Albert Roussel (1869-1937)

Albert (Charles Paul Marie) Roussel est un compositeur français né à Tourcoing le 5 avril 1869 et mort à Royan le 23 août 1937.

Dans son enfance, il s'est d'abord formé avec son grand-père et plus tard avec son oncle. Il étudie ensuite la musique avec l'organiste Stoltz et les mathématiques afin d'entrer à l'école navale. En ce sens, entre les années 1889 et 1890, il fait partie de l'équipage de la frégate Iphigena avec laquelle il visite les pays asiatiques. Ce fait fut déterminant dans la suite de sa race, car il fut un sujet d’inspiration récurrent dans beaucoup de ses œuvres. En 1894, il abandonne sa carrière dans la marine et rentre à Paris, où il étudie la musique avec Eugène Gigout, puis en 1898 à la Schola Cantorum, fondée à Paris en 1894 par Charles Bordes, Alexandre Guilmant et Vincent d'Indy.

Il y enseigna le contrepoint entre 1902 et 1914, comptant parmi ses élèves Bohuslav Martin? et Edgar Varèse.

En 1909, il se rendit en Inde avec sa femme, Blanche Preisach-Roussel (1880-1962). Là, il est entré en contact avec la légende de la reine Padmavati qui est devenue le thème principal de son célèbre ballet. Au cours de la Première Guerre mondiale, il s’est enrôlé dans la marine, bien qu’il ait été rejeté pour des raisons de santé. En 1918, il s'installe en Normandie où il se consacre à la composition. Au cours des dernières années et après une visite éphémère aux États-Unis, il vécut à Royan, ville où il mourut en août 1937 des suites d'un malaise cardiaque.

Musicien très respecté, influencé par Debussy et d'Indy, il composa des mélodies, des symphonies, des musiques de ballets, un opéra-ballet et d'autres œuvres inspirées par ses voyages en Extrême-Orient.


Musique de chambre :

Andante et Scherzo pour flûte et piano op 51
Aria pour un instrument et piano
Divertissement pour quintette à vent et piano op 6
Duo pour basson et contrebasse
Elpénor, pour flûte et quatuor à cordes op 59
Fanfare pour un sacre païen, pour cuivres et timbales
Impromptu pour harpe op 21
Sonate n° 1 pour violon et piano op 11
Sonate n° 2 pour violon et piano op 28 (1924)
Joueurs de flûte, pour flûte et piano op 27 (1924)
Pipe in D major, pour pipeau et piano
Prélude et fughette pour orgue op 41
Quatuor à cordes op 45 (1931-1932)
Ségovia, pour guitare op 29
Sérénade pour flûte, trio à cordes et harpe op 30
Trio n° 1 pour piano, violon, violoncelle piano op 2
Trio n° 2 pour flûte, alto et violoncelle op. 40 (1929)
Trio n° 3 pour flûte (ou violon), alto et violoncelle op 58


Musique orchestrale :

A glorious day pour harmonie op 48
Concert pour petit orchestre op 34
Concertino pour violoncelle op 57
Concerto pour piano op 36
Évocations op 15 (1913)
Petite suite op 39
Pour une Fête de printemps op 22
Rhapsodie flamande op 56
Résurrection op 4
Sinfonietta op 52
Suite en fa op 33
Symphonie n°1 op 7 "Le Poème de la forêt" (1904-1906)
Symphonie n°2 op 23 (1919-1921)
Symphonie n°3 op 42 (1929-1930)
Symphonie n°4 op 53 (1934)


Musique vocale :

Deux poèmes chinois op 12
Deux poèmes chinois op 35
Deux poèmes chinois op 47
Odes anacréontiques : 3 op 31 et 3 op 32
Quatre poèmes de Regnier op 3
Quatre poèmes de Régnier op 4
A flower given ti my daugter op 44/1
Jazz dans la nuit op 38
Deux idylles op 44/2
Deux mélodies op 19
Deux mélodies op 20
Deux mélodies op 50
Deux mélodies op 55
Deux poèmes de Ronsard (pour voix et flûte) op 26
La Menace, avec orchestre op 9
Flammes op 10
Deux Vocalises
Les Rêves
Chant de terroir
Madrigal aux Muses pour choeur de femmes a cappella op 25
Psaume 80 pour ténor, choeur mixte et orchestre op 37
Le Bardit des Francs, pour choeur d'hommes, cuivres et percussions
Deux Madrigaux à 4 voix


Ballet, musiques de scènes et opéra

Le Marchand de sable qui passe, musique de scène op 13
Le festin de l'araignée, ballet pantomime en 1 acte op 17 (1913)
La Naissance de la lyre, conte lyrique en 1 acte op 24
Bacchus et Ariane, ballet en 2 actes op 43  (1931)
Aeneas, ballet en 1 acte op 54
Padmâvatî, opéra ballet en 2 actes op 18 (1923)
Le Testament de la tante Caroline, opéra bouffe en 3 actes
Sarabande pour le ballet collectif l'eventail de Jeanne
Prélude du 2ème acte pour le ballet collectif 14 juillet


Piano :

Des heures passent, suite op 1
Rustiques, 3 tableaux op 5
Suite en fa dièse op 14
Sonatine op 16 (1912)
L'accueil des muses (1920)
Prélude et Fugue op 46
3 Pièces op 49
Conte à la poupée
Canon perpétuel
Doute

Bonsoir,

j'ai entendu une mélodie de Roussel aujourd'hui : Nuit d'Automne. Sublime, je ne connaissais pas ce compositeur, j'ai été subjuguée. Quelqu'un sait-il où je pourrais écouter d'autres de ses œuvres ? merci d'avance pour votre gentillesse :)

Charlotte

Hélas je n'ai rien trouvé à écouter en entier.

Il n'y a que les courts extraits qu'on peut écouter sur Fnac ou bien Amazon, Naxos...

merci quand même d'avoir cherché c'est très gentil à toi. Je vais essayer de trouver qq pour m'en envoyer/ prêter...

Personnellement, je me permets de te recommander la 3° symphonie qui est une oeuvre magistrale et le très classique mais néanmoins élégant Festin de l'Araignée. Roussel a déployé, dans ces 2 partitions, un talent inouï. Il n'est pas toujours inspiré, de mon point de vue, dans le reste de ses oeuvres. Malheureusement, je n'ai pas sous la main de possibilité de te faire entendre ces 2 oeuvres car je ne les ai qu'en vinyle...

Dans une annonce pour "Padmavati" au Châtelet, au début de ce mois, je lis que cet opéra-ballet n'avait plus été porté sur scène depuis 1947!!!
Je lis dans M. Honegger, "Musique Vocale", que c'est un voyage de quatre mois aux Indes (en 1909) qui est à l'origine de deux oeuvres majeures de Roussel, les Evocations (1910-12) et "Padmavati" (1914).
(édit: j'avais oublié la présentation de Snoopy, il en parle!)

Je suis tombé amoureux fou dernièrement de son adorable petit ballet "Le festin de l'araignée" (à l'écriture parfois délicatement debussyste) :

https://www.youtube.com/watch?v=Oq1mnyhVzvQ
https://www.youtube.com/watch?v=kdcKz_17v-o

Le thème du jardin (au tout début) est vraiment très émouvant, le voici dirigé par Roussel lui-même ! :
http://www.opus1.com/~ehoornaert/roussel/festin.wav

Génial, merci kfigaro!

J'avais réussi à trouver les 4 Symphonies depuis ; c'est vraiment superbe, des couleurs debussystes effectivement, des pointes de romantisme...et beaucoup de charme et d'émotion, surtout ^^

Je viens d'écouter une oeuvre peu connue, et que je n'avais plus écoutée depuis 20 ans au moins : Les Evocations opus 15, que Roussel a composées en 1910/11, inspirées par son voyage à Ceylan et aux Indes (dans la même foulée il a composé le ballet Padmâvati.

Il y a trois parties, pour une durée totale de 45 minutes.

1 - Les Dieux dans l'ombre des cavernes
2 - La Ville Rose
3 - Au bord du Fleuve sacré, avec choeurs

C'est très joli et aussi très "impressionniste" . Comme ça ressemble un peu à du Debussy, je suppose que ça ne plaira pas à Snoopy

joachim a écrit:

C'est très joli et aussi très "impressionniste" . Comme ça ressemble un peu à du Debussy, je suppose que ça ne plaira pas à Snoopy

Il y a des chances

On trouve chez Naxos ses 4 symphonies et diverses Suites, poèmes symphoniques et rhapsodie flamande. Le tout, en quatre CD, est remarquablement interprété.

Voici un compositeur que j'aime bien, je trouve un charme bien Français d'entre deux guerres.

Je trouve sa musique de chambre très intéressante d'un charme discret. Voici un lien vers une intégrale de qualité en 3 CD re édités par Brillant Classique :

http://classique.abeillemusique.com/CD/Classique/BRIL8413/5029365841320/Brilliant-Classics/Albert-Roussel/Musique-de-chambre-Integrale/cleart-24498.html

Catalogue complet chronologique et par genre



Opéra, ballet et musiques de scène

Le Marchand de sable qui passe, musique de scène en 1 acte, op 13 (1908)
La Festin de l'araignée, ballet-pantomime en 1 acte, op. 17 (1912)
Padmâvatî, opéra-ballet en 2 actes, op. 18 (1914-18)
La Naissance de la Lyre, musique de scène, op 24 (1923-24)
Sarabande, pour l'Eventail de Jeanne, ballet en collaboration (1927)
Le Testament de la Tante Caroline, opéra bouffe en 3 actes (1933)
Prélude pour l'acte II de Quatorze Juillet, musique de scène en collaboration (1936)
Bacchus et Ariane, ballet en 2 actes, op. 43 (1930)
Aeneas, ballet en 1 acte, op. 54 (1935)
Elpénor, musique de radio pour flûte et quatuor à cordes, op 59 (1937)


Orchestre

Marche nuptiale, orchestre (1893) détruite
Résurrection, orchestre, op. 4 (1903)
Vendanges, esquisse symphonique (1905) détruite
La Poeme de la Forêt (Symphonie n° 1 en ré mineur), op. 7 (1904-06)
Pour une Fête de Printemps, poème symphonique, orchestre et chœurs, op. 22 (1920)
Symphonie n° 2 en si bémol majeur, op. 23 (1919-21)
Suite en Fa, orchestre, op. 33 (1926)
Concert pour petit orchestre, op. 34 (1926-27)
Petite Suite, orchestre, op. 39 (1929)
Symphonie n° 3 en sol mineur, op. 42 (1929-30)
Sinfonietta pour orchestre à cordes, op. 52 (1934)
Symphonie n° 4 en la majeur, op. 53 (1934)
Rhapsodie flamande, orchestre, op. 56 (1936)


Harmonie

Fanfare Pour Un sacre païen, cuivres et percussions (1921)
A Glorious Day, musique militaire, op. 48 (1932)


Soliste et orchestre

Concerto pour piano en sol majeur, op. 36 (1927)
Aria d'après la 2ème Vocalise, pour instrument soliste et orchestre ou piano (1928)
Concertino pour violoncelle en ut majeur, op. 57 (1936)


Musique de Chambre

Fantaisie pour violon et piano (1892) détruite
Andante (Ave Maria) pour trio à cordes et orgue (1892) dédruit
Quintette avec cor (1901) détruit
Sonate pour violon et piano (1902) détruite
Trio en mi bémol pour piano, violon, violoncelle, op. 2 (1902 rev 1927.)
Divertissement, flûte, hautbois, clarinette, cor, basson et piano, op. 6 (1906)
Sonate pour violon et piano n° 1 en ré mineur, op 11 (1907-08, rév 1931)
Impromptu pour harpe, op 21 (1919)
Les Joueurs de flûte, pour flûte et piano, op 27 (1924)
Sonate pour violon et piano n° 2 en la majeur, op 28 (1924)
Segovia, pour guitare, op 29 (1925)
Sérénade, flûte, violon, alto, violoncelle et harpe, op. 30 (1925)
Duo, basson et violoncelle / contrebasse (1925)
Trio flûte, alto et violoncelle, op. 40 (1929)
Quatuor à cordes en ré majeur, op. 45 (1931-32)
Andante et Scherzo pour flûte et piano, op 51 (1934)
Pipe in D, pour pipeau et piano (1934)
Trio à cordes, violon, alto et violoncelle, op. 58 (1937)
Andante (de Trio incomplet), hautbois, clarinette et basson (1937)



Piano / Orgue

Badinage (1897) détruit
Fugue (1898)
Des heures Passent, 5 pièces pour piano, op. 1 (1898)
Conte à la poupée, piano (1904)
Rustiques, 3 pièces, piano, op. 5 (1904-06)
Suite en fa #, piano, op. 14 (1909-10)
Sonatine, piano, op. 16 (1912)
Petit canon perpetuel, piano (1913)
Doute, piano (1919)
L'accueil des muses [im memoriam Debussy], piano (1920)
Prélude et Fughetta, orgue, op. 41 (1929)
Prélude et Fugue pour piano, op. 46 (1932-34)
3 Pièces, piano, op. 49 (1933)


Choeur avec orchestre

Évocations, des solistes, chœur et orchestre, op. 15 (1910-11)
Psaume 80, ténor, chœur et orchestre, op. 37 (1928)


Choeurs

Deux Madrigaux pour chœur à 4 voix (1897)
Madrigal aux Muses, chœur de femmes à 3 voix, op. 25 (1923)
Le Bardit des francs, chœur masculin à 4 voix, cuivres et percussion ad lib. (1926)


Mélodies

Les Rêves, voix et piano (c.1900)
4 poèmes, voix et piano, op. 3 (1903)
4 poèmes, voix et piano, op. 8 (1907)
La menace, voix et piano / orchestre, op. 9 (1908)
Flammes, voix et piano, op. 10 (1908)
2 poèmes chinois, voix et piano, op. 12 (1907-08)
2 mélodies, voix et piano, op. 19 (1918)
2 mélodies, voix et piano / orchestre, op. 20 (1919)
2 poèmes de Ronsard, voix et flûte, op. 26 (1924)
Odes Anacreontiques, 3 pièces, voix et piano, op. 31 (1926)
Odes Anacreontiques, 3 pièces, voix et piano, op. 32 (1926)
2 Poèmes chinois, voix et piano, op. 35 (1927)
Vocalise n° 1, voix et piano (1927)
Vocalise n° 2, voix et piano (1928)
O bon vin, où as-tu crû ?, chanson de terroir (Champagne), Voix et piano (1928)
Jazz dans la nuit, voix et piano, op. 38 (1928)
2 idylles, voix et piano, op. 44 (1931)
A flower given to my daughter, voix et piano (1931)
2 poèmes chinois, voix et piano, op. 47 (1932)
2 mélodies, voix et piano, op. 50 (1933-34)
2 mélodies, voix et piano, op. 55 (1935)

Je viens de réécouter un CD qui regroupe quatre suites orchestrales d'Albert Roussel. C'est un disque qui me fut offert et c'est vraiment un très beau cadeau qui m'a été fait là! Aucune de ces suites ne m'a ennuyé car elles sont finalement très inspirées. La première oeuvre propose deux Suites de Padmävati, musiques tirées du superbe opéra du même nom. C'est une merveilleuse idée d'en avoir tiré une pièce pour orchestre tant cette musique est pleine de ressources, d'éléments accrocheurs et attachants. La Petite Suite m'a également surpris et captivé. Le Marchand de sable qui passe est aussi une petite merveille orchestrale. Sa "Scène finale", délicatement orchestrée, est d'une infinie douceur. La Suite en Fa ne démérite pas non plus, la "Sarabande étant son point fort. Certes, l'ombre de Debussy n'est jamais très loin, toutefois, dans chacune de ces quatre suites, il se passe quelque chose, quelque chose qui m'a tenu en éveil du début à la fin. On est loin, et c'est heureux, d'un pousse-notes orchestral un peu trop franchouillard que l'on peut parfois entendre dans la musique symphonique française de cette époque. Il y a ce qui m'a, par exemple, manqué globalement dans la musique de Chabrier, à l'exception de son magnifique "Idylle" issu de sa Suite pastorale; une certaine magie que l'on a tendance à appeler communément "inspiration".

Je m'étonne de ne pas avoir déjà évoqué son opéra Padmâvati dont je viens de réécouter l'Acte I. Il y a de très beaux passages et je regrette de ne pas avoir saisi l'opportunité de le voir sur scène lorsque celle-ci s'est présentée à Paris, il n'y a pas si longtemps. Pour ceux qui ont du mal avec l'opéra, ils peuvent toujours se rabattre sur les deux suites homonymes pour orchestre. Pour ma part, bien que chanté en français, j'ai toujours cette fâcheuse habitude d'éluder les paroles, trop focalisé sur les chants et la partie chorale et orchestrale, l'argument arrivant à ma compréhension seulement  par bribes. Mais chez moi, c'est comme ça, lorsque la musique accapare mon attention, c'est exclusif. L'argument passe au second plan. Je suis le cours dramatique de l'oeuvre sans me soucier de ses fondements. Au cinéma, ça m'est arrivé plusieurs fois. Je suis incorrigible... Je pourrais avoir cet opéra en langue étrangère, il me plairait autant.

Le deuxième acte de l'opéra de Roussel, Padmâvati, est le plus émouvant, surtout dans sa seconde partie. Le final est assez poignant, beau. Il m'a bien transporté.

Ce soir, j'ai réécouté les quatre suites orchestrales d'Albert Roussel que j'ai de réunies sur une même galette, toutes interprétées par l'Orchestre National d'Île de France sous la direction de Jacques Mercier. Le Marchand de sable qui passe (1908) est l'oeuvre qui a toute ma préférence avec une délicieuse intervention de la harpe. Il s'agit d'une musique de scène pour un conte lyrique en un acte de Georges-Jean Aubry que Roussel avait rencontré chez la pianiste Blanche Selva.. la formation instrumentale a cette combinaison sonore magique à mon oreille, sûre de son succès, avec flûte, clarinette, cor, harpe, quintette à cordes: que puis-je rêver de mieux? Chaque note de la harpe est comme une perle traversée d'un rai lumineux alors que la flûte entonne un chant tendre et solennel. Le poème, parce qu'il s'agit d'un poème pour ensemble de chambre, met en scène des personnages symboliques, un homme, une femme et le Marchand de sable. Ce dernier s'éclipse dans la forêt après avoir uni dans le rêve l'âme des deux personnages. Il est dit de cette oeuvre qu'elle prédestine Le Festin de l'Araignée.

La Petite Suite, gorgée de luminosité et fort poétique, a été créée en 1930 aux Concerts Straram pour le festival organisé à l'occasion du soixantenaire de Roussel. Elle fut composée une année avant, en 1929. Petite merveille pastorale ou petite rêverie bucolique. Les deux Suites de Padmâvati me renvoie à un de mes opéras français préférés, toute période confondue. Le compositeur en a tiré deux suites pour le concert. Pour cela il a extrait l'essentiel du matériau symphonique de l'opéra. Il en résulte une matière orchestrale indépendante d'une belle intensité dramatique et dont les influxions orientales magnifient le prélude de la seconde Suite. La Suite en Fa correspond à la dernière période d'Albert Roussel, serait considérée comme un opus majeur de ce qu'il composa après la Première Guerre Mondiale. Qualifiée de chef-d'oeuvre, il s'agit d'une commande de Koussevitsky qui fut créée aux Etats-Unis, plus précisément à Boston, le 21 janvier 1927. Composée de trois mouvements, "Prélude/Sarabande/Gigue", c'est la Sarabande qui retient le mieux mon intérêt. Mais c'est aussi l'oeuvre qui me touche le moins des quatre présentées ici même si elle ne me laisse pas indifférent, loin de là!

Le Marchand de sable qui passe:

https://www.youtube.com/watch?v=UYerPzRzKkU


Sur ces belles paroles, je m'en vais

Après Leos Janacek, Alexei Aigui, Ottorino Respighi et Nigel Hess, j'ai, de manière inattendue, comme ça, un peu sur un coup de tête, fait le choix d'Albert Roussel pour le cinquième portrait de mon cycle. Il n'y a même pas un an, j'avais réécouté avec beaucoup de plaisir un CD qui regroupe quatre suites orchestrales du compositeur. Je pensais que ma dernière écoute remontait à plus loin. La toute première oeuvre de l'album propose deux Suites de Padmävati, musiques tirées du superbe opéra du même nom. La première atteint presque les treize minutes et la seconde dépasse les dix. C'est une excellente idée que les compositeurs ont parfois de tirer des suites pour orchestre de leurs opéras, comme d'autres, dans un autre domaine, en réalisent à partir de leurs musiques de films. C'est une démarche que j'apprécie. Qu'il s'agisse de la Petite Suite ou Le Marchand de sable qui passe, la Suite en Fa ou les deux Suites de Padmâvati, c'est un voyage musical soyeux et raffiné dont je ne lasse pas, par l'Orchestre National de France sous la direction de Jacques Mercier. A titre informatif, Le Marchand de sable qui passe (1908) est une musique de scène pour un conte lyrique en un acte de Georges-Jean Aubry. Cette oeuvre invite une formation restreinte comprenant une flûte, une clarinette, un cor, une harpe et un quintette à cordes, bref, une formation instrumentale que j'affectionne d'emblée! d'une poétique étincelante et hautement délicate, la Petite Suite, qualifiée de "sans prétention", pris forme en 1929. La Suite en Fa est considérée comme une pièce majeure de la dernière période créatrice d'Albert Roussel. Je ne contredirai pas l'auteur de ce propos. La beauté de cette pièce m'oblige à l'acquiescement. Répondant à une commande de Koussevitsky, elle fut créée à Boston le 21 janvier 1927. Ce portrait me permettra de réécouter l'intégrale de son opéra Padmâvati et surtout sa Symphonie n°3 par Leonard Bernstein que je n'ai écoutée qu'une seule fois depuis avril 2019, à l'occasion de mon cycle autour de la symphonie française.

Quel beau matin ce fut avec la Symphonie n°3 d'Albert Roussel par l'Orchestre National de France sous la direction de Leonard Bernstein. Ce fut un moment de pleine jubilation alors que le soleil s'était à peine levé. Elle est tellement expressive cette symphonie de Roussel, et tellement touchante lorsqu'elle aboutit à un attendrissant solo de violon. C'est la magie des contrastes sonores lorsqu'ils se confrontent dans une architecture globale superbement organisée. Pour le rappel, Albert Roussel composa quatre symphonies entre 1904 et 1934, c'est-à-dire sur une durée de trente ans, la Troisième et la Quatrième faisant figure d'apogée au sein de sa période néoclassique qui démarra au centre des années 20. Imaginée et conçue entre 1929 et 1930 pour le cinquantième anniversaire du "Boston Symphony Orchestra", cette troisième symphonie fut créée le 24 octobre 1930, sous la direction de Serge Koussevitzky. Cette grande symphonie m'a captivé sur toute sa longueur, toutefois, un moment dont la construction m'a paru assez originale, avec violon solo, a superbement pris de la hauteur lors du second mouvement. Il s'agit pour moi de son point culminant, de cet instant magique grâce auquel une émotion indescriptible grandit en moi: j'en ressens alors l'intensité, comme une pression intérieure qui m'emplit de cette joie du mélomane pendant l'écoute; son essence sans aucun doute.

https://www.youtube.com/watch?v=cIquzdJ0Ww0

Icare a écrit:

Je m'étonne de ne pas avoir déjà évoqué son opéra Padmâvati dont je viens de réécouter l'Acte I. Il y a de très beaux passages et je regrette de ne pas avoir saisi l'opportunité de le voir sur scène lorsque celle-ci s'est présentée à Paris, il n'y a pas si longtemps. Pour ceux qui ont du mal avec l'opéra, ils peuvent toujours se rabattre sur les deux suites homonymes pour orchestre. Pour ma part, bien que chanté en français, j'ai toujours cette fâcheuse habitude d'éluder les paroles, trop focalisé sur les chants et la partie chorale et orchestrale, l'argument arrivant à ma compréhension seulement  par bribes. Mais chez moi, c'est comme ça, lorsque la musique accapare mon attention, c'est exclusif. L'argument passe au second plan. Je suis le cours dramatique de l'oeuvre sans me soucier de ses fondements. Au cinéma, ça m'est arrivé plusieurs fois. Je suis incorrigible... Je pourrais avoir cet opéra en langue étrangère, il me plairait autant.

Je conserve toujours une préférence pour le second acte qui correspond au deuxième disque, notamment pour toute la scène 3 qui est absolument magnifique.
J'ignore s"il existe beaucoup d'interprétations de cet opéra, mais voici celle que j'ai:
Maryline Horne
Nicolai Gedda
José van Dam
Orféon Donostiarra
Orchestre du Capitole de Toulouse
Michel Plasson.

C'est la version que j'avais ... en microsillon (et qu'hélas je n'ai pas encore(?) rachetée en CD ...non par désintérêt, loin de là...)... les versions ne doivent pas se disputer la place dans les rayons des disquaires! mais avec de tels interprètes on peut se satisfaire