Samouïl Ievguenievitch Feinberg (en russe : Самуил Евгеньевич Фейнберг) est un pianiste et compositeur russe né à Odessa le 26 mai 1890 et mort à Moscou le 22 octobre 1962.
Elevé à Moscou, il entre au Conservatoire et étudie avec Alexandre Goldenweiser. Le prix Staline lui a été décerné en 1946. Il est surtout connu pour ses enregistrements du Clavier bien tempéré de JS Bach.
Il est connu en tant que pianiste et pédagogue russe, mais relativement tombé dans l'oubli comme compositeur. Il écrivit principalement pour le piano (12 sonates et 3 concertos) et pour la voix.
Son œuvre peut se diviser en deux parties : entre 1910 et 1933, une écriture riche et virtuose, très chromatique et contrastée, partiellement redevable de l'influence de Scriabine, Medtner et Busoni ;
de 1934 à sa mort en 1962, une plus grande simplicité, un langage diatonique et une prépondérance de la mélodie rappelant un peu l'évolution de Prokofiev et de Miaskovski.
À ces œuvres s'ajoutent des transcriptions, contenant par exemple une quinzaine de pièces de Bach, mais aussi des pièces de nombreux autres compositeurs.
Très tôt, Feinberg devint célèbre dans son pays, étant le premier à présenter en Russie dès 1914 l'intégralité du Clavier bien tempéré de Bach en concert, jouant plus tard plusieurs cycles des 32 sonates de Beethoven et les 10 sonates de Scriabine.
À partir de 1924, certaines œuvres sont éditées chez Universal Edition à Vienne.
La Sixième Sonate op. 13 fait grande impression lors du Festival de musique contemporaine de Venise le 4 septembre 1925 sous les doigts de l'auteur, de même que le Premier Concerto op. 20 créé à Moscou en 1932 sous la direction d'Albert Coates.
Le critique américain Carl Engel (futur ami de Schönberg) écrivait dès 1924 dans The Musical Quarterly que Feinberg était « peut-être un génie ».
Feinberg est invité régulièrement en Autriche et en Allemagne (1925, 1927 et 1929). Il enregistre aussi à Berlin dès 1929, ainsi que pour plusieurs radios allemandes.
Quelques années plus tard, ces succès montants en Occident furent stoppés par les bouleversements politiques staliniens en URSS.
C'est à cette époque que son ami et éditeur Nikolaï Jiliaïev (qui fut son professeur de composition avant 1914) disparaît en prison en liaison avec l'affaire Toukhatchevski. Feinberg ne fut plus autorisé à sortir de l'URSS dès les années 1930 (à l'exception de ses deux participations dans le jury des concours de Vienne 1936 et Bruxelles 1938) et, sa musique (même tardive) ne correspondant pas aux critères du « réalisme socialiste », il cessa de jouer ses œuvres antérieures préférant se murer dans le silence ou créer des partitions relativement plus simples pour l'auditeur.
Les Concertos n° 2 (1944) et n° 3 (1947) se réfèrent à cette dernière période. Cependant, Feinberg reste après la guerre l'un des artistes les plus essentiels en Russie et il peut réaliser vers la fin de sa vie (notamment après son abandon de la scène en 1956 pour raison de santé) un certain nombre d'enregistrements comme interprète.
Feinberg fut l'un des plus remarquables professeurs du Conservatoire de Moscou (de 1922 à sa mort le 22 octobre 1962), profondément admiré par ses élèves, et ce sont eux qui publieront son livre Le Pianisme comme un art, à titre posthume comme il le souhaitait.
Resté célibataire, Samuil Feinberg vécut en compagnie de son frère (peintre) et de la famille de celui-ci. C'était un homme très cultivé, spirituel, modeste et détestant la promotion personnelle d'une façon maladive.
Feinberg, dont chacune des sonates représente, comme disait Tatiana Nikolaïeva, un « poème de vie », fut un artiste profondément visionnaire, conscient des abîmes et des ambiguïtés de notre temps.
Oeuvres principales
Piano solo ou avec orchestre
1915 Sonate n° 1 en fa dièse mineur, op. 1
1915 Sonate n° 2 en la mineur, op. 2
1917 Sonate n° 3 en sol mineur, op. 3
1917 Fantasia n° 1 en mi bémol majeur, op. 5
1918 Sonate n° 4 en mi bémol mineur, op. 6
1920 Quatre Préludes, op. 8
1921 Fantasia n° 2 en mi mineur, op. 9
1921 Sonate n° 5 en si mineur, op. 10
1922 Suite n° 1 (4 pièces en forme d'études), op. 11
1923 Sonate n° 6 en si mineur, op. 13
1922 Trois Préludes, op. 15
1922 Humoresque en ut majeur, op. 19
1922 Berceuse en si bémol mineur op. 19a
1925 Sonate n° 7 en ut mineur, op. 21
1928 Sonate n° 8 en sol majeur, op. 21a
1928 Deux Mélodies de Tchouvachie pour piano, op. 24a
1931 Concerto pour piano no 1 en ut majeur, op. 20
1936 Suite n° 2, op. 25
1938 Trois Mélodies pour piano, op. 27a
1939 Sonate n° 9 en mi majeur, op. 29
1939 Sonate n° 10 en si bémol majeur, op. 30
1941 6 chants kabardes, op 34
1942 2 Rhapsodies, WoO
1944 Concerto pour piano n° 2 en ré majeur, op. 36
1947 Conte en ré majeur, et Schestvie (Procession) en la mineur, op. 33 n° 1 et 2
1947 Concerto pour piano n° 3 en ut mineur, op. 44
1952 Sonate n° 11 en fa mineur op. 40
1961 Rhapsodie sur des thèmes Kabardo-Balkares, op 45
1962 Sonate n° 12 en fa dièse majeur, op. 48
1962 Album pour enfants, 13 pièces à 2 mains et 4 pièces à quatre mains, WoO
Musique de chambre
1911 Quatuor à cordes en ut mineur (en 2 mouvements), WoO
1912 Sonate pour violon et piano n° 1 en mi majeur, op 12
1955 Sonate pour violon et piano n° 2 en la mineur, op 46
Mélodies
1911/17 4 Romances pour voix et piano, op 14
1912 3 Romances (Pouchkine, Lermontov, Tsvataeva), WoO
1913 2 Romances, op 4
1914 3 Romances sur des poèmes d'A Blok, op 7
1923 3 Romances de Pouchkine, op 16
1931 Biesdestvie (Le Mal, de A. Rimbaud), WoO
1932 5 chants "des peuples de l'ouest", op 18
1932 2 chants pour choeur et piano, op 22
1934 Doumi, chant sur des paroles de Dolgonemov, op 23a
1936 3 chants pour baryton et piano, op 23
1936 25 chansons tchouvaches pour voix et piano, op 24
1935 8 Romances de Pouchkine, op 26
1937 12 Chants populaires, op 27
1938 7 Romances de Lermontov, op 28 (dont n° 3, Le rêve également transcrit pour piano)
1939 4 Mélodies de Stremin, op 39
1942 3 Chants de Sevetsev et Gorodetsky, op 32
1943 4 Chants de guerre, WoO
1943 5 Chants tragiques pour basse et piano, WoO
1957 Maritsa, 8 chants sur des vers de la poésie populaire yougoslave, op 47
Transcriptions pour piano, arrangements et cadences
1922 Deux cadences pour le Concerto pour piano n° 4 de Beethoven, op. 17
1940 Trois arrangements de symphonies de Tchaïkovski, op. 31
1918 4 Chorals de Bach, Bach-Vivaldi Concerto, et 13 Préludes de Chorals (1925), op. 35
1956 Bach: Prélude et Fugue Orgue en mi mineur BWV 548, Op. 37
1956 Bach: Largo de la Sonate d'orgue en ut majeur BWV 529, op.38
1953 Quatre Cadenzas au Concerto pour piano n° 21, K. 467, op. 41
1954 Nocturne du Quatuor à cordes n° 2 de Borodine, Op. 42
1955 Arrangement trois chansons pour les enfants de Tchaikovski, op. 43
WoO
1938 Beethoven, Fugue du quatuor op 59 en ut majeur
1943 Borodine, Alexandre, Quatuor à cordes n ° 2:Scherzo
1926 Corelli, Arcangelo, deux Sarabandes (à partir de sonates pour violon)
1926 Frescobaldi, Girolamo, Canzone, Sonate, Pastorale
1926 Locatelli, Pietro, Fragment d'un concerto
1926 Marcello, Benedetto, Prelude, trois fragments des cantates
1943 Moussorgski, Modeste, Chants et Danses de la Mort : Sérénade et Po-nad Donom
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