Egberto GISMONTI, né en 1947

Une musique festive et enjouée qui jaillit comme la lave d'un volcan joyeux, c'est un peu ce à quoi me fait penser une part symphonique de l'oeuvre d'Egberto Gismonti dans l'album "Meeting Point" à l'exception d'une "Musique pour cordes" plus grave et solennelle. Cet album est constitué de plusieurs pièces pour orchestre (certaines avec piano)...Strawa no Sertào - Zabumba / Strawa no Sertào - Maxixe / Musica para Cordas / Frevo / A Pedrinha Cai / Eterna / Mùsica de Sobrevivencia, avec le compositeur Egberto Gismonti au piano, le "Lithuanian State Symphony orchestra" sous la direction de Gintaras Rinkevicius. De ces effusions de notes ensolleillées, s'échappent des lignes mélodiques de fiestas qui semblent appartenir à la mémoire collective. C'est une musique qui donne de la pêche et rend heureux par ses rythmes effrénés, ses jaillissements pianistiques (Frevo), ses sons vifs comme échappés d'un Carnaval Brésilien et que n'aurait pas renié Stravinsky ni Revueltas. Une Biographie s'impose donc:

 Egberto Gismonti est un compositeur,pianiste et guitariste brésilien né en 1947 à Carmo. Il n'avait que 6 ans lorsqu'il entama des études de piano. Après 15 ans d'études musicales classiques, il se rendit à Paris pour étudier l'orchestration et l'analyse avec Nadia Boulanger et la composition auprès de Jean Barraqué, un disciple d'Arnold Schoenberg et d'anton Webern. Une fois revenu dans son pays natal, Egberto Gismonti découvrit des horizons plus larges que ceux que lui propose l'univers déjà vaste de la musique classique. S'il fut impressionné et sans doute inspiré par les idées d'orchestration et les accords complexes de Maurice Ravel, il le fut aussi par le CHORO, une musique instrumentale populaire du Brésil qui fait intervenir plusieurs types différents de guitares. Afin d'appréhender cette musique, il lui paru opportun de passer du piano à la guitare, débutant sur un instrument à 6 cordes avant de poursuivre sur un à 8 cordes durant 1973. Pendant deux ans, il expérimenta diverses sortes d'accords et cherchant ainsi à créer de nouveaux sons, travail qui se réfléchit également dans son emploi des flûtes, des kalimbas, du sho, de la voix et des cloches. Une oeuvre me paraît au mieux refléter cette démarche. Elle  s'intitule "Selva Amazônica - Pau Rolou" (1978,Oslo). Ce morceau de 20 minutes est plutôt remarquable tant il me semble enrichir la palette de la guitare de sonorités insolites et captivantes.
Au début des années 70, il écoutait des musiciens aussi variés que Django Reinhardt et Jimi Hendrix. Selon Gismonti, les accomplissements musicaux de Hendrix étaient la démonstration que les mots "populaire" et "sérieux" n'étaient pas aux antipodes l'un de l'autre, que d'après lui, il n'y a pas de différence entre les deux styles de musique...c'est ce que l'on en fait qui est sérieux ou non... Durant les années 80, il collabora de nombreuses fois avec Nana Vasconcelos ainsi qu'avec plusieurs musiciens européens tels que Jan Garbarek, au profit du label de jazz ECM.

et une petite préférence pour Maracatu   https://www.youtube.com/watch?v=awLDCJ54VjE

L'instant musical:

https://www.youtube.com/watch?v=dAJ_jhxor40

Je n'ai pas quitté le Brésil bien qu'un monde sépare Egberto Gismonti de Heitor Villa-Lobos. Je remarque que j'ai créé ce topic en 2011 mais je ne pense pas être resté environ six ans sans réécouter l'une de ses musiques. C'est vrai que ce n'est pas le compositeur brésilien sur lequel je me suis le plus penché, ayant privilégié ceux qui me touchent le plus, je pense biensûr à Heitor Villa-Lobos, mais aussi à Marlos Nobre qui, cependant, ne figurera pas dans ce cycle-ci. Le disque que j'ai réécouté aujourd'hui d'Egberto Gismonti n'est pas un album proprement dit, mais une sélection de morceaux provenant de plusieurs albums...enfin si j'ai bien compris...S'y trouvent "Ensaio de escola de samba" et "Dança n°1" pour deux guitares, contrebasse et violoncelle, extrait d'Infância (1990, Oslo), "Kalimba" pour kalimba, flûte, voix, berimbau, percussion, extrait de Sol Do Meio Dia (1977, Oslo), "Cavaquinho" pour guitare, extrait de Sanfona (1981), "Bianca" pour guitare, voix et percussion, extrait de Duas Vozes (1984, Oslo), "10 Anos" pour piano, saxophone alto, contrebasse et batterie, extrait de Sanfona, "Lundu (Azul)" pour guitare, extrait de Dança dos Escravos (1988), "Frevo" pour piano et orchestre symphonique, extrait de l'album Meeting Point (1995, Vilnius)...En dehors de ce "Selected Recordings" (ECM), Meeting Point est le seul album que je possède d'Egberto Gismonti et je l'ai déjà beaucoup écouté. C'est d'ailleurs par des éloges sur cet album que j'ai ouvert ce topic. Le dernier morceau de la compilation est un solo de Gismonti qui atteint les vingt minutes! Il s'intitule "Selva Amazônica - Pau Rolou et est extrait de Solo (1978, Oslo), est à l'origine une musique traditionnelle. Pas mal du tout ce morceau. Globalement, l'approche d'Egberto Gismonti s'écarte de la forme classique, s'encanaille de jazz et de folklore brésilien, d'éléments de musique populaire, dans des combinaisons sonores et des développements souvent singuliers et parfois tarabiscotés.