Jan van Gilse (1881-1944)

Jan Pieter Hendrik van Gilse (Rotterdam, 11 mai 1881 - Oegstgeest, 8 Septembre 1944) est un compositeur et chef d'orchestre néerlandais. Parmi ses œuvres les plus renommées,  cinq symphonies et l'opéra en langue néerlandaise Thijl.


Issu d'une famille de théologiens, Jan van Gilse a montré une aptitude précoce pour le piano et la composition. À partir de 1897, il étudie au conservatoire de Cologne. Après son maître, Franz Wüllner, décédé en 1902, il poursuit ses études avec Engelbert Humperdinck à Berlin. De 1909 à 1911, il a étudié en Italie. En 1901, van Gilse a reçu le Prix Beethoven-Haus de Bonn pour sa première Symphonie en fa majeur; En 1906, le prix Michael Beer lui a été décerné pour sa Troisième Symphonie, «Erhebung» («Résurrection»; pour soprano solo et orchestre).
En plus de composer, van Gilse rapidement développé un intérêt pour la conduite d'orchestre. Il a commencé à l'opéra de Brême, un poste qui a été suivi à Munich et Amsterdam. Après l'éclatement de la Première Guerre mondiale, il est retourné aux Pays-Bas. De 1917 jusqu'en 1922, il était le chef d'orchestre de l'Orchestre municipal d'Utrecht (Utrechtsch Stedelijk Orkest).

En 1921, van Gilse a démissionné après un conflit avec le conseil d'administration de l'orchestre. Van Gilse avait été attaqué pendant un certain temps par le compositeur et critique musical Willem Pijper dans le quotidien Dagblad d'Utrecht, attaques qui ont grandi dans la méchanceté au fur et à mesure du temps. La demande de Van Gilse de se voir refuser l'accès à des concerts a été bloqué par Pijper pendant un tel laps de temps qu'il a perdu la foi et a démissionné. Le conseil d'administration lui a même refusé un concert d'adieu.

Huit ans plus tard, Van Gilse mit son expérience à Utrecht par écrit. L'autobiographie était importante, et contient près de 350.000 mots. Cependant, parce qu'il n'a pas épargné quelqu'un ou quelque chose (y compris lui-même), van Gilse doutait que le manuscrit ne saurait jamais voir la lumière du jour. Il a finalement été édité et publié en 2003.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, van Gilse a participé activement au mouvement de résistance contre l'occupation allemande des Pays-Bas. Ses deux fils, qui étaient aussi des combattants de la résistance, ont été tués par les occupants avant que van Gilse ne succombe lui même (probablement à la pneumonie), à ​​l'automne 1944. Pour protéger son abri, il a été enterré dans une tombe anonyme à l'extérieur du village de Oegstgeest.



De 1933 à 1937, van Gilse servi comme directeur du Conservatoire d'Utrecht. Il a également été actif dans la protection des intérêts des compositeurs des Pays-Bas. En 1911, van Gilse a été l'un des fondateurs de la Société des musiciens néerlandais (van Nederlandse Genootschap Componisten ou Geneco). Un an plus tard, il a contribué à la création du Bureau néerlandais des droits d'auteur de musique (Buma).


Le style du début des compositions de Van Gilse est redevable de la fin du romantisme allemand. Après environ 1920, cependant, il devient plus moderniste. Son opéra Thijl (1940), souvent considéré comme son chef-d'œuvre, et sans doute l'opéra le plus important dans l'histoire musicale hollandaise, est l'une de ses dernières œuvres et d'une conception tout à fait individuelle. Une tentative par les occupants allemands pour détruire tous les travaux de van Gilse a été empêchée par ses collaborateurs.
Récemment, l'intérêt pour van Gilse a augmenté, aidé par la publication de son autobiographie (édité par Hans van Dijk) et une biographie.  Le label allemand CPO a enregistré ses cinq symphonies, avec des plans en cours pour enregistrer l'opéra Thijl dans un avenir proche, le tout sous la direction du chef d'orchestre David Porcelijn.


Oeuvres principales

Symphonies:

Symphonie n° 1 en fa majeur (1900–01; enregistrée)
Symphonie n° 2 en mi bémol majeur (1902-1903; enregistrée)
Symphonie n° 3 en ré mineur, « Erhebung » pour soprano et orchestre (1903 ; enregistrée)
Symphonie n° 4 en la majeur "Printemps" (1910-1915; enregistrée)
Symphonie n° 5 en ré majeur (Fragment; 1922)


Oeuvres orchestrales :

Ouverture de concert en ut mineur (1900; enregistrée)
Variations sur une chanson de Saint-Nicolas pour petit orchestre (1908)
Three Dance Sketches pour piano et petit orchestre (1925–26)
Prologus brevis en fa, dédié à Willem Mengelberg (1928)
Préludium à "Der Kreis des Lebens" (1928)
Petite Valse (1936)
Treurmuziek bij den dood van Uilenspiegel, from the opera Thijl (1940; recorded)
Andante con moto (date incertaine : après 1935)


Musique de chambre

Nonet pour hautbois, clarinette, basson, cor, 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse (1916)
Quatuor à cordes (1922)
Trio pour flûte, violon et violoncelle (1927)


Works for voice(s) & orchestra:

De waterielie, pour mezzo-soprano (ou contralto) et orchestre (1899)
Sulamith, cantate pour soprano, tenor, baryton, chorus et orchestre (1901–02; enregistrée)
Two Songs for voice and orchestra (1903)
Eine Lebensmesse, cantata after Richard Dehmel for soprano, tenor, chorus and orchestra (1903–04)
Drei Gesänge für eine mittlere Singstimme und Orchester, sur des textes de Friedrich Nietzsche , Maria Magdalena et Dina Mollinger-Hooije(1904-05)
Drei Gesänge aus Rabindranath Tagores 'Gitanjali', pour soprano et orchestre (1915)
Drei Gesänge aus Rabindranath Tagores 'Der Gärtner, pour soprano et orchestre (1923)
Der Kreis des Lebens, cantate pour soprano, ténor, chœur et orchestre (1928–1929)
Rotterdam, declamatorium on a text by Jan Prins (unfinished; 1942)


Operas:

Frau Helga von Stavern, opera on a text by Van Gilse, in German (1911–13)
Thijl, opera after Charles de Coster's novel The heroic, jolly and notorious acts of Uilenspiegel and Lamme Goedzak in Flanders Country and elsewhere, on a libretto by Hendrik Lindt (1940; recorded)

Très belle musique, n'est ce pas ?

Après avoir écouté ses deux premières symphonies, ce CD :




voici sa longue troisième symphonie (63 minutes) "Erhebung" (Elévation), avec soprano solo dans les troisième et cinquième mouvements qui interprète deux poésies du Cantique des Cantiques. J'y trouve une certaine influence wagnérienne.

Jan Pieter Hendrik van Gilse est né à Rotterdam le 11 mai 1881, le plus jeune fils de Jan Albert van Gilse et de Maria Auguste Höckelmann. Il avait deux frères et deux sœurs. Son père était avocat, journaliste et impliqué dans l'activisme politique; de 1897 à 1901, il est membre du gouvernement (Parti de l'Union libérale).

Dès son plus jeune âge, Jan savait qu'il voulait devenir chef d'orchestre et compositeur. Il s'inscrit au Conservatoire de Cologne en 1897. Ses professeurs sont Franz Wüllner pour la direction et la composition, et Max van de Sandt pour le piano. Encore étudiant, il connaît déjà ses premiers succès avec son Ouverture de concert et sa Première Symphonie. Après avoir quitté Cologne, il poursuit ses études pendant quelques années avec Engelbert Humperdinck à Berlin.

En 1905, van Gilse obtient son premier emploi : chef de répétition au Stadt Theater de Brême. Cette même année, il achève et dirige les représentations de sa 3e symphonie "Erhebung", à Brême et à Amsterdam. L'œuvre a reçu un prestigieux prix de la musique allemande, ce qui lui a permis de travailler à Rome pendant deux ans. Malheureusement, il n'a pas apprécié son séjour dans la "Ville éternelle" ; il avait trop le mal du pays pour travailler. À son grand soulagement, cette période se termina en mai 1911 et lui et sa riche épouse Ada Hooijer s'installèrent à Munich. Une fois sur place, il travaille sur un opéra, Frau Helga von Stavern, qui ne sera jamais joué, et complète son premier cycle de mélodies (avec orchestre) sur des textes du Gitanjali de Rabindranath Tagore. Leurs deux enfants sont également nés à Munich : Janric (1912) et Maarten (1916).

Pendant ce temps, la Première Guerre mondiale était en cours et les conditions à Munich empiraient de jour en jour. Par conséquent, il a semblé plus sage de retourner aux Pays-Bas. Mais van Gilse n'a pas pu trouver d'emploi à son goût. Dans le passé, il avait postulé pour un emploi de chef d'orchestre avec l'Orchestre Residentie (La Haye) et l'Orchestre du Concertgebouw (Amsterdam) mais a été rejeté par toutes sortes d'intrigues. Une demande d'emploi à Arnhem a également échoué. Enfin, en 1917, il est nommé chef d'orchestre à l'Orchestre municipal d'Utrecht, car son chef Wouter Hutschenruyter, après des décennies de loyaux services, devient directeur de l'école de musique de Rotterdam.

Après sa période à Utrecht, Van Gilse retourna en Allemagne, mais quand Hitler arriva au pouvoir, il quitta ce pays en 1933. Cette année-là, Richard Strauss, qui connaissait bien Van Gilse, lui avait demandé s'il voulait travailler dans une institution internationale pour les droits des compositeurs. L'institut à créer serait placé sous les auspices allemands. Cependant, Van Gilse a décliné l'offre de Strauss. Il soupçonnait que l'Allemagne nazie l'utiliserait à d'autres fins.

Il a joué un rôle important dans la résistance néerlandaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Après s'être prononcé contre le national -socialisme, l' occupant allemand l'a menacé d'emprisonnement. Peu de temps avant une invasion allemande de sa maison à Amsterdam en février 1942, il dut se cacher. Il s'enfuit d'une cachette à l'autre avec sa femme Ada. Entre- temps , les forces d'occupation exécutent leurs deux fils, à six mois d'intervalle : le 1er octobre 1943, Maarten (Mik), le plus jeune, et le 28 mars 1944 Janric, l'aîné. Tous deux étaient des résistants fanatiques.

Dans sa dernière cachette, avec son collègue compositeur Rudolf Escher à Oegstgeest, Jan van Gilse tomba gravement malade. Après quelques mois de maladie, il mourut le 8 septembre 1944. Il était ainsi resté hors des mains de l'occupant. Il a été enterré sous un faux nom pour protéger ses proches.

Van Gilse a composé quatre symphonies et deux opéras, dont Thijl. Son style s'apparente à celui du romantisme tardif allemand, à l'exception de quelques modernismes dans les œuvres ultérieures. Son style doit beaucoup aux exemples de son professeur Humperdinck, de Richard Strauss et Gustav Mahler. Dans sa musique de chambre, il montre également une certaine influence de Johannes Brahms. Certains de ses travaux ont été publiés par AA Noske Music Publishers.



Symphonie n° 3 en ré majeur "Elévation"



https://www.youtube.com/watch?v=CFj93WwTLg8

I. Langsam (0:00)
II. Leidenschaftig und heftig bewegt (8:46)
III. Sehr langsam und schwermütig (20:43)
IV. Lebhaft und sehr kräftig (30:23)
V. Äußerst langsam und sehr ruhig (41:08)

Netherlands Symphony Orchestra dirigé par David Porcelijn.
Soprano solo : Aile Asszonyi.

Sa Troisième Symphonie est une œuvre expansive. Ses pages sont remplies de couleurs denses et d'orchestrations qui s'élèvent continuellement à un statut élevé.