Émile Goué est né en 1904 à Châteauroux (Indre) et est décédé le 10 octobre 1946 à Neufmoutiers-en-Brie (Seine-et-Marne).
Avec un père inspecteur de l’enseignement primaire, une mère directrice d’École normale de jeunes filles à Guéret (Creuse) et quatre sœurs qui toutes devinrent enseignantes, la voie du jeune Émile Goué était toute tracée, il se destina naturellement au professorat. D'une intelligence aigüe, il obtint en 1921 les deux baccalauréats existant alors : celui de Mathématiques élémentaires et celui de Philosophie. Licencié ès sciences à 20 ans, il fut nommé professeur à Boulogne-sur-Mer trois ans plus tard. Muté à Agen en 1924, il réussit l’agrégation de Physique-Chimie.
En 1927, il épousa Yvonne Burg qui lui donna trois enfants, Michel, Bernard et Françoise. Puis il enseigna successivement aux lycées Montaigne à Bordeaux et Buffon à Paris. Il professa en classes dites de « mathématiques spéciales » (préparation aux concours des « grandes écoles ») et termina sa carrière universitaire dans une des chaires les plus réputées de l'Enseignement Supérieur au lycée Louis-le-Grand.
À l'instar de Borodine, sa carrière scientifique et universitaire se doubla d'une pratique régulière de la musique. "Elle est pour moi une activité métaphysique et ne se sépare pas de ma vie." Déjà à Toulouse en 1924, il dirigea une première Symphonie avec un petit orchestre universitaire. Il approfondit ses études musicales qu'il acheva sous la direction de Charles Koechlin. Et Albert Roussel l'encouragea lui aussi à la composition. Reniant ses premiers essais, il les détruisit et data son opus 1 de 1933. À partir de 1936 débuta une intense production que la guerre n'interrompit qu'à peine. Goué se révéla surtout avec le magnifique Psaume XIII (1938) et le Trio (1937). Vivant en permanence dans un rêve intérieur, il pouvait paraître très étourdi : ainsi était-il parti un jour donner son cours au lycée avec des chaussures de deux paires différentes! D’une très grande conscience morale, ses réactions personnelles étaient toujours guidées par un point de vue idéaliste.
La guerre éclata alors que les orchestres et ensembles commençaient à prêter attention à sa production. Mobilisé en 1939 comme lieutenant d'artillerie, fait prisonnier en juin 1940, il passa cinq ans à l'Oflag XB à Nienburg/Weser. Son besoin viscéral d’enseigner se manifesta dès les premiers jours de captivité par un cours de physique dispensé à ses jeunes camarades afin de les aider à préparer leurs futurs examens. Parallèlement, il organisa des conférences d’initiation sur l’Histoire de la musique des origines à nos jours auxquelles vinrent s’ajouter au fil des mois un cours d’Harmonie et de Contrepoint, un cours de Fugue, Vingt leçons d’Esthétique musicale et d’Histoire de la Symphonie.
Faisant preuve d'une abnégation passionnée, notre pédagogue né tint à compléter cet enseignement théorique et à insuffler à ses compagnons d'infortune l’amour de la musique en dirigeant et en commentant dix-huit concerts symphoniques dont les programmes allaient des polyphonistes franco-flamands à Arthur Honegger. Les musiciens de l’orchestre comme les chanteurs de la chorale étaient amateurs, disposant d’instruments dont la qualité laissait fortement à désirer mais l'enthousiasme d'Émile Goué les conquit tous.
"La captivité - confiait-il en 1942, année de désespoir et d'angoisse - supprime presque tout contact avec la vie réelle, donc presque toute vie intérieure […] Une solitude fréquente est nécessaire pour enrichir sa vie intérieure, et toute solitude fait défaut[…] Le plus dur, ce n’est pas d’avoir faim; c’est de sentir son niveau spirituel s’abaisser." Très vite il se remit à composer, difficilement d’abord, puis un peu plus sereinement. Comme chez Olivier Messiaen, la période de la Guerre vit l'éclosion de chefs-d'œuvre, révélant une maîtrise et une maturité artistique incomparables : Renaissance (1941), oratorio mimé, Psaume CXXIII (1942), Préhistoires (1943), Thème et Variations (1945) pour piano.
Rapatrié en mai 1945, Émile Goué ne put mener de front sa double activité de musicien et de professeur. Très affaibli, il participa au jury des examens d'agrégation, acheva l'orchestration de sa grandiose Inscription sur une Stèle et succomba le 10 octobre 1946 au sanatorium universitaire de Neufmoutiers-en-Brie. Il repose au cimetière de Guéret dans la Creuse, dont le Conservatoire de Musique porte son nom depuis 2007.
Catalogue des oeuvres (source : http://www.musicologie.org/Biographies/g/goue_emile.html
1922-1924, Brindilles, pour piano (détruit)
1923-1935, A quoi songeaient les deux cavaliers dans la forêt pour ténor et piano
1924, Barcarolle pour soprano, ténor
1925, Quatre heures étranges pour violon et piano
1932, La chanson des yeux de ma vie pour ténor et piano
1932, La route, le chemin, chant, créé aux P.T.T. Paris
1933, Deux aubades pour flûte et piano
1933, Poème symphonique, créé en 1938 à la Société des concerts du Conservatoire à Troyes
1933, Trio pour violon, violoncelle et piano
1934, Fleurs mortes n° 1 et n° 2 pour violon et piano
1934, Première symphonie
1934, Wanda, action musicale en deux actes, créée le 24 février 1950 au Théâtre municipal de Mulhouse, sous la direction de Francis Cébron
1935, Ambiances (1ère suite) pour piano, créées aux P.T.T., Paris
1935, L'offrande sous les nuages pour soprano et piano,créée en 1939 au Centre musical Paris
1936, Notre Père
1936, Pénombres, pour piano
1936, Sonate pour piano, créée en 1938 à l'association Triptyque, Paris
1937, Chants de l'âme navrée pour ténor et orchestre, créés en 1945 à la Radio nationale
1937, Chants de l'âme navrée pour ténor et piano, créé en 1938 au Centre musical Paris
1937, Petite suite facile, pour piano
1937, Premier quatuor à cordes, créé en 1938 au Cercle musical, Paris
1937, Trois pièces pour hautbois, clarinette et basson, créées en 1938 à la Société Nationale de Paris
1938
1938, Les heures étranges pour voix et piano, créées à l'association le Triptyque, Paris
1938, Psaume XIII pour ténor, choeur mixte et orchestre, créé en 1949 à la Revue Musicale, Genève
1939, Deux nocturnes, pour piano
1939, Horizons (pièces descriptives pour piano), créés en 1941 à l'Association musique comtemporaine, Paris
1939, Marche enfantine, pour piano
1939, Trio pour violon, alto et violoncelle, créé en 1946 à l'association Triptyque, Paris
1939, Trois chansons sur la pluie pour voix et piano, créées en 1943 au Groupe instrumental féminin Paris
1940, Ballade sur un poème d'Emily Bronté pour soprano, quatuor vocal, quatuor à cordes et piano, créée en 1949 à la Radio nationale
1940, Nuits de velours que réhaussaient les clairs de lune pour voix et piano
1940, Psaume CXXIII pour ténor, choeur d'hommes et orchestre, créé en 1942 à la Société des concerts du Conservatoire, Paris
1941, Concerto pour piano et orchestre, créé en 1941 à la Radio nationale
1941, Deuxième quatuor à cordes, créé en 1951 à l'association Triptyque, Paris
1941, Sonate pour violon et piano, créée en 1951, à l'association Triptyque, Paris
1941, Trois pièces faciles pour quatuor à cordes
1942, Ambiances (2ème suite) pour piano, créées en 1952 à la Radio nationale
1942, Duo pour violon et violoncelle, créé en 1943 à l'association Triptyque, paris
1942, Sextuor pour 2 violons, 2 altos et 2 violoncelles, créé en 1950 à l'association Triptyque, Paris
1942, Trois mélodies pour soprano et quatuor à cordes, créées en 1944 à l'Initiative musicale, Paris
1943, Deuxième symphonie avec violon principal, créé en 1947 à la Radio Nationale
1943, Esquisse pour un paysage vu du mont Coudreau, créé en 1943 par l'Orchestre Philharmonique de Bordeaux
1943, Préhistoires (suite pour piano), créées en 1949 à la Radio Nationale
1943, Prélude choral et fugue pour piano, créés en 1947 à la Radio Nationale
1943, Trois poèmes de Rilke pour soprano et piano, créés en 1946 à l'association le Triptyque, Paris
1943, Wanda (extraits symphoniques : Valses, Les jeux de l'océan contre les falaises de Vendée, entracte), créé en 1948 à la Radio nationale
1944, Impromptus pour piano, créés en 2001 à l'École Nationale de Musique de la Creuse
1944, Macbeth suite
1944, Prélude aria et final pour piano, créés en 1947 à l'association Triptyque, Paris
1945, Deux mélodies pour contralto et orchestre
1945, Thème et variations pour piano, créés en 1945 à l'association triptyque, Paris
1945, Troisième quatuor à cordes, créé en 1945 à l'association Triptyque, Paris
1946, Esquisse pour une inscription sur une stèle, créé en 1947 par l'Orchestre Philharmonique de Bordeaux
1946, Quintette pour 2 violons et piano, créé en 1944 à la 1944: Radio Nationale