"Richard III" de Battistelli à l'Opéra du Rhin

Un assassin stakhanoviste, des têtes qui tombent sans relâche, des flots d'hémoglobine: Giorgio Battistelli nous emmène à un rythme d'enfer dans "Richard III", le drame sanguinolent de Shakespeare, donné en création française samedi à l'Opéra du Rhin de Strasbourg.

Et pourtant l'oeuvre qui célèbre les noces diaboliques du pouvoir et de la mort évite le kitch et la caricature grâce à la musique violente du compositeur italien, la mise en scène grandiose du Canadien Robert Carsen et l'interprétation fabuleuse de Scott Hendricks (Richard), le baryton texan qui crève la scène avec son énergie vitale et la force de sa pulsion sexuelle.

Image frappante entre toutes: Richard séduisant Lady Anne (Lisa Houben) sur le cercueil de son mari, qu'il a fait tuer après avoir assassiné son père. Il ose cette ignominie. Et même s'il reçoit en retour crachat et injures, il finit par gagner comme il l'avait froidement calculé. Comme un joueur cruel.

La forte scène où Lady Anne explique comment elle a cédé à ce monstre est l'une de celle qui donne à l'oeuvre une part d'humanité.

L'opéra fourmille d'images fortes. Le décor est constitué principalement de gradins d'arène de guingois, comme sur le point de s'écrouler, et de sable rouge. "Le sable, c'est le cirque, l'arène politique, c'est un espace où se battre, mais c'est aussi une arène pour la tauromachie", a expliqué Robert Carsen avant la première. "Mais le sable rouge, c'est aussi une matière qu'on utilise comme un liquide qui coule, comme le sang", ajoute-t-il.

Sous des lumières bleues, noires ou très blanches, le sang/sable jaillit en effet en jets spectaculaires. Mais il sert aussi à faire des pâtés de sable, ou à dessiner des tours-prisons...

Les gradins du cirque sont le lieu de chorégraphies très visuelles, très stylisées, pour le choeur qui joue tour à tour la foule des enterrements, des couronnements, le peuple, les courtisans ou les soldats de la bataille finale. Le choeur en noir est armé de pelles ou de parapluies, ouverts ou fermés. La couronne d'Angleterre, objet de toutes les convoitises, scintille.

Le public strasbourgeois, qui assistait à l'Opéra du Rhin à l'un des premiers spectacles du festival Musica, a tout spécialement acclamé Scott Hendricks.

"Richard III", à Strasbourg les 21 et 23 septembre, et à Mulhouse le 4 octobre.

Et à Genève du 24 janvier au 1er février 2012
Critique de la Tribune de Genève:
Comnme le dit Snoopy, spectacle fabuleux, avec la même mise en scène du canadien Robert Carsen
et les mêmes décors de Radu Boruzescu.
Selon le critique "les 4 acteurs artistiques en jeu ...semblent ne faire qu'un...
On imagine mal une autre relecture de cette version."
Quant aux artistes: " Fabuleux Tom Fox: le baryton tient à bout de voix le rôle écrasant de Richard III.
Aussi magnifique acteur que chanteur, ... La force dramatique de Marion Amman (Lady Anne), la carrure vocale
et théâtrale de Renée Morlac (duchesse d'York), les qualités de timbres et de chant de Bruno Balmetti
(Hastings), etc. ..... n'écrasent en rien le reste de la nombreuse distribution, très homiogène,
et du formidable choeur scindé en deux groupes de trente chanteurs (sur scène et en coulisse)."
Et pour finir: " On ne saura enfin que saluer le travail fouillé et la puissance musicale du Basel Sinfonietta,
placé sous l'attentive direction de Zoltan Pesko. C'est-à-dire qu'à tous les niveaux, cettre production marquante
représente une véritable réussite".

Suite à l'article quant à la musique:
"L'ouvrage, dont le sucès est mérité,... a trouvé l'équilibre parfait entre musique et théâtre. Giorgio Battistelli, en se concentrant sur un orchestration traditionnelle,
qui fait échco à la convention de traitement de chef d'oeuvre clissaique, tape dans le mille. Shakespeare est respecté."

Un extrait :

Merci Bel Canto, je n'ai même pas eu l'idée d'aller voir sur you tube.
Je ne trouve pas si compliqué en effet pour du "moderne", rien à voir avec Lulu , excuse-moi Icare
Ce que je trouve de drôle, c'est que je n'ai vu aucune publicité dans les journaux AVANT les représentations.
Enfin, c'est l'habitude à Genève, et ils s'étonnent de ne pas remplir la salle à toutes les représentations
lorsque le Grand Théâtre propose un opéra intéressant.
Bon avec la Traviata, par exemple, il n'y a pas besoin de pub !

J'aime plutôt bien la musique de Battistelli sur lequel j'avais récemment consacré un topic, et je viens d'écouter deux oeuvres de lui aujourd'hui-même.

Je viens de lire que l'opéra a été joué en première mondiale à Gand au Vlaamse Opera le 20 février 2005.
Mes amis Wallons n'auraient-ils été au courant?

shanessean a écrit:

Je viens de lire que l'opéra a été joué en première mondiale à Gand au Vlaamse Opera le 20 février 2005.
Mes amis Wallons n'auraient-ils été au courant?

Cela ne me dit rien mais je ne me tiens pas informée de tout ce qui se passe d'un point de vue musical en Belgique (même si c'est un tout petit pays ). De plus, le contemporain et moi ... c'est un peu comme Bach et moi, quoi (zut, je vais encore faire de la peine à Jean et Icare ... ). Cela n'a donc rien à voir avec une 'frontière linguistique'

Je viens d'aller voir sur le site du 'Vlaams Opera' et je vois que cette année sera donné en mai 'Le duc d'Albe', un opéra jamais terminé par Donizetti et terminé cette année par Giorgio Battistelli en transformant cet opéra ancien en opéra moderne.
Création mondiale de la version originale française.
http://vlaamseopera.be/fr/#!/saison-2011-2012/le-duc-d-albe?mode=overlay
(par parenthèses pour ceux qui se laisseraient tenter, Ismael Jordi - Henri de Bruges- est un très bon ténor !)

Un lien chez ResMusica concernant la création de 'Richard ...' en 2005.

Bel Canto a écrit:

De plus, le contemporain et moi ... c'est un peu comme Bach et moi, quoi (zut, je vais encore faire de la peine à Jean et Icare ... ). Cela n'a donc rien à voir avec une 'frontière linguistique'

Mais non on t'aime quand même ...(je ne m'engage pas beaucoup en pensant qu'Icare dirait comme moi!!)

Jean a écrit:

Bel Canto a écrit:

De plus, le contemporain et moi ... c'est un peu comme Bach et moi, quoi (zut, je vais encore faire de la peine à Jean et Icare ... ). Cela n'a donc rien à voir avec une 'frontière linguistique'

Mais non on t'aime quand même ...(je ne m'engage pas beaucoup en pensant qu'Icare dirait comme moi!!)

Jean a écrit:

Bel Canto a écrit:

De plus, le contemporain et moi ... c'est un peu comme Bach et moi, quoi (zut, je vais encore faire de la peine à Jean et Icare ... ). Cela n'a donc rien à voir avec une 'frontière linguistique'

Mais non on t'aime quand même ...(je ne m'engage pas beaucoup en pensant qu'Icare dirait comme moi!!)

Mais bien sûr...









Je rigole.