John Milton CAGE (1912-1992)

Bizarrement, je ne trouve pas de fil dédié au compositeur John Cage, juste celui-ci qui finalement pourrait faire l'affaire. Je viens d'écouter trois de ses oeuvres; deux versions de Seventy-four pour orchestre, The Seasons - Ballet en un acte et le Concerto pour piano préparé et orchestre de chambre. La pièce qui a le mieux retenu mon attention est The Seasons (version orchestrale) qui présente une musique très chatoyante, délicate et même douce. Sur la toile, je n'ai trouvé que des versions pour piano. J'ai mieux capté la poétique du concerto pour piano préparé et orchestre de chambre lors de cette nouvelle écoute, tout au moins en ce qui concerne les deux premiers mouvements. Le troisième est celui qui plombe tout à mon goût car je le trouve ennuyeux, peu inspiré. Dommage! The Seasons dans cette version pour orchestre de chambre, en quatre mouvements, est vraiment une petite perle de délicatesse.   En revanche, je n'ai pas eu envie de réécouter ses pièces pour toy piano qui complètent le cd.



Joachim, il n'y avait pas un fil sur John Cage autre que celui-là?

Eléments biographiques (Ircam):

Né à Los Angeles le 5 septembre 1912, John Cage est à la fois musicien, écrivain, peintre, plasticien, penseur, artisan d’une vie considérée comme processus continu, au-delà de toute catégorie.

Son premier contact avec la musique se fait par l’apprentissage, enfant, du piano. Plus tard lassé par un système scolaire fondé sur la répétition et l’uniformité, il part en 1930 pour l’Europe à la recherche de nouvelles expériences. De retour en Californie l’année suivante, il entreprend des études de composition avec Richard Buhlig et Henry Cowell, puis prend des cours particuliers avec Adolph Weiss. En 1935 il se marie avec Xenia Andreyevna Kashevaroff dont il se séparera dix ans plus tard. De 1934 à 1936 il étude l’analyse, la composition, l’harmonie et le contrepoint avec Arnold Schoenberg, et comprend à cette occasion son peu d’inclination pour la pensée harmonique. Entre 1938 et 1940, il travaille à la Cornish School de Seattle et y rencontre Merce Cunningham – qui devient son compagnon et collaborateur. Dans cette période, il écrit son manifeste sur la musique « The Future of Music : Credo » ; invente le water gong et le piano préparé, et enfin compose Imaginary Landscape No.1 (1939), une des premières œuvres utilisant les moyens électroniques.

Après ces années de formation où voix et percussions sont ses instruments de prédilection, les années quarante sont décisives. À New York, il participe à un concert au MoMA où est créée Amores (1943) ; il fait la connaissance du musicien hindou Geeta Sarabhai et entame la lecture des écrits d’Ananda K. Coomaraswamy et de Maître Eckhart. En 1948, il termine les Sonatas and interludes, fruit de plusieurs années d’exploration du piano préparé. En 1949, de nouveau à Paris, il travaille sur la musique de Satie et rencontre notamment Olivier Messiaen, Pierre Schaeffer et Pierre Boulez. Il échangera avec ce dernier une longue correspondance jusqu’en 1954.

De retour à New York l’année suivante, Cage se lie à ceux qui formeront l’école dite « de New-York », Morton Feldman et Christian Wolff, rejoints en 1952 par Earle Brown. Son amitié avec les peintres de ce même cercle, notamment Robert Rauschenberg, est tout aussi importante, comme le montre la pièce silencieuse 4’33’’ (1952). Avec Music of Changes (1951) et Untitled Event (1952) naissent les premiers happenings. Water music (1952) explore les notations non conventionnelles. La fondation de la compagnie de danse Merce Cunningham en 1953, dont devient le directeur musical jusqu’à sa mort, inaugure une longue collaboration avec le chorégraphe dans laquelle musique et danse coexistent sans rapport de subordination de l’une à l’autre. C’est également à cette période que Cage suit les conférences de Daisetz T. Suzuki sur le bouddhisme Zen et commence à travailler dans sa musique avec des opérations de hasard et avec l’indétermination : première utilisation du Yi King dans le troisième mouvement de son Concerto for Prepared Piano and Chamber Orchestra (1957-1958).

Son intervention aux cours d’été de Darmstadt en 1958, « Composition as Process » et ses pièces indéterminées, parmi lesquelles Variations I, créeront de grands débats au sein de l’avant-garde européenne. En 1961 paraît Silence : Lectures and Writings. Sa conception de la musique comme théâtre prend forme en 1962 avec la première de 0’00’’ (4’33’’ nº 2). Les Variations V et VII, Musicircus (1967), HPSCHD avec Lejaren Hiller, le concert de musique électronique/échecs Reunion (1968) avec Marcel Duchamp et Teeny Duchamp, sont autant d’étapes importante dans la gestation de l’art multimédia et environnemental. Les Song Books publiés en 1970 rassemblent une grande variété de procédés compositionnels et de types de notation sur des textes de Cage lui-même ou d’auteurs fétiches comme Buckminster Fuller, Marshall McLuhan et surtout Henry David Thoreau. La dimension sociale dont est désormais porteuse la production cagienne est sensible dans le projet des Freeman Etudes pour violon (1980 ; 1990).

L’activité plastique de John Cage débute avec l’exposition de ses partitions en 1958 dans la Stable Gallery et, malgré des incursions régulières dans le champ des arts visuels, c’est avec les « gravats » réalisés à Crown Point Press à l’instigation de Kathan Brown que cette activité devient essentielle, avec la production de quelques neuf cents gravats, aquarelles et dessins jusqu’à sa mort. Dans ces œuvres – comme dans ses mesostics commencés après l’écriture d’Empty Words en 1976 –, Cage suit les mêmes principes de travail que dans sa musique, à l’image de Where R=Ryoanji (1983-1992) par exemple. De 1987 à 1991, il compose les Europeras I-V, et de 1987 à 1992, le cycle Number Pieces, où il fait usage de ce qu’il appelle des « parenthèses de temps ». Dans cette dernière période, apparaissent des processus d’automatisation de l’écriture, basée sur des programmes informatiques réalisés par son assistant Andrew Culver. Les dernières années viennent couvrir de reconnaissance et de prix prestigieux, comme le Kyoto Prize (1989), une vie placée sous le signe de l’expérimentation et de la liberté.

John Cage meurt à New York le 12 août 1992.

Merci pour la bio, Icare   

Tu ne crois pas qu'il vaudrait mieux laisser la discussion lancée par Raphael (3 pages) dans "analyses musicales" et placer uniquement ta biographie dans "compositeurs" ?

Les détracteurs diront l'amanite phalloïde!   

Joachim, j'adopte ta suggestion qui me semble assez logique, finalement. Il y a une autre partie qui est assez hors-sujet dans le fil de Raphaël et je vais tenter de la mettre au bon endroit.  

Personnellement, je n'ai pour le moment pas grand chose à dire sur la musique de John Cage. Si je conserve mon cd c'est uniquement parce qu'il y a THE SEASONS, une oeuvre plutôt courte dans sa version pour orchestre de chambre et un peu aussi pour les deux premiers mouvements du concerto pour piano préparé même si j'espérais quelque chose de plus grisant, plus excitant. Il faudra que j'essaie d'écouter son Concerto pour piano et orchestre. Sinon, voici un document intéressant:

http://www.olats.org/pionniers/pp/cage/penseeCage.php

Je découvre John Cage sur ce forum comme un penseur, chercheur beaucoup plus que comme un musicien.  Lorsqu'il parle de ses œuvres, il parle de "sons tels qu'il sont", le trafic, les sons du quotidien, jamais les mêmes, leur dynamique, l'ambiance qu'ils provoquent.  Il parle de son expérience musicale préférée qui est celle du silence mais même le silence n'est pas sans sons ...  Même si je ne comprends pas grand chose à sa démarche, même si ses œuvres me sont assez hermétiques, j'ai beaucoup de respect pour l'homme qu'il est et sa recherche toute une vie durant dans l'esprit résumé par "leonardo on-line"
"La pensée de John Cage ":

Citation :

Plus que tout discours, le respect obstiné de la liberté, de la nature et de la dignité humaine, le refus des classifications, des écoles et des hiérarchies esthétiques traduisent sans doute la grande humilité de l'attitude de Cage face à la complexité de la nature et de la musique. De cette humilité vient la puissance d'évocation de son œuvre.

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Je suis sensible aux ambiances créées par lui mais je n'appellerais pas cela de la musique    Ce que j'ai trouvé de plus musical à mon goût est ceci, mais je ne sais pas ce qu'il en dit lui-même ni ce qu'il a voulu faire à partir de musiques de William Billings entre autres... si quelqu'un peut m'éclairer ?
Thirteen harmonies (1985)

Je suis convaincu que John Cage devait être un personnage intéressant et je dois dire que, généralement, ses entretiens m'ont toujours davantage fasciné que sa musique qui, elle, la plupart du temps - je dois bien l'admettre - me laisse dubitatif.    J'ai écouté en partie l'oeuvre que tu présentes ici qui est, il est vrai, assez abordable...faute de mieux...Seulement, je ne saurais apporter une réponse plausible à ton questionnement.  

Je ne sais pas non plus quoi te répondre Laudec    Ici je n'ai écouté que les deux premières minutes, ça me suffit...

Mon rapport à l'oeuvre de John Cage demeurera toujours très épisodique et, je pourrais même rajouter "périodique". Ces idées peuvent m'intriguer, susciter de la réflexion alors que sa musique peut, par moment, m'ennuyer ou au mieux effleurer positivement mon esprit, sans atteindre mon coeur ni provoquer l'émotion exquise, celle qui m'ébranle, me bouleverse. Sa musique n'est pas de cette veine et manque cruellement d'intensité pour me combler. Pourtant, je trouve quelquefois un certain intérêt et un intérêt certain à l'unique album que j'ai en ma possession. J'y reviens rarement mais je finis toujours par y revenir. Il y a les deux versions de Seventy-four pour orchestre, d'un genre statique et aride, la seconde version m'ayant en partie séduit, plus que la première qui me laissa de marbre. The Seasons - Ballet en un acte en quatre préludes est ce qu'il y a de plus chatoyant et de plus accessible pour un réfractaire "au modernisme". J'aime toujours bien. Le Concerto pour piano préparé et orchestre de chambre est l'oeuvre qui m'avait inspiré cet achat. J'accepte volontiers les deux premiers mouvements même si on évolue déjà dans une musique bien plus ascétique et élitiste que Les Saisons. Elle se perd (à mon avis) dans son troisième mouvement qui, heureusement, est le plus court des trois. Une autre pièce m'a finalement plu cette fois-ci, ce qui n'était pas le cas lors des écoutes précédentes: la version pour orchestre de la Suite for Toy Piano qui bénéficia d'une orchestration du compositeur américain Lou Harrison.