Thanos MIKROUTSIKOS (1947-2019)

Thanos Mikroutsikos est un compositeur grec que l'on peut aisément classer parmi les "modernes" non radicaux. Il s'avère être l'auteur, par exemple, d'un superbe concerto pour guitare et orchestre (1992), interprété par le soliste Kostas Kotsiolis, le "Cordoba Orchestra" sous la direction de Leo Brouwer, de Slow motion (1990) pour orchestre à cordes et de The hell of a season (1989) pour orchestre. N'écrivant pas que pour le genre concertant et symphonique, il mit également ses talents au service du théâtre et du cinéma. Il ne s'agit en aucun cas du musicien savant et élitiste enfermé dans sa tour d'ivoire, complètement coupé de la musique populaire. A l'instar de Mikis Theodorakis, il entretient un lien viscéral avec la musique populaire qui transparaît énergiquement dans son oeuvre, comme dans ses très appréciables pièces pour piano; Dance and Memories délicieusement interprétées par Danae Kara également interprète de celles de Manos Hadjidakis dont certaines, de par leur beauté, résonnent encore dans ma tête au moment où j'écris ces lignes. Thanos Mikroutsikos est ainsi l'auteur d'un grand nombre de chansons qu'il sera même en mesure d'interpréter derrière son piano:

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Mikroutsikos enregistra aux alentours de 1998 un album de chansons avec l'une des plus célèbres chanteuses populaires italiennes Milva. L'album s'intitule tout simplement "Milva canta Thanos Mikroutsikos" et fut édité par le label "Agora". Il me semble que la chanson poétique ou le rebetiko est une expression musicale et populaire grecque à laquelle les compositeurs de ce pays magnifique restent profondément attachés. Et c'est peut-être quelque-part ce sens inouï du chant qui amena Thanos Mikroutsikos à réaliser un très bel opéra intitulé The return of Helen sur un livret de Christos D. Lambrakis, des poésies de Yannis Ritsos et sous la baguette du chef d'orchestre Alexandros Myrat.

Thanos Mikroutsikos est né à Patras en 1947. Il a commencé très jeune la musique à la Société Philharmonique et au Conservatoire grec (solfège et piano) de Patras. Puis, il mena de front une maîtrise de mathématiques à l'Université d'Athènes et ses études musicales, travaillant l'harmonie, le contrepoint et la composition avec le compositeur G.A. Papaïoannou. Il pratiqua tous les genres de musique - opéras, musique symphonique, musique de chambre, électronique, pour piano, des chansons, des compositions pour le théâtre et le cinéma, comme je l'avais déjà mentionné plus haut. Il est membre de l'Union des musiciens grecs et de l'Union des compositeurs de Grèce. Il est le fondateur du Festival international de Patras dont il a été le directeur artistique de 1986 à 1990. De 1990 à 1993, il assura la fonction de directeur artistique du Pupitre Musical au Palais de la Musique d'Athènes.
D'abord nommé ministre suppléant de la Culture en octobre 1993, il occupa un poste de ministre de la Culture de mars 1994 à janvier 1996. D'octobre 1998 à février 1999, il assuma les fonctions de Président directeur général du Festival grec (festivals d'Athènes d'Epidaure).

Très difficile de trouver des oeuvres orchestrales ou concertantes de ce compositeur. Je suis cependant tombé sur cet extrait bien court de son Concert pour xylophone et orchestre que je ne connais pas. J'aime bien le caractère espiègle et spontané de ce morceau que je découvre en ce moment-même. Il me donne envie de découvrir les autres parties du concerto. Transparaît déjà dans ces 2mn 15 une grécité bien marquée. C'est-à-dire que si on me l'avait fait écouter sous forme de devinette, je n'aurais pas nécessairement cité Mikroutsikos mais j'aurais très certainement pensé à un compositeur grec.

L'opéra grec a très certainement été porté à sa gloire par Mikis Theodorakis, explorant à nouveau et pour le bénéfice de cet art exceptionnel, les grands personnages de la mythologie grecque, Antigone, Phedre, Médée, Iphigénie, Dionysos, Electre. C'est bien sûr merveilleux que tous ces opéras existent en cd même si, d'une certaine manière, une connaissance uniquement audio de ces chefs-d'oeuvre me frustrent toujours un peu. L'opéra est également un spectacle visuel et j'en suis privé. Je suis privé de mises en scène et de décors, du jeu des acteurs/chanteurs, de la possibilité de placer un visage sur ces formidables opéras. Ce n'est cependant pas un obstacle pour apprécier la musique et la beauté des chants. C'est d'ailleurs le cas avec l'opéra The Return of Helen de Thanos Mikroutsikos, très belle oeuvre méconnue d'un compositeur beaucoup moins célèbre que Theodorakis mais qui semble autant partagé entre musique légère et musique savante, chantant ses propres chansons et brandissant la baguette derrière un grand orchestre symphonique. Ce qui me plait particulièrement dans l'opéra de Mikroutsikos, outre des chants et des voix d'une grécité très perceptible, c'est une écriture orchestrale très raffinée et soyeuse. J'aimerais beaucoup voir cet opéra monté, un jour, à Paris avec l'espoir de pouvoir y assister...Mettre un visage sur cet opéra.

Nouvelle incursion dans les musiques pour piano Dance and Memories de Thanos Mikroutsikos sous les doigts de Danae Kara pour un plaisir identique aux précédents. Il y a une fluidité presque aquatique dans certains morceaux, une qualité presque obsessionnelle dans la mélancolie qui en transpire. Cela me touche beaucoup, peut-être pas à la folie, mais beaucoup.     

Icare a écrit:

 L'opéra grec a très certainement été porté à sa gloire par Mikis Theodorakis, explorant à nouveau et pour le bénéfice de cet art exceptionnel, les grands personnages de la mythologie grecque, Antigone, Phedre, Médée, Iphigénie, Dionysos, Electre. C'est bien sûr merveilleux que tous ces opéras existent en cd même si, d'une certaine manière, une connaissance uniquement audio de ces chefs-d'oeuvre me frustrent toujours un peu. L'opéra est également un spectacle visuel et j'en suis privé. Je suis privé de mises en scène et de décors, du jeu des acteurs/chanteurs, de la possibilité de placer un visage sur ces formidables opéras. Ce n'est cependant pas un obstacle pour apprécier la musique et la beauté des chants. C'est d'ailleurs le cas avec l'opéra The Return of Helen de Thanos Mikroutsikos, très belle oeuvre méconnue d'un compositeur beaucoup moins célèbre que Theodorakis mais qui semble autant partagé entre musique légère et musique savante, chantant ses propres chansons et brandissant la baguette derrière un grand orchestre symphonique. Ce qui me plait particulièrement dans l'opéra de Mikroutsikos, outre des chants et des voix d'une grécité très perceptible, c'est une écriture orchestrale très raffinée et soyeuse. J'aimerais beaucoup voir cet opéra monté, un jour, à Paris avec l'espoir de pouvoir y assister...Mettre un visage sur cet opéra.    

Avant de revenir à l'opéra de Theodorakis, j'ai réécouté celui de Thanos Mikroutsikos, The Return of Helen. J'aime de plus en plus. Chaque nouvelle écoute m'apporte des éléments nouveaux, un thème mélodique que je n'avais pas aussi bien remarqué lors des précédentes, des combinaisons sonores, des parties instrumentales, inventives et attractives en même temps, un opéra dont il me manque encore une approche visuelle...peut-être qu'un jour...

Un peu plus d'explication autour de l'opéra Le Retour d'Hélène:

L'opéra de Thanos Mikroutsikos, Le Retour d'Hélène, pourrait avoir comme sous-titre "Une héroïne en quête d'elle-même", puisque l'oeuvre a pour thème le morcellement de la personnalité d'Hélène et ses efforts pour retrouver - ou plutôt se construire - une "identité" entière, sans pour autant ignorer ni effacer les différents volets de sa vie. L'histoire de l'héroïne, ce qu'elle a vécu en amont de l'action scénique, nous est connue par la mythologie: fille de Zeus et de Léda, Hélène, dont la beauté éblouissante est réputée jusqu'aux confins du monde connu d'alors, a épousé, par la volonté des dieux, Ménélas, roi de Sparte. Sur l'autre rive de l'Egée, dans une vallée de l'Ida, le jeune Pâris, prince de Troie, rencontre trois déesses de l'Olympe, qui lui demandent de décider laquelle d'entre elles est la plus belle. Aphrodite sort victorieuse de ce concours de beauté et promet à Pâris de lui donner en récompense la plus belle femme du monde - autrement dit Hélène, reine de Sparte. Fort de la faveur divine, Pâris atteint les rives de l'eurotas, conquiert Hélène et l'emmène à Troie. C'est alors qu'éclate la fameuse guerre de Troie, conflit de dix années responsable de la mort de nombreux héros dans les deux camps et de la destruction de Troie. Hélène, qui est à l'origine de la guerre, en refuse pourtant la responsabilité, estimant avoir été le jouet de volontés divines contraires. Parce qu'elle est fille du père des dieux et parce que sa séduction est une arme puissante, personne n'ose s'en prendre à elle, en dépit de toute la haine qu'elle a suscitée.

L'argument d'Hélène a visiblement inspiré plusieurs compositeurs:

__Christoph Willibald Gluck - Paris and Helen 1770
__Jacques Offenbach - Hélène de Troie 1864
__Camille Saint-Saëns - Hélène 1904
__Richard Strauss - The Egyptian Helen 1927

Le Retour d'Hélène de Thanos Mikroutsikos est un opéra en un acte, trois périodes et six scènes, chanté en grec sur des poésies de Yannis Ritsos et sur un livret de Christos D. Lambrakis. 1993.

Icare a écrit:

Nouvelle incursion dans les musiques pour piano Dance and Memories de Thanos Mikroutsikos sous les doigts de Danae Kara pour un plaisir identique aux précédents. Il y a une fluidité presque aquatique dans certains morceaux, une qualité presque obsessionnelle dans la mélancolie qui en transpire. Cela me touche beaucoup, peut-être pas à la folie, mais beaucoup.

Ce soir, j'avais une petite envie de piano seul. J'aurais pu avoir une petite envie de violoncelle, une petite envie de quatuor à cordes ou de guitare, mais non, c'est le piano que j'avais envie d'entendre résonner dans mes oreilles. Cependant, je ne voulais pas d'un piano austère ou trop atonal que j'aime parfois entendre aussi, comme chez Peer Norgard, par exemple. Je souhaitais un piano un peu plus doux et chantant. J'ai aussitôt pensé à la pianiste Danae Kara et à la musique grecque. J'ai découvert Danae kara au travers des magnifiques pièces pour piano de Manos Hadjidakis. C'est d'ailleurs à ce compositeur auquel j'ai pensé en premier, mais ce sont des oeuvres que j'ai encore bien en mémoire pour les avoir réécoutées il n'y a pas si longtemps. J'ai alors opté pour Dance and Memories de Thanos Mikroutsikos, des pièces pour piano également interprétées par Danae Kara. Je savais que ce ne serait pas le même impact émotionnel qu'avec celles d'Hadjidakis, mais c'est du piano empreint d'une certaine grécité et teinté de nostalgie que j'apprécie à sa juste valeur; sympathique et touchant, la danse douce et la mélancolie retenue.

<<Je joue du piano depuis l'âge de quatre ans. C'est au piano que je m'exprime au quotidien, depuis toujours. Il est dans presque toutes mes chansons et dans la plupart de mes oeuvres, qu'il s'agisse de musique de chambre ou de musique symphonique. Et pourtant, je n'écris des oeuvres pour piano que depuis quelques années. Il est vrai que je m'investis tellement dans l'improvisation que je laisse sans doute "filer entre mes doigts" beaucoup de merveilleuses images et phrases musicales. C'est le propre de l'improvisation: elle vous rend heureux aussi longtemps qu'elle dure, mais elle échappe à la mémoire.>> Thanos Mikroutsikos.