Patrice SCIORTINO, né en 1922

<< Comme la musique,la poésie voyage dans un univers où le symbole remplace l'évidence,où le fantastique devient réalité,où l'effet précède la cause et où,enfin,le reflet se révèle plus vivant que la chose....Mais,n'est-ce pas là le rôle de l'art!>>


Patrice Sciortino,compositeur français,est né à Paris le 26 juillet 1922. Issu d'une famille de musiciens-mélomanes,il a exercé tous les métiers de la musique. Son père,prénommé Edouard et également compositeur,fut l'élève de Vincent d'Indy,puis enseigna à la Schola Cantorum. Sa mère,pianiste amateur,pratiquait la poésie. Patrice Sciortino commença l'étude de la musique à l'âge de 6 ans dans le cercle familial. A la Schola Cantorum,il étudie le piano avec Jules Gentil et l'écriture avec Achille Philippe et son paternel (Edouard Sciortino). En 1942,il devient organiste titulaire de la Cathédrale d'Alès. Dès 1946,il regagne Paris où il se consacre à plusieurs disciplines et activités: accompagnement,direction,orchestration,compose sur commande pour la radio,la télévision,le cinéma et la scène. Après des recherches sur les musiques extra-européennes et un stage au G.R.M,il réalise avec l'ingénieur Charlin le disque "Les Cyclopes",un témoignage exotique et acoustique. Sa collaboration avec la compagnie Russillo donnera naissance à quatre grands ballets. Parallèlement,il continue son activité littéraire d'où un recueil de poésies "Stigmates",21 pièces de théâtre (L'Encyclomédie),une théorie de l'analyse musicale (L'inventeur d'imaginaire) et un essai ésotérique (Mythologie de la Lutherie).

Son catalogue compte plusieurs centaines d'opus dont en voici une liste non exhaustive:

Musiques de chambre:

___SHAMISEN -- trio à cordes
___SIGNATURES -- trio de clarinettes
___AVATARS CONVENTIONNELS -- sonate pour violon et piano
___CORPS ET GRAPHISMES -- 2 pianos et 2 percussions
___CARNEVALE -- Sextuor à cordes
___KALEIDOPHONE -- concerto pour violon et double quintette à vents.

Oeuvres vocales:

___PRISONS -- choeur et percussions
___7 SOUFFLES -- Douze voix
___ENTRAILLES -- choeur

Oeuvres symphoniques:

___SOLEIL DE PAPIER -- cordes
___PHONIES SANS CORDES -- instruments à vent
___SYMPHONIE N°1
___SYMPHONIE N°2
___SYMPHONIE N°3
___SYMPHONIE N°4
___SYMPHONIE N°5
___SYMPHONIE N°6
___SYMPHONIE N°7
___SYMPHONIE N°8
___SYMPHONIE N°9
___MECANIQUE SURNATURELLE -- orchestre d'harmonie
___MALEDICTIONS ET LUMIERES -- oratorio
___Second oratorio?
___TOMBEAU DE CYR -- concerto grosso pour cuivres
___POEME SYMPHONIQUE "EDGAR POE" -- cordes,cuivres,percussions,choeur et soprano solo.    

Patrice Sciortino a aussi composé des oeuvres lyriques et des pièces pour des instruments marginaux comme l'harmonica,les ondes Martenot et l'accordéon. Je ne connais de ce compositeur aussi discret et prolifique que purent l'être Jacques Bondon,Aubert Lemeland,que son poème symphonique "Edgar Poe",une oeuvre que j'adore.Pour ces raisons,j'aimerais bien sûr qu'il soit mieux édité qu'il ne l'a été jusqu'ici. Neuf symphonies,deux oratorios, qui dorment sans doute dans un tiroir...

Le nom des oeuvres ne me dit rien qui vaille Des morceaux qui ne me plairont probablement pas

Tu as vu Leonardo Balada, un fil que je viens de compléter ? Il te plairait sûrement...

joachim a écrit:

Le nom des oeuvres ne me dit rien qui vaille Des morceaux qui ne me plairont probablement pas

Ce que tu peux être pessimiste,des fois!

joachim a écrit:

Tu as vu Leonardo Balada, un fil que je viens de compléter ? Il te plairait sûrement...

J'avais d'ailleurs fait une biographie sur SCIORTINO.

Ma petite virée d'aujourd'hui m'a permis, outre les Symphonies n°2 & 3 de Fazil Say, de tomber enfin sur des oeuvres inédites de Patrice Sciortino. Ce fut une bien belle surprise car j'étais frustré de devoir me contenter de son très beau poème symphonique Edgar Poe. Enfin, je vais pouvoir approfondir un peu ce compositeur grace à cinq oeuvres; Reflets pour ensemble de cordes, violon solo et timbales, Cataloc pour piano, Shamisen pour trio à cordes, Anklung pour piano et Hero - Septième Symphonie. J'étais dépité qu'il ait pu écrire dix symphonies et de ne pouvoir en écouter aucune. Je vais pouvoir donc enfin découvrir la N°7, ce qui est déjà merveilleux en soi. Aujourd'hui, plusieurs choses ont retenu mon attention et avec lesquelles j'aurais bien aimé revenir; de nouvelles musiques de Bruno Letort, des pièces inédites pour flûte de Giorgio Gaslini, une nouvelle composition de Eleni Karaindrou et le concerto pour piano de Guillaume de Chassy paru enfin en cd et qui m'intéresse beaucoup aussi. Il va me falloir être patient. En tout cas, je suis très content d'avoir trouver de nouvelles oeuvres de Patrice Sciortino, notamment sa septième symphonie. 

Voici trois exemples musicaux différents. J'ai moyennement aimé Natcos, plutôt lassée à la fin. Mais j'ai bien aimé les deux autres vidéos, :)
En revanche, je n'ai pas trouvé les titres que tu as cité Icare, j'espère qu'il s'agit bien du bon compositeur...

C'est toujours stimulant de pouvoir approfondir un compositeur, de pouvoir enfin découvrir de nouvelles oeuvres...Jusqu'à aujourd'hui, je ne connaissais Patrice Sciortino qu'au travers de son superbe Poème Symphonique - Edgar Poe pour cordes, cuivres, percussions, choeur et soprano solo. J'ai toujours été fasciné par cette partition, par une musique qui, à mes oreilles, ne ressemble à aucune autre. L'univers sonore et atypique de ce poème symphonique m'avait complètement envoûté. J'étais donc à l'affût d'un cd qui regrouperait de nouvelles oeuvres du compositeur français...Il a quand même composé neuf symphonies!...

J'ai d'abord écouté pour la première fois Reflets pour ensemble de cordes, de cuivres, timbales et violon solo. Cette oeuvre est constituée d'extraits de son Ballet "Edgar Poe. Puis, j'ai écouté Catatoc pour piano seul, Shamisen pour trio à cordes et Anklung pour piano. J'ai été frappé par la rudesse et la dynamique de ces musiques qui semblent taillées dans la pierre. Elles ne laissent quasiment aucune place à la tendresse ni au romantisme. (Désolé Joachim   ) Même les moments d'accalmie s'expriment dans la tension et l'austérité. Les turbulences arides et même acides du Trio Shamisen m'ont ramené à celui de Solbiati même si le rapport que j'en fais n'en est pas moins personnel. Sinon, son approche m'évoque davantage Jacques Castérède, mais en plus brutal, en plus rugueux. J'ai souvent eu l'impression de n'avoir pas complètement saisi la pensée musicale de Patrice Sciortino, cependant, à aucun moment, je n'ai été pris d'un quelconque ennui en écoutant toutes ces pièces. J'en ai aimé leur construction rythmique, leur poétique sans grande concession. Pas une musique du soir que l'on écoute avant de piquer un petit roupillon, non, il s'agit-là d'une musique moderne et très personnelle qui bouscule l'attention, captive l'oreille, intrigue la raison, stimule l'esprit, cogne la tranquillité de notre silence interne...Je suis sorti de leur emprise avec l'intime conviction que les prochaines écoutes me permettront de mieux les apprécier encore...

Le plus formidable dans cette découverte de nouvelles oeuvres de Patrice Sciortino fut sa Symphonie N°7 - Hera. Celle-ci se découpe en quatre mouvements. Le premier s'intitule "Les Vents", le second; "Les Torrents", le troisième; "Les Volcans" et le quatrième; "Cantique". J'ai été subjugué par cette fantastique symphonie, par ses fulgurances, ses déferlantes orchestrales, qu'il s'agisse de "décrire" des torrents, des tempêtes, des ouragans, des tornades ou des volcans. L'emploi des bois dans le premier mouvement est fabuleux. De toute façon, je considère cette symphonie comme un chef-d'oeuvre, ni plus ni moins. J'en adore chaque mouvement d'une grande puissance expressive, jusqu'au cantique final que j'ai trouvé également très beau. Un chef-d'oeuvre d'expressionnisme qui devrait rejoindre le répertoire des grandes symphonies modernes.      

J'ai réécouté avec beaucoup de bonheur le poème symphonique Edgar Poe pour cordes, cuivres, percussions, violon solo, choeur et soprano.J'ai été une nouvelle fois agréablement chahuté par l'étrange poétique de cette partition...L'usage parlé/chanté du choeur, un sentiment de folie, une musique qui finalement est très visuelle, comme une grande fresque qui dévoile les couleurs, les courbes, les images sonores d'un monde fantastique et déstabilisant. Je suis, par exemple, très sensible aux jeux intrépides des cordes, au violon solo, à la voix de soprano, aux autres voix symbolisant parfois l'irrationnel, l'énigmatique. C'est une musique qui se regarde autant qu'elle s'écoute, qui semble détachée de tout sentiment ordinaire, comme si elle provenait d'une autre dimension. La froideur de sa poétique a fait frissonner mon âme et mon coeur, tous les deux au même moment. Je ne comprends rien de cette oeuvre, peut-être parce qu'il n'y a rien à comprendre: c'est une simple affaire de ressenti, une beauté glacée et indicible qui m'a irrémédiablement saisi, envoûté, pétri, émerveillé. J'adore cette musique, non seulement pour sa beauté si singulière, mais aussi parce qu'elle a fait danser toutes les petites pensées étranges qui ont germé dans mon esprit pendant l'écoute.       

L'oeuvre se constitue de 9 parties:
__On frappe à la porte - (partie la plus courte qu'il faut voir comme une introduction...)
__Métamorphose
__La Nuit Hantée
__Déraison - (j'évoquais la folie dans mon commentaire...)
__L'Horloge de la vie - (j'aime ce titre)
__La Lame aveugle
__L'Aventure lyrique
__Une Lumière aigre
__Funeste Combat - (qui est le mouvement le plus long mais aussi le plus intense, la partie finale étant particulièrement poignante...)

Didier Benetti: percussions
Claude Giroux: soprano
Pierre Doukan: violon solo
Patrice Sciortino: direction d'orchestre.

Icare a écrit:

C'est toujours stimulant de pouvoir approfondir un compositeur, de pouvoir enfin découvrir de nouvelles oeuvres...Jusqu'à aujourd'hui, je ne connaissais Patrice Sciortino qu'au travers de son superbe Poème Symphonique - Edgar Poe pour cordes, cuivres, percussions, choeur et soprano solo. J'ai toujours été fasciné par cette partition, par une musique qui, à mes oreilles, ne ressemble à aucune autre. L'univers sonore et atypique de ce poème symphonique m'avait complètement envoûté. J'étais donc à l'affût d'un cd qui regrouperait de nouvelles oeuvres du compositeur français...Il a quand même composé neuf symphonies!...

J'ai d'abord écouté pour la première fois Reflets pour ensemble de cordes, de cuivres, timbales et violon solo. Cette oeuvre est constituée d'extraits de son Ballet "Edgar Poe. Puis, j'ai écouté Catatoc pour piano seul, Shamisen pour trio à cordes et Anklung pour piano. J'ai été frappé par la rudesse et la dynamique de ces musiques qui semblent taillées dans la pierre. Elles ne laissent quasiment aucune place à la tendresse ni au romantisme. (Désolé Joachim   ) Même les moments d'accalmie s'expriment dans la tension et l'austérité. Les turbulences arides et même acides du Trio Shamisen m'ont ramené à celui de Solbiati même si le rapport que j'en fais n'en est pas moins personnel. Sinon, son approche m'évoque davantage Jacques Castérède, mais en plus brutal, en plus rugueux. J'ai souvent eu l'impression de n'avoir pas complètement saisi la pensée musicale de Patrice Sciortino, cependant, à aucun moment, je n'ai été pris d'un quelconque ennui en écoutant toutes ces pièces. J'en ai aimé leur construction rythmique, leur poétique sans grande concession. Pas une musique du soir que l'on écoute avant de piquer un petit roupillon, non, il s'agit-là d'une musique moderne et très personnelle qui bouscule l'attention, captive l'oreille, intrigue la raison, stimule l'esprit, cogne la tranquillité de notre silence interne...Je suis sorti de leur emprise avec l'intime conviction que les prochaines écoutes me permettront de mieux les apprécier encore...

Le plus formidable dans cette découverte de nouvelles oeuvres de Patrice Sciortino fut sa Symphonie N°7 - Hera. Celle-ci se découpe en quatre mouvements. Le premier s'intitule "Les Vents", le second; "Les Torrents", le troisième; "Les Volcans" et le quatrième; "Cantique". J'ai été subjugué par cette fantastique symphonie, par ses fulgurances, ses déferlantes orchestrales, qu'il s'agisse de "décrire" des torrents, des tempêtes, des ouragans, des tornades ou des volcans. L'emploi des bois dans le premier mouvement est fabuleux. De toute façon, je considère cette symphonie comme un chef-d'oeuvre, ni plus ni moins. J'en adore chaque mouvement d'une grande puissance expressive, jusqu'au cantique final que j'ai trouvé également très beau. Un chef-d'oeuvre d'expressionnisme qui devrait rejoindre le répertoire des grandes symphonies modernes.      

En réécoutant toutes ces oeuvres de Patrice Sciortino j'ai pris une sacrée claque dans les esgourdes! C'est rare que sur un cd qui regroupe plusieurs créations pour formations différentes j'aime toutes les oeuvres. Là si! J'ai été transporté par chacun des cinq opus de ce disque, avec un plus pour la septième symphonie. Je ne m'y attendais pas à ce point même si mon précédent ressenti, commenté ci-dessus, relate déjà cet engouement pour la musique de Sciortino.