Qu'est-ce qui peut parfois nous entraîner dans l'univers d'un compositeur? Ce n'est pas toujours la notoriété de celui-ci ni la réputation de certaines de ses oeuvres, c'est parfois moins évident et plus simple à la fois. Ce peut être le titre d'une composition associé à la beauté d'une pochette de cd, deux éléments qui peuvent suffire parfois à faire un pas d'aveugle ou de semi-aveugle dans un monde sonore inconnu. C'est exactement de cette façon que j'ai découvert la musique du compositeur français infiniment discret
André David, "
Le chêne de lumière", une cantate pour soprano, baryton, récitant, orgue, ensemble vocal et orchestre. Ah! que le titre est beau! Bien sûr, un beau titre ne suffit pas à garantir une belle musique, pas plus qu'une belle pochette, bien que sur celle qui nous intéresse ici, il s'agisse des "Vapeurs de la nuit" de Jean Edouard dit "Yan Dargent" (1824-1894). Mais voilà, ce qui attise ma curiosité aussi c'est ma soif de connaissance envers les compositeurs de mon siècle qui est - je le rappelle - mon époque de prédilection, l'envie d'explorer un monde fascinant qui me parait illimité. Et la surprise fut de taille!
Le chêne de lumière est une cantate magnifique, moderne et si accessible en même temps...nul besoin d'être un fervent admirateur de "contemporain" pour apprécier cette oeuvre où l'orgue y est reine en égal avec la soprano (Fusano Kondo - Artémis), où l'orchestre y est d'une grande expressivité avec ses gerbes sonores, ses coloris et "micro-bruitages" des instruments qui apportent un effet et un relief irrésistibles à l'ensemble. L'orgue, souverain et solennel, déplie ses vagues et les flûtes libèrent des anges. Que demande le peuple...quoique le peuple je ne sais pas et je m'en fiche au fond...mais moi, l'auditeur, je suis aux anges, c'est le cas de le dire!
André David est un compositeur français né à Alger le 2 février 1922 et mort à Paris le 5 juin 2007. Il reçut une double formation, musicale et universitaire. il a été ainsi à quelques années d'intervalle diplômé du Conservatoire National de Montpellier (Premier Prix de Piano à l'unanimité) et de l'Université de Paris (Doctorat en médecine). Vers les années 1970, il proposa de nouvelles oeuvres destinées au clavier (Expression 2, Ecart, Madiganae) ou l'intégrant dans des formations diverses (Sociophonie et Décan). Sa production fait en effet une large place à la musique de chambre et plusieurs oeuvres, dans ce domaine, ont été enregistrées par les interprètes dédicataires (geneviève Ibanez/piano - Annie Jordy/violon - Jacques Wiedercker/violoncelle).
C'est plus récemment, en 1996, qu'il a écrit la cantate en deux parties
Le chêne de lumière, sur un texte de Pierrette Germain. << Cette oeuvre répond au désir de renouveler - sous le titre de cantate - la religiosité de l'oratorio en gardant le cadre, les dimensions et l'effectif traditionnel. Le récitant narre, en différentes séquences, les péripéties du drame que vivent les personnages/ chanteurs et qui s'apparentent à un mythe. La symbolique du
Chêne de lumière propose une interprétation de la valeur spirituelle de la Musique, dont le pouvoir irrationnel est mis en évidence par la référence significative à l'Ange, à qui elle n'a jamais cessé de donner voix.>>
Toujours est-il que cette cantate respire la vie,l'amour,la mort,mais surtout la vie, qu'elle est réellement superbe en tout point de vue et qu'il est dommage qu'elle soit si peu connue et si peu jouée. Franchement, elle mérite mieux que l'oubli dans lequel elle est injustement plongée.