Jean Victor Arthur Guillou, (1930-2019)

Jean Victor Arthur Guillou est un organiste, un pianiste, un compositeur et un improvisateur français né le 18 avril 1930 à Angers (France) et mort le 26 janvier 2019 à Paris.

À l’âge de 12 ans, Jean Guillou est titulaire de l’orgue de St. Serge à Angers. Il fait ses études au Conservatoire de Paris où il fut l’élève de Marcel Dupré, Maurice Duruflé et Olivier Messiaen. Dès 1955, il est nommé professeur d’orgue et de composition à l’Instituto di Musica Sacra de Lisbonne. Il s’installe ensuite à Berlin en 1958 pour revenir ensuite à Paris en 1963 dès sa nomination comme titulaire du grand orgue de Saint-Eustache à Paris, où il succède à André Marchal.

Sa carrière de concertiste virtuose le conduit à donner des récitals d’orgue dans le monde entier. Il donne aussi des concerts de piano. C’est ainsi qu’il fut l’interprète de sonatas de piano de Julius Reubke et de Franz Liszt. Il a aussi inauguré le piano-pédalier « Borgato » en 2002, avec lequel il a aussi réalisé un disque.

Comme organologue, il est l’auteur du livre L’Orgue, souvenir et avenir, ouvrage qui en est à sa troisième édition. Son propos vise en particulier à promouvoir la construction d’orgues plus poétiques et d’une expression riche et diversifiée. Il est à l’origine de la conception de nombreux instruments, tels que L'Alpe d'Huez, l’église du chant d’oiseau à Bruxelles, la Tonhalle à Zurich, le Conservatoire de Naples, et l'"Auditorio de Tenerife" à Santa Cruz.

Comme compositeur, il faut signaler en particulier la littérature pour orgue, par exemple: Toccata op. 9 (1953), La Chapelle des abîmes op. 26 (1973), Scènes d'enfants op. 28 (1974), ou Hypérion ou la Rhétorique du feu op. 45 (1988). Il a écrit également de la musique de chambre, des œuvres pour orchestre ainsi que pour instrument soliste (trompette, marimba, etc.) et orgue.

De 1970 à 2005, il a donné chaque année des cours d’interprétation et d'improvisation au « Meister Kursus » de Zurich.

Orgue

Fantaisie op. 1 (1954)
18 Variations op. 3 (1956)
Sinfonietta op. 4 (1958)
Ballade Ossianique No. 1 ("Temora") op. 8 (1962)
Toccata op. 9 (1962)
Symphonie Initiatique pour 3 orgues op. 18 (1969-1971)
Symphonie Initiatique pour 4 mains op. 18 (transcription de la précédente) (1990)
6 Sagas op. 20 (1970)
Ballade Ossianique No. 2 ("Les Chants de Selma") op. 23 (1971)
La chapelle des abîmes op. 26 (1973)
Scènes d'enfants op. 28 (1974)
Jeux d'Orgue op. 34 (1978)
Suite pour Rameau op. 36 (1979)
Saga No. 7 op. 38 (1983)
Sonate en trio op. 40 (1984)
Chamades op. 41 (1984)
Impromptu pour pédale seul op. 42 (1985)
Hypérion ou la Rhétorique du Feu op. 45 (1988)
Säya ou l'Oiseau Bleu op. 50 (1993)
Éloge op. 52 (1994)
Alice au pays de l'orgue pour orgue et récitant op. 53 (1995)
Pensieri op. 54 (1995)
Instants op. 57 (1998)
Pièces furtives op. 58 (1998)

Orgue et autres instruments

Inventions pour orgue et orchestre de chambre (concerto pour orgue No. 1) op. 7 (1960)
Concerto héroïque pour orgue et orchestre (concerto du orgue No. 2) op. 10 (1963)
Colloque No. 2 pour orgue et piano op. 11 (1964)
L'Infinito pour basse et orgue op. 13 (1965)
Concerto pour orgue No. 3 pour orgue et orchestre à cordes op. 14 (1965)
Colloque No. 4 pour orgue, piano et deux percussionnistes op. 15 (1966)
Intermezzo pour flûte et orgue op. 17 (1969)
Colloque No. 5 pour orgue et piano op. 19 (1969)
Concerto pour orgue No. 4 pour orgue et orchestre op. 31 (1978)
Concerto pour orgue No. 5 ("Roi Arthur") pour orgue et quintet à cuivres op. 35 (1979)
Concerto pour violon et orgue op. 37 (1982)
Andromède pour soprano et orgue op. 39 (1984)
Peace pour chœur a 8 voix mixtes et orgue op. 43 (1985)
Aube pour chœur a 12 voix mixtes et orgue op. 46 (1988)
Colloque No. 6 pour orgue et deux percussionnistes op. 47 (1989)
Fantaisie concertante pour violoncelle et orgue op. 49 (1991)
Missa Interrupta pour soprano, orgue, quintet à cuivres, percussion et chœur op. 51 (1995)
Fête pour clarinette et orgue op. 55 (1995)
Écho pour flûte, clarinette, quintet à cordes, chœur, piano et orgue op. 60 (1999)
Concerto 2000 pour orgue et orchestre op. 62 (2000)
Concerto pour trombone et orgue op. 64 (1985)
Colloque No. 7 (concerto pour piano et orgue) op. 66 (1998)
Colloque No. 8 pour marimba et orgue op. 67 (2002)
Concerto pour orgue No. 6 pour orgue et orchestre op. 68 (2002)

Orchestre

Concerto pour piano No. 1 pour piano et orchestre op. 16 (1969)
Judith Symphonie pour mezzo soprano et orchestre op. 21 (1970)
Symphonie No. 2 pour orchestre à cordes op. 27 (1974)
Symphonie No. 3 ("La Foule") pour orchestre op. 30 (1977)
Concerto grosso pour orchestre op. 32 (1978)
Concerto pour piano No. 2 pour piano et orchestre op. 44 (1986)
Concerto pour trombone pour trombone (solo), 4 trompettes 3 trombones, 3 tubas et deux percussionnistes op. 48 (1990)
Fête pour clarinette et orchestre op. 55 (1995)

Musique de chambre

Colloque No. 1 pour flûte, hautbois, violon et piano op. 2 (1956)
Sonate No. 1 pour piano op. 5 (1956)
Cantilia pour piano, harpe, timpani et 4 celli op. 6 (1960)
Toccata (version pour piano) op. 9bis (1962)
Colloque No. 3 pour hautbois, harpe, celésta, percussion, 4 celli et 2 contrebasses op. 12 (1964)
Quatuor pour hautbois et quatuor à cordes op. 22 (1971)
Cantiliana pour flûte et piano op. 24 (1972)
Sonate pour trompette op. 25 (1972)
Poème de la Main pour soprano lyrique et piano op. 29 (1975)
Sonate No. 2 pour piano op. 33 (1978)
Trio pour 3 violoncelles (extrait du Diderot à corps perdu) op. 59 (1999)
Augure pour piano op. 61 (1999)
Co-incidence pour violon seul op. 63 (1996)
Epitases pour deux pianos op. 65 (2002)

Musique de théâtre

Diderot à corps perdu (1973)

Transcriptions pour orgue

Johann Sebastian Bach: L'offrande musicale BWV 1079
Johann Sebastian Bach: Variations Goldberg BWV 988
Franz Liszt: Fantasia et Fuge sur BACH - version syncrétique
Franz Liszt: Orpheus
Franz Liszt: Prometheus
Franz Liszt: Valse oubliée
Modest Mussorgsky: Tableaux d'une exposition
Sergej Prokofiev: Marche de l'opéra "L'amour des trois oranges"
Sergej Prokofiev: Toccata pour piano'
Igor Strawinsky: Trois danse de "Petrouchka"
Piotr Ilitch Tchaïkovski : "Scherzo" de la Symphonie No. 6 ("Pathétique")

http://www.cites.tv/cms/chaine-francophone/info/p-1911-L-organiste-et-compositeur-Jean-Guillou-refuse-la-Legion-d-honneur.htm?&rub=10&xml=newsmlmmd.0986bde02e0cc084f02a829f81fe913d.211.xml

Jean Guillou est un organiste que j'allais écouter tous les dimanches à 17h30 en l'Eglise Saint Eustache car j'habitais à deux numéros dans la même
rue que celle-ci. Je ne loupais aucun de ses concerts gratuits. Les grandes Orgues de Saint Eustache dont il est titulaire, explosaient littéralement sous
ses mains. J'ai beaucoup apprécié toutes les interprétations qu'il a données de tous les compositeurs classiques mais les siennes qui sont des oeuvres
très contemporaines aussi et je trouve que l'orgue, curieusement, se prête magnifiquement bien aux compositions contemporaines.
Ca ne m'étonne absolument pas qu'il ait refusé la Légion d'honneur !

Un petit cadeau d'anniversaire pour Ysov:

Merci encore Icare!

J'aime peu Guillou comme interprète, surtout pour la musique de Bach. Mais comme compositeur et improvisateur c'est autre chose!

J'ai redécouvert, ce matin, avec un plaisir encore plus grand que la première fois, les deux concertos de Jean Guillou que je possède sur un même cd.. Le premier, le Concerto Grosso ne présente pas d'orgue, les percussions y ont un rôle relativement important, il s'y installe même une belle relation avec les bois et les cuivres, et c'est ce que j'ai particulièrement aimé dans cette oeuvre. J'ai trouvé que la section des bois et des cuivres y est employée selon la logique musicale d'un organiste, dans sa manière de déployer quasi organiquement la riche palette sonore. J'ai eu l'impression (certainement subjective) que les bois, les cuivres et les percussions formaient un tout organique, comme si Guillou, lui-même, avait, dans l'écriture de son Concerto Grosso, considéré l'Orchestre National de la Loire comme un immense orgue. C'est de cette façon très personnelle, je l'accorde, que j'entrevois cette délicieuse composition.

Le Concerto 2000 pour orgue et orchestre, d'une durée de 47 minutes environ m'a également plu. L'écriture est plutôt moderne, certes, mais, comme le précédent, jamais en rupture avec la tradition, une musique en phase avec son temps qui explore magnifiquement les multiples possibilités timbrales de son instrument de prédilection. "Le son est un être vivant" affirme Jean Guillou. Même l'étrange et le mystère font partie du jeu et un parfait équilibre entre l'orgue et l'orchestre contribue à assurer la haute qualité d'écriture de ce grand concerto.

Orgue: Jean Guillou.
Direction d'orchestre: Vincent Barthe.

Icare a écrit:

J'ai redécouvert, ce matin, avec un plaisir encore plus grand que la première fois, les deux concertos de Jean Guillou que je possède sur un même cd.. Le premier, le Concerto Grosso ne présente pas d'orgue, les percussions y ont un rôle relativement important, il s'y installe même une belle relation avec les bois et les cuivres, et c'est ce que j'ai particulièrement aimé dans cette oeuvre. J'ai trouvé que la section des bois et des cuivres y est employée selon la logique musicale d'un organiste, dans sa manière de déployer quasi organiquement la riche palette sonore. J'ai eu l'impression (certainement subjective) que les bois, les cuivres et les percussions formaient un tout organique, comme si Guillou, lui-même, avait, dans l'écriture de son Concerto Grosso, considéré l'Orchestre National de la Loire comme un immense orgue. C'est de cette façon très personnelle, je l'accorde, que j'entrevois cette délicieuse composition.

Mon impression n'a pas évolué d'un pouce, toujours cette belle écriture des bois et des cuivres, enfin, devrais-je dire, des instruments à vent. L'oeuvre démarre sur un jeu des percussions. Je me demande même si je me rappelle bien de cette oeuvre et j'ai du mal à croire que je suis resté deux ans sans la réécouter. C'est vrai que le temps passe vite, avec toutes ces heures et ces heures de musiques qui sont passées dans mes oreilles entre temps. Donc, au début de ce Concerto Grosso, je me demande si les percussions vont jouer un rôle prépondérant, ce qui n'aurait pas été un problème pour moi dans l'absolu: j'adore les percussions... ...mais les vents dominent l'oeuvre au sein d'un souffle poétique à la fois moderne et très plaisant dans les couleurs qu'elle déploie et les rythmes très souples qui la secouent sans brutalité, aucune...Ce soir, je réécouterai probablement son Concerto pour orgue et orchestre car je l'ai un peu trop oublié, lui aussi.

Icare a écrit:

Le Concerto 2000 pour orgue et orchestre, d'une durée de 47 minutes environ m'a également plu. L'écriture est plutôt moderne, certes, mais, comme le précédent, jamais en rupture avec la tradition, une musique en phase avec son temps qui explore magnifiquement les multiples possibilités timbrales de son instrument de prédilection. "Le son est un être vivant" affirme Jean Guillou. Même l'étrange et le mystère font partie du jeu et un parfait équilibre entre l'orgue et l'orchestre contribue à assurer la haute qualité d'écriture de ce grand concerto.

<<Un concerto pour orgue ne saurait être, pour Jean Guillou, une conventionnelle opposition soliste/ensemble. L'orgue et l'orchestre apparaissent plutôt comme deux inépuisables réservoirs de timbres susceptibles de recomposer d'inédits alliages, de se fondre, de s'engendrer mutuellement, de s'affronter: ainsi se trouvent brouillées les cartes du partage acoustique et de l'espace sensoriel, tandis que l'auditeur découvre des constellations timbriques insoupçonnées. Jean Guillou se souvient: "Ce qui me passionnait, lorsque j'ai abordé la composition de concertos pour orgue, c'était d'utiliser l'instrument, non pas dans son aspect <monumental> comme on l'a fait le plus souvent, mais dans le but de trouver des timbres qui deviennent des <cousins>, en somme, de timbres d'orchestre, qui se fondent, se confondent jusqu'à ne plus faire qu'un seul instrument.">>

C'est exactement ça, exactement ce que j'ai ressenti à l'écoute de ce concerto, avec un orgue qui contourne son aspect massif et puissant pour des jeux beaucoup plus subltils avec le tissu orchestral, même s"il s'autorise aussi quelques moments de virtuosité en solo. La combinaison timbrique entre l'orgue et l'orchestre est merveilleuse et promet une dimension onirique à l'auditeur que je suis, pris sous la voûte d'une immense constellation. Très beau concerto pour orgue, l'un des meilleurs parmi ceux du vingtième siècle que j'aurai écoutés jusqu'ici.

Jean Guillou est mort à Paris le 26 janvier 2019.

Décidément!

AH… Michel Legrand lui a volé la vedette! … Très grand musicien, surtout organiste, il était quand même moins connu!

La loi des séries, hélas, le même jour que Michel Legrand ... Je complète la biographie de Snoopy ci-dessus.

article du Monde : https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/01/27/l-organiste-de-renommee-internationale-jean-guillou-est-mort_5415284_3246.html

Je ne crois pas avoir entendu Jean Guillou en tant que compositeur, il était surtout connu comme interprète. Il me semble que j'avais les concertos pour orgue de Haendel en 33 tours, de la Guilde Internationale du disque, faudrait que je recherche où il est classé...