José Luis TURINA, né en 1952

Parmi les différents éléments que j'aime retrouver dans la musique, il y a l'intensité et la forme obsessionnelle. J'ignore pourquoi au juste je suis très sensible à la forme obsessionnelle, voire une répétition d'effets rythmiques comme j'ai pu l'apprécier récemment dans Magma de Joan Guinjoan, Endrücke de Luciano Berio puis dans Purto de Encuentro (1979) et Pentimento (1983), deux oeuvres symphoniques d'un style moderne du compositeur espagnol José Luis Turina. Dans toutes ces oeuvres, très différentes les unes des autres, il y a une dimension obsessionnelle à laquelle je suis très réceptif. Cette sensibilité pour ce trait d'expression ne se réalise pourtant pas chez des répétitifs minimalistes comme Philip Glass, Michaël Nyman qui, finalement, sont des compositeurs que j'écoute très peu. Non, c'est une autre forme de répétivité dans un contexte harmonique non minimaliste qui me séduit plus particulièrement dans la musique symphonique de Turina. C'est une musique qui se caractérise aussi par des ruptures de ton brutales. Les tentatives de lyrisme y sont ponctuellement chahutées, réduites à néant, au profit de violentes créatures sonores qui jaillissent d'autant de cratères et fissures creusés par le chahut orchestral. Une troisième oeuvre intitulée Crucifixux (1979) évolue dans ce même climat orageux et chaotique. C'est un peu une musique de fin de monde à laquelle on assiste, sauf que, cette fois, elle est sous la domination de cordes intenses et vindicatives, avec un piano rare mais martelé comme une percussion destructrice.

En conclusion, c'est un sale temps pour les romantiques!  

Né à Madrid en 1952, il est le petit-fils de Joaquín Turina, l’une des plus grandes figures du nationalisme musical espagnol du début du XXe siècle. Il entreprend une formation aux conservatoires de Barcelone et Madrid, complétée de nombreux cours de perfectionnement (Vilaseca-Salou, Grenade, Saint-Jacques-de-Compostelle). Il est le disciple, entre autres, de José Olmedo (harmonie), Francisco Calés (contrepoint et fugue), Enrique García Asensio et Jacques Bodmer (direction d'orchestre), et Rodolfo Halffter et Carmelo Bernaola (composition). Son œuvre « Ocnos » est un hommage à la poésie de Luis Cernuda. En octobre 2000 il présente son opéra « D. Q. (Don Quijote en Barcelona) », dont le libretto est signé Justo Navarro, la mise en scène la Fura dels Baus et les décors Enric Miralles.

https://www.youtube.com/watch?v=IziuF2Cm9ls

La fameuse lettre T, comme première lettre d'un nom de compositeur, m'entraîne finalement dans plusieurs continents et bien évidemment plusieurs pays. Ce n'était pas ouvertement le but de ce cycle mais c'est toujours intéressant de voyager ainsi à travers la musique. Ce matin, j'ai choisi l'Espagne et trois oeuvres pour orchestre de José Luis Turina; Punto de Encuentro (1979) par l'Orchestre Philharmonique de Londres, Pentimento (1983) par l'Orchestre Philharmonique de Poznan et Crucifixus (1979) par l'"Orquesta Luventas". La première s'émancipe dans une modernité encore très souple et généreuse en coloris de toutes sortes. Il s'y passe beaucoup de choses, tel un volcan en effervescence. C'est l'oeuvre qui me fascine le plus, me tient le plus en haleine. Je profite de chacune de ses actions, de chacun de ses mouvements en efflorescence. La seconde possède des qualités voisines avec une construction plus obsessionnelle, magnifique motif se répétant avec dextérité dans l'aigu, comme un marquage du temps, un compte à rebours. La troisième composition, Crucifixus est la plus tendue, la mieux installée dans son processus dramatique. Elle est la colère incarnée, le désespoir absolu, la tension permanente qui exige l'attention totale de l'auditeur. J'irais même jusqu'à dire que cette musique est menaçante et glauque, et que c'est quelque-chose que j'ai l'habitude de ressentir dans la musique, notamment celle composée pour le Septième Art, que ça ne me déplaît pas non plus, bien au contraire: la mort, la menace, la peur et la tragédie font partie de la vie des hommes, certains y sont même confrontés tous les jours de leur vie. La musique en est alors imprégnée, déchirée entre le chaos et l'espoir qui ne meurt jamais.

L'instant piano:

https://www.youtube.com/watch?v=Pqan6rn76-4

Je n'allais pas quitter José luis Turina aussi aisément, sans avoir réécouté trois oeuvres se rapprochant davantage de sa musique de chambre, tout d'abord Octeto de Agua (1994/2004) pour instruments à vent, par le "Grupo de Viento" de "La Orquesta de la Comunidad de Madrid", puis, pour clavecin seul Due essercizi (1989) et L'Art d'être touché par le clavecin (2000) par Maria Teresa Chenlo. Sa composition pour instruments à vent ne manque pas de souffle ni de caractère et se suit sans déplaisir, sans doute parce que Turina sait y mettre matière à attiser notre curiosité, une envie de savoir ce qui va se passer, de quelle manière l'oeuvre va évoluer. Pas vraiment de temps mort dans sa musique, comme dans ses deux pièces pour clavecin qui véhiculent beaucoup d'énergie. Ca pétille! Le clavecin me semble assez prisé par les compositeurs contemporains, je pense notamment à Betsy jolas, Hans Werner Henze, Manuel de Falla, Ennio Morricone, Franco Donatoni, Goffredo Petrassi, Karel Goeywaerts et sûrement beaucoup d'autres qui ne me viennent pas à l'esprit au moment où j'écris ces lignes. Ces deux pièces de José luis Turina auraient pu figurer dans mon cycle autour du clavecin si au moins j'y avais pensé à l'époque. C'est vrai que cet instrument est vraiment fascinant et Turina l'a plutôt bien exploité sous les doigts de Marisa Teresa Chenlo.

https://www.youtube.com/watch?v=J6yx81Nokcs

Icare a écrit:

En conclusion, c'est un sale temps pour les romantiques!  No

Du coup, j'espère que tu ne vas pas oublier le grand-père, un Joaquim, en plus

...quoique "el arpa y la sombra" ne soit pas mal...

Pas de catalogue ? Je vais essayer de la trouver

joachim a écrit:

Pas de catalogue ? Je vais essayer de la trouver

Bon, c'est déjà fait, suffit de consulter Wikipedia :


Opéra et musique de scène

Ligazon (1981–82), opéra de chambre en un acte et 5 scènes, d'après la pièce de Ramón del Valle-Inclán (création, Cuenca, 2 juillet 1982)2
La raya en el agua (1995). Création au Círculo de Bellas Artes, Madrid, le 26 septembre 1996.
D.Q. (Don Quijote en Barcelona) (1998–99); Opéra en 3 actes, d'après le Don Quixote de Cervantes ; livret de Justo Navarro, mise en scène de La Fura dels Baus (Liceu, Barcelone, 2 octobre 2000)3.
Tour de Manivelle (2006-2007), musique de scène pour actrice, orchestre et vidéo, textes du compositeur et cinq courts métrages de Segundo de Chomón (création, Teatro de la Zarzuela, Madrid en mai 2008).


Orchestre

Punto de encuentro (1979)
Pentimento (1983)
Fantasía sobre una Fantasía de Alonso Mudarra (1989)
El arpa y la sombra (1991)
Música fugitiva (1992)
Fantasía sobre doce notas (1994)
Dos danzas sinfónicas (1996)
La Commedia dell'Arte (2007)


Œuvres concertantes

Ocnos (orchestral music on poems by Luis Cernuda) (1982–84), pour récitant, violoncelle et orchestre
Concierto para violín y orquesta (1987)
Variaciones y desavenencias sobre temas de Boccherini (1988), concerto pour clavecin et orchestre
Concierto para piano y orquesta (1997)
Concerto da chiesa (1998), pour violoncelle et cordes
Cuatro sonetos de Shakespeare (2001-2002), pour soprano et orchestre
Concierto para marimba y cuerdas (2012)
Chœur et orchestre
Exequias (In memoriam Fernando Zóbel) (1984), chœur et orchestre de chambre
Musica ex lingua (1989), sur des textes de Agustín García Calvo, Lope de Vega, Luis de Góngora, José Bergamín, Ramón del Valle-Inclán et Francisco de Quevedo
Tres villancicos (2006)


Musique de chambre

Movimiento (1978), pour violon et piano
Crucifixus (1978), pour 20 cordes et piano
Homenaje a Cesar Franck (1979), pour quintette à vent
Iniciales (1980), pour flûte et piano
Título un determinar (1980), pour septuor
Fantasía sobre « Don Giovanni » (1980), pour piano à quatre mains
Trio (1982), pour violon, violoncelle et piano
Variaciones sobre dos temas de Scarlatti (2005), pour sextuor
Cuarteto en sol (1985), pour quatuor à cordes
La Commedia dell'Arte (1986), pour flûte, alto et guitare, et (1990), pour flûte, alto et harpe
Variaciones sobre un tema de Prokofiev (1986), pour basson et piano
Sonata da chiesa (1986-87), pour alto et piano
Divertimento, aria y serenata (1987), pour alto octet, et (1991), pour violoncelle octet
Dos duetos (1988), pour violoncelle et piano, (1992), pour alto et piano
Kammerconcertante (1988), pour flûte en sol, clarinette basse, violon, alto, violoncelle et contrebasse
Seis metaplasmos (1990), pour deux violons
Variaciones y tema (série 1 & 2), sobre el Tema con variaciones « Ah, vous dirai-je, maman ! », de W. A. Mozart (1990), pour violon et piano, (2008), pour deux pianos
Túmulo de la mariposa (1991), pour clarinette, violoncelle et piano
Sonate y Toccata (1991), pour piano à quatre mains
Rosa engalanada (1992), pour flûte et guitare
Cuatro cuartetos (1994), pour cor de basset quatuor
Tres palíndromos (1996), pour piano à quatre mains
Scherzo par l'onu hobbit (1997), pour quintette à cordes
PasoDoppio (1999), pour clarinette et violoncelle
Paráfrasis sobre "Don Giovanni" (2000), pour violoncelle octet
Clémisos y Sustalos (2001), pour quatuor à cordes
Tres tercetos (2003), pour violon, violoncelle et piano
Octeto de agua (2004), le vent octet
Las siete últimas palabras de Jesucristo en la cruz (2004), pour quatuor à cordes
Sonate (2004), pour violon et piano
Viaggio di Parnaso (2005), pour violon, violoncelle et piano
Cinco quintetos (2005), pour quintette de cuivres
Hércules y Cronos (2008), pour cuivres et percussions de l'ensemble
Danzas entrelazadas (2011), pour flûte, clarinette, percussion et piano sextuor
Mourir Windsbraut (2012), pour quintette à vent
Paganini 24 (2013), pour nonette
Encore alla turca (2014), pour nonette
Burlesca (2015), pour clarinette et piano sextuor


Instrument Solo

Copla de cante jondo (1980), pour guitare
¡Ya "uté" ve...! (1982), pour piano
Fr volandas (1982), pour violoncelle
Dubles (1983), pour flûte
Scherzo (1986), pour piano
Amb "P" de Pau (1986), pour piano
Cinco preludios de l'onu tema de Chopin (1987), pour piano
Cuatro estudios en forma de pieza (1989), pour guitare
Cuatro estudios en forma de pieza (1989), pour guitare
En raison essercizi (1989), pour clavecin
Punto de órgano (1990), pour orgue
Notes dormidas (1992), pour harpe
Monólogos del viento y de la roca (1993), pour guitare
Preludio sobreesdrújulo (1994), pour guitare
Toccata (Homenaje a Manuel de Falla) (1995), pour piano
L'art d'être touché par le clavecin (Sonata para clave) (2000), pour clavecin
Homenaje a Isaac Albéniz (I. Jaén) (2001), pour piano
Partita (2001), pour contrebasse
Catdenza (2003), pour clarinette
Soliloquio (in memoriam Joaquim Homs) (2004), pour piano
Saeta (2006), pour marimba
Homenaje a Isaac Albéniz (II. León) (2009), pour piano
Dos cuadros de Marc Chagall (2009) pour violon
Homenaje a Isaac Albéniz (III. Salamanque) (2010), pour piano
Arboretum (2010), pour guitare
El guardián entre los pinos (2011), pour piano
Jeu du solitaire (2012), pour violon


Chœur

Para saber si existo (1979), sur des poèmes de Gabriel Celaya
Per la morte di un capolavoro (1995), sur un poème de Gabriele D'Annunzio
Canzon de cuna pra Rosalía de Castro, morta (2003), sur des poèmes de Rosalía de Castro et de Federico García Lorca
Ritirata notturna (2009)


Voix

Epílogo del misterio (1979), sur des poèmes de José Bergamín (pour mezzo-soprano et piano)
Primera antolojía (1979), sur des poèmes de Juan Ramón Jiménez (pour soprano et piano)
Tres sonetos (1992), sur des poèmes de Lope de Vega, Luis de Góngora et de Francisco de Quevedo (pour basse, clarinette, violon/alto et piano)
Tres poemas cantados (1993), sur des poèmes de Federico García Lorca (pour soprano et piano)
Canción apócrifa (1994), sur un poème d'Antonio Machado (pour soprano et piano)
Cinco canciones amatorias (1994), sur des poèmes d'écrivains catalans de XIVe-XVIe siècles (pour soprano et piano ou instruments à cordes)
En forma de cuento (1994), sur un poème de Rafael Alberti
Callada partida (2013), sur un poème de Conchita Colón (pour mezzo et sextuor avec piano)
Nada te turbe (2014), sur un poème de Thérèse d'Avila (narrateur et piano)

Merci pour ce complément d'information. De son grand-père, on trouve plusieurs de ses oeuvres sur Youtube mais je n'ai encore rien en cd.

Fantaisie sur Don Giovanni



https://www.youtube.com/watch?v=vgbiBlJN-IA

Bof S'il s'agit bien du Don Giovanni de Mozart, je n'ai rien reconnu