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 Piers HELLAWELL, né en 1956

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Icare
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MessageSujet: Piers HELLAWELL, né en 1956   Piers HELLAWELL, né en 1956 Empty2015-06-13, 17:53

Piers HELLAWELL, né en 1956 Maxresdefault

Je ne saurais réellement décrire la musique de Piers Hellawell ni le plaisir souvent modéré qu'elle me procure. Ce sont un peu des paysages aux formes troubles, pas toujours bien définies et figées sur une photographie: impression paradoxale au fait que je ressens, parallèlement, un mouvement continuel, une évolution permanente mais pas toujours visible sous des caractères plus statiques, comme une confrontation subtile entre mobilité et immobilité, une musique en communion avec les formes fixes et autonomes de la nature. Je pense d'abord à son trio pour clarinette, violoncelle et piano, Truth or Consequences(1991) en deux mouvements, dont l'introduction atonale ne laisse pas forcément présager de ce qui va suivre, un rendez-vous avec la tonalité porté par une clarinette douce et accueillante, étreint par un violoncelle langoureux et pimenté par un piano qui ne perd jamais vraiment sa malice de départ. Le second mouvement est, à mon oreille, un petit sommet de poésie, si ce n'est en même temps une véritable idée musicale délicatement développée où les trois instrumentistes semblent dérouler leurs notes dans une entente parfaite. L'effet est assez saisissant. Sound Carvings from the Water's Edge (1996) pour ensemble de cordes m'a évoqué un bord de mer avec ses falaises mais dans une vue relativement lointaine. Les cordes y ont la fluidité de l'eau, parfois supposant une tranquille mobilité, parfois instaurant un climat plus audacieux et inventif. J'ai même cru, à un moment donné, que les cordes allaient imiter les cris des mouettes, comme elles le font dans certains quatuors de Peter Sculthorpe. La musique de Piers Hellawell reste plus suggestive, plus indéfinie dans ses formes. J'aime beaucoup l'instrumentarium de Sound Carvings from Rano Raraku (1988) qui se constitue d'une flûte, une contrebasse, un piano et une percussion. L'oeuvre s'inspire des statues de Rano Raraku, volcan de l'Île de Pâques:

<<La plupart des 900 moai de l'île proviennent des pentes du volcan Rano Raraku. Dans ce lieu unique, des centaines de sculpteurs et artistes ont travaillé entre les années 1000 et 1680 pour produire des statues géantes de pierre volcanique. Burins énormes de basalte, le toki, ont permis de séparer les sculptures géantes des flancs du volcan avant de les finir.>>

Bien sûr, à aucun moment, le quatuor atypique ne m'a évoqué ces oeuvres d'art impressionnantes, mais disons que, quelque-part, c'est une sculpture sonore qui m'a bien plu, réduisant - je l'imagine volontiers ainsi - ces statues de roche volcanique à l'état de miniatures. Evidemment, tout est question de distance, si on les observe à leur pied ou par le hublot d'un petit avion. La musique de Hellawell, dans ce cas précis, m'évoque davantage des lignes ondulées, des symétries, des arrondis, du solide, du corps (la percussion et la contrebasse) et de l'impalpable, de l'esprit (la flûte, le piano). Memorial Cairns (1992) pour ensemble de cordes est une délicate élégie et le quatuor à cordes Sound Carvings from the Ice Wall (1994) joue beaucoup sur la singularité sonore et rustique de chaque instrument, comme je peux parfois l'apprécier chez des compositeurs comme Bruno Coulais ou encore une fois Peter Sculthorpe. J'aime bien cette ambiance qui se crée entre les quatres instruments à cordes, ces frottements sonores qui créent la chaleur sous la glace, et cela même si le quatuor devient plus fluide dans sa progression. Quadruple Elegy (in the time of freedom) est un concerto pour violon et orchestre de chambre qui fut composé à la demande de la violoniste Madeleine Mitchell et qui connut sa première création mondiale au "Queen Elizabeth Hall", à Londres en 1992. L'oeuvre se découpe en quatre mouvements: "Baku", "Tbilisi", "Timisoara" et "Jan Palac and the Flaming Skier". Je pense avoir nourri une préférence pour les troisième et quatrième mouvements, le dernier étant selon moi la plus élégiaques des élégies avec ce violon suspendu qui m'a pris par la main de l'âme et m'entraîna entre ciel et terre.


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MessageSujet: Re: Piers HELLAWELL, né en 1956   Piers HELLAWELL, né en 1956 Empty2015-06-13, 22:24

J'ai du mal à imaginer que j'ai pu rester six ans sans réécouter les oeuvres de Piers Hellowell, sinon pourquoi ne pas avoir réalisé ici un topic en son honneur? Dans les deux oeuvres que j'ai redécouvertes ce soir, car il s'agit bien de redécouvertes, il y en a une que j'ai beaucoup aimée; Inside Story pour violon, alto et orchestre (1999), par Clio Gould, Philip Dukes, le "BBC Scottish Symphony Orchestra" sous la direction de Martyn Brabbins, et une autre qui ne m'a pas vraiment touché; The Still Dancers pour quatuor à cordes (1992) par "The Vanbrugh String Quartet". Durant l'écoute de ces deux oeuvres, ce fut une toute autre impression que pour les précédentes, citées dans mon commentaire introductif. Cette fois, j'ai ressenti une grande mobilité des gestes musicaux, aussi bien dans le double concerto que dans le quatuor. Inside Story m'a évoqué une grande musique d'action de caractère urbain, richement colorée et très stimulante d'un point-de-vue rythmique. Bien qu'il y ait deux solistes, le violoniste et l'altiste, je ne peux pas dire qu'ils dominent l'orchestre, qu'ils mènent systématiquement la danse, au point que, parfois, je pus avoir l'impression du contraire. L'oeuvre est sans aucun doute virtuose, surtout pour le violon et l'alto bien que l'orchestre ne le soit pas moins, mais cette virtuosité pleine d'énergie évolue au sein de beaucoup d'intensité dramatique. C'est souvent vif et animé, une musique qui ne se pose jamais très longtemps, comme une course-poursuite dans les rues étroites d'une grande ville agitée. Evidemment, mon ressenti fantaisiste n'est pas à prendre au pied de la lettre et il est fort possible que lors d'une prochaine écoute, j'en parle différemment, avec une meilleure connaissance des détails. Concernant The Still Dancers, le charme fonctionne déjà beaucoup moins, non pas parce qu'il s'agit d'un quatuor à cordes - j'adore cette formation et aime bien, par exemple, son Sound Carvings from the Ice Wall . Ce n'est pas que je recherchais forcément les mêmes effets ni les mêmes formes, mais, outre quelques petits passages sympathiques, le quatuor, tout en mouvement, à l'image de son titre, finit par glisser sur moi, juste m'effleurer. J'aurais préféré une émotion plus viscérale. Le côté un peu "baratin" que m'a inspiré le flottement très appuyé du troisième mouvement m'a plus ou moins ennuyé: l'oeuvre répond à une commande du "Britten String Quartet" et sa première création mondiale eut lieu au "St George's Brandon Hill", Bristol en 1993.

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MessageSujet: Re: Piers HELLAWELL, né en 1956   Piers HELLAWELL, né en 1956 Empty2015-06-14, 19:40

Une replongée dans cinq autres compositions de Piers Hellowell fut source de très belles émotions, à commencer par Cors de Chasse pour trompette, trombone et orchestre (2003) basée sur quelques vers d'Appollinaire:

<<Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent....
....Passons, passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent
>>

Piers HELLAWELL, né en 1956 Ab67616d00001e027211f99c9d6b6af8b84fd94d

Cette oeuvre pour deux solistes et orchestre m'a encore plus exalté que Inside Story pour violon, alto et orchestre. J' y ai trouvé une même dimension urbaine, une même filiation avec le jazz sans que ce soit du jazz. Là aussi, je ne pourrais dire d'emblée si c'est le duo trompette/trombone qui domine l'orchestre ou si, à l'inverse, c'est l'orchestre qui domine le duo. D'ailleurs, tout comme pour Inside Story, je ne vois pas réellement cette oeuvre comme un concerto, voire un double concerto, mais davantage comme une oeuvre pour orchestre avec deux solistes qui n'hésitent pas à se fondre dans la masse sonore afin de former un tout fortement expressif et mouvant, ou de s'en extraire temporairement, s'octroyant ainsi un semblant d'autonomie. Bien que j'ai été complètement captivé par cette partition pleine d'énergie et de couleur, Weawer of Grass pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse (2002) m'a carrément laissé sur le carreau! J'ai été subjugué par l'inventivité et le caractère très poétique d'une musique de chambre atypique que je n'arrive pas à percevoir comme un quintette pour piano et quatuor à cordes, car je n'ai pas l'impression que le piano soit l'instrument dominant, son rôle pouvant même être secondaire dans la première partie de l'oeuvre. Celle-ci se rapproche également, à un moment donné, du jazz sans en être vraiment, ce qui donne l'illusion que chaque instrumentiste flirte avec l'improvisation sans jamais y céder. En fait, je pense que cette partition est très écrite, ne laissant rien au hasard et sans doute très peu de liberté aux musiciens, voire aucune. Chaque moment me semble inventif, insolite, génial, peut-être mon oeuvre préférée de Piers Hellawell. Je n'ai malheureusement pas connu le même enthousiasme à l'écoute de son troisième opus pour quatuor à cordes Driftwood on Sand (2001), oeuvre qui se constitue de six parties: quatre Préludes et deux Mouvements. Hormis quelques petits instants qui ont accroché timidement mon oreille, cette formation ne semble pas réussir à ce compositeur, à moins que je sois seul responsable de ce manque d'adhésion. Son génie musical parait renaître dans le premier mouvement de The building of Curves pour piano et trio à cordes (1998), assez électrisant: j'y apprécie notamment la dynamique communicative entre le piano et les cordes. Le second mouvement met plus de temps à captiver mon attention, mais là encore, c'est probablement le piano, dans sa façon de se tracer un chemin entre le violon, l'alto et le violoncelle, et le jeu subtil de ceux-ci, qui finissent par alpaguer mon oreille. La dernière oeuvre écoutée est Dogs and Wolves - Chiens et Loups pour orchestre (2005) qui, sans me fasciner autant, m'a séduit pour les mêmes raisons que Cors de Chasse. En revanche, dans cet orchestre en fusion et en continuelle évolution, j'ignore où sont les chiens et les loups, la meute des vents ou la meute des cordes, tout un monde féroce qui s'agite dans une grande palette de couleurs, de rythmes et changements de rythmes. Toujours est-il que cette pièce orchestrale ne manque pas de mordant!
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MessageSujet: Re: Piers HELLAWELL, né en 1956   Piers HELLAWELL, né en 1956 Empty2023-04-03, 10:02


Eléments biographiques:

Piers Hellawell (né le 14 juillet 1956) est un compositeur et professeur de composition britannique , résidant actuellement en Irlande du Nord. Il a grandi en Angleterre et a étudié la composition avec James Wood et plus tard avec Nicholas Maw à l' Université d'Oxford. À l'âge de 24 ans, il a été nommé compositeur en résidence à l'Université "Queens" de Belfast où, en 2002, il a été nommé professeur de composition. Sa musique est publiée par "Edition Peters Ltd", située à Londres . De 2000 à 2003, Piers Hellawell a occupé la "Gresham Chair of Music de la City" de Londres. Ses oeuvres sont représentées par l' ECM(Nouvelle Série), Labels NMC et Métier et sur Label Métronome. Pour marquer son 60ème anniversaire en 2016, il a été nommé résident au "Great Lakes Festival" à Detroit en juin de la même année. Il a également fait jouer des œuvres au Festival international de Cheltenham le mois suivant. Piers Hellawell a été commandé par de nombreux ensembles internationaux de premier plan tels que le "Hilliard Ensemble", le "Philharmonia Orchestra", le "Stockholm Chamber Brass", le "Swedish Chamber Orchestra", le "Hard Rain Soloist Ensemble" et le "Schubert Ensemble". Sa musique a été jouée dans le monde entier et a également rencontré des collaborations et des engagements réguliers avec les "BBC Proms".

Piers HELLAWELL, né en 1956 PH

Après une séance entièrement consacrée à la musique de film, j'entame un nouveau cycle des "six portraits" dont la condition sine qua non est de réunir des compositeurs desquels je ne possède que trois disques, pas davantage. La condition peut paraître étrange mais elle me permet de fouiller dans ma collection et de tomber souvent sur un compositeur que j'ai délaissé depuis plusieurs années, voire peut-être oublié, même si chez moi un oubli est toujours provisoire. Je garde toujours comme principe absolu qu'une collection doit rester vivante, comme une vidéothèque ou une bibliothèque. Piers Hellawell est justement de ces compositeurs que j'avais délaissés, presque oubliés, et c'est donc sur sa musique que j'ai décidé de concentrer toute mon attention: il est par conséquent le premier portrait de ce cycle. Depuis 2015, je n'avais pas réécouté une seule de ses oeuvres, presque huit ans quand même si j'en crois la date de mon dernier post! Toutefois, je me rappelais d'un style à la fois moderne - "très" contemporain dans le sens où on l'entend habituellement - et très personnel. Je ne vais pas revenir en détail sur le contenu des trois albums car je ne ferais que réécrire ce que j'ai déjà écrit dans mes commentaires de 2015. Je m'arrêterai juste sur l'opus qui est peut-être celui qui m'a le plus captivé lors de cette nouvelle rétrospective: Weaver of Grass pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse, une pièce de musique de chambre donc, pas très longue puisqu'elle dépasse à peine les neuf minutes; son caractère concis, le jeu à la fois incisif et prolixe du piano...Je vais par ailleurs réécouter The Building of Curves pour une formation instrumentale identique et à peine plus long. En deux mouvements.
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joachim
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MessageSujet: Re: Piers HELLAWELL, né en 1956   Piers HELLAWELL, né en 1956 Empty2023-04-03, 10:22

Rien d'extraordinaire, mais ça se laisse écouter Very Happy



https://www.youtube.com/watch?v=RtOwb3rfsb8

The Building of Curves (1998)


The Schubert Ensemble

Simon Blendis - violin
Douglas Paterson - viola
Jane Salmon - cello
William Howard - piano
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MessageSujet: Re: Piers HELLAWELL, né en 1956   Piers HELLAWELL, né en 1956 Empty2023-04-03, 11:25

Je suis déjà étonné que pour toi "ça se laisse écouter", ce qui démontre que ton acceptation des "langages musicaux contemporains" s'élargit, certes avec beaucoup de modération, mais s'élargit quand même. Je m'en rends compte depuis le début que je fréquente ce forum. Si, si Joachim, tu n'en as pas encore conscience mais un jour, Pierre Boulez passera comme du p'tit lait! Piers HELLAWELL, né en 1956 231625

Je viens de réécouter ce quartette pour piano et trio à cordes et j'aime vraiment bien, pas autant que Weaver of Grass pour formation non identique, contrairement à ce que j'ai écrit plus haut, car il s'agit d'un quintette pour piano et quatuor à cordes, ma formation instrumentale de prédilection depuis plusieurs années déjà. Avant, c'était le quatuor à cordes, mais c'était avant. Justement, Piers Hallowell en a composé au moins un, celui que je connais sous le titre Driftwood on Sand, mais c'est sans (aucun?) doute l'oeuvre du compositeur que j'aime le moins... J'en ai profité pour réécouter sa pièce orchestrale Dogs  and Wolves, elle aussi pour la seconde fois aujourd'hui, et je dois dire que je l'ai plus appréciée qu'en 2015.

Voilà le prochain album de Piers Hallowell que je me procurerai sûrement dès que mes finances retrouveront une santé:

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