Il existe dans mon appréciation d'une oeuvre musicale deux sortes d'intérêt, du moment que je n'éprouve pas d'ennui proprement dit. Le premier va être surtout émotionnel et viscéral et c'est probablement celui que je recherche le plus. Le second me paraît plus intellectuel, comme une appréciation distante qui ne m'est pas viscérale ni forcément jubilatoire mais comme l'impossibilité d'oter mon regard d'un objet qui m'intrigue, m'aimante. C'est exactement ce que j'ai ressenti, ce soir, à l'écoute du Concierto para marimba de David del Puerto et du Bird Concerto with pianosong de Jonathan Harvey: une musique qui ne m'émeut pas ou alors m'émeut-elle de façon plus inconsciente puisque je trouve toujours un intérêt à y revenir. Il faut dire qu'entre l'orchestre, le piano et les chants d'oiseaux enregistrés dans le concerto d'Harvey, il y a un monde inouï qui se dessine, un monde poétique, même si le regard admiratif que j'y porte reste dans la juste distance d'une appréciation froide et inerte. C'est un peu le même ressenti avec le concerto de Del Puerto, à un degré de fascination visuelle moindre, sauf qu'à un passage de l'oeuvre, vers sa dernière partie, l'entrée d'un hautbois venu soutenir le marimba de Tatiana Kaleva m'apporte un moment d'émotion plus concret, plus palpable. En revanche, Variaciones in memoriam Gonzalo de Olavides m'est déjà plus viscéral. Il n'y a plus cette appréciation distante.