Renaud Gagneux est né à Paris en 1947: c'est l'écoute à la radio, à l'âge de cinq ans, de La Flûte Enchantée qui décide d'après ses dires de sa vocation musicale. Après un enseignement pianistique assidu auprès de Germaine van Eyndhoven, amie de Nat et Cortot, dont il suivra aussi les cours d'interprétation. Renaud Gagneux entre au CNSM de Paris à onze ans, en classe de solfège spécialisé, puis en harmonie, contrepoint, fugue, composition chez Tony Aubin et Olivier Messiaen. Le jeune musicien suivra également l'enseignement de Karleinz Stockhausen à Cologne et de Henri Dutilleux à l'Ecole Normale.
Avant de se consacrer exclusivement à la composition, il exerça plusieurs métiers: professeur d'éducation musicale dans l'enseignement secondaire et producteur à Radio-France. Il est carillonneur à la mairie du 1er arrondissement de Paris depuis 1970. D'un catalogue déjà bien rempli, tant en musique de chambre - trois quatuors à cordes, deux sonatines pour piano - que pour orchestre - quatre concertos, cinq préludes symphoniques - émergent des oeuvres d'inspiration sacrée: une messe créée au Festival d'Avignon en 1976 qui s'est transformée en requiem que le NOP jouera en 1982.
En 1989, un premier opéra Orphée, aux correspondances formelles subtiles avec La Flûte Enchantée, oeuvre cardinale pour l'enfant qu'il fut, est monté à l'Opéra de Rhin sous la direction de Claude Schnitzler: Renaud Gagneux y voit la continuité de son Requiem, en tout cas celle de ses préoccupations spirituelles et métaphysiques illustrées aussi par un Magnificat et un Te Deum, créé à Paris en 1988 ou 1989. Les oeuvres de Gagneux furent interprétées aussi par l'Orchestre National de Lilles, l'ODF, l'Ensemble Forum, l'Orchestre de Liège, de Barcelone, l'Orchestre National de France, l'Orchestre Philharmonique, les Quatuors Suk, Arditti...
Renaud Gagneux a reçu en 1983 le Prix Georges Enesco, en 1989 celui des nouveaux talents de la SACD pour son opéra Orphée, le Prix Verdaguer de l'Institut de France et le Prix des Compositeurs de la SACEM en 1990.
Sources: O. Bernard.
Dernière édition par Icare le 2018-01-25, 13:46, édité 1 fois
Jean
Nombre de messages : 8730 Age : 81 Date d'inscription : 14/05/2007
Vieux souvenirs!!...je l'ai "croisé" plutôt que connu au festival de St Céré en 72 (OU 73?) où je participais comme choriste et lui comme jeune compositeur...Il était très sympa!
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Je viens de trouver le Requiem de Renaud Gagneux en cd et je n'ai pas résisté à la tentation de me le procurer. J'aime tellement son opéra Orphée que je ne voulais pas laisser passer l'occasion d'approfondir ce compositeur. Certes, l'extrait que j'avais posté ci-dessus me parut un peu austère à la première écoute mais je suis confiant. L'austérité n'a jamais été pour moi un obstacle à l'émotion, bien au contraire! C'est un aspect musical, une esthétique, qui peut beaucoup me plaire comme, par exemple, dans le Requiem de Frank Martin. Et comme un coup de chance n'arrive jamais seul, j'ai également trouvé son Tryptique pour violoncelle et orchestre dont on m'avait dit beaucoup de bien, couplé avec celui de Rodion Shchedrin interprétés tous les deux par Rostropovich. La personne qui m'avait dit du bien de celui de Gagneux m'avait, en revanche, dit du mal de celui du compositeur russe. Je verrai par moi-même si je pense comme lui.
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Renaud Gagneux a eu l'envie d'écrire une messe de requiem durant l'année 1975, alors qu'aucune crise mystique ni le décès d'un proche ne l'avait suscitée. Ce fut plutôt l'audition répétée des requiem de Mozart, Berlioz et Fauré qui ont généré en lui le besoin d'en composé un. il a bien fait! Si j'en crois l'émotion que je viens de vivre en la découvrant, il a vraiment eu raison de composer un requiem. L'oeuvre ne ressemble ni à celui de Mozart ni à celui de Fauré, et bien que l'auteur prétend avoir utilisé des orchestrations proches de Berlioz, le résultat me semble heureusement très différent et sacrément personnel. D'une certaine façon, par sa singularité, je le rapprocherais davantage (dans une certaine mesure) du requiem d'Artyomov. Mais on ne peut pas dire objectivement qu'ils se ressemblent. J'ai vraiment adoré les climats finement ciselés du Requiem de Renaud Gagneux . Ce n'est pas une oeuvre de puissance et d'éclat, c'est une messe qui apporte une véritable beauté à la mort, une beauté qui peut s'avérer étrange et mystérieuse par moment. J'ai été tellement captivé que je l'ai réécouté une deuxième fois, dans la même journée. C'est très simple, je le préfère déjà à celui de Ligeti! Adorant son opéra Orphée, si son Triptyque pour violoncelle et orchestre me procure le même enthousiasme, autant dire que Renaud Gagneux va devenir un compositeur important et prioritaire dans mes quêtes de découvertes.
laudec
Nombre de messages : 5668 Age : 71 Date d'inscription : 25/02/2013
Belle découverte que ce compositeur contemporain dont j'ai écouté l'extrait de Requiem si étonnant et tellement beau à mes oreilles J'ai écouté également ce qu'il dit de sa rencontre avec le monde zen et le shakuhachi, monde qui me met en mouvement et en recherche depuis un certain temps déjà, merci pour cette rencontre rendue possible. J'aurais aimé en savoir plus à propos de son opéra Orphée, mais celui-ci n'est même pas mentionné dans la liste de ses œuvres wikipédia ! erreur à rectifier peut-être ?
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
(...)j'ai également trouvé son Tryptique pour violoncelle et orchestre dont on m'avait dit beaucoup de bien, couplé avec celui de Rodion Shchedrin interprétés tous les deux par Rostropovich. La personne qui m'avait dit du bien de celui de Gagneux m'avait, en revanche, dit du mal de celui du compositeur russe. Je verrai par moi-même si je pense comme lui.
Ce que je peux déjà dire c'est que je ne suis pas encore sûr de préférer le Tryptique de Gagneux au concerto de Shchedrin, ce qui ne veux pas dire qu'il ne m'a pas plu. Lors de cette première écoute, je dirais qu'il m'a plu mais pas comblé. Je suis pour l'instant resté un peu sur ma faim. J'ai cependant l'intuition qu'une seconde écoute lui rendra plus de justice. Ce que j'ai pu déjà apprécier, ce sont des orchestrations d'une grande finesse pour une oeuvre clair-obscure, finement ciselée, plutôt moderne et mystérieuse, au lyrisme très contenu. Pas d'envolée ni d'emphase; le violoncelle évolue dans un complexe sonore d'un grand raffinement. C'est indéniable. Ce qui m'échappe pour l'instant m'est énigmatique, je ne sais pas trop. J'ai hâte de le réécouter, d'en maîtriser définitivement l'écoute. Peut-être que j'espérais quelque chose d'un peu plus lumineux...?
Jean
Nombre de messages : 8730 Age : 81 Date d'inscription : 14/05/2007