David SAWER, né en 1961

Byrnan Wood par le "BBC Symphony Orchestra" sous la direction d'Andrew Davis m'a toujours laissé, et cela depuis la première écoute, une très forte impression. J'en reviens là aussi à ce que j'évoquais déjà à propos de Red Earth de Michael Finnissy, c'est-à-dire cette sensation de mobilité immobile: David Sawer a écrit: <<Ce que je trouve le plus passionnant dans la composition, c'est cette possibilité de changement: on peut transformer quelque chose qui est immobile en quelque chose de mouvant; quelque chose de transparent en quelque chose de dense; quelque chose de dur en quelque chose de doux.>> Ce sont pourtant les passages animés et les plus intenses qui apportent toute la force expressive de cette musique avec le formidable contraste des passages les plus doux et suggestifs. comme l'écrit si bien Andrew Clements, je cite: <<C'est bien de changement dont il s'agit dans Byrnan Wood, une exploration de la façon dont la perspective du son d'un orchestre peut être altérée, où de la façon dont le son puisse se déplacer dans l'espace bien que l'orchestre, source de ce son, reste immobile.>> C'est ce qui expliquerait son titre shakespearien, car l'idée principale qui conduisit à la gestation puis la conception de cette oeuvre provint de Macbeth, pièce dans laquelle l'armée de Malcolm progresse sur le château de Dunsinane, sous le camouflage d'une forêt de branches feuillues ayant été coupées dans le Grand Bois de Birnam. C'est en allusion de cette "attaque" que le compositeur David Sawer précise: <<Ce n'est pas le bois que je décris, mais l'hallucination de Macbeth; c'est pourquoi j'ai choisi l'une des orthographes d'origine de Shakespeare pour le titre.>> J'adore l'agencement des sons ainsi que les constructions rythmiques des parties animées qui me sont, intellectuellement et émotionnellement, très excitantes...sortes de marches fragmentaires si on peut dire, un goût qu'il a peut-être hérité de son maître en composition Mauricio Kagel avec lequel il étudia à Cologne, durant les années 80 et qui a toujours manifesté une fascination pour tout ce qui avait une connotation militaire. Bien sûr, à l'écoute d'une telle partition, il n'est pas nécessaire de penser à Macbeth ni à Shakespeare, ni à une guerre quelconque, fictive ou réelle, historique ou contemporaine. L'un des superbes pouvoirs de la musique c'est qu'elle peut nous inspirer quelque chose qui est à mille lieux de ce qui a animé le compositeur dans son processus créatif. A vrai dire, Byrnan Wood ne m'évoque rien de précis si ce n'est peut-être un drame totalement abstrait sans personnages concrets, juste une combinaison, une alchimie sonore, voire une intrigue purement musicale qui se développe de façon dramatique et passionnée/passionnante à mon oreille, comme un film étrange, sans aucune image ni dialogue.

Eléments biographiques:

David Sawer est né en 1961 et il a étudié la musique à l'Université de York. En 1984, il reçut une bourse DAAD pour étudier avec Mauricio Kagel à Cologne. Ses compositions du début des années 80 reçurent une attention considérable du public par des interprétations que firent le "London Sinfonietta" et "Music Projects/London, ce qui résulta en nombre accru de commissions du MusICA, du "Kirkless Metropolitan Council" et du Festival Almeida. David Sawer a composé pour la salle de concert, le théâtre, la danse et la radio. Sa composition radiophonique "Swansong" (1989), un commentaire en parole et musique sur une nouvelle d'Hector Berlioz, fut diffusée trois fois, puis sélectionnée par la radio de la BBC pour le Prix d'Italia de 1989, et obtint par la suite le Prix Sony Radio. D'autres oeuvres incluent "Cat's eye" (1986), interprétée par le Ballet Rambert, "Good Night", pour ensemble de chambre (1988), "Songs of love and war", pour les BBC Singers (1990), un opéra de chambre en un acte "The Panic" (1991), "The Memory of Water" pour ensemble de cordes (1993-95) et un Concerto pour trompette pour Graham Ashton et le BBC Symphony Orchestra (1994). En 1992-93, David Sawer obtint la bourse universitaire pour Composition Musicale Fulbright-Chester-Schirmer, ce qui lui permit de résider aux USA pendant neuf mois, et il décrocha le Prix de la Fondation "Paul Hamlyn" en 1993. Il fut ensuite Compositeur-en-Association avec les "Bournemouth Orchestras" et eut pour projet une composition pour le "Bournemouth Sinfonietta". Il fut également pressenti pour travailler sur une commission provenant du "London Sinfonietta" et sur de la musique d'accompagnement d'un film muet pour le "Matrix Ensemble".

La seule oeuvre de David Sawer, né en 1961, que j'aurai écouté jusqu'à aujourd'hui s'intitule Byrnan Wood par le "BBC Symphony Orchestra" sous la direction d'Andrew Davis. Elle me semble plutôt bien décrite dans mon commentaire introductif avec en plus les intentions et préoccupations stylistiques du compositeur. L'oeuvre n'est pas très longue, une vingtaine de minutes environ. J'en aime par ailleurs l'expressivité et le caractère concis. C'est une oeuvre pour orchestre employant un ton résolument moderne et personnel, faite de contrastes saisissants, une oeuvre qui va de la dureté à la douceur, du statisme à l'exaltation... David Sawer a toutefois composé plusieurs opéras, une opérette, une musique de ballet, une musique pour une scène dramatique écrite pour deux voix et orchestre:



The Panic, un opéra de chambre créé en 1991.
From Morning to Midnight, un opéra en sept scènes, basé sur la pièce de Georg Kaiser, créé en 2001 par l'"English National Opera".
Skin Deep, une opérette sur le thème de la chirurgie plastique, sur un livret d'Armando Iannucci, créée le 16 janvier 2009.
Rumpelstiltskin, un ballet en huit scènes, pour six danseurs et treize joueurs, commandé par BCMG et créé le 14 novembre 2009.
La patinoire, un opéra en trois actes Créé le 5 juillet 2018 au "Garsington Opera".
Flesh and Blood, une scène dramatique pour deux voix et orchestre, créée au Barbican par le "BBC Symphony Orchestra" sous la direction d'Ilan Volkov, avec les solistes Christine Rice et Marcus Farnsworth.

Quelques oeuvres orchestrales:

Byrnan Wood(1992)
Concerto pour trompette (1994)
Tiroirs, pour ensemble de chambre (1996)
Concerto pour piano (2002)
Rebus pour ensemble de chambre (2004)
Avril\Mars pour grand ensemble de chambre (2016), chorégraphié par Aletta Collins pour le Royal Ballet (Blue Moon).