Les Fêtes d'Apollon, données à Parme en 1769.
Philémon et Baucis (Bauci e Filemone), un opéra oublié de Gluck, ballet ou fête théâtrale pour "Le Feste d'Apollo", commandé pour le mariage de Ferdinand, duc de Parme, petit-fils de Louis XV, avec l'archiduchesse d'Autriche, Marie-Amélie, sœur de Marie-Antoinette. C'est un opéra écrit sous l'influence franco-italienne du Français Guillaume du Tillot, alors Premier ministre et qui fit de la ville de Parme "l'Athénée d'Italie". La somptueuse cérémonie a été couronnée par ces "Festes d'Apollo" et nous est connu grâce au recueil édité par Tillot et qui permet de se faire une idée précise de ces fêtes: tournois qui montraient l'allégeance de la noblesse aux souverains, fête champêtre des "Pastorella d' Arcadia" illustrant les arts et les sciences, foire chinoise célébrant la commune source et richesse du duché et des divertissements ouverts au peuple qui ainsi participait aux fêtes d'Apollon comme acteur et spectateur... L'opéra restait le centre des festivités et Gluck, pour la circonstance, a présenté ces Fêtes d'Apollon sorte de trilogie avec un prologue et deux acta qui n'est pas sans rappeler les ballets héroïques de Rameau. Prima acta: Aristeo, secunda acta: Bauci e Filemone (Philémon et Baucis) et un tertia acta indépendant dont une reprise de l'Orfeo.
Cette superbe réalisation, menée par Christophe Rousset et ses Talens Lyriques, présente, en version italienne originale, dans le premier CD, Aristeo sur un livret de l'abbé Giuseppe Pezzana, poète et homme de lettre de grande influence politique et, , dans le deuxième CD, l'opéra Bauci e Filomene , sur le livret de Giuseppe Maria Pagnini "joignant à l'élégance de Pétrarque le piquant de l'anthologie et le sel de Martial".
Christophe Rousset et ses musiciens nous en livrent une version étonnamment vivante, chaleureuse, dynamique dans ses accents, qui nous fait revivre l'ambiance de ces somptueuses fêtes populaires de Parme. On a pu justement écrire que ces "fêtes d'Apollon" constituent un jalon important dans ce long processus de rénovation de l'opéta seria initié à la cour de Parme qui tentait de mêler le "goût savant et ingénieuse (sic) de l'Italie au goût naturel et simple des Français", une étape décisive trop oubliée pour l'histoire de l'opéra européen.