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Sujet: Jean Wiener (1896-1982) 2010-05-22, 10:50
Jean Wiener est un pianiste et compositeur français, né le 19 mars 1896 à Paris, où il est mort le 8 juin 1982. Il est l'auteur de plus de 200 musiques de film, pour le cinéma et la télévision
Il fut l'élève d' André Gedalge au Conservatoire jusqu'en 1914. Grâce au pianiste Yves Nat, il découvre la musique afro-américaine qu'il s'attache à faire connaître pendant l'entre-deux-guerres. De 1929 à 1924, il présente les concerts Jean Wiener consacrés à la diffusion de la musique nouvelle, et dans lesquels sont créées des oeuvres de compositeurs modernes français (dont plusieurs du Groupe des Six). Il joue aussi des oeuvres de Schoenberg, Berg et Webern. Il est le premier à proclamer que le jazz est une forme artistique et légitime. Enthousiasmé par le Front Populaire, il adhère au Parti Communiste, dont il sera membre jusqu'à sa mort. Il compose de nombreux morceaux pour piano jusqu'à la seconde guerre mondiale, et connait un grand succès dans les music-halls d'Europe au sein du duo de pianos Wiener et Doucet, qui mélange classique et jazz. À la mort prématurée de Clément Doucet, il se consacre à la composition notamment de musiques de film.
Il a créé la musique du générique de l'émission Histoires sans paroles de l'ORTF. Jean Wiener a eu trois enfants, Maud Wiener, née en 1918, et Stéphane Wiener, musicien, comme son père, devenu altiste ; de son second mariage avec Suzanne de Troye, il a eu une troisième enfant, l'actrice et chanteuse Elisabeth Wiener.
Jean Wiener a publié ses mémoires en 1978 sous le titre Allegro Appassionato.
Hors musiques de film, il a composé également :
Concerto franco-américain pour piano et cordes (1923) Olive chez les nègres ou Le Village Blanc, opéra "déségrégationniste" (1926) Suite pour violon et piano (1925) Suite de danses n° 1 (1954) Suite de danses n° 2 (1955) Les Taureaux, opéra bouffe (1957) Concerto pour accordéon et orchestre (1957) Concerto pour 2 guitares et orchestre (1966) Concerto pour orchestre et piano principal (1970) Sonate pour violoncelle et piano (1970)
Piano seul et Mélodies :
Petites histoires, mélodies sur des poèmes de Alyscamps (1920) Deux Mélodies de Cocteau : Aeronautes et Souvenirs d'enfance (1921) Sonatine syncopée (1923) Trois Blues pour chant et piano (1923) Sonate (1925) Deuxième sonatine (1928) Rêves (1929) Dancing Etude Le Village Blanc (pour 2 pianos, d'après l'opérette) Trois chants pathétiques (1941) Quatre petites pièces radio (1945) 12 Chansons de nos métiers (1950) Chantefables pour les enfants sages, 30 petites mélodies (1955) Chantefleurs, 50 petites mélodies (1955) Java, Polka et Tango (1957) Sonate sans nom (1973) Sonate "démodée", à la mémoire de Darius Milhaud (1974) Trois Moments de musique (1980) Pour Pierre Cornevin (1981) 6 Improvisations : Et bonjour tout le monde (1951) - sur un slow de Germaine Tailleferre (1955) - dans les styles de JS Bach, de style négro-américain, de style personnel (1961) - sur des airs américains (1964) Chiken reel (arrangement pour piano, et pour ocarina accompagné - Histoires sans paroles) Mélodies séparées : Amour, indomptable amour - Avares, rapaces sans entrailles - Blues (1923) - Combien l'homme est vil - Tant mieux, tant pis quand même - C'est bien toi (1934) - Valse en rose (1934) - Au coin des rues (1947)
Cantates pour soliste, choeur et orchestre
Le Psaume de la Quarantaine (A. Mella) (1961) La Mort de Lénine (Mayakowski) Lamento pour les enfants assassinés (H. Bassin) Chants pour les morts en montagne (Samivel) Dernière Nuit (P. Eluard) (1975)
Histoires sans paroles - pour flûte à bec - est un arrangement par Jean Wiener du ragtime Chicken reel composé en 1910 par Joseph M. Daly, d'après un thème traditionnel.
Dernière édition par joachim le 2016-11-03, 15:43, édité 1 fois
Icare Admin
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Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2011-06-03, 09:29
Commencer sa matinée avec la musique de Jean Wiener,c'est accompagner son réveil de bonne humeur,d'espièglerie et de romantisme....le romantisme dans les mouvements lents,qu'il s'agisse du "Cantabile" de son Concerto pour accordéon et orchestre,du "Deuxième mouvement",exquis celui-là, de sa Sonate pour violoncelle et piano ou du "Très lent",le plus beau des trois,issu de son Concert pour orchestre et un piano principal... Les morceaux enjoués souvent emportés par des lignes mélodiques très accrocheuses,et souvent sur un ton espiègle,constituent les mouvements rapides de ces oeuvres. Ainsi le premier mouvement de son Concerto pour accordéon,intitulé "Brandebourgeoisement",répond à son titre par une organisation franche et rigoureuse du matériel thématique,enlevée et souriante,irrécusable du point de vue de l'écriture,nouvelle déjà par sa gaîté,et la mise en valeur du timbre de l'instrument exploité pour lui-même et non à des fins de prouesse et de démonstration. Du "Molto vivace" qui sent bon Paris,s'extirpe une mélodie,un air,qui semble tout droit sortir de la mémoire collective.
La Sonate,écrite en 1968 et dédiée à Mstislav Rostropovitch,résulte d'un langage très singulier et persuasif du compositeur. Sa connaissance du chant grégorien et de la "musique négro-américaine (une souple ligne mélodique sur un bâti en ciment armé) ont contribué à sculpter sa mélodie,vigoureuse et naturelle. Son harmonie subtile et savoureuse ,son infinie variété de rythmes, font de cette Sonate une oeuvre vivante. Le second mouvement qui s'achève par une cadence dont les doubles cordes évoquent une sarabande de BACH,est exquise,surtout quand la mélodie est reprise par le violoncelle dans les aigus. J'adore ça!
A propos du Concert pour orchestre:
<<Moi,je ne suis pas là pour chahuter,j'aime que la musique retombe sur ses pieds. (...) A cause de toutes ces musiques que je vais entendre ci et là,j'ai tenu à écrire ce petit concerto. Je me suis dit: je vais écrire sans copier,en 1970,à ma manière. C'est une expérience importante d'écrire à une époque que je connais sans la plagier,avec un alphabet qui est le mien,qui était celui de Mozart ou de Chabrier.>> Jean Wiener
De cet opus,c'est encore le mouvement central qui se détache de la beauté ordinaire des deux autres. Il y a de l'excellence dans cette mélodie mais surtout dans le déploiement de celle-ci par un récit des bois d'une grande beauté et sous les touches délicates et saisissantes d'un piano très inspiré mais sobre.
A la question posée à Jean Wiener; "Ecrivez-vous de la musique moderne?" ,ce dernier répondit: <<Je vis en ce moment et en ce moment je suis compositeur.>>
joachim Admin
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Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2011-06-03, 18:05
Je suis tout à fait d'accord pour apprécier la beauté des mouvements lents des concertos, les autres sont un peu trop "espiègles" (c'est un peu le même chez Jean Françaix dont tu parles sur un autre fil). Je ne connais pas la sonate pour violoncelle et piano.
Dans les pièces pour piano que l'on trouve sur ce CD :
il y a tout un florilège de pièces :
Sonate n° 1 (la seule à ressembler à une sonate traditionnelle) Sonate n° 2 "sonate sans nom" Sonate n° 3 "démodée" Sonatine syncopée 2ème sonatine Quatre petites pièces-radio Trois moments de musique Rêve Dancing Etude Polka Java Tango Chiken reel
Par moments on pense à Satie, à d'autres à Poulenc, finalement ce que je préfère, ce sont les pièces de danses, polka, java, etc et le fameux chiken reel (thème de Histoires sans paroles)
Icare Admin
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Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2011-06-03, 20:28
Je suis moins sensible à ses pièces pour piano que j'ai eu l'occasion d'écouter par le biais d'un autre cd. De la Sonate pour violoncelle et piano,c'est encore le thème lent qui retiendrait probablement le plus ton attention,beau et romantique. Le caractère espiègle de certains mouvements ne sont pas pour me déplaire mais,comme toi,ce sont davantage les lenti qui me sont les plus émouvants. Il faut dire que dans les cas qui nous intéressent ici,ils sont très réussis.
Il a aussi composé des mélodies pour voix et piano qui existent en cd mais je n'ai pas eu l'occasion de les écouter.
Thiriet Elizabeth
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Sujet: A joachim sur le compositeur Jean Wiener. 2011-08-07, 03:27
J'ai apprécié votre exposé sur Jean Wiener. Grâce à celui-ci cela enrichit mes maigres connaissances le concernant. Antérieurement j'ai fait des recherches, ce qui n'est pas évident à trouver. Votre texte me permet, à présent, d'assouvir ma curiosité. Bien à vous. Elizabeth Thiriet.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2011-08-20, 20:41
Je regrette que ne fut pas éditées en CD ses deux bandes originales La lettre d'amour en Somalie et Le crime d'amour que je possédais sur un même 33 tours, car ces musiques possédaient certes un charme et une allure très français qui ne me laissaient pas du tout indifférent.
Thiriet Elizabeth
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Sujet: sur Jean Wiener et Maurice Thiriet. 2011-08-23, 21:22
Un grand merci pour votre message reçu ce 21/08. Jean Wiéner était un ami de mon père, Maurice Thiriet. En première audition, au Triptyque, en 1937, Jean Wiéner accompagnait au piano la soprane, Maud Laury, dans la mélodie "Présents des Iles", texte de Renée de Brimont, musique composée par Maurice Thiriet. (Cette mélodie orchestrée par le compositeur, sera interprétée par Germaine Cernay et l'Orchestre Pasdeloup sous la direction de Claude Delvincourt, en Janvier 1942).
Icare Admin
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Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2011-08-25, 10:08
Lorsque je vois que Wiéner a composé des cantates, qu'aucune d'elles ne semble avoir été éditée ,alors que les symphonies de Beethoven,Mozart (compositeurs que certes j'apprécie beaucoup) bénéficient d'énièmes énièmes et énièmes éditions.... Pourtant Wiéner ce n'est pas du "Stockhausen", c'est une musique fort accessible. Pareil avec Maurice Thiriet,ne pourrait-on pas jouer une de leurs oeuvres de temps en temps au côté de celle d'un grand nom du classique histoire de les faire connaître et pourquoi pas apprécier du public. Une oeuvre qui n'a pas la possibilité d'être écoutée n'a par conséquent aucune chance d'être appréciée.
Je me souviens qu'une fois, à la salle Gaveau, ils avaient associé deux oeuvres contemporaines à une symphonie de SCHUMANN et le plus curieux est que la seule oeuvre que je n'ai pas aimée est celle de Schumann, justement.
joachim Admin
Nombre de messages : 26950 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2016-11-03, 15:46
Sur youtube, après le concerto pour orchestre et piano principal, se trouve ce concerto pour accordéon et orchestre, de 1962, qui commence comme si c'était un morceau baroque !
Le « Concerto pour accordéon et orchestre » est dédié à l'accordéoniste Gilbert Roussel qui le créa en 1962. Jean Wiener passe allégrement du pseudo style brandebourgeois à celui de la romance populaire et du bal musette. Une grâce nonchalante parcourt ce bref concerto dont on ne connaît presque aucun équilavent.
Dernière édition par joachim le 2023-01-16, 10:32, édité 1 fois
Icare Admin
Nombre de messages : 17380 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2022-07-24, 11:21
Les albums de Jean Wiener sont plutôt rares, voire très rares, alors quand j'en trouve un, surtout à un prix très clément, je n'hésite pas. J'avais découvert ce compositeur par un vieux 33 tours qui réunissait deux titres de sa composition: La lettre d'amour en Somalie et Le crime d'amour des musiques d'un esprit très français avec pas mal de piano d'après le souvenir que j'en ai gardé, il faut dire qu'il y a des lustres que je n'ai pas eu l'occasion de les réécouter, celles-ci n'ayant pas été rééditées sur compact disc. Puis il y avait ce thème vaguement mélancolique à l'harmonica qui appartenait à Touchez pas au Grisbi de Jacques Becker. C'est certainement le premier morceau de musique de Jean Wiener que j'ai entendu et apprécié, parce qu'adolescent, peu de films avec Jean Gabin m'échappaient! Tout le monde en était fan à la maison. D'ailleurs, soit dit en passant, le bougre a pas mal oeuvré pour le cinéma, il a une sacrée filmographie à son effectif! Il y a des choses à faire de ce côté qui devrait pas mal combler les besoins de certains béophiles - amateurs éclairés de bandes originales.
L'album que j'ai trouvé il y a déjà quelques semaines dans un "Boulinier" non loin de La Villette est un recueil de Mélodies pour baryton et piano sur des poèmes de Robert Desnos (1900-1945), Chantefables (trente poèmes - 28'47") et Chantefleurs (50 poèmes - 35'13"). Les interprètes sont Francis Dudziak (baryton) et Jean-Bernard Dartigolles.
Outre une présentation qui ne paie pas de mine, j'avoue m'être un peu ennuyé avec ce disque, aussi bien faute de textes qui ne m'ont pas accroché que des musiques que j'ai trouvées assez quelconques...peut-être un peu trop joyeuses ou guillerettes pour me combler dans mon humeur actuelle qui s'est, il est vrai, beaucoup complu dans des oeuvres bien plus romantiques et mélancoliques qui ont, depuis quelques temps, le pouvoir de me caresser dans le sens du poil. Néanmoins, mettre tout sur le dos de mon humeur actuelle serait trop simple, ce n'est tout simplement pas le disque de l'année 2022 , la merveille qui manquait à ma cédéthèque: ce serait davantage mon album qui regroupe les Pièces de clavecin avec voix et violon de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) ou les Valses pour piano - Guilty Pleasures de Dirk Brossé par Eliane Reyes ou encore les pièces pour piano de Henrique Oswald par S. Monteiro.
joachim Admin
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Sujet: Re: Jean Wiener (1896-1982) 2023-01-16, 10:37
https://www.youtube.com/watch?v=PsktBYx-dsI
https://www.youtube.com/watch?v=mTrppLd00Z8
Concert pour orchestre et un piano principal (1970)
1- Fantasia (6.47) 2- Très lent (9.12) 3- Valse en rondo (4.55)
Pianiste : Jean Wiener Dir : André Girard
Auteur de l'excellent et célébrissime thème à l'harmonica « Touchez pas au grisbi » (1954), Jean Wiener ne fut pas seulement un compositeur de film prolifique, aussi un étonnant pianiste qui pour une émission radiophonique exécuta pendant plus de mille jours une improvisation quotidienne (plusieurs d'entre elles ont fait l'objet d'un enregistrement commercial). Aujourd'hui négligé comme compositeur classique, Jean Wiener laisse de nombreuses partitions intéressantes dont celle du « Concert pour orchestre et un piano principal » (1970) caractéristique du caractère désinvolte de son auteur. Intitulé « Très lent », le mouvement central déploie une mélopée particulièrement envoûtante.