Felix Draeseke est un compositeur allemand né à Cobourg le 7 octobre 1835 et mort à Dresde le 26 février 1913.
Felix Draeseke est né dans la ville ducale franconienne de Coburg, en Allemagne. Il a été attiré par la musique très tôt et a écrit sa première composition à l'âge de 8 ans. Il n'a rencontré aucune opposition de la part de sa famille lorsque, au milieu de l'adolescence, il a déclaré son intention de devenir musicien professionnel. En 1852, il entre au Conservatoire de Leipzig pour étudier la composition avec Julius Rietz.
Quelques années au conservatoire de Leipzig ne semblent pas être bénéfiques à son développement, mais après l'une des premières représentations de Lohengrin de Wagner, il est intégré au camp de la Nouvelle École allemande centrée sur Franz Liszt à Weimar, où il reste à partir de 1856 (arrivée juste après le départ de Joachim Raff) jusqu'en 1861.
Il part en Suisse en 1862, où il enseigne à Lausanne de 1864 à 1874 puis à Genève jusqu'en 1876, date où il retourne en Allemagne, il choisit Dresde comme lieu de résidence. Bien qu'il continue à connaître du succès en composition, ce n'est qu'en 1884 qu'il reçoit une nomination officielle au conservatoire de Dresde et, avec elle, une certaine sécurité financière. En 1894, deux ans après sa promotion au poste de professeur au Conservatoire royal de Saxe, à l'âge de 58 ans, il épouse son ancienne élève Frida Neuhaus. En 1912, il achève sa dernière œuvre orchestrale, la Quatrième Symphonie.
Le 26 février 1913, Draeseke fut victime d'un accident vasculaire cérébral et en mourut ; il est enterré au cimetière Tolkewitz à Dresde
Révolutionnaire en musique dans sa jeunesse, il n'adhéra pourtant pas, plus tard, aux tendances modernes du 20ème siècle, comme Richard Strauss contre lequel il rédigea un pamphlet en 1906.
Musique
Au cours de sa carrière, Draeseke a réparti ses efforts presque également entre les genres de composition et a composé dans la plupart d'entre eux, notamment des symphonies, des concertos, des opéras, de la musique de chambre et des œuvres pour piano solo. Avec sa première Sonate pour piano en do dièse mineur Sonate quasi Fantasia de 1862-1867, il suscita un intérêt majeur, gagnant l'admiration sans réserve de Liszt comme l'une des sonates pour piano les plus importantes après Beethoven. Ses opéras Herrat (1879, à l'origine Dietrich von Bern) et Gudrun (1884, d'après l'épopée médiévale du même nom) rencontrèrent un certain succès, mais furent par la suite négligés.
Draeseke a suivi avec attention les nouveaux développements dans toutes les facettes de la musique. Ses compositions de musique de chambre utilisent des instruments nouvellement développés, parmi lesquels la violotta, un instrument développé par Alfred Stelzner comme intermédiaire entre l'alto et le violoncelle, que Draeseke a utilisé dans son Quintette à cordes en la majeur, ainsi que la viole alta, un instrument développé pendant les années 1870 par Hermann Ritter et le prototype d'alto expressément approuvé par Richard Wagner pour son orchestre de Bayreuth.
Compositeur fortement contrapuntique, Draeseke se délectait de l'écriture de musique chorale, obtenant un succès majeur avec son Requiem en si mineur de 1877-1880. Son œuvre la plus contrapuntique s'appelle Mysterium 'Christus', composée d'un prologue et de trois oratorios distincts et nécessite trois jours pour une exécution complète, œuvre qui l'occupa entre les années 1894-1899 mais dont la conception remonte aux années 1860. Selon certains, la Symphonie tragique de Draeseke (Symphonie n°3 en do majeur, op. 40) mériterait une place aux côtés des symphonies de Brahms et de Bruckner. Parmi les autres œuvres orchestrales de Draeseke figurent la Sérénade en ré majeur (1888) et son compagnon de la même année, le prélude symphonique d'après Penthesilea de Kleist.
Au cours de sa vie et peu après sa mort, la musique de Draeseke était tenue en haute estime, même parmi ses adversaires musicaux. Ses compositions ont été fréquemment interprétées en Allemagne par les plus grands artistes de l'époque, notamment Hans von Bülow, Arthur Nikisch, Fritz Reiner et Karl Böhm. Cependant, comme von Bülow lui a fait remarquer un jour, il était un « harte Nuß » (« un dur à cuire ») et malgré la qualité de ses œuvres, il « ne serait jamais populaire parmi les gens ordinaires ». Draeseke pouvait être très critique, ce qui conduisait parfois à des relations tendues, le cas le plus notoire étant celui avec Richard Strauss, lorsque Draeseke attaqua Salomé de Strauss dans son pamphlet de 1905 Die Konfusion in der Musik — plutôt surprenant, car Draeseke avait une nette influence sur le jeune Strauss.
La musique de Draeseke a été promue pendant le Troisième Reich. Après la Seconde Guerre mondiale, les changements de mode et de climat politique ont permis à son nom et à sa musique de sombrer dans l'obscurité. Mais à la fin du XXe siècle, de nouveaux enregistrements suscitent un regain d'intérêt pour sa musique.
Oeuvres principales :
Œuvres pour orchestre
Symphonies
1856 : Symphonie en ut majeur "Jugend symphonie (perdue)
1872 : Symphonie n° 1 en sol majeur op. 12 (commencée en 1868) ;
1876 : Symphonie n° 2 en fa majeur op. 25 ;
1886 : Symphonie n° 3 Symphonia tragica en ut majeur op. 49 ;
1912 : Symphonie n° 4 Symphonia comica en mi mineur WoO 38.
Concertos
1876 : Andante symphonique pour violoncelle et orchestre en mi mineur, WoO 11
1881 : Concerto pour violon et orchestre en mi mineur WoO 15 ;
1886 : Concerto pour piano et orchestre en mi bémol majeur op. 36
1910 : Konzertstück "Feenzauber" pour harpe et orchestre, WoO 36
Autres œuvres
1860 : Julius Caesar, poème symphonique WoO 6 (révisé en 1865) ;
1861 : Germania-Marsch, WoO 3c
1862 : Ouverture pour l'anniversaire de la Princesse Constantin, de Constantin Hohenzollern-Hechingen, WoO 8
1865 : Frithjof, poème symphonique, WoO 7
1886 : Marche pour une fête de jubilé (Jubiläumsfestmarsch) op. 54 ;
1888 : La vie est un songe (Das Leben ein Traum), prélude symphonique op. 45 ;
1888 : Sérénade en ré majeur pour petit orchestre op. 49 ;
1888 : Penthesilea, prélude symphonique op. 50 ;
1890 : Ouverture pour une fête académique (Akademische Festouvertüre) op. 63 ;
1898 : Ouverture de jubilé (Jubel-ouvertüre) op. 65 ;
1903 : Le Lac de Thoune (Der Thunersee), poème symphonique WoO 27 ;
1904 : Der Traum ein Leben, prélude symphonique, WoO 29
1906 : Marche funèbre (Trauermarsch) op. 79 ;
1910 : Magie féerique (Feenzauber), morceau de concert (Konzertstück) avec harpe WoO 36.
Musique de chambre
1867 : Ballade pour violoncelle et piano en si mineur op. 7 ;
1872 : Barcarolle pour violoncelle et piano en la mineur op. 11 ;
1880 : Quatuor à cordes n° 1 en ut mineur op. 27 ;
1886 : Quatuor à cordes n° 2 en mi mineur op. 35 ;
1888 : Quintette pour piano, violon, alto, violoncelle et cor en mi bémol majeur op. 48 ;
1888 : Sonate pour clarinette et piano en si bémol majeur op. 38 (+ version alternative pour violon et piano, mêmes tonalité et op.) ;
1890 : Sonate pour violoncelle et piano en ré majeur op. 51 ;
1892 : Sonate n° 1 pour alto et piano en ut mineur WoO 21 ;
1895 : Quatuor à cordes n° 3 en ut dièse mineur op. 66 ;
1897 : Quintette à cordes (Stelzner Quintett) en la majeur WoO 25 ;
1901 : Quintette à cordes en fa majeur op. 77 ;
1902 : Sonate n° 2 pour alto et piano en fa majeur WoO 26 ;
1911 : Suite pour deux violons op. 86 ;
1911 : Petite Suite (Kleine Suite) pour cor anglais (ou hautbois) et piano op. 87.
Pièces pour piano
1862/63 : 2 Fantasiestücke in Walzerform, op. 3
1864 : Polonaise en ré majeur WoO 10 ;
1866 : Fantaisie sur des thèmes de La Dame blanche de Boieldieu op. 8 ;
1867 : Deux valses de concert (Zwei Konzerwalzer) op. 4 ;
1867 : Sonata quasi fantasia en ut dièse mineur op. 6 (commencée en 1862) ;
1869 : Petite histoire, op. 9
1876 : Six fugues op. 15 ;
1877 : Fata Morgana, ein Ghaselenkranz, op. 13 ;
1877 : Dämmerungsträume, op. 14
1883 : Ce que chante l'hirondelle (Was die Schwalbe sang), cinq pièces lyriques op. 21 ;
1883 : Miniatures (Miniaturen), six pièces op. 23 ;
1888 : Dix-huit canons (Kanons) op. 37 (à quatre mains, commencés en 1882) ;
1888 : Rétrospectives (Rückblicke), cinq pièces lyriques op. 43 ;
1888 : En partance vers le soleil (Scheidende Sonne), neuf pièces op. 44.
Œuvres pour voix soliste(s) et/ou chorales
Opéras
(Livrets du compositeur)
1857 : Le Roi Sigurd (König Sigurd), opéra en 3 actes WoO 2 (commencé en 1853) ;
1877 : Dietrich de Berne (Dietrich von Bern), opéra en 3 actes WoO 12 (révisé par Otto zur Neden en 1925) ;
1879 : Herrat, opéra en 3 actes WoO 13 (révisé en 1885) ;
1884 : Gudrun, opéra en 3 actes WoO 14 (commencé en 1879) ;
1894 : Bertran de Born, opéra en 3 actes WoO 22 ;
1895 : Le Pêcheur et le Calife (Fischer und Kalif), opéra-comique en un acte WoO 24 ;
1905 : Merlin, opéra en 3 actes WoO 30.
Autres œuvres avec chœurs
1859 : Germania an ihre Kinder, pour soprano, chœur d'hommes et orchestre, WoO 3a
1859 : Germania, pour chœur d'hommes et orchestre, WoO 3b
1862/68 : Der Schwur im Rutli, cantate pour soprano, chœur d'hommes et orchestre à vents ou petit orchestre, WoO 9
1871/75 : Adventlied pour solistes, chœur et orchestre, op. 30
1883 : Requiem pour soli, chœurs et orchestre en si mineur op. 22 ;
1885 : Trois chants pour chœur d'hommes a cappella op. 28 (commencés en 1880) ;
1887 : Osterszene nach Goethe'Faust, pour baryton, chœur et orchestre, op. 39
1889 : Quatre chants pour chœur de femmes a cappella op. 47 ;
1889 : Psaume 93 pour soli, chœurs et orchestre op. 56 ;
1889 : Psaume 23 pour soli, chœurs et orchestre op. 59 ;
1890 : Columbus, cantate pour soprano, baryton, chœur d'hommes et orchestre op. 52 ;
1890 : Grande Messe pour soli, chœurs et orchestre en fa dièse mineur op. 60 ;
1891 : Quatre chants sacrés pour chœurs mixtes et orchestre op. 57 ;
1893 : Sachsen-Hymne pour chœur d'hommes et orchestre, WoO 23
1897 : Le Chant allemand (Der Deutsche Sang) pour chœur d'hommes et orchestre op. 64 ;
1899 : Le Mystère du Christ (Christus-Mysterium), en un prélude et trois oratorios, pour soli, chœurs et orchestre op. 70 à 73 (commencé en 1895) :
- Prélude (Vorspiel) : La Naissance du Seigneur (Die Geburt des Herrn) op. 70 ;
- Premier Oratorio : La Consécration du Christ (Christi Weihe) op. 71 ;
- Deuxième Oratorio : Le Christ Prophète (Christus der Prophet) op. 72 ;
- Troisième Oratorio : Mort et Victoire du Seigneur (Tod und Sieg des Herrn) op. 73 ;
1901 : Le Moine de Bonifacio (Der Mönch von Bonifazio), mélodrame pour récitant et piano op. 74 ;
1907 : Psaume 57 pour baryton, chœurs et orchestre WoO 31 ;
1907 : Faust in Schlaf Gesungen pour chœur et orchestre WoO 32
1907 : Le Chant des Parques (Parzengesang) pour alto et orchestre WoO 33 ;
1909 : Grande Messe pour chœurs a cappella en la mineur op. 85 ;
1910 : Requiem pour chœurs a cappella en mi mineur WoO 35 ;
1911 : Suite pour 2 violons, op. 86
1911 : Kleine Suite pour cor anglais (ou hautbois) et piano, op. 87
1911 : Fugue pour quatre voix a cappella WoO 37.
Lieder en tout 96 Lieder pour chant et piano, dont
1861 : Helges Treue, ballade, op. 1
1880 : La Consécration des heures (Weihestunden), six chants pour baryton (ou mezzo-soprano) et piano op. 16 ;
1880 : Le Livre de la bonne humeur (Buch des Frohmuts), six chants pour baryton (ou mezzo-soprano) et piano op. 17 ;
1880 : Ritter Olaf, ballade, op. 19
1881 : Paysages (Landschaftsbilder), six chants pour baryton (ou mezzo-soprano) et piano op. 20 ;
1896 : Cinq chants pour voix et piano op. 61 ;
1896 : Quatre chants pour voix et piano op. 62 ;
1901 : Trois chants spirituels (Drei Geistliche Gesänge) pour voix et piano op. 75 ;
1906 : Trois chants pour voix et piano op. 76 ;
1906 : Quatre chants pour voix et piano op. 81 ;
1912 : Quatre chants d'après Grete Ihle pour voix et piano WoO 39.
Catalogue complet (87 n° d'opus et 42 WoO) : https://imslp.org/wiki/List_of_works_by_Felix_Draeseke
Ecrits :
Der Dichter und der Componist (1856)
Richard Wagner, der Componist (1856)
Franz Liszt’s neun symphonische Dichtungen (1857)
Liszt’s Dante-Symphonie (1860)
Peter Cornelius und seine hinterlassenen Werke (1874)
Anweisung zum kunstgerechten Modulieren (1875)
Kirchenmusikalische Zeitfragen (1883)
Die Lehre von der Harmonia in lustige Reimlein gebracht (1883)
Der gebundene Styl (1902)
Die Konfusion in der Musik. Ein Mahnruf (1906)
Lebenserinnerungen (enregistré entre 1908 et 1911 par Frida Draeseke aufgezeichnet; non publié)