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Sujet: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 8:26
André Gagnon - Son histoire - 1ère Partie
Certains compositeurs ne sont pas toujours faciles à classer dans une catégorie plutôt qu'une autre. Ils sont ce qu'on appelle communément des inclassables. Je crois que plusieurs compositeurs canadiens, mais pas seulement, peuvent ainsi être difficiles à classer, parce qu'ils se sont "essayés" ou distingués dans plusieurs domaines, le "savant" comme le "léger", le monde symphonique comme le monde de la variété. Je pense à François Dompierre dans un premier temps, artiste qui m'a toujours intéressé, mais aussi à André Gagnon, artiste que je connais un peu moins mais qui semble avoir été une sorte de touche-à-tout enthousiaste et talentueux. Inclassable ou non, il s'agit avant tout d'un compositeur, d'un faiseur de musique qui sait fabriquer de l'émotion et du plaisir comme le démontre aisément cette sorte de comédie musicale moderne (ou opéra romantique?) intitulée nelligan sur un livret de Michel Tremblay dont je viens d'écouter la première partie ce matin. Les textes, parfois en anglais et souvent en français, sont superbes, beaucoup de belles mélodies même si le traitement instrument/synthé n'est pas toujours complètement à la hauteur, selon un humble avis personnel. Toutefois, l'ensemble est solide avec un résultat final qui ne manque ni de ventre ni d'âme et permet à l'auditeur (que je suis) d'entrer émotionnellement dans l'histoire, sans être réellement freiné par des faiblesses devenues presque superflues pour le coup. André Gagnon est un pianiste, compositeur, chef d'orchestre et arrangeur québécois né le 2 août 1942 à Saint-Pacôme au Québec, Canada. Il fait ses débuts en 1958 comme accompagnateur du chansonnier Hervé Brousseau, avec qui il fonde le groupe "Les Bozos" l'année suivante. Ce groupe comprend aussi Clémence Desrochers, Jean-Pierre Ferland, Claude Léveillée, Jacques Blanchet et Raymond Lévesque. Ensemble, ils donnent plusieurs concerts, avec André Gagnon comme pianiste-accompagnateur. Plus tard, au début des années soixante, il se lie d'amitié avec Claude Léveillée avec lequel il collaborera pendant plusieurs années à la fois en concert et sur disque, tous les deux souvent accompagnés de la choriste Nicole Perrier. À la même époque, André Gagnon accompagne aussi son amie Renée Claude, chanteuse qu'il estime particulièrement pour ses talents d'artiste et d'interprète hors pair de la chanson québécoise. Il participe aussi à diverses émissions de télévision : "Cri-cri" avec Mirielle Lachance et "Cocorico" avec Monique Leyrac.
À partir de 1964, André Gagnon enregistre environ un album par année et connaît son premier grand succès populaire et international avec la pièce "Pour les amants", lancée en 1968. L'année suivante paraît son microsillon "Mes quatre saisons" sur lequel on retrouve des arrangements dans le style baroque de douze classiques de la chanson québécoise, soit trois titres pour chacun des quatre artistes suivants : Jean-Pierre Ferland, dont les mélodies rappellent le printemps, Félix Leclerc pour l'été, Claude Léveillée pour l'automne, et, bien sûr Gilles Vigneault pour l'hiver (Mon pays). Suite au succès de l'album, André reprend le même principe trois ans plus tard, en 1972, rendant hommage cette fois à l'œuvre de La Bolduc (Les turluteries). En 1973, il enregistre "Projection", le premier d'une longue série d'albums ne contenant que des compositions originales du compositeur puisqu'il n'enregistrera par la suite que très rarement des chansons ou mélodies d'autres compositeurs ou interprètes, si l'on fait exception du CD "Twilight Time" enregistré beaucoup plus tard en 1996.
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 8:48
André Gagnon - Son histoire - 2ème Partie:
Parmi ses albums les plus importants, il est indispensable de mentionner "Saga", paru en 1974 (incluant un bel hommage au poète Émile Nelligan ainsi que les pièces; Il neige sur Kamouraska, La douce illusion, Toccatarock et Sunsonata) et surtout "Neiges", enregistré en 1975 et sur lequel se retrouve, outre la longue et populaire pièce titre, les succès "Ouverture éclair, Wow, Ta samba, Dédéthoven et Flash back", ainsi qu'un hommage à Renée Claude (Chanson pour Renée Claude) et le fameux Petit concerto pour Carignan et orchestre qu'il compose pour Jean Carignan, réputé comme étant l'un des meilleurs violoneux au monde. J'aimerais beaucoup avoir l'occasion d'écouter ce Petit concerto pour Carignan et orchestre qui suscite énormément de curiosité chez moi! A quoi peut bien ressembler ce petit concerto pour violon; très certainement dans une veine tonale puisque,jusqu'à preuve du contraire, Gagnon s'est toujours montré fidèle à cette forme-là, sans n'avoir jamais été tenté par les voix de l'atonalisme...?...Trois ans plus tard, en 1978, André Gagnon récidive avec le microsillon "Le Saint-Laurent" qui connaît un égal succès et contient les titres suivants : "Un piano au soleil, Comme en vacances, Chevauchée, Transit, Week-end, Pour endormir ma mère" et surtout "Le Saint-Laurent", cette musique thème du disque, d'une durée de plus de douze minutes. Entre-temps, en 1976, le 45 tours "Disco Surprise" se fait connaître dans toutes les discothèques du monde. Deux albums sont alors publiés aux États-Unis et au Royaume-Uni pour satisfaire la demande grandissante dans ces deux pays. Ils ont pour titre "Imagination" (1975) et "Surprise" (1976) et forment en fait des compilations de ses albums québécois précédents, mais présentés là-bas sous forme d'albums originaux.
Le pianiste André Gagnon continue d'écrire et de composer de nombreux albums à succès, en particulier entre 1979 et 1986 où les disques "Mouvements, Virage à gauche, Impressions et Comme dans un film" sont d'excellents vendeurs. Extraites de "Mouvements" (1979), les compositions "La ballade, Un été fragile et Les beaux jours" plaisent au public, tout comme les "Mouvements divisés en trois temps". De "Virage à gauche" (1981), album dans lequel Gagnon exploite davantage les percussions, les titres "Rio non stop, Septième ciel et Deux jours à la campagne" se démarquent. Quelques pièces parues uniquement sur 45 tours sont aussi très populaires. C'est le cas notamment de "Rendez-vous' (1978) et de "Beau et chaud" (1981). Son album "Impressions" (1983) contient la mélodie "Comme au premier jour" sur laquelle le chanteur Roch Voisine va rajouter des mots quelques années plus tard, ce qui en fera la chanson "Dites-moi". André Gagnon fait alors de nombreuses tournées, tant au Canada anglais et à l'étranger qu'au Québec. À partir de 1986, année où il publie l'album "Comme dans un film" (avec Violetta et Rêver en hiver comme extraits pour les radios), il devient aussi très populaire en Australie, en Corée du Sud et particulièrement au Japon où il fait un malheur. Il grave d'ailleurs plusieurs disques spécifiques à attention du peuple du pays du Soleil Levant. Parmi ceux-ci, il y a les albums "Image" (1989) et "Résonance" (1990), ainsi que l'album "Towa-Ni", un hommage aux Japonais lancé en 2007
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 9:20
André Gagnon - Son histoire - 3ème Partie:
En 1990, André Gagnon signe la musique de l'opéra romantique Nelligan sur un livret de l'écrivain Michel Tremblay. Y ont participé, Yves Soutière, Michel Comeau, Louise Forrestier, Jim Corcoran, Dympna McConnell, Marie-Jo Thério, Daniel Jean, Loui Maufette, Roger Bellemare, avec la participation de Renée Claude, orchestre dirigé par Scott Price. Deux ans plus tard, en 1992, le pianiste se rend en République tchèque pour enregistrer l'album "Noël" avec l'Orchestre Philharmonique de Prague. Encore une oeuvre que j'aimerais pouvoir écouter et qui serait d'actualité en plus! Ses albums suivants, "Presque bleu" (1993), "Les jours tranquilles" (1993), "Romantique" (1994), incluant le titre "Le pianiste" envolé en hommage à son ami, le regretté Michel Berger, "Twilight Time" (1996) et "Éden" (1997) connaissent aussi beaucoup de succès, de même que ses "Histoires rêvées", parues au début du nouveau millénaire.
Après une longue tournée asiatique au milieu des années 2000, André Gagnon effectue un retour en force au Québec à l'automne 2010 en publiant l'album "Les chemins ombragés" qui ne tarde pas à se classer aussitôt en première position des meilleures ventes au pays. Le disque, dont certaines pièces sont enregistrées avec l'Orchestre Symphonique de Trois-Rivières sous la direction de Jacques Lacombe, contient notamment un bel hommage à son ami Claude Léveillée (Le piano de Claude) ainsi qu'un titre, Cantilène, sur lequel la mezzo-soprano Noëlla Huet participe vocalement. L'artiste commence ensuite une tournée québécoise pour tout l'automne 2010, tournée qui l'amène à visiter plusieurs villes du Québec. Puis il fait paraître, à l'automne 2011, un deuxième album de Noël intitulé Dans "le silence de la nuit".
André Gagnon signe aussi plusieurs trames sonores, entre autres celles des téléséries "Des dames de cœur" et "Un signe de feu" de l'auteur Lise Payette, et de la minisérie "Juliette Pomerleau" du réalisateur Claude Fournier, basée sur le roman d'Yves Beauchemin. Il est récipiendaire de nombreux prix Félix de l'ADISQ, tout comme de prix Juno décernés par le CARAS. De plus, depuis 1979, il est fait Officier de l'Ordre du Canada. Le 26 mai 1982, le Cégep de La Pocatière ouvre une toute nouvelle salle de spectacles professionnels sous le nom de « Salle André-Gagnon » en l'honneur du compositeur, natif de la région.
André Gagnon compose aussi des musiques pour plusieurs artistes, dont Steve Fiset (Les chemins d'été, Quand l'hiver est là), Diane Dufresne (Le 304, L'agenda du cœur), Renée Claude (Je suis une femme d'aujourd'hui, Nelligan, Combien j'aime la vie, J'ai besoin d'un grand amour, Ballade pour mes vieux jours), Nicole Martin (Mannequin), Nicole Perrier (Mirages, Et c'est jamais fini), Suzanne Stevens (Je ne vivais pas avant toi, Que tu es loin), Clémence Desrochers (Ça sent l'printemps) et Marie Denise Pelletier (Manquer d'amour). Il collabore également à l'album Invitez les vautours d'Éric Lapointe sur lequel il signe les arrangements du quatuor à cordes dans la chanson D'l'amour, j'en veux pus. Enfin, il réalise aussi quelques disques, dont les trois premiers albums de Monique Leyrac (Monique Leyrac chante Vigneault et Léveillée en 1963, Pleins feux sur Monique Leyrac en 1964 et Monique Leyrac en concert en 1966), l'album de Noël de Marie Michèle Desrosiers (en 1996), le disque Plaisir d'amour de Marie Denise Pelletier (en 2000) et un album intitulé Elles chantent mettant en vedette les voix de treize actrices québécoises dont Anne Dorval, France Castel, Sylvie Drapeau, Dorothée Berryman et Pierrette Robitaille, disque paru en 2000.
Le Prix André-Gagnon est remis depuis 2006 par la SOCAN
Avec l'aide de Wikipedia.
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 10:51
Dernière édition par Icare le Dim 22 Jan 2017 - 8:58, édité 1 fois
Icare Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 11:41
En rapport à l'oeuvre vocale d'André Gagnon que j'ai mentionnée plus haut, nelligan, il me semble approprié de vous présenter une biographie du poète québécois:
Émile Nelligan est un poète québécois (canadien) né le 24 décembre 1879 à Montréal et qui s'est éteint le 18 novembre 1941 dans la même ville. Disciple du symbolisme, il a été profondément influencé par Octave Crémazie, Louis-Honoré Fréchette, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Georges Rodenbach, Maurice Rollinat et Edgar Allan Poe. Parmi les thèmes récurrents de ses poèmes, on note l'enfance, la folie, la musique, l'amour et la mort. Nelligan naît le 24 décembre 1879 à Montréal au 602, rue de La Gauchetière. Il est le premier fils de David Nelligan, un anglophone irlandais arrivé au Québec vers l'âge de douze ans, et d'Émilie Amanda Hudon, Québécoise francophone de Rimouski. Il a deux jeunes sœurs, Béatrice et Gertrude. Il passe une enfance aisée, entre la maison de Montréal et la résidence d'été des Nelligan à Cacouna au Québec. Il s'absente souvent de l'école et sa mère s'occupe alors de son éducation. Il vit pratiquement toute sa vie à Montréal avec sa famille. En septembre 1893, Nelligan commence son cours classique au Collège de Montréal, mais il échoue ses éléments latins qu'il reprend l'année suivante. Il échoue aussi en syntaxe. Après une autre année où son père, inspecteur des postes, l'emmène avec lui pour le reprendre en main, Nelligan reprend ses études classiques au printemps 1896, cette fois au Collège Sainte-Marie de Montréal.
Cependant, doué d’un talent précoce comme Arthur Rimbaud, il envoie dès cette époque ses poèmes au journal Le Samedi de Montréal, lequel publie son premier poème le 13 juin 1896, qu'il signe sous le pseudonyme d'Émile Kovar. Il s'agit de Rêve fantasque. Nelligan n'a alors que 16 ans. En 1896, il se lie d'amitié avec le poète Arthur de Bussières qui vient d'être admis à l'École littéraire de Montréal récemment fondée et décide de consacrer le reste de sa vie à la poésie. En février 1897, parrainé par Joseph Mélançon, Nelligan devient à son tour membre de l'École littéraire de Montréal et abandonne définitivement ses études. Il assiste assidument aux réunions de l'École et y lit ses poèmes, mais il démissionne le 27 mars avec son parrain. Il continue de publier de façon épisodique, mais sa poésie est en butte au conservatisme littéraire de l'époque.
Au printemps de 1898, Nelligan père, qui n'apprécie guère le mode de vie bohème d'Émile, décide de lui apprendre de force le travail en l'envoyant faire un voyage en Angleterre. Cependant, le retour précipité de son fils l'oblige à lui trouver un emploi local. En septembre, Émile sera comptable chez un marchand de charbon pendant 15 jours, puis, sur les instances de sa mère, auprès du juge Gonzalve Desaulniers, membre de l'École littéraire de Montréal, Nelligan est réadmis dans ce cénacle littéraire le 9 décembre 1898. Le 26 mai 1899, au cours d'une séance publique de l'école, Nelligan fait la lecture de trois poèmes dont son réputé La Romance du vin qui reste gravé dans la mémoire collective, car il est le dernier à être prononcé en public par le poète qui, dans la même année, est diagnostiqué comme souffrant de graves psychoses dont il ne se remettra jamais. Il n'a jamais eu la possibilité d’achever son premier ouvrage de poésie qui devait, selon ses dernières notes, s’intituler Le Récital des anges.
À la demande de ses parents, Nelligan est interné le 9 août 1899 à la Retraite Saint-Benoît, un asile tenu par les frères de la Charité dans l'est de l'île de Montréal. En 1925, il est transféré à l'asile de Saint-Jean-de-Dieu où il vit jusqu'à son décès, le 18 novembre 1941.Wikipedia
Soir d'hiver
Ah! comme la neige a neigé! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé! Qu'est-ce que le spasme de vivre À la douleur que j'ai, que j'ai!
Tous les étangs gisent gelés, Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je? Tous ses espoirs gisent gelés: Je suis la nouvelle Norvège D'où les blonds ciels s'en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février, Au sinistre frisson des choses, Pleurez, oiseaux de février, Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses, Aux branches du genévrier.
Ah! comme la neige a neigé! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé! Qu'est-ce que le spasme de vivre À tout l'ennui que j'ai, que j'ai.
Lire davantage de poèmes d'Emile Nelligan ici
laudec
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 13:56
Quelle triste histoire que celle de ce jeune poète, j'en suis bouleversée mais heureuse de découvrir ses poèmes même s' ils me glacent les os Est ce que l'opéra de Gagnon qui porte son nom a un rapport avec la vie du poète ?
Je viens d'écouter les deux premiers moments musicaux, tellement mélancoliques, qu'est ce qu'ils me rendent triste magnifique pourtant...
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 15:19
laudec a écrit:
Est ce que l'opéra de Gagnon qui porte son nom a un rapport avec la vie du poète ?
Oui, tout-à-fait! C'est la vie du poète qui est mis en musique. Je n'ai pas trouvé d'extrait sur la toile mais voici pour compenser un poème d'Emile Nelligan mis en musique par André Gagnon et chanté par Monique Leyrac.
https://www.youtube.com/watch?v=XIbof7OQZOc
Dans l'opéra romantique d'André Gagnon qui relate la vie tourmentée d'Emile Nelligan, il y a une chanson absolument magnifique dominée par la voix de Louise Forrestier et le piano d'Eric Trudel qui s'intitule "La dame en noir" désignant Emilie Ludon, la mère d'Emile Nelligan, rongée par la douleur et le remord d'avoir contribué à faire interner son fils dans un asile. Cette chanson est peut-être la plus triste mais en même temps la plus bouleversante de tout l'opéra. Elle m'a fait succomber. Cette émotion que j'ai ressentie va sans doute au-delà de la beauté musicale et de la beauté du texte, quelque chose d'intense que je ne saurais expliquer avec des mots.
Icare Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 22 Déc 2014 - 17:34
Il y a aussi de beaux thèmes mélancoliques et d'autres un peu moins (mélancoliques) dans ce qu'il composa pour le film Naran mais le plus surprenant reste son concerto pour piano en trois parties continues intitulé Mouvements. Je l'aime beaucoup, autant pour son côté "popisant" que pour sa troisième partie, excellente, avec ce jeu corrosif entre le piano et les percussions. J'y ressens une forme d'interaction entre musique "légère" et musique "savante" Très réussi, surtout dans le troisième mouvement!
Dernière édition par Icare le Dim 22 Jan 2017 - 8:59, édité 1 fois
laudec
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Mer 24 Déc 2014 - 15:28
Icare a écrit:
l'aime beaucoup, autant pour son côté "popisant" que pour sa troisième partie, excellente, avec ce jeu corrosif entre le piano et les percussions. J'y ressens une forme d'interaction entre musique "légère" et musique "savante" Très réussi, surtout dans le troisième mouvement! Le voici!
Je ne comprends pas ce que tu veux dire par "popisant", rapport à la musique "pop" ? mais je suis tout à fait d'accord pour dire que cette musique est riche, rebondissante et qu'elle me plaît énormément aussi.
J'ai beaucoup aimé les poèmes aussi d'Emile Nelligan, très émouvants. Sur YT j'ai trouvé une pièce qui s'appelle "Nelligan" mais qui n'aurait peut-être rien à voir avec l'opéra du même nom ?
https://youtu.be/5VdjIysNObk
Beaucoup d'autres très belles pièces à trouver sur YT, souvent fort mélancoliques, mais j'aime ça !
Icare Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Mer 24 Déc 2014 - 18:06
Par "popisant", j'ai effectivement voulu dire qu'il y avait quelques éléments "pop" (sur le plan notamment rythmique) dans le concerto, plus précisément dans la première partie, puis vers la fin, ce qui n'était pas un reproche de ma part. Au contraire, ce concerto pour piano me plait beaucoup.
Icare Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Sam 21 Jan 2017 - 21:40
<<Mes quatre saisons est un ensemble de quatre petits concertos (ou concertinos) pour piano et orchestre à cordes qui a été composé et créé par André Gagnon à l'occasion de la première partie du spectacle du chanteur Serge Reggiani, à la Comédie-Canadienne (l'actuel Théâtre du Nouveau-Monde), à l'automne 1969. Les deux suites Les Turluteries furent quant à elles jetées sur papier trois ans plus tard, en 1972. Ecrits dans un style baroque très proche de celui de J. S. Bach, les mouvements et danses des Saisons et Turluteries se basent sur autant de chansons célèbres du milieu et de la fin des années 1960 de Jean-Pierre Ferland, Félix Leclerc, Claude Léveillée, Gilles Vigneault ainsi que d'oeuvres chantées ou composées par Mary Travers, mieux connue sous le nom de La Bolduc.
Bien que Gagnon considère ses Saisons comme moins abouties que ses Turtuleries, nous sommes ici en présence de compositions fort réussies, lesquelles respectent de façon rigoureuse les langage contrapunctique et construction formelle des concertos pour soliste et suites instrumentales des maîtres du baroque tardif, J. S. Bach & Vivaldi en tête. Dans ce sens, le compositeur s'inscrit avant terme - et ajouterions-nous, avec plus de talent que plusieurs de ceux qui s'en réclament - dans la foulée du "post-modernisme de restauration", un courant artistique qui offre à quiconque le désire, la possibilité de composer dans quelque style qui lui convienne, fut-il celui d'un siècle révolu. L'intérêt de revisiter et de remettre à l'ordre du jour l'ensemble de ces pièces réside d'une part dans le fait qu'il n'existe pas, à proprement parler, de répertoire baroque canadien - contrairement à l'Amérique centrale ou l'Amérique du Sud, par exemple, qui profitent d'apports missionnaires européens importants à ce chapitre, ce dès le XVIème siècle. Les Saisons et Turtuleries d'André Gagnon se trouvent en quelque sorte à combler une lacune à ce niveau.>>
Daniel Constantineau.
Sur mon cd, ces deux oeuvres écrites dans une veine baroque n'ont pas comme soliste un pianiste, comme dit dans le commentaire ci-dessus, mais la claveciniste Jean-Willy Kunz. Je suis d'ailleurs content que ces oeuvres soient jouées au clavecin plutôt qu'au piano, du moins dans un premier temps. Le clavecin est "accompagné" de l'Orchestre symphonique de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent sous la direction de Daniel Constantineau. Bien que je ne sois pas trop adepte des musiques contemporaines écrites dans un style ancien, même lorsque c'est dans un style baroque proche de Bach, mon compositeur préféré, j'ai aimé cet exercice de style avec un superbe emploi du clavecin qui résonne encore dans ma tête au moment où j'écris ces lignes, et aussi du hautbois, particulièrement magnifique dans la seconde partie des Turtuleries. Puis l'idée de reprendre des airs de chanteurs québécois pour les retraiter dans un contexte instrumental baroque n'est pas pour me déplaire. Je ne saurais cependant reconnaître des mélodies car trop peu érudit en matière de chansons populaires canadiennes.
Dernière édition par Icare le Jeu 26 Juil 2018 - 5:27, édité 1 fois
Icare Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Dim 22 Jan 2017 - 9:49
Comme je sais que, parfois, nous avons quelques visiteurs québécois, je me dis qu'ils seraient peut-être intéressés de connaître plus de détails sur les Quatre Saisons et Les Turluteries pour clavecin et ensemble d'André Gagnon, surtout si ceux-ci cultivent un amour ou du moins un certain intérêt pour la chanson populaire de leur pays. Pourraient-ils reconnaître certains titres de leurs chansons préférées et se demander s"il les reconnaîtraient dans une version baroque pour clavecin et ensemble.
Mes quatre saisons - PRINTEMPS - Jean-Pierre Ferland __1) Madame Cailloux __2) Feignez de dormir __3) Fleurs de macadam
Mes quatre saisons - ETE - Félix Leclerc __1) Le petit bonheur __2) La mer n'est pas la mer __3) Le pharmacien
Mes quatre saisons - AUTOMNE - Claude Léveillée __1) Frédéric __2) Et puis la neige vint __3) Les vieux pianos
Mes quatre saisons - HIVER - Gilles Vigneault __1) Mon pays __2) Pendant que __3) Danse à Saint-Dilon
Les Turluteries - SUITE N°1 - La Bolduc __1) Ouverture __2) Air __3) Gavotte __4) Bourrée __5) Gigue
Les Turluteries - SUITE N°2 - La Bolduc __1) Ouverture __2) Bourrée __3) Gavotte __4) Menuet __5) Réjouissance
joachim Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Ven 27 Sep 2019 - 7:24
On trouve maintenant l'opéra Nelligan sur Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=92dury_P__Q
Je n'ai pas eu le temps d'en écouter grand chose, mais il me semble qu'on dirait un ensemble de chansons et non pas un opéra lyrique comme les autres ?
Icare Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Ven 27 Sep 2019 - 9:27
joachim a écrit:
Je n'ai pas eu le temps d'en écouter grand chose, mais il me semble qu'on dirait un ensemble de chansons et non pas un opéra lyrique comme les autres ?
Tout-à-fait, c'est comme ça qu'il faut le percevoir.
Icare Admin
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Lun 14 Sep 2020 - 20:43
<<Il m'a juste fallu ressortir d'une étagère un disque que je possède depuis peu du compositeur canadien André Gagnon et qui s'intitule Baroque. Il réunit deux oeuvres; Mes quatre Saisons : Printemps (Jean-Pierre Ferland)/Eté (Félix Leclerc)/Automne (Claude Léveillée)/Hiver (Gilles Vigneault) et Les Turluteries: Suite n°1 & Suite n°2 (La Bolduc), le tout interprété par Jean-Willy Kunz (clavecin), l'Orchestre Symphonique de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent, sous la direction de Daniel Constantineau. Comme le laisse entendre le titre de l'album, la musique a été écrite dans un style baroque, les références étant surtout J. S. Bach et Antonio Vivaldi. Pour cela, André Gagnon s'est "thématiquement" inspiré des airs de chansons de grands chanteurs québécois, ceux mentionnés ci-dessus. Maintenant, j'entends résonner dans mes oreilles la fameuse question des modernistes: <<Quel intérêt pour un compositeur contemporain de composer dans le style musical d'une époque passée et de reproduire ce qui a déjà été fait et rabâché?. Je n'invite personne à y répondre sur ce fil, n'étant pas le sujet. Personnellement, partisan du pluralisme dans le domaine musical et artistique en général, alors que le clavecin scintille admirablement au coeur de mon âme, je dis: Pourquoi pas? Et si André Gagnon a eu envie de porter un costume et une perruque bouclée, de se mettre ainsi temporairement dans la peau et la tête d'un compositeur de 1700 et quelques...?...Je ne dis pas que c'est ce qu'il a fait mais je ne rejette plus cette idée qu'un compositeur actuel puisse composer dans un style passé comme le Baroque sans que le cinéma en soit le prétexte le plus courant, juste pour se faire plaisir, s'offrir le délire amusant du rétroviseur. Ce n'est pas comme si ça devait se généraliser, ce qui évidemment me désolerait. En dehors du clavecin qui y joue un rôle important, on notera un superbe hautbois dans les fameuses "Turluteries".>>
Voilà ce que j'avais précédemment écrit ailleurs sur ces deux compositions contemporaines mais d'essence baroques avec lesquelles je viens de conclure mon cycle autour de la musique "légère" québécoise. J'ai adoré ce cycle né d'un désir immédiat.
laudec
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Sujet: Re: André GAGNON, né en 1936 Mar 15 Sep 2020 - 6:34
J'ai commencé à écouter "Nelligan" et j'aime beaucoup ce style et cette musique, j'y reviendrai certainement un peu plus tard, merci pour cette découverte !