il s'aventura sur le territoire d'une nouvelle musique improvisée. Des "master classes" avec Paul Dessau, entre 1973 et 1975, orientèrent ses choix artistiques et esthétiques.  

Friedrich Schenker fut membre du conseil de l' Association des compositeurs et musicologues de la RDA jusqu'en 1989. Depuis 1982, en tant que musicien et compositeur indépendant, il fut consultant pour la nouvelle musique au "Gewandhaus" de Leipzig. Il travailla et reçut des missions d'enseignement en composition et en improvisation à l' Université de Musique et de Théâtre de Leipzig . Depuis 1990, il vécut à Berlin. De 2000 à 2002 , il fut compositeur de théâtre au "Staatstheater Kassel". Cet élève de Günter Kochan et Paul Dessau est, depuis 1964, trombone solo de l'Orchestre radio-symphonique de Leipzig. Dès ses premières créations, il impose un style personnel qui perce sous les contraintes esthétiques extérieures de l'époque: 1ère symphonie "In memoriam Martin Luther King" (1970). Compositeur politiquement engagé, il n'a pas hésité à aborder les problèmes de la recherche d'un langage et d'une esthétique contemporains : "Electrization" (1973) fait appel au jazz, et "Leitfaden für angehende Speichellecker" utilise un piano préparé. Son Épitaphe pour Pablo Neruda, composée pour dix-huit cordes, lui a valu une reconnaissance internationale.

L'instant musical:

https://www.youtube.com/watch?v=K8x-NUd34rA

La symphonie que j'ai réécoutée ce matin est moins oppressante que la  Symphony in memoriam Martin Luther King que je viens de poster ci-dessus et qui démarre sur de grandes pulsions dramatiques. Celle que j'ai écoutée sur disque s'intitule Flötensinfonie, une symphonie en deux mouvements (Allegro moderato/Grave) pour flûte(s) et orchestre symphonique. Toutefois, l'esthétique choisie n'est pas très différente. L'oeuvre est atonale, voire sérielle, chahutée, hachée, crispée, d'une tension quasi-permanente avec de nombreuses ruptures de rythmes. Elle s'autorise quelques répits comme au début du second mouvement. La flûte solo y apporte cependant une dimension aérienne et faussement légère. Au final, c'est une oeuvre atonale qui me plait bien par son intensité dramatique très élevée, ses rares moments de flottement harmonique, une tension qui maintient en haleine jusqu'à la dernière note. Le second mouvement est celui que je préfère, par son début quelque peu méditatif et un passage beaucoup plus dynamique et rythmé comme il le faut.

Werner Tast: flûte
Rundfunk-Sinfonie-Orchester Leipzig
Direction: Wolf-Dieter Hauschild