Méthodes de travail

Je m'adresse ici aux musiciens Lorsque vous apprenez une nouvelle pièce, comment la travaillez-vous? Vous faites une analyse complète dès la première lecture, la lisez Xfois pour l'avoir dans les doigts, travaillez mesure par mesure..? Je suis consciente que ça peut changer dépendant des pièces, mais je suis curieuse de connaître votre manière de travailler en général!

Lidelse a écrit:

Je m'adresse ici aux musiciens Lorsque vous apprenez une nouvelle pièce, comment la travaillez-vous? Vous faites une analyse complète dès la première lecture, la lisez Xfois pour l'avoir dans les doigts, travaillez mesure par mesure..? Je suis consciente que ça peut changer dépendant des pièces, mais je suis curieuse de connaître votre manière de travailler en général!

Je peux indiquer la méthode que j'ai finit par adopter au bout de tant d'années...
Je fais une première lecture. ensuite, je laisse un peu de temps, une heure par exemple en jouant autre chose, et je reviens dessus.
J'ai la surprise de constater que "ça va mieux" à la deuxième reprise, sans que pour autant, il y ait eu travail entre-temps.
J'ai remarqué que lorsqu'un passage un peu délicat se fait sans fautes, je ne le reprends plus, car la pratique m'a montrée que si je le reprends, j'accroche là où ça passait avant et il se faut d'un rien pour que l'appréhension n'y colle une difficulté délicate à faire passer ensuite.
Je ne m'acharne pas à travailler des heures et des heures car il y a blocage au bout d'un certain temps, et je reprends la chose soit quelques heures après ou le lendemain et je m'aperçois que ça passe tout seul.
Le seul travail très assidu (il m'arrive parfois de travailler 10 heures par jour) est lorsque je dois faire un concerto par coeur. Là, je dois, par la répétition, m'ancrer la partition dans l'esprit et je ne fais que relire dans ma tète cette partition, lorsque je fais l'exécution par coeur (répé ou concert). Je sais où j'en suis, je connais la situation de chaque mesure, de chaque ligne, de chaque page.
J'ai baptisé la méthode que je tente de décrire au début de mon propos de:
"Méthode positive". On retient nettement mieux et on progresse avec une rapidité étonnante si l'on ne retient QUE ce qui est bon, et en "passant" sur ce qui accroche. Cela évite la perte énorme de temps de reprise sur les mesures qui accrochent et qui font un blocage de l'esprit.

A un niveau moindre, je pense que le travail mesure par mesure est toujours bon.

Tu proposes, cher Hector, la méthode Shakespeare. C'est un bon choix: http://74.125.77.132/search?q=cache:NxhCyJjGES0J:fr.wikipedia.org/wiki/Mesure_pour_mesure+shakespeare+measure+for+measure&cd=17&hl=en&ct=clnk&gl=uk&lr=lang_fr

Je t'expliquerai ma methode dans quelques jours

Merci de ta réponse Roland! :)

Citation :

Je fais une première lecture. ensuite, je laisse un peu de temps, une heure par exemple en jouant autre chose, et je reviens dessus.
J'ai la surprise de constater que "ça va mieux" à la deuxième reprise, sans que pour autant, il y ait eu travail entre-temps.

J'ai fait la même constatation. C'est étonnant d'entendre comment ç'a pu évoluer, sans qu'on travaille le passage durant 4 heures! Faut seulement laisser aux choses le temps de mûrir un peu sans s'acharner dessus je crois.

Lorsque tu apprends une nouvelle pièce, comment la travailles-tu ?
(Je connais des gens qui vont placer le texte, toutes les notes, durant quelques jours/semaines. Après ils rangent la partition, et un mois ou deux après ils la ressortent et la pratiquent un peu. Ils la rangent à nouveau pour un petit moment et après la travaillent pour de bon)

Je crois que dans le travail musical il faut considérer deux choses, trois en fait :

La première est de pratiquer son instrument ou sa voix, le plus possible. Je me souviendrai toute ma vie d’un de mes anciens et paternels professeur qui m’a dit en me voyant arriver du haut de mon tout jeune âge ( ! ) :
« Tu sais, la musique, c’est trois choses seulement : la première, c’est le travail, la seconde, c’est le travail et la troisième c’est aussi et surtout le travail ».
J’ai pu vérifier la véracité de ses sages paroles tout au long de ma vie musicale.

Pour ce qui est de la première: La pratique, disons « digitale » ne s’acquiert que par un travail pratique assidu voir acharné. Il faut faire entrer les automatismes du rapport que nous devons avoir avec notre instrument (ou notre voix qui est un instrument aussi) Sans oublier l'endurence, c'est particulièrement valable pour des instruments à pratique éprouvante, souffle, poids de l'instrument, posture anatomique particulière etc...

La seconde est la facilité de déchiffrage. Lorsque la lecture est acquise il faut travailler l’automatisme qui consiste à « oublier » l’instrument et passer directement de la lecture au restitué sonore.

La troisième est le travail proprement dit qui concerne l’exécution d’une oeuvre avec ses finesses, ses nuances et la fiabilité d'exécution. Et la réponse que j’ai donnée dans le poste précédent ne concernait en fait que ce point.

Le cerveau fonctionne bien mystérieusement... Et tous les jours ne se ressemblent pas du point de vue des résultats, chacun le sais (malheureusement).

J’ai même constaté que certains passages « digitaux » particulièrement délicats et NON RESOLUS à une époque, passent très facilement en ressortant une vielle partition oubliée depuis des années... Mystère. Mais c’est pour notre bonheur.

C’est pourquoi la musique est et reste un univers qui frise le magique. Ne cherchons pas trop a élucider tout cela.....

J'aime bien les explications de Roland que je partage en grande partie meme si je n'ai pas la meme méthodologie de travail

Oui, c'est très instructif. Merci Roland!

Oui merci beaucoup Roland! Tu as apporté des éléments nouveaux que je vais pouvoir intégrer à mes pratiques.

Et snoopy, nous décriras-tu la tienne lorsque tu auras le temps ??

Oui, j'attends de rentrer à Moscou en fin de semaine pour t'expliquer "ma" méthode car ici ce n'est pas pratique, de plus, je ne suis plus habitué au clavier français AZERTY donc je mets plus de temps à écrire.

En attendant...ICI...

D'accord!! J'attend avec impatience ta réponse!

Ah oui, c'est vrai, j'avais oublie!

Demain car la il est tard...

Zut, j'ai pas (encore) le courage. Je sais que je vais ecrire 3 pages encore alors...

t'en fais pas, j'ai beaucoup de patience....

Tant mieux. En fait c'est aussi parce que je suis de fort mechante humeur depuis quelques jours ( et ca risque de durer ) est quand je suis contrarie, je n'ai pas envie d'ecrire des romans...

Bon, je chauffe, je me sens bientot pret a repondre...

Yéééah!

Bon, c'est le grand jour! J'explique donc "ma" methode meme si elle a change en cours de route et change encore parfois selon la difficulte de l'oeuvre. J'occulte volontairement tout le travail de "preparation" qu'on nous impose dans la fameuse methode dite "russe" qui ne servirait qu'a expliquer ce qu'on endure mais qui n'est pas a proprement parler une methode ou une facon pour apprendre a jouer. Par contre, detestant jouer a vue, j'apprends toujours mes partitions par coeur.

Donc...Quand j'ai une partition de piano a jouer par exemple, voila les etapes:

1. Je lis la partition dans son integralite pour voir un peu les problemes que je vais rencontrer selon mon niveau et mes aptitudes

2. Je note toutes les alterations a la cle pour ne pas les oublier et souligne sur la partition, a l'inverse, les becarres pour me rappeller qu'ici il ne faut pas prendre en compte les alterations.

3. J'essaie une premiere fois de jouer toute la partition des deux mains ( mais mal ) pour voir ou ca va coincer ou non

4. Je repere les passages qui me posent problemes et les entourent, parfois je note meme les notes au dessus pour mieux les memoriser et souligne au fluo toutes difficultes possible de ce passage ( alteration, becarre, trille, etc..)

5.A partir de ce moment 2 possibilites selon mon humeur et la difficultes des passages:

A. Soit je travaille tout de suite les passages difficiles pour etre tranquille avec plus tard et les integrer facilement dans le processus d'apprentissage ensuite.

B. Soit je commence normalement en "passant" les passages difficiles pour y revenir plus tard.

Parfois ce n'est ni la difficulte ou la facilite qui dirige mon choix pour apprendre un bout plutot qu'un autre mais plutot parce que ce passage me plait bien ( comme dans la rhapsodie hongroise n 2 de Liszt ou un concerto de Beethoven, en particulier le 5 )

Que ce soit le cas A ou le cas B, ensuite:

- Je joue la cle de sol avec la main droite, non pas par mesure, mais l'integralite de la partition. 5 ou 6 fois selon la difficulte.

- Apres je joue la cle de fa avec la main gauche, non pas par mesure, mais l'integralite de la partition. 5 ou 6 fois aussi selon la difficulte.

Cela dans le but d'avoir une idee generale des mouvements, des liaisons, les reflexes a avoir, mieux connaitre le phrase de la partition, etc...Un peu comme a l'etape 3 en fait, mais cette fois ci, mains separees.

6. Je joue cette fois ci des deux mains, mesure par mesure pour chaque page. A ce stade, je cherche donc "la mise en place" correcte sans me soucier de l'interpretation.

7. Une fois que j'ai assimile toutes les pages de la partitions avec la facon 6, j'essaie de rejouer la partition dans son integralite uniquement de memoire. Si je merdouille, je retravaille un peu le passage difficile et je reprends depuis le debut.

8. Une fois que je connais la partition par coeur, je la joue en boucle des dizaines de fois pour dire de bien m'en souvenir et de developper ce que j'appelle la "memoire mecanique". ( c est a dire que je l aurais tant joue que je serai encore capable de la jouer sans partition des mois apres, parce que mes doigts se souviennent ).

9. Enfin, en regle general, dans les premiers temps, meme si je passe a autre chose ensuite, je joue la partition tous les jours pour beneficier de l'etape 8. Ensuite, je passe a 1 fois par semaine et de moins en moins tout en faisant regulierement attention de verifier que je n'oublie pas pour en pas perdre le fruit de tout ce laborieux travail. Cela me permet d'accumuler un repertoire et de ne jouer toujours de memoire.

Merci beaucoup Snoopy! C'est donc ta manière pour apprendre un texte par coeur. Est-ce que c'est seulement ça que tu fais pour chaque pièce ou bien tu fais un petit travail d'analyse et tu travailles l'interprétation?

Et que veux-tu dire par ..?

Citation :

J'occulte volontairement tout le travail de "preparation" qu'on nous impose dans la fameuse methode dite "russe" qui ne servirait qu'a expliquer ce qu'on endure mais qui n'est pas a proprement parler une methode ou une facon pour apprendre a jouer.

Lidelse a écrit:

Est-ce que c'est seulement ça que tu fais pour chaque pièce ou bien tu fais un petit travail d'analyse et tu travailles l'interprétation?

Je ne fais aucune analyse de la partition, je ne suis pas la pour ca, mais pour la jouer. Donc je ne cherche pas a "comprendre". Quant a l'interpretation elle se travaille proportionnellement a mon avancée de la maitrise du morceau, mais en general a partir de l'etape 7.

Citation :

Et que veux-tu dire par ..?
J'occulte volontairement tout le travail de "preparation" qu'on nous impose dans la fameuse methode dite "russe" qui ne servirait qu'a expliquer ce qu'on endure mais qui n'est pas a proprement parler une methode ou une facon pour apprendre a jouer.

C'est une longue histoire qui merite que je m'echauffe de nouveau!