Le prêtre et compositeur français Clément Janequin est né à Châtellerault vers 1485 et mort à Paris en 1558.
Janequin fut d'abord choriste. Ordonné prêtre, il entra en 1523 au service de Jean de Foix, évêque de Bordeaux. En 1534, il devint maître de chapelle de la cathédrale d'Angers jusqu'en 1537, puis fut curé de plusieurs paroisses de l'Anjou. En 1549, il s'installa à Paris et devint chapelain et musicien du duc de Guise. Il termina sa vie comme compositeur ordinaire du roi.
Janequin fut un maître des chants polyphoniques et spirituels. Il écrivit trois messes, dont Missa super et La Bataille, des motets, dont Congregati sunt, plusieurs livres d'arrangements de psaumes, des chansons spirituelles, de grandes pièces vocales, annonciatrices de la musique descriptive, et un grand nombre de vieilles chansons, dont La Chasse, Le Chant des oiseaux, Les Cris de Paris et La Guerre ou La Bataille de Marignan. Plusieurs de ses chansons ont été publiées entre 1520 et 1540 par Pierre Attaignant.
Bien qu'ancienne, la musique de Janequin demeure appréciée. Ainsi, La Guerre, interprétée par la chorale d'hommes The king's singers, a été reprise dans la bande originale du film Last Days de Gus Van Sant.
joachim Admin
Nombre de messages : 26880 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Clément Janequin est un compositeur, chanteur (chantre), chanoine et prêtre français (né, peut-être, à Châtellerault vers 1485 et mort à Paris en 1558). Célèbre dans l'Europe entière pour ses chansons polyphoniques, il n'a rempli que tardivement des fonctions de premier plan, recevant alors de substantiels bénéfices.
On n'a pas retrouvé de trace des premières études musicales de Clément Janequin, mais il est possible qu'il soit d'abord entré dans la maîtrise de la collégiale Notre-Dame de Châtellerault avant de chanter comme choriste adulte dans le chœur de cette église (ensemble vocal professionnel, comme c'était le cas dans la plupart des églises collégiales de France, aussi bien que dans les cathédrales, jusqu'à la Révolution de 1789). Il entre ensuite au service de Louis de Ronsard (père du célèbre poète Pierre de Ronsard) avec qui il aurait pris part à la bataille de Marignan, inspiratrice d'une de ses plus célèbres chansons :"la Guerre" (ou "la bataille"). Le poète, par ailleurs fin connaisseur de l'art musical, affirme que Janequin reçut une formation de la part du célèbre compositeur Josquin des Prés. Janequin s'établit dès 1505 dans les environs de Bordeaux, au service de l'humaniste Lancelot du Fau, président des enquêtes au Parlement, vicaire général de l'archevêché, puis évêque de Luçon en 1515. Ordonné prêtre, comme bien d'autres à l'époque, il entra en 1523 (à la mort de Lancelot du Fau) au service de Jean de Foix, archevêque de Bordeaux, qui lui fit obtenir quelques prébendes canoniales1. En 1525, il devient maître de chapelle (« maître de musique » comme on disait alors) et chanoine, d'abord à Saint-Emilion puis dans d'autres églises collégiales du bordelais. La mort de son protecteur en 1529 le prive de son principal soutien dans la région. En 1530 il se dit « chantre du roi », au moment du séjour de François Ier et de sa cour, à Bordeaux. Il est, depuis 1526, curé de Brossay, en Anjou, et, depuis 1527, chapelain de la cathédrale d'Angers. Il s'installe ensuite dans cette province, où réside son frère Simon. En 1533, il devient curé de la paroisse d'Avrillé, à côté d'Angers, et « maître de musique » (on dirait aujourd'hui maître de chapelle) de la cathédrale d'Angers jusqu'en 1535. En 1548, il poursuit des études à l'université de cette ville, sans doute dans le but d'obtenir des prébendes canoniales plus lucratives. Durant sa période angevine, il compose 125 chansons polyphoniques, et notamment des nouvelles versions de ses grandes chansons imitatives de 1528. Il fait publier l'ensemble en quatre volumes successifs. En 1533, il avait également publié à Paris, chez Attaignant, un recueil de motets (Sacræ cantiones seu motectæ, malheureusement perdu actuellement). Dans un acte notarié du 10 août 1548, on retrouve mention de Clément Janequin comme curé de la paroisse d'Unverre en Eure-et-Loir. En 1549, il s'installe à Paris, rue de la Sorbonne. Il fréquente les puissants du jour, gravitant autour de la cour du roi Henri II et il bénéficie de la protection du cardinal Jean de Lorraine et de François de Guise, qui en fait son chapelain. Il entre finalement à la chapelle royale comme chantre ordinaire (donc "titulaire") sous les ordres de Claudin de Sermisy (poste sans doute honorifique, étant donné son âge). Ce n'est qu'à l'extrême fin de sa vie, en 1555, qu'il obtient le titre de compositeur ordinaire du Roi.
Ses œuvres
Clément Janequin est considéré comme un des maîtres du chant polyphonique, profane, spirituel et religieux. Il est avant tout connu pour un grand nombre de chansons, d'écriture polyphonique et contrapuntique, parmi lesquelles de grandes pièces vocales descriptives, également teintées d'humour ou de poésie, dont La Guerre ou La Bataille de Marignan, Le Chant des oiseaux, Les Cris de Paris, La Chasse, "le chant de l'alouette" et Le Caquet des femmes (ces six œuvres introduisant de longs passages en onomatopées, chantées au milieu d'autres paroles). Elles ont été publiées en 1528 et 1537 et le rendirent vite célèbre, en France comme ailleurs.
Parmi plus de 250 chansons qu'il composa, la plupart, à 4 ou 5 voix, ont été publiées entre 1520 et 1540 par Pierre Attaingnant à Paris et Andrea Antico à Rome.
La Bataille connut un immense succès et a été reprise par de nombreux autres compositeurs de l'époque, qui en donnèrent différentes versions, instrumentales ou chantées, en rajoutant quelques fois une cinquième voix (Philippe Verdelot).
La musique de Janequin demeure très appréciée. Ainsi, cette même chanson, La Guerre ou La Bataille (dans l'interprétation de l'ensemble vocal masculin anglais, The King's Singers) a été reprise sur la bande originale du film Last Days de Gus Van Sant (au tout début du film, alors que le héros erre dans la forêt, ainsi que dans le générique de fin)...
On peut le considérer comme le premier bruitiste : il tenta dans ses compositions de retranscrire ce qu'il entendait pour permettre aux personnes non présentes de ressentir les mêmes choses. Quand on écoute La Guerre ou Les Cris de Paris, on a l'impression d'entendre, en dehors de l'aspect artistique, les sons présents à cette époque, comme si on avait pu les enregistrer.
On lui attribue encore la publication de deux messes (Missa super La Bataille - messe "sur La Bataille" paraphrasant et développant, sur le texte liturgique de l'office religieux catholique, sa célèbre chanson La Bataille - et Missa super L'Aveuglé Dieu : on avait l'habitude à l'époque de reprendre des chansons profanes qu'on transfigurait ainsi complètement). Il publia de manière certaine des motets (perdus), dont Congregati sunt (le seul conservé). Plusieurs livres d'arrangements de psaumes (chantés en français sur des mélodies calvinistes), ainsi que des chansons spirituelles, nous sont parvenus en partie incomplets.
Parmi les chansons
Aller m'y faut Au joly jeu Au verd boys je m'en iray Bel aubépin verdissant Blaiso Le Chant des Oiseaux La Chasse Les Cris de Paris De ta bouche tant vermeille Dur acier et diamant En amour y a du plaisir Fyez vous y La Guerre La guerre de Renty - Verger de musique Hellas mon Dieu ton ire Il estoit une fillette Il s'en va tard Je ne fus jamais si aise Las, pauvre cœur Martin menait son porceau au marché La meunière de Vernon
joachim Admin
Nombre de messages : 26880 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Janequin, on n'en connait que quelque chansons sur 250, dont la bataille de Marignan, le chant des oiseaux, les cris de Paris, la chasse, le caquet des femmes
Pourtant c'était un prêtre, mais sa musique religieuse est presque complétement perdue. Reste deux Messes et un motet, que l'on trouve sur ce CD :
Ce qui est bien (pour moi), c'est que la première messe n'est pas a cappella, mais accompagnée d'instruments : cornet, sacqueboutes, orgue.
Dans l'enregistrement de cette messe, la Messe "La Bataille", on y reconnait nettement des parties de la chanson "la guerre ou la bataille de Marignan".
Par contre, la deuxième , la Messe "L'Aveuglé Dieu", et le motet "Congregati sunt" sont a cappella : j'aime moins. Rien à faire, le chant seul m'indispose Néanmoins, cette messe ne me déplait pas (par rapport à un Palestrina par exemple).
Janequin, pour moi, fait exception comme musicien de l'époque renaissance, car en général j'aime bien ce qu'il a composé
joachim Admin
Nombre de messages : 26880 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Voici un article sur l'historique de la bataille de Marignan, et la chanson de Janequin : il est tiré de : https://www.rtbf.be/article/les-grandes-batailles-en-musique-11038070
Nous sommes au matin du 13 septembre 1515, après d’interminables tractations (qui auront duré plusieurs mois), les émissaires du tout jeune Roi de France François 1er et ceux des mercenaires suisses qui défendaient alors le duché de Milan ne sont pas parvenus à se mettre d’accord. L’affrontement est devenu inévitable. Il faut dire que le tout jeune François 1er, qui vient d’avoir 21 ans la veille, doit encore faire ses preuves comme roi (en tout cas sur le champ de bataille). Il ne règne que depuis 8 mois et il a déjà hâte de se lancer dans ce qu’on appellera la 5eme Guerre d’Italie, puisque, comme tous ses prédécesseurs, il revendique lui aussi la propriété du Royaume de Naples et du Duché de Milan. Seulement voilà, les Milanais, soutenus par le pape, ne l’entendent pas de cette oreille. La bataille aura lieu dans le Nord de l’Italie, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Milan, dans la plaine de Marignan. D’un côté, ceux qui se battent pour le Duc de Milan, les mercenaires suisses, jouissent de la légendaire réputation de leurs piquiers, sorte de fantassins munis d’immenses lances et capables de repousser n’importe quelle charge de cavalerie. Mais côté français, on a l’avantage du nombre, et surtout, l’avantage diplomatique. Il faut savoir qu’avant la bataille, François 1er avait déjà acheté la neutralité des espagnols et des anglais (pour n’avoir personne dans les pattes durant ce conflit), mais il avait aussi acheté celle de certains combattants suisses. Et oui, après tout, c’étaient des mercenaires et, les mercenaires, il suffit de les payer un peu mieux que le camp adverse pour qu'ils retournent leur veste. La Suisse, à l’époque, est déjà une confédération, et tous les cantons peinent à se mettre d’accord sur l’attitude à adopter. Dans l’histoire militaire, c’est souvent le front le plus uni qui l’emporte et ce combat-ci était, il faut le dire, un peu gagné d’avance pour François 1er, même si, sur le terrain, la bataille fera quand même rage pendant 2 jours, obligeant les combattants à faire une pause pendant la nuit, et même à camper à moins de 100 mètres les uns des autres. Le lendemain, le 14 septembre 1515, l’issue du conflit ne fera plus aucun doute : victoire écrasante de l’armée française (un petit peu aidée par les Vénitiens il faut le dire, venus à leur rescousse), et tout ça laissera sur le champ de bataille plus de 10.000 tués côté suisse, et moitié moins côté français.
Marignan a été mis en musique avec une œuvre tout à fait contemporaine à la bataille, puisqu’elle est signée Clément Janequin (et que Clément Janequin est né en 1485 et est mort en 1558). On raconte même qu’en 1515, il était au service de Louis de Ronsard (le père du célèbre poète), Louis de Ronsard qui était chevalier aux côtés de François 1er et où était Louis de Ronsard le 13 septembre 1515 ? Mais à Marignan bien sûr ! Il est donc possible que Clément Janequin, lui aussi, ait traîné ses guêtres du côté du champ de bataille et qu’il ait vu, qu’il ait assisté à la célèbre victoire française. Au point de la mettre en musique. Mais c’est la manière dont il va la mettre en musique qui va frapper les esprits. Une pièce vocale en deux parties qui commence par inviter l’auditeur ou le spectateur à le suivre : "Ecoutez tous, gentils Gallois, la victoire du noble Roi François". Voilà les premiers mots de cette pièce mais qui bientôt va passer du côté des combattants, comme pour leur donner plus d’énergie et de courage "Nobles, sautez dans les arçons, la lance au poing, hardis et prompts, comme lions ! Chacun s’asaisonne, la fleur de lys y est en personne". Ah oui parce qu’il faut vous dire que l’une des particularités de cette bataille, c’est que François 1er y a personnellement pris part, en chargeant à la tête de ses cavaliers. C’est une image de roi-chevalier qui ne le quittera jamais plus, à tel point que 3 ans plus tard, on créera une reconstitution de la Bataille de Marignan, mais au château d’Amboise cette fois, avec des milliers de figurants autour d’un château de bois et de tissu attaqué par des canons chargés à blanc, et en première ligne, notre bon roi François. Et pour la petite histoire, la reconstitution était orchestrée par un certain Léonard de Vinci. A la fin de sa vie, on en parlait toujours puisque sur son tombeau, c’est un bas-relief de cette victoire de Marignan qui est aussi gravée dans la pierre. "Suivez François, le roi François, suivez la couronne, sonnez, trompettes et clairons, pour réjouir les compagnons".
Ce qui a surtout frappé les esprits dans cette chanson, il faut le dire, c’est sa deuxième partie. On est ici au cœur de la bataille, mais plus question de décrire l’action avec des mots. Ce sont à présent les sons des épées qui s’entrechoquent dans des "Tric trac", des "zin zin", des "pa ti pa toc", il y a aussi les tambours qui les accompagnent, avec les "Ta ri ra ri ra ri ra reyne" et puis bien sûr les cris des soldats qui chargent, à grands coups de "Tous à l’étandart, à mort à mort ou courage" sans oublier les sonneries des trompettes qui les encouragent, c’est tout ça que Janequin dépeint, à grand renfort d’onomatopées dans la deuxième partie de sa "Bataille". Ce qui ne l’empêche pas de suivre toute une trame narrative, de la première charge des mercenaires suisses, en passant par les contre-attaques françaises, jusqu’au "victoire" final. Ah on est loin de la petite chanson de geste qui relate tout en poésie les exploits de telle ou telle couronne. Janequin nous emmène au cœur des combats !
https://www.youtube.com/watch?v=Gctq3pyHjnQ
Concert donné par l'ensemble Madrigal, lors du Festival des Forêts, au chateau de Pierrefonds / France, le 5 juillet 2017 Direction : Daniel Delaunay
Les paroles
Écoutez tous gentils gallois La victoire du noble roi François Et orrez si bien écoutez Des coups rués de tous côtés Fifres soufflez, frappez tambours Tournez, virez, faites vos tours Soufflez, jouez, frappez tambours Soufflez, jouez, frappez toujours
Aventuriers, bons compagnons Ensemble croisez vos bâtons Bandez soudain, gentils gascons Hacquebutiers, faites vos sons Nobles sautez dans vos arçons Armés, bouclés, frisqués, mignons La lance au poing, hardis et prompts Comme lions Donnez dedans Frappez dedans Soyez hardis En joie mis
Chacun s'assaisonne La fleur de lys Fleur de haut prix Y est en personne Alarme, alarme Suivez François Le roi François Suivez la couronne Sonnez trompettes et clarons Pour réjouir les compagnons (Onomatopées) Boutez selle! Gendarmes à cheval Tôt à l'étendard! Avant (Onomatopées)
Bruyez bombardes et canons Tonnez gros courtaux et faucons Pour secourir les compagnons (Onomatopées) Masse, ducque France! Courage Donnez des horions Chipe chope, torche, lorgne Tue, tue! Serve, serve À mort, à mort! Lique, lique France, courage! (Onomatopées)
Ils sont en fuite. Ils montrent les talons Courage compagnons Donnez des horions Tous, gentils compagnons (Onomatopées)
Frappez dessus! Ruez dessus Ils sont perdus, ils sont confus Donnez dessus! Frappez dessus! Ils sont perdus, ils sont confus Victoire au noble roi François! Tout est verlore, bigott!
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Estant oysif quelque journée, Que dames feirent assemblée Je m'approchay et me mussay Pres d'elles vis a vis, Pour ouyr leur devis. De fort bien caqueter ouy merveilles Je vous en diray Ouvrés vos oreilles. Perrette viendras-tu vieille vesse Ma maistresse Viens ça ma robe est elle nette, Et de mon chapperon la cornette! J'ay la chemise perfumée, Et votre cotte descrottée. Mais qu'as tu plus faict, courte fesse ? Le chapperon est mis en presse. La la apres m'amye. J'ay si tres grand'envie de dire un mot, Plus je ne le sçaurois celer. Ma commere, m'amye, gardés vous bien de reveler ce que sçavés Pourquoy non, si fera vrayement qui m'en gardera, On le sçait bien, elle le peult bien dire. Ha je le diray car ce n'est que pour rire. Or dites la gente bourgeoise Ces jours passés une galloise Prioit son grand jenin dando Je croy qu'il en valoit bien vingt. Il ne demandoit que dodo. Or dittes nous qu'il en advint. La jeune dame son conte faisant De trois mots l'un, c'estoit en soupirant, Son cueur estoit il si doulent Or fut enquise qu'il avoit au corps Elle estoit bien faschée La jeune mariée Et que respond elle O povre fumelle En plaurant respond qu'elle n'estoit records, D'en avoir eu quelque liqueur, Ho le meschant! quel crevecueur A ceste bonne dame ! D'avoir un corps sans ame. Baillés, luy du clou de girofle. Avancés vous le cueur lui faut, Je vous jure par Saint Christofle, Quand du mari vient le deffaut, C'est un grand mal qui est bien laid. Sus sus, dames, sus a ce plaid Une sage femme y estoit, Qui tous ces propos escoutoit, Chascune son mari louoit, Et sur ce point l'une disoit: Ma foy, j'ai un mari galland, A deux bras il me prend, et me couche, et me jette, et me met sur un lict branslant Puis me dict de la la la m'amye, Je fais les dents à mon vilain claquer S'il devoit tout vif enrager, Le vilain n'oseroit bouger Quand je le tiens, il n'oseroit grongner Voire, deust-il perdre la vie. Avec le mien je ne m'ennuye, A le baiser prens mon deduit toute la nuit. Le mien me serre, baise Et moy je suis tant aise, Quand bien fort il m'accole, Voila tres bonne escolle Dit la saige sus ce passage, Elle en parle comme tres saige, De bien aymer l'affection, A eu en recordation, Tout le temps de sa vie. Je meurs ma sceur m'amye, Ha quel mal j'endure, C'est quelque froidure Qu'elle a pris a son gésir. Helas, je m'en vois mourir, Las vueillés moy secourir, Il luy faudroit pour sa douleur oster Estre aupres d'elle et la réconforter, Quand aura eu plaisir de son mary, Son povre cueur plus n'en sera marry, Et n'en fera que mine, Il luy faut pour allegement Avoir d'amour contentement C'est douce médecine. La ferme amour de la femme et de l'homme Assoupit toute douleur et consomme, O très doux bien tant douce chose Quand ferme amour au cueur enclose, Est entre amans, ô quelle joye ! Parlés plus bas qu'on ne vous oye. J'en parleray c'est mon office, Car c'est la chose plus propice Que je désire tant. Si j'ay parlé, ou caqueté Du caquet que je veux caqueter, Faut-il qu'on en tienne caquet Trop caquetés et si criés haut comme une trompette Et en eust parlé Trupette ? La, la, langue friette. Badin, badault, badine, Finette, fine mine, Baveuse qui bavarde, Langue qui chascun larde, Lourde faulse vilaine, Tant que j'auray haleine Je chanteray, je parleray, Et le tout par despit de vous Ce n'est pas parlé à propos. Appoinctement fy de couroux C'est trop presché sur la besongne, Allés tancer en autre lieu. Qui voudra grongner si en grongne, Je jourray, jourray a beau jeu Vous jourres jourrés le naturel jeu. Femmes sont faites pour tancer et braire. Il vous fait taiser, Et tost rapaiser, Non pas ainsi crier et braire. Par le benoist Dieu je suis d'aussi grand bien que vous, Vous ne me ferés taire Laissés moy, meslés vous de votre affaire. Mais je les feray bien taire La la la c'est tousjours à refaire. Or je les vois bien tost faire taire. Je vous conjure par Vénus, Dont souhaits d'amour sont venus, Que vous taisés si vous povés Mettés nous donc en un lieu reclus, Et de langues soyons perdus, Lors conjurés si vous povés, Vous avez beau crier, et braire, Quelque part que je soye, Joyeuse seray et caquetteray AfEn que plus on ne vous oye Chascune de vous devienne oye, Vole vole Dieu vous convoye Oye, oye, oye, ... Jart, jart, jart, ... Apart, apart, apart, ... Va, va, va, ... Vole, vole, vole, ... Perrette, Perrette, Perrette, En voyage à Saincte caquette, Voyés vous point ceste tempeste, Dela la mer va son sablat tenir, Mais quelque fois la verrés revenir.
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
. Merci ! Non seulement c'est drôle, mais c'est relativement coquin quand même... Au moins ces femmes discourent (entre autres), sur le plaisir amoureux et leurs maris ou amants, et l'autre Janequin à espionner, il a bien compris le message !!
J'écouterai la musique plus tard. C'est le genre de chanson dont il faut donner le texte aux auditeurs (car sinon, ils ne comprennent pas ce vieux françois..)...