Dominique PROBST, né en 1954

Dominique PROBST est un compositeur et percussionniste français né en 1954 à Paris. Premier prix de percussion au Conservatoire national supérieur de Paris en 1978 et Prix de composition de la Fondation Lili et Nadia Boulanger en 1979, il intègre dès 1973 l'Orchestre Colonne dont il deviendra timbalier solo. Il est professeur titulaire au Conservatoire Maurice Ravel de Levallois-Perret et enseigne également au Conservatoire du XVIème arrondissement de Paris. Il écrira de nombreuses musiques pour le théâtre, collaborant ainsi avec Francis Huster, Maurice Béjart, Laurent Terzieff et Jean Marais.

Il partage son temps entre la composition, l'enseignement et son pupitre de timbalier solo à l'Orchestre Colonne. Lauréat du Programme "Villa-Médicis hors les murs", en 1999 et récompensé à de nombreuses reprises par l'Académie des Beaux-Arts, la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques et l'Académie du disque lyrique, il est fait Chevalier de L'ordre des Arts et des Lettres en 1996.

Dominique Probst n'appartient à aucune école du paysage musical français. Il composa trois opéras et plusieurs pièces symphoniques ainsi que de la musique de film. Il fut dit dans Diapason "pour décrire cet alliage riche et cohérent, à la fois très accessible et indéniablement moderne, on a parfois envie d'évoquer le nom de Kurt Weill. Sa musique n'ignore rien des couleurs cahotiques, des atmosphères de l'avant-garde tonale; elle ne dédaigne pas non plus les langages populaires d'aujourd'hui, ni la tradition tonale librement réinventée." A propos de son opéra Maximilien Kolbe, il fut écrit; je cite: "Probst a choisi d'utiliser sans sectarisme, des langages divers, atonal parfois, tonal d'autres fois, avec des bouffées de rythmes plus populaires."

Il est le demi-frère du chef d'orchestre Jean-Claude Casadessus

erreur: c'est bien son frère!

Selon Wikipédia, il est issu d'une longue lignée d'artistes: Fils de la comédienne Gisèle Casadesus et de Lucien Pascal (de son vrai nom Lucien Probst) directeur général de la Comédie française, et le frère du chef d'orchestre Jean-Claude Casadesus, de la comédienne Martine Pascal et de l'artiste plasticienne Béatrice Casadesus, puis le père de l'actrice Barbara Probst et l'oncle de l'acteur Olivier Casadesus.




Voici un extrait de l'une de ses compositions.

https://www.youtube.com/watch?v=CQJ_qVeAnlc


Voilà un extrait de son opéra Maximilien Kolbe, une histoire pas facile à retranscrire en opéra mais qui le fut en collaboration de Eugène Ionesco. J'aime personnellement beaucoup cet opéra. Il me bouleverse à chaque fois que je l'écoute. Je l'ai seulement en cd.
Je suppose que Claude connaît très bien l'histoire de Maximilien Kolbe. Outre les parties chantées, j'adore l'apport orchestral dramatique de Dominique Probst. La musique est viscérale, presque métallique par moment. L'orchestre y déploie un son très particulier, souvent glacé dans les moments forts et poignants du récit, parfaitement en phase avec le drame qui se noue.

Les Casadesus, c'est toute une dynastie :

https://musiqueclassique.forumpro.fr/t4634-les-casadesus?highlight=casadesus

D'ailleurs, si je comprends bien, Jean Claude Casadesus, fils de Lucien Probst, devrait s'appeler Jean Claude Probst

Il manque à la liste le compositeur Greco Casadesus.

____CHANTS POUR DES SPHERES ETOILEES, pour flûte seule, en trois mouvement - 1975
____MAXIMILIEN KOLBE, drame lyrique sur un livret inédit d'Eugène Ionesco - 1986
____UNE JOURNEE A VERSAILLES, symphonie - 1991
____LA PETITE SIRENE, drame lyrique sur un livret de Marguerite Yourcenar - 1993
____L'ÎLE DE LUMIERE, pour 3 percussions, harpe, célesta et orchestre à cordes - 1994
____QUATRE ETUDES pour percussion seule - 1996
____DIEU, TU ES MON DIEU...motet pour choeur mixte à quatre voix - 1997
____CONCERTO POUR TROMBONE ET ORCHESTRE DE CHAMBRE - 1997
____LA SYMPHONIE DES BULLES pour choeur et orchestre symphonique - 2004
____L'ORIGINE DU MONDE pour trio rock et orchestre symphonique - 2006
____VOLCANTARE OU LE CHANT DES VOLCANS, pour violon solo, double orchestre à cordes, flûte à bec et guitares - 2009
____RICHES, BELLES, ETC...musique du film de Bunny Schpoliansky.

Le Cid/ Richard de Gloucester/ Dom Juan/ Lorenzaccio - Musiques de scène - Francis Huster.

Il y a longtemps que j'espérais découvrir de nouvelles oeuvres de Dominique Probst qui m'avait bouleversé par son opéra Maximilien Kolbe, drame lyrique basé sur un livret inédit d'Eugène Ionesco (1986). Je connaissais un peu sa musique de théâtre et de film, et, maintenant, l'occasion de pouvoir écouter plusieurs de ses pièces de concert, une opportunité que je ne voulais surtout pas laisser passer, quitte à être déçu. Et pourquoi l'aurais-je été? De toute façon, mieux vaut vivre avec des remords que des regrets. Les compositions que je viens d'écouter pour la première fois sont: De la mort à la vie (1988-1993) pour violoncelle solo et orchestre à cordes, A night in the rainforest (2002) pour clarinette basse, synthétiseur et sons d'animaux, L'île de lumière (1994) pour 3 percussions, harpe, célesta et orchestre à cordes, Tehillim (1980) pour soprano et piano, Lamento & Coda (1993 & 1972) pour guitare, Et la lumière luit dans les ténèbres (1975) pour soprano, orgue et percussion, Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube (1997) pour soprano et piano, ...ou les saisons d'une vie (2011) pour orchestre, et enfin la pièce la plus courte du cd; Poursuivre le chemin (2012) pour tuba. Je ne vais pas trop entrer dans les détails après cette première approche. Je n'ai pas été déçu. Ce que je peux déjà dire c'est que Dominique Probst y développe une poétique personnelle et abordable en même temps. Par exemple, j'aime bien le concept de De la mort à la vie pour violoncelle solo et orchestre à cordes. J'aime cette idée d'une oeuvre qui démarre dans le "sombre" et le "grave", dans une certaine austérité et, progressivement, s'achemine vers le lyrisme, la lumière et l'espoir. Dans A night in the rainforest, la clarinette basse rivalise en vocalises avec des chants d'animaux enregistrés sur un son tenu au synthétiseur, un son relativement discret auquel on ne prête guère attention. Très poétique. Très poétique aussi son Et la lumière luit dans les ténèbres pour soprano, orgue et percussion. L'orgue a un peu le même rôle que le synthétiseur dans l'oeuvre précédente, mais dans un registre plus clair et métallique, un son statique et lumineux du début à la fin. Les deux oeuvres importantes sont L'île de lumière et ...ou les saisons d'une vie. La première est une description poétique et onirique d'une île où aime venir se ressourcer le compositeur, seul ou en famille. Les titres des sept mouvements  sont révélateurs de la beauté d'un tel lieu paradisiaque. La seconde évoque les quatre saisons. L'hiver est un largo un peu statique et dénudé, le printemps, un andante qui monte en intensité dans une orchestration somptueuse. L'été est un allegro éblouissant qui respire la vie. L'automne, après un début fièvreux, peut-être un été qui refuse de s'éteindre, devient un paisible adagio avec violon solo d'une douce mélancolie, alors que les arbres qui longent les allées deviennent impudiques.

Je viens de réécouter les oeuvres mentionnées dans mon précédent commentaire et j'ai aimé ces égarements poétiques, du début à la fin, un superbe itinéraire musical qui démarre en 1972 et s'achève en 2012 que j'ai aimé suivre: elle peut être d'une beauté nue comme dans Et la lumière luit dans les ténèbres pour soprano (Tatiana Probst), orgue et percussion...et cette beauté nue c'est effectivement cette douce lumière qui scintille dans la pénombre...J'adore la tonalité dans laquelle l'orgue évolue avec la belle voix de soprano et les délicates interventions de la percussion. J'aime beaucoup le côté obscur du violoncelle qui évolue justement vers la lumière dans De la mort à la vie: parce qu'il est beaucoup question d'ombre et de lumière dans l'oeuvre de Dominique Probst, L'île de Lumière pour 3 percussions, harpe, célesta et orchestre à cordes en étant le premier sommet, 4...ou les saisons d'une vie pour orchestre en étant le second. Dans cette oeuvre, il y a des moments vraiment magnifiques et si superbement orchestrés. Il y a aussi dans ces deux dernières compositions citées un rapport à la danse, à la musique populaire, puis des moments plus épurés, une guitare isolée, Lamento & Coda, une douce voix de soprano aussi fraîche qu'une bise matinale, Tehillim, un souffle de clarinette basse par le toujours merveilleux clarinettiste Jean-Marc Fessard accompagné des bruits de la nature...C'est une solitude, pas la solitude contrainte et forcée d'une séparation douloureuse, mais la solitude souhaitée d'un être en communion avec lui-même, en osmose avec ses doutes et interrogations, confortablement installé dans la position figée du recueillement, en pleine contemplation de la nature qui l'entoure et que le monde urbanisé n'a pas encore piétiné. C'est à la fois une grande force et fragilité qui émanent de la musique de Dominique Probst.

il y a des enregistrements en cd?
je n'ai trouvé que celui ci: (il n'est pas le frère de J CL Casadessus pour rien:  qu'est ce qu'il lui ressemble!  

Les oeuvres que j'évoque se trouvent justement sur cet album qui, en plus du cd, contient un DVD avec un superbe documentaire sur le compositeur. Je te le conseille surtout que sa musique n'est pas difficile, singulière certes, mais pas difficile ni aride.

Icare a écrit:

Les oeuvres que j'évoque se trouvent justement sur cet album qui, en plus du cd, contient un DVD avec un superbe documentaire sur le compositeur. Je te le conseille surtout que sa musique n'est pas difficile, singulière certes, mais pas difficile ni aride.

super, je viens de le trouver pour un prix dérisoire!b

Si jamais tu le prends, tu remarqueras qu'en plus du cd il y a un dvd qui contient un documentaire de 52 minutes sur le compositeur. Je te conseille de commencer par le documentaire qui contient biensûr des extraits musicaux. Il est très intéressant et il te donnera encore plus envie d'écouter sa musique qui figure sur le cd.

<<Ce film nous invite à un voyage dans l'univers du compositeur Dominique Probst. En trame nous explorons les processus de créations de certaines de ses compositions qui s'entrelacent avec son parcours de percussionniste et d'enseignant. Sa mère, la comédienne Gisèle Casadesus, son neveu, le chef d'orchestre Olivier Holt, et différents artistes qui l'ont côtoyé, témoignent du partage et du lien humain que Dominique a su tisser dans son travail. Au fil de ba[l]lades musicales et visuelles dans l'Ile de Ré de son enfance, une mise en résonance s'établit entre l'oeuvre l'Ile de Lumière et son créateur. Par des ponctuations poétiques, ce documentaire nous dévoile sensiblement et humainement le personnage.>>

je l'attends ..merci pour le conseil!

Second extrait musical:

https://www.youtube.com/watch?v=KGlg8KDozws


Oeuvre que j'aime beaucoup par son caractère d'abord sombre et mystérieux et qui, progressivement, se rapproche de la lumière.

Réécoute ce matin de ces oeuvres de Dominique Probst:

--De la mort à la vie (1988/93) pour violoncelle solo et orchestre à cordes,
--A Night in the Rainforest (2002) pour clarinette basse, synthétiseur et sons d'animaux,
--L'île de lumière (1994) pour 3 percussions, harpe, célesta et orchestre à cordes,
--Tehillim (1980) pour soprano et piano,
--Lamento (1993) & Coda (1972) pour guitare,
--Et la lumière luit dans les ténèbres (1975) pour soprano, orgue et percussion,
--Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube (1997) pour soprano, orgue et percussion,
--...ou les saisons d'une vie (2011) pour orchestre
et enfin Pour suivre le chemin (2012), une pièce succincte pour tuba,

<<"De la mort à la vie" assemble deux fragments ("requiem" & "air de Maximilien") qui se situent au début de la dernière partie de mon opéra "Maximilien Kolbe" composé sur un livret d'Eugène Ionesco. Commande du Théâtre National de l'Opéra de Paris en 1981 sur le conseil de mon maître et ami Henri Dutilleux, celui-ci sera finalement créé en Italie à Rimini en 1988 devant plus de 7000 spectateurs sous la direction de Gianfranco Rivoli, la production (supervisée par le cinéaste Krzysztof Zanussi) réunissant Andréa Snarski, Paul Gérimon, Pierre Danais et Vincenzo Sanso dans la mise en scène de Tadeusz Bradecki et la scénographie de Jan Polewka. Son sujet retrace l'histoire authentique de Maximilien Kolbe, franciscain polonais déporté au camp d'Auschwitz, qui, en août 1941 - offrit volontairement sa vie pour sauver celle d'un père de famille condamné à mourir de soif et de faim avec neuf autres otages à la suite de l'évasion d'un prisonnier. La nomenclature instrumentale de l'ouvrage comprend sept musiciens solistes: piccolo, trompette, contrebasson, piano, orgue et deux percussions. Un jour, mon neveu chef d'orchestre et fidèle complice Olivier Holt - après avoir dirigé la première française de "Maximilien Kolbe" à la cathédrale d'Arras en 1989 - me proposa l'idée d'un arrangement destiné au concert de ces deux extraits pour orchestre à cordes et violoncelle solo, celui-ci reprenant textuellement la partie de baryton du rôle de Maximilien dont l'air s'achève par ces mots: "...vous vous relèverez vous qui avez souffert. Vous vivrez un bonheur éternellement. Vous serez un esprit et vous serez un corps. Un esprit et un corps passés de la mort à la vie." D'emblée, j'acceptai avec enthousiasme sa proposition! Cette transcription réalisée en 1993 pour quatre premiers violons, trois seconds, deux altos, deux violoncelles et une contrebasse a été dirigée plusieurs fois par Olivier Holt, notamment en 1994 aux Flâneries Musicales de Reims avec pour soliste Valérie Aimard et la Philharmonie d'Olomouç (République tchèque), mais également à diverses reprises par Benjamin Lévy et Bernard Calmel avec pour soliste Frédéric Deffossez.>> Dominique Probst.

La version que j'ai écoutée, magnifique en tous points, est interprétée par Laurent Rannou et l'Orchestre de Picardie sous la direction du neveu de Dominique Probst, Olivier Holt. Un jour, je reviendrai sur l'une des autres oeuvres de cet album qui contient en bonus un excellent documentaire de 52 minutes sur le compositeur. Il y a beaucoup de surprises et de belles choses dans sa musique, souvent tonale, qui n'a pas peur d'être un peu sentimentale par moments, plus impressionniste dans d'autres...Si j'ai un peu plus focalisé sur la première composition de l'album, De la mort et la vie, ce n'est pas seulement parce que j'ai été profondément ému par la beauté du violoncelle solo, c'est parce que je retrouvais une partie du coeur de son poignant opéra Maximilien Kolbe que je ne connais seulement qu'en audio. En même temps, même ainsi, il me fut incroyablement visuel. Il fait partie de mes opéras contemporains préférés avec La Noche Triste de Jean Prodromides et Marco Polo de Tan Dun. J'aime bien cette idée d'en tirer des suites pour orchestre, ce qui d'ailleurs se fait souvent.

Il m'arrive rarement dans un délai très court d'écouter à trois reprises les mêmes oeuvres. C'est pourtant ce que j'ai fait entre hier soir et ce matin avec les oeuvres de Dominique Probst que je viens de mentionner ci-dessus. Ce n'est pas que la première écoute s'était déroulée dans de mauvaises conditions ni qu'elle me parut insatisfaisante, ni la seconde, ce fut davantage le besoin indicible de retrouver les meilleurs moments musicaux et il y en a plusieurs! plus qu'une "Ba[l]lade", c'est un voyage qui démarre dans un camp nazi avec le sacrifice d'un homme et passe par une mare, quelque-part loin des tragédies des hommes, qui grouille de grenouilles et d'oiseaux avec la magnifique clarinette basse de Jean-Marc Fessard, merveilleux clarinettiste que j'avais découvert par deux beaux concertos de Jacques Bondon. Ensuite, j'accède à l'île des lumières dont le prologue est une "Perspective resplendissante des baleines". Je garde en mémoire un morceau très romantique. Je ne sais plus s"il correspond aux "Senteurs d'immortelles sur le sable des dunes" ou aux "Marais salants à vélo", j'y entends juste un thème qui, dans la forme, m'évoque un peu Bernard Herrmann. La musique prendra aussi une allure de salsa ou de samba entre un "concert de mouettes" et "Le bonheur en partage". J'adore ce marimba qui résonne au rythme d'une danse exotique, comme si un parfum de Brésil s'emparait soudainement de mes pas et de mon souffle. Dans Tehillim qui, en hébreu, signifie à la fois "cri" et "lumière", ce n'est pas trop la voix de soprano tenue par Tatania Probst qui me procure l'émotion espérée; elle provient d'un jeu exquis du piano sous les doigts de Jonas Atlan. Je ne sais déjà plus si c'est dans le premier ou au début du second chant, mais peu importe, à chacune de ces trois écoutes, les effets pianistiques ont été cet instant poétique privilégié. Après une délicate pièce pour soprano, orgue synthétique et percussion d'un genre clair-obscur, "Et la lumière luit dans les ténèbres", je retiens notamment, après un "été" agité par des rythmes ensoleillés, un "automne" dans ...ou les saisons d'une vie avec le superbe violon solo de Zbiniew Kornowicz, peut-être le thème de Dominique Probst que je trouve le plus poétique, le plus subtil et tout simplement le plus beau parmi tout ce que j'ai écouté de lui. Voilà le petit texte qui accompagne cette oeuvre:

<<Comme un plat paysage, immobile, glacé
Comme une fleur n'en finissant pas d'éclore
Comme un fruit savoureux croqué à pleines dents
Comme une feuille morte d'avoir trop pleuré
Comme le temps, enfin, qui feindrait à nouveau de vouloir s'arrêter
Pour tout recommencer.>>