Jean MARTINON (1910-1976)

Jean Martinon est un chef d'orchestre et compositeur français, né à Lyon le 10 janvier 1910 et mort à Paris le 1er mars 1976.

Il entre au Conservatoire de Lyon à l'âge de 13 ans. Trois ans plus tard, il quitte sa ville natale pour entrer au Conservatoire de Paris. Il y travaille la technique du violon avec Jules Boucherit, la composition avec Albert Roussel et Vincent d'Indy, et la direction d'orchestre avec Roger Désormière et Charles Münch. En 1934, il est violon solo à la Radio et commence une série de tournées en province et à l'étranger.
Prisonnier de guerre pendant deux ans, interné dans un stalag, il y compose plusieurs œuvres : Psaume 136 ou Chant des Captifs ; Musique d'exil, Sonatine nº 3 pour piano, Sonatine nº 4 pour trio d'anches, et plusieurs œuvres chorales.

À son retour de captivité, Jean Martinon est nommé premier chef de l'Orchestre symphonique de la radio de Dublin (1947-1950). Il compose sa Symphonie nº 3 en 1948. Il dirige également les orchestres Colonne, Pasdeloup, et la Société des Concerts du Conservatoire (comme suppléant de Charles Münch). De 1946 à 1948, il est chef associé de l'Orchestre philharmonique de Londres. Il écrit l'opéra Hécube, le ballet Ambohimanga ou la cité bleue, plusieurs pièces pour piano, etc. De 1951 à 1958, il est Président et chef d'orchestre des Concerts Lamoureux, à Paris, puis directeur artistique de l'Orchestre philharmonique d'Israël (1957-1959). Il compose en 1952, un oratorio : le Lis de Saron ou le Cantique des Cantiques. En 1959, il est nommé au poste de Directeur général de la musique à Düsseldorf (poste prestigieux occupé par Schumann et Mendelssohn au XIXe siècle).

Puis sa carrière le mène aux États-Unis, où, en 1963, il devient Directeur musical de la ville à Chicago. Pour son 55e anniversaire, l'Orchestre symphonique de Chicago lui commande sa Symphonie nº 4 « Altitudes » (1965).

En 1967, il reçoit la médaille Gustav Mahler pour ses interprétations des œuvres symphoniques du compositeur. Puis il devient Directeur de l'Orchestre national de France, poste qu'il occupe pendant six ans. En janvier 1974, il devient chef permanent de l'Orchestre de la Résidence de La Haye.

Il dirigea Delta Omicron, une fraternité internationale de musique professionnelle.

Un cancer des os a été diagnostiqué. Peu de temps après, il réussit à créer la 10ème symphonie de Mahler dans sa version complétée par Deryck Cooke par le San Francisco Symphony. De retour à Paris, il meurt le 1er mars 1976 à l'âge de 66 ans.


Dans le monde entier, Jean Martinon a joué le rôle d'ambassadeur de la musique française à laquelle il a consacré l'essentiel d'une discographie abondante: il a notamment réalisé l'intégrale de l'œuvre de Ravel (avec plusieurs inédits), Debussy et Saint-Saëns (avec deux symphonies de jeunesse exhumées pour la circonstance), la plupart des œuvres de Roussel et l'intégrale des symphonies de Prokofiev.

Parmi ses oeuvres, citons l'opéra Hecube (1956), 4 symphonies, des concertos pour divers instruments, d'autres musiques lyriques (oratorio Lis de Saron), musique de chambre et de piano.

Dans ses compositions, on reconnait l'influence de compositeurs tels que Prokofiev ou Bartok, également la forme de neo classicisme français léguée par son professeur Albert Roussel. Martinon a toujours été réticent à enregistrer sa propre musique, seules ses deuxième et quatrième symphonies ont été enregistrées.

Oeuvres principales :


Orchestre :

Symphonie n° 1 en ut, op 17 (1934/36)
Symphoniette pour orchestre de chambre, op 16 (1935)
Concerto giocoso pour violon et orchestre (n° 1), op 18 (1937/42)
Musique d'exil ou Stalag IX, op 31 (1941)
Divertissement, op ? (1941)
Obsession pour orchestre de chambre, op ? (1942)
Romance bleue, rhapsodie pour violon et orchestre, op ? (1942)
Symphonie n° 2 "Hymne à la vie", op 37 (1942/44)
Concerto jyrique pour quatuor à cordes et orchestre de chambre, op 38 (1944)
Fanfare en rondo, op 40 (1946)
Symphonie n° 3 "Irlandaise", op 45 ou 44 (1949)
Ouverture pour une tragédie grecque, op 47 (prélude pour l'acte II d'Hécube) (1949)
Symphonies de voyage, op 49 n° 1 (1957)
Concerto pour violon et orchestre n° 2, op 51 (1958)
Introduction et Toccata op 45 (orchestration de la pièce pour piano Prélude et Toccata) (1959)
Concerto pour violoncelle, op 52 (1963)
Symphonie n° 4 "Altitudes", op 53 (1964/65)
La Cène, op ? (1962/63)
Hymne, Variations et Rondo, op 56 (1967)
Concerto pour flûte, op ? (1970/71)
Sonata Movimento Perpetuo, op ? (1973)
Transciption du Concerto lyrique en Concerto pour 4 saxophones et orchestre de chambre, op 38b (1974)
Grande Fugue de Beethoven, arrangée pour orchestre à cordes (1975)


Musique de chambre

Sonatine n° 1, pour violon et piano, op 19 n° 1 (1935), clarinette op 19 n° 1b (1968)
Sonatine n° 2, pour violon et piano, op 19 n° 2 (1936), flûte op 19 n° 2b (1968)
Domenon, pour Quintette à vent, op 21 (1939)
Sonatine n° 3, pour piano, op 22 (1940)
Sonatine n° 4, pour trio à vents, op 26 n° 1 (1940)
Sonatine n° 5, pour violon seul, op 32 n° 1 (1942)
Trio à  cordes, op 32 n° 2 (1943)
Suite nocturne pour violon et piano, op 34 (1944)
Berceuse (épilogue d'un conte d'amour) pour piano, op 35 n° 1 (1947)
Trio avec piano, op ? (1945)
Scherzo pour violon et piano, op ? (1945)
Quatuor à cordes n° 1, op 43 (1946)
Prélude et Toccata pour piano, op 50 (1947)
Duo (ou Musique en forme de sonate) pour violon et piano, op 47 (1953)
Sonatine n° 6, pour violon seul, op 49 n° 2 (1958)
Sonatine n° 7, pour flûte et piano, op ? (1958)
Quatuor à cordes n° 2, op 54 (1963/66)
Introduzione, Adagio et Passacaille pour 13 instruments, op 55 (1967)
Vigintuor pour 20 instruments, op 58 (1969)
Octuor pour clarinette, cor, basson, 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse, op 57 (1969)
Rhapsodie 72 pour alto et piano, op 60 (1971)


Musique vocale

Absolve Domine, pour choeur d'hommes et orchestre, op 30 (1940)
Appel de parfums pour récitant, choeur d'hommes et orchestre, op 28 n° 2 (1940)
Motat pour 4 voix mixtes, op 28 n° 4 (1940)
Psaume 136 (Chant de captifs), pour récitant, solistes, choeur et orchestre, op 33 (1942)
Ode au Soleil né de la mort pour récitant, choeur et orchestre, op 39 (1945)
Le Lis de Sharon, ou le Cantique des Cantiques, oratorio, op 48 (1951)


des mélodies

Sonatine à la lune qui s'en va, op 10 n° 3
Humanité (les soirs), op 12 (1940)
Trois Chansons, op 20 (1938)
Paysage antérieur, op 25 n° 1 (1940)
Après ma journée faite, op 26 (1940)
Trois nouvelles chansons, op 36 (1968)
Ballade du soldat incassable, op 40 n° 2 (1945)


Pour la scène

Hécube, opéra d'après Euripide, op 46 (1949/54)
Ambohimanga ou la Cité bleue, ballet avec solistes et  choeur, op 42 (1946)


Musiques de film

Forces occultes (1943)
La Conquête du Froid (1951)

Les oeuvres de Jean Martinon, inexplicablement, sont rarement interprétées. C'est vrai que, pour un contemporain, ce n'est pas un "moderniste" et que par conséquent il n'intéresse pas

Il a composé deux quatuors à cordes, ses opus 43 et 54, que l'on trouve sur ce CD :



Un style "fin du romantisme", presque schumanien, assez tourmenté pour l'op 43. Un style plus moderne, genre Bartok, pour l'op 54. Je n'écouterais pas en boucle, mais c'est pas mal...

Symphonie n°3 "Irlandaise":



L'Irlandais composé dans le style classique montre Martinon comme un musicien expressif : un premier mouvement pathétique est suivi d'un mouvement grotesquement ironique ; le mouvement final fougueux et folklorique est précédé d'un mouvement mélancolique et plein d'abnégation. - Au fait, Martinon était à la tête du RSO irlandais au début, il y avait beaucoup de travail de développement artistique. - Enregistrement exceptionnel avec Maestro Le Conte et l'Orchestre National. (anonyme)

Une belle symphonie contemporaine... Comme quoi tout n'est pas à rejeter chez les contemporains